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Chapitre 23 (1/2)


Cela fait une heure que je suis allongée sur mon lit. Les yeux fermés, je pense à l'annonce que nous ont fait Syrius et Julien ce soir. J'avais beau me douter qu'il se passait quelque chose entre eux, je n'aurai pas cru qu'un jour, ils viendraient nous annoncer leur relation.

Trop de choses se bousculent en moi.

Et s'il était enfin temps que Noah et moi mettions également les choses au clair ?

Depuis plus d'un mois maintenant, nous nous voyons tous les jours. On se sourit, rigole mais quelque chose manque.

Lorsque je le vois jouer à la guitare, je ne peux m'empêcher d'imaginer ses mains que je sais puissantes et douces à la fois sur moi et quand il chante, je rêve de ressentir encore la caresse de ses lèvres contre les miennes. Mais dès que je m'approche, il semble prendre peur et fait un pas en arrière en regardant ailleurs. Je ne supporte plus ça.

Devoir faire semblant de ne ressentir pour lui que des sentiments amicaux alors que son visage ne quitte jamais mon esprit est un réel supplice. 

J'ouvre les yeux et observe mon bureau.

Depuis un moment maintenant, une idée me trotte dans la tête. Et si imitant son propre moyen de communication, je créais une playlist pour lui ?

Il ne pourrait plus fuir. Et je saurai enfin à quoi je dois m'en tenir.

Je me lève et après m'être fait un chignon peu conventionnel, m'installe devant mon ordinateur.  Je passe un temps fou à écouter chanson après chanson, décryptant les paroles pour être sure qu'elles passent bien le message que je souhaite à tout prix lui transmettre.

Qui je suis et ce que je ressens pour lui.

Résultat  après un temps fou d'écoute acharnée, la playlist est créée. Je m'allonge sur mon lit, l'Ipod en main et glisse les écouteurs dans mes oreilles. Cela fait trois heures que nous sommes le seize décembre. Je déteste ce jour.

Il est trop tard pour que je prenne mon médicament pour dormir. Je ne souhaite pas passer ma journée au lit. Alors je fixe le plafond et écoute les chansons que j'ai choisies pour lui.

Je me retourne encore et encore dans mon lit, trop occupé à imaginer toutes les réactions qu'il pourrait avoir, pour rester calme.

Il m'a demandé du temps pour assimiler ce que je lui avais dit. Je le comprends, ma maladie peut être effrayante.Cependant, je ne peux pas lui en donner plus. Pas que je ne veuille pas, non en réalité j'en suis totalement incapable.

Ce que je ressens pour lui est tellement important que lorsqu'il pose son regard paisible sur moi, j'ai l'impression d'être prise dans une tornade dévastatrice, arrachant une à une mes maigres barrières, me laissant pantelante et sans défense.

J'ai cruellement besoin de lui et pas seulement en tant qu'ami. Mais voudra-t-il seulement de moi un jour ?


Mon réveil sonne mais ça fait un moment que je suis réveillée. En réalité, j'ai à peine fermé l'œil de la nuit. Je l'éteins et regarde tristement la date qui s'affiche sur mon écran.

Cette date funèbre que je hais plus que tout. Aujourd'hui, cela fait exactement un an que je n'ai plus revu ma mère.

Je ne pensais pas que ce jour arriverait. Il subsistait toujours en moi un infime espoir. Une petite lueur au plus profond de mon cœur qui me chuchotait qu'elle reviendrait, pour moi. Mais je me suis totalement trompée. Et cela me déchire.

Je me lève et après m'être étiré, m'approche de la fenêtre. J'observe celle de Noah derrière laquelle je sais qu'il n'est pas. Ce matin, il avait rendez-vous avec sa pneumologue. J'ai pourtant tellement besoin de lui. Tandis que mes yeux scrutent sa maison, je sens mes lèvres trembler mais je les pince pour essayer de me contenir.

Je tourne mon visage vers la seule boite que je n'ai pas encore ouverte. Je ne sais pas pourquoi, j'avais l'infime espoir de ne pas en avoir besoin. D'arriver à m'en passer car elle serait là. Mais je me suis trompée.

Doucement j'enlève le scotch que j'ai fermement accroché le jour de notre départ. J'ouvre la boite et j'attrape le cadre qui contient l'une des photos la plus chère à mon cœur.

 C'était lors de nos vacances en Sardaigne quand j'avais quatorze ans. Nous sommes réunis, les parents et moi sur le voilier de mon oncle Patrick alias Pat. Tandis que je souris, complètement insouciante à l'objectif ; leurs regards remplis de tendresse sont posés sur moi.

Mon père et moi avions fait un plongeon dans une petite crique tranquille bordée de pins et étions remonté sur le bateau en grelottant. Nous nous étions mis à coté de ma mère qui tapait bronzette et nous étions secoués dans tous les sens pour l'asperger. Je peux encore entendre sa voix quand elle rigolait et essayait de se protéger en même temps.

Après notre petite bataille, on s'était finalement installé à trois pour sécher, à l'avant du bateau quand Pat nous avait apostrophé pour prendre une photo. J'étais si heureuse et insouciante à cette époque.

C'était l'été avant que tout ne dérape.

Ma mère est si belle sur la photo, j'aime la façon qu'elle a de poser son bras affectueusement autour de mes épaules et de sourire avec tendresse tout en me regardant. Elle me manque tellement.

Ma vue se brouille et je ramène le cadre contre moi. Je donnerai tout pour qu'elle soit là. Pour retrouver son odeur, ses câlins, sa voix si douce qui me berçait quand j'étais malheureuse.

Les mains tremblantes, je pose le cadre sur mon bureau avant d'essuyer les larmes qui menacent de couler sur mes joues. Je referme la boite, incapable de continuer mon investigation puis sors de ma chambre.

Je descends au salon où mon père assis sur le fauteuil, une feuille en main, regarde douloureusement par la fenêtre.

- Coucou, je murmure en m'approchant de lui.

Il sursaute et froisse la feuille.

- Tu m'as fait peur !

Je hausse un sourcil tandis qu'il plie le papier et le range dans la poche de son jean.

- Tout va bien ? Me demande-t-il, cachant maladroitement sa propre tristesse.

Je hausse les épaules.

- Je n'ai pas bien dormi, je marmonne.

Il acquiesce. On savait très bien que cette date finirait par arriver et étant donné ses paupières gonflées et ses yeux rougis, je suis certaine que sa nuit n'a pas été fameuse non plus.

Il se lève et s'approche de moi avant de me serrer dans ses bras, crispé au possible.

- Elle me manque, je murmure la voix tremblante.

Il soupire et me serre encore davantage contre lui.

- À moi aussi, souffle-t-il.

Je m'écarte un peu de sorte à voir son visage.

- Personne n'a eu de ses nouvelles ? Je murmure la gorge nouée alors que je connais déjà la réponse.

Il baisse les yeux, triste et secoue la tête.

- Non Iris.

Je le lâche et serre mes bras contre moi, légèrement tremblante.

- Ce soir, je vais à une exposition à Bruxelles avec les garçons.

Il hoche la tête avant de se masser la nuque. En l'observant plus attentivement, quelque chose me perturbe mais je n'arrive pas à dire quoi exactement.

- Ce n'est pas plus mal, je vais devoir travailler tard ce soir, soupire-t-il fatigué.

Tandis que je m'apprête à lui tourner le dos, il attrape mon bras.

- Tu feras attention sur la route. Et n'oublie pas ton gsm pour me joindre s'il y a un souci.

J'acquiesce et observe sa main sur mon bras. Je sais enfin ce qui me déstabilise à ce point. Il a enlevé son alliance. Il suit mon regard et me lâche, cachant sa main derrière son dos. 

Alors ça y est, il a officiellement arrêté d'attendre ?

Je secoue la tête, stupéfaite.

- Pourquoi tu as fait ça ? Je demande la voix cassée.

Il fronce les sourcils.

- Elle ne reviendra pas Iris. Il est temps que l'on passe à autre chose.

Je serre les poings.

- Comment peux-tu dire ça ?!

Il se masse les tempes, fatigué.

- Regarde autour de toi ma chérie, est-ce que tu vois la moindre trace de sa présence quelque part ?

Je secoue la tête.

- Mais peut être qu'elle ne sait pas où on est ?!

Il parait malheureux.

- Arrête, tu le sais très bien. Toute la famille de ta mère connaît notre nouvelle adresse, si elle avait voulu nous contacter, elle aurait pu.

Je soupire puis lui lance un regard noir.

- Je ne pourrais jamais passer à autre chose papa, ce n'est pas ... possible, je murmure la voix tremblante.

- Iris, regarde l'évidence, elle était toxique pour nous. Tu ne te sens pas mieux maintenant que tu n'as plus à t'inquiéter de ...

- Non ! Je m'écrie ne lui laissant pas le temps de terminer sa phrase.

- Elle était malade.

Je rigole, les larmes aux yeux.

- Tout comme moi ! Un jour tu diras aussi que je suis toxique ? Tu me laisseras aussi tomber comme un vieux truc dégueulasse ?!

Il s'approche de moi, voulant me prendre dans ses bras mais je m'écarte.

-Je n'en peux plus de tout ça ! Je m'écrie en partant vers la cuisine.

Avant de fermer la porte, je lui jette un dernier coup d'œil. Il est plongé dans la contemplation du jardin, l'air profondément triste. Les larmes aux yeux, je ferme la porte et me retiens de donner un méchant coup de pied dans celle-ci.


Je fais infuser une tasse de thé, ce qui me calme légèrement puis remonte dans ma chambre. 

Ce matin je n'ai pas faim. Comment pourrais je avoir une once d'appétit alors que les souvenirs reviennent, toujours plus puissants et triste. Si je m'écoutais, je me roulerais en boule sous ma couette et hibernerais pendant des mois, attendant que ma douleur s'atteigne. Je ne sais même pas si j'aurai réellement envie de me réveiller un jour.

Je regarde la photo que j'ai accrochée près de mon lit. J'observe le visage de Syrius, de Julien et enfin celui de Noah. Pour lui je ne peux pas. Je n'ai pas le droit de me laisser aller comme ça. Il sera bientôt là, et sa présence adoucira cette horrible journée.

C'est effrayant de se rendre compte à quel point j'ai besoin de mes amis et surtout de lui. Je sais que tout à l'heure, quand on ira à l'expo, je retrouverais le sourire.

Je prends mes médicaments en buvant mon thé préféré du moment. Une fois ma boisson finie, j'enfile mes habits de sport,un gros sweat et m'attache énergiquement les cheveux. Peu importe s'il n'est pas là pour courir avec moi. Je sens que j'ai besoin de sortir. D'oublier.

Je descends et sors dans le froid, l'Ipod en main. J'emprunte le même chemin que d'habitude et ai la chance d'être rejointe par quelques rayons de soleil.

Je cours, de plus en plus vite. Mon souffle se fait plus court. Mes muscles chauffent sous l'effort. Mais je ne peux pas m'arrêter. 

Tout se bouscule dans ma tête. Tout ce qui s'est passé après la disparition de ma mère.

Mes conneries. La perte de tous mes amis. Les crises, l'hôpital, le diagnostique. Le déménagement. Le début de mon amitié avec Noah. Sa musique, son sourire, sa douceur. Une mêlée de sentiments aussi doux que de la soie. Puis la soirée, notre baiser si passionné. Ma nouvelle crise, l'hôpital encore. La lettre, sa playlist et enfin mon explication, le soir face à la ville obscurcie.

Comment autant de choses ont pu se dérouler en seulement un an ?

Je m'arrête au milieu des champs, au sommet de la légère colline et observe la nature ensoleillée autour de moi, baignée dans un halo de lumière des plus agréables.

Je donnerai tout pour savoir où est ma mère. Ce qui me fait le plus peur, c'est qu'un jour, je pourrais tout simplement l'oublier. Son visage pourrait devenir un vague souvenir qui se raviverait quand je regarderais une photo.

C'est hors de question. Je refuse que cela arrive.

Dans mes rêves, je pars à sa recherche et trouve enfin réponse à toutes ces questions qui restent en suspens dans mon cœur depuis si longtemps. Pourquoi est elle partie ? Dans sa lettre de départ, elle disait que mon père et moi étions les amours de sa vie alors pourquoi diable n'est elle jamais rentré à la maison ? Pourquoi nous a-t-elle si facilement abandonné et oublié ?

J'ai tellement besoin d'elle.

J'aimerais tant pouvoir lui parler de ce qui se passe avec Noah. Mieux que quiconque elle pourrait me dire quoi faire. Je pourrais partager avec elle ce que je ressens pour lui. Ce sentiment si nouveau et qui me bouscule complètement. Parler de lui encore et encore et la voir sourire et m'écouter attentivement comme avant.

J'aimerais qu'on puisse à nouveau passer des journées à aller se balader près de la mer. Elle s'installait sur le sable avec un livre et attendait patiemment tandis que je faisais des croquis de tout ce qui m'entourait. Puis le soir, nous prenions une glace et la mangions en nous baladant. Les pieds dans l'eau, on observait les magnifiques couchées de soleil que nous offrait la côte.

Tout cela me paraissait si simple, si évident. Mais maintenant que j'ai perdu ces moments, je me rends compte à quel point ils étaient précieux.

Ma maman me manque.


Debout devant le porche de la maison de Noah, j'attends,les mains légèrement moites. J'ai envie de défoncer la porte tellement il m'a manqué ce matin.

Noah m'ouvre après ce qui me parait une éternité et je reste surprise. Il a attaché ses cheveux en un tout petit chignon à l'arrière de sa tête. Ça lui donne un petit côté hipster qui n'est pas pour me déplaire.

Remarquant que je le dévisage, il rougit et touche ledit chignon.

- Ouais, ça ressemble vraiment plus à grand-chose, faudrait que j'aille chez le coiffeur, rigole-t-il gêné.

Je hausse les épaules.

- C'est cool comme ça !

Il relève les yeux et me sourit, toujours aussi rouge.

- Dans ce cas, dit-il de sa voix calme qui m'apaise mais tandis qu'il observe mon visage, ses sourcils se froncent

 - Ça va ?

J'acquiesce au moment où un bulldozer me fonce dedans et me plaque littéralement contre la porte.

- Iris ! S'écrie la sœur de mon ami en me serrant dans ses bras.

Noah secoue la tête.

- Calme toi Emma, tu vas finir par faire mal à quelqu'un !

Toujours collée à moi, elle hausse les épaules.

- Casse pas les couilles ! S'écrie la petite de six ans et on la regarde tous les deux avec des grands yeux.

- D'où tu tiens cette expression toi ? Demande mon ami effaré en attrapant sa sœur par la capuche tandis qu'elle essayait déjà de battre en retraite.

Elle affiche un grand sourire, fière d'elle.

- C'est le grand-frère de Mathilde qui arrêtait pas de le dire hier ! Rigole-t-elle.

Noah parait exaspéré et lâche le petit monstre qui s'en va toujours en courant. Je comprendrai jamais l'énergie de cette gamine.

- Ça promet, marmonne-t-il .

Je ne peux m'empêcher de rire et il me fait les gros yeux.

- Elle a six ans t'imagine ? Je sais même pas si elle sait ce que c'est des couilles, soupire-t-il agacé.

Je souris.

- Elle finira bien par l'apprendre un jour, je ris tandis que Noah rougit et secoue la tête.

Il croise les bras sur son torse.

- C'est vraiment des éponges à cet age là, on fait tellement gaffe ici pourtant, maugrée-t-il.

Il souffle puis me regarde sérieusement.

- Tu vas bien ? Tu as une petite mine aujourd'hui.

Je hausse les épaules et remets une mèche qui s'est barrée derrière mon oreille.

- Ça peut aller. On monte ? Je dis rapidement pour éviter d'aborder le sujet dans son hall d'entrée.

Il acquiesce et nous nous rendons dans sa chambre. Tandis qu'il ferme la porte derrière lui, je retire mes chaussures et m'assieds sur son lit agréable à souhait.

L'Ipod est dans mon sac mais je n'ai aucune idée du meilleur moment pour le lui donner. Avant ou après de lui avoir parler de ma mère ? Là est la question.

Il enlève toutes les partitions et la guitare sur son fauteuil, puis s'y assied en soupirant.

- Ça a été ce matin ? Je lui demande.

Il hoche la tête.

- Ouais comme d'habitude, toujours ces bons vieux examens où tu dois souffler comme un con dans leur machine.

- Et ça a donné quoi ?

Il me sourit.

- À priori j'arrive encore à respirer vu que je suis là, rigole-t-il.

J'acquiesce tandis qu'il me dévisage et plisse les yeux. Tout en tournant l'anneau autour de son doigt, signe de sa nervosité.

 Il vient s'asseoir près de moi.

- Pourquoi tu as pleuré ?

Je me crispe, je ne pensais pas qu'il s'en rendrait compte. Il est apparemment plus attentif que je l'imaginais. Je hausse les épaules.

- Oh rien, j'étais juste un peu déprimée, je mens.

Il secoue la tête, pas convaincu.

- Tu peux tout me dire, tu le sais n'est ce pas ? murmure-t-il avec douceur.

J'acquiesce tandis qu'il s'installe plus confortablement. Il retire son sweat noir et j'ai le loisir d'admirer son t-shirt. Je ne peux m'empêcher de rire.

- Quoi qu'est ce qui se passe ? Demande-t-il confus.

Je hausse les épaules et désigne son t-shirt où l'on voit, Yoda portant un masque de ski.

- « Vert je suis mais piste noire je prends » ?


Il hausse les épaules.

- À défaut de partir à la montagne, rigole-t-il.

- Tu skies souvent ?

Il acquiesce tout en regardant plus attentivement le t-shirt.

- Chaque année normalement. 

- Eh ben ! Tu fais du ski ou du snow ?

Il se passe la main dans les cheveux.

- Des deux. C'est pas les mêmes techniques.

- J'aimerais trop savoir faire ça.

Il fronce les sourcils.

- Faire du ski ou du snow ?

Je lui souris.

- Les deux. J'ai jamais fait ça de ma vie, je marmonne.

Il ouvre grand les yeux.

- On ira un jour ! Il faut que tu skies au moins une fois dans ta vie ! Je t'apprendrai !

Je hausse un sourcil, trop heureuse à son allusion au futur. Qu'est-ce que je donnerai pour partir avec lui.

Il croise les bras.

- Bon mais tu ne m'as toujours pas répondu, pourquoi tu as l'air si triste ?

Je détourne le regard.

- Quand je t'ai parlé de mes problèmes, tu te souviens que je t'ai dit qu'il y avait encore des choses que tu ne savais pas.

- Oui.

Je soupire.

-C'est en rapport avec ma mère.

Son regard s'agrandit et sa main sur sa bague se fige.

- C'est une longue histoire, je murmure.

Il acquiesce puis recule dans le lit et s'installe, dos contre le mur.

- On a tout le temps qu'il faut, répond-il.

Je fais la moue mais me pose tout de même à ses cotés.

- Je ne sais pas trop par où commencer.

Il me fait un sourire encourageant.

- Fais comme tu le sens.

Je prends une longue inspiration.

- Je vais tout te raconter, cela sera...moins compliqué.

Il hoche la tête et en observant ses grands yeux bleus me contemplant, je ne peux m'empêcher d'avoir une bouffée de sentiments à son égard. Je rougis et détourne le visage, espérant qu'il ne l'a pas remarqué.

Je me mets à raconter cette histoire qui encore maintenant me fait pleurer si souvent.

- Quand j'avais quatorze ans, ma mère est tombée enceinte.

Il hausse un sourcil mais ne dis rien.

-Je me souviens encore du jour où mes parents me l'ont annoncé. J'étais tellement heureuse. C'était le week-end et nous nous promenions près de la plage. J'arrêtais pas de parler des petits frères de mes amies. Elles s'en plaignaient à longueur de journée mais je les enviais tellement. On croit toujours qu'être enfant unique c'est génial. Qu'on a toute l'attention pour nous, qu'on est chouchouté et ce n'est pas entièrement faux. Mais ce qu'on ne dit pas c'est que l'on n'a personne avec qui tout partager. Personne que l'on soit sur de toujours avoir avec nous car on a tout simplement partagé toute notre enfance. Oui il y a des frères et sœurs qui se détestent mais ils ont quelqu'un, même s'ils ne s'en rendent pas compte. Alors quand ils m'ont dit que j'aurai enfin quelqu'un de qui prendre soin. Un frère ou une sœur qui partagerait la même histoire que moi, j'en ai pleuré .

Noah bouge à coté de moi et sans que je m'y attende, il prend ma main dans les siennes. Je reste un instant stupéfaite par la chaleur qu'il transmet à ma peau avec ce simple contact, me tordant le ventre. 

Mais il me fait un petit signe de tête, me poussant à continuer mon histoire.

-J'allais avoir une petite sœur et elle allait s'appeler Lise. J'étais extrêmement heureuse. J'avais tellement envié Stephie et Marine en les voyants avec leurs fratries, j'allais pouvoir avoir la mienne maintenant.

Noah me sourit mais son regard est triste.

- J'ai aidé mon père à débarrasser son bureau. Nous l'avons repeint et j'ai pu choisir les couleurs. Du blanc et un joli mur dans un bleu pastel très doux, j'avais moi-même peint des petites formes toutes douces sur le mur blanc. Puis nous avons été rachetés un lit pour Lise. Mes parents m'ont eu très tôt, pendant leurs études. Ma mère n'avait que vingt ans et mon père vingt-deux. J'ai été leur bébé surprise. Ils n'avaient pas conservé tout l'attirail comme ils l'appelaient. Du coup, on a pu racheter pas mal de chose. Au plus le temps avançait, au plus l'arrivée se concrétisait à mes yeux et je devenais euphorique.

Ma gorge se noue.

- Parfois, je posais mes mains sur le ventre de ma mère et sentais ma petite sœur qui remuait. Je trouvais cela fascinant bien que très étrange. Je lui avais acheté une petite peluche bleue toute douce, en forme d'éléphant que j'avais déjà placé dans son berceau. J'avais tout prévu. Je me voyais déjà en grande sœur modèle qui veillerait toujours sur sa petite sœur. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu.

Je replie mes jambes sous moi et soupire.

-J'étais à une fête avec Marine quand mon père m'a appelé pour me dire que je pouvais rester dormir chez elle. Sur le moment, j'étais juste contente.

Je secoue la tête et mes lèvres tremblent.

- Je me souviens encore de sa voix au téléphone. Je ne sais pas comment j'ai pu ne pas comprendre ce qui se passait.

Je lâche la main de Noah et passe mes bras autour de mes jambes tandis que je colle mon visage contre mes genoux. La main de mon ami, se pose dans mon dos, chaude et réconfortante.

- Quand mon père est venu me chercher le lendemain, il était dans un état lamentable. Ses yeux étaient rouges et il paraissait avoir pris dix ans. Malgré ça, je n'ai pas encore tout de suite compris. Ce n'est que quand il s'est garé devant l'hôpital que j'ai lâché mon gsm des yeux et que je me suis demandé ce qui se passait. Il paraissait complètement ailleurs et ne répondait pas à mes questions. Nous sommes arrivé à la maternité et là, avant que nous rejoignons ma mère, il m'a annoncé l'horreur. Ma mère avait du accoucher alors qu'elle n'était pas encore à terme. Lise était décédé dans son ventre, j'explique secouée par mes sanglots tandis que les larmes brûlent mes joues.

Il pose une main dans mon dos et m'amène à lui. Le visage contre son torse, je pleure à chaude larmes tandis qu'il me serre fort dans ses bras. Je m'accroche à lui comme une condamnée, le serrant jusqu'à m'en couper le souffle.


Mes sanglots finissent par s'arrêter et je reste calme, profitant encore un peu de son réconfort. Ses bras forts me serrent contre lui avec une douceur à m'en tordre le cœur. D'une main, il caresse calmement mes cheveux. Je resterai bien là, comme ça pendant des heures.

Mais je finis par m'écarter, sachant que je n'ai pas encore fini de tout lui raconter. Il parait triste lui aussi tandis qu'il prend ma main dans la sienne et je sens pourtant qu'il y insuffle tout son courage.

-Mon père m'a amené dans une chambre. Ma mère était allongée et fixait le plafond, elle avait une mine terrible. Elle ne nous voyait pas mon père et moi. Elle paraissait complètement vide, je ne l'avais jamais vu ainsi de toute ma vie. Il n'y avait rien dans cette chambre à part un gouffre de tristesse et de désespoir. Ce jour-là, mon père et moi sommes rentré à la maison sans elle. Pendant la nuit, je m'en souviens encore, je n'arrivais pas à dormir. Je me suis levé et je suis resté quelques instants devant la porte fermée de cette chambre que j'avais emménagé avec mon père. J'ai fini par rentrée et j'ai vu le berceau prêt avec des petits draps et l'éléphant que j'avais posé dessus. Je crois que je n'arriverai jamais à enlever cette image de mes souvenirs. Tout était prêt pour elle, je murmure les larmes aux yeux mais je les essuie rapidement d'un revers de bras.

Je n'ai aucune envie de me remettre à pleurer, une fois c'est déjà assez.

- Je n'imagine même pas ce que ça a du être, dit-il doucement.

Je hausse les épaules.

- Ça a été le début d'une période affreuse. Elle a fait une énorme dépression. Pendant des mois, on a vécu avec un fantôme. Elle ne faisait plus rien, on devait la forcer à manger, se laver, s'habiller. Ma mère avait disparue sous la tristesse. J'ai longtemps cru que ma sœur avait emporté son cœur avec elle. Mais après de mois de thérapie et de médication, elle a fini par remonter la pente. Elle s'est remise à travailler, à vivre normalement. Parfois, dans ses meilleurs jours, elle arrivait même à me faire de légers sourires.

Ma gorge se noue.

- Pendant près d'un an, mon père et moi avons cru que la sombre période était finie.

Je secoue la tête et lève les yeux au ciel, les souvenirs me revenant comme des vagues me plongeant toujours plus bas.

- Mais elle a fait une deuxième dépression et a donc été remise sous antidépresseur. Ça à durer un temps fou et les médecins augmentaient toujours les doses.

Il fronce les sourcils, paraissant vraiment concentré sur ce que je lui dis.

- Ma mère souffrait d'un trouble bipolaire. Mais à cette époque, nous ne le savions pas. Souvent, quand il n'y a eu que des épisodes dépressifs et pas maniaques, les personnes sont « catégorisé » en tant que dépressifs chroniques car les médecins ne cherchent pas plus loin. Ça à été le cas de ma mère. Mais la mise sous une forte dose d'antidépresseur sans régulateur de l'humeur l'a conduite à avoir une décompensation maniaque assez...importante. Elle est partie de la maison pendant plus d'une semaine et s'est fait arrêter par la police car elle était en plein épisode psychotique.

Il fronce les sourcils.

-Un épisode psychotique ? Elle faisait quoi ?

Je soupire et regarde mes mains.

- Elle était à l'hôpital et hurlait qu'on lui avait volé son enfant, elle avait complètement perdu le contact avec la réalité, je murmure.

Il hoche la tête essayant de garder la face mais je commence à trop bien le connaître pour ignorer son regard abasourdi.

- Elle a donc été internée et on lui a diagnostiqué un trouble de l'humeur. À partir de ce moment-là, ça a été complètement... enfin notre vie a vraiment basculée. Elle a eu des périodes stables puis tout à coup, elle refaisait une crise. En général c'était des dépressions plutôt que des accès maniaques mais il y en a eu aussi. On avait pris l'habitude qu'il lui arrive de partir de la maison pendant un moment. Mais elle finissait toujours par revenir, allant même parfois par rentrée elle-même à l'hôpital car elle se rendait compte que ça recommençait. Tout cela a duré près de quatre ans.C'était insupportable. J'avais tout le temps peur qu'il lui arrive quelque chose.

Je secoue la tête, énervée par tous ces souvenirs de ma mère que j'ai gardés tandis que je le vois bouger, mal à l'aise.

- Tout ça lui arrivait car elle ne faisait pas du tout attention à son traitement. 

Je lève les yeux et remarque les poings serrés de mon ami. Ma gorge se noue.

- Je ne veux pas que tu aies peur quand je te dis tout ça.

Il secoue vivement la tête puis prend mes mains dans les siennes.

- Je n'ai pas peur. Je suis en colère.

Il lit l'interrogation dans mes yeux car il poursuit :

- La vie est tellement injuste ! Je suis en colère et désolé pour toi.

Je lui souris tristement.

- Ton déménagement à un rapport avec elle n'est ce pas ?

J'acquiesce.

-Il y a exactement un an aujourd'hui, elle est partie de la maison. Mais elle n'est jamais rentrée. On l'a cherché partout pendant des mois. Contacté la police mais ils ne pouvaient rien faire. Je l'ai cherché partout. Mais c'était comme si elle s'était volatilisée, je dis la voix brisée.

Il reprend ma main dans la sienne et la serre fort. L'anneau à son doigt me donne envie de jouer avec mais je n'en fais rien.

-Presque toute la famille de mon père vit en Belgique. C'est pour ça qu'on est venu habiter ici, il voulait qu'on prenne nos distances avec tout ce qui s'est passé là-bas, je murmure.

Je le regarde, omettant de lui dire que c'était surtout pour m'éloigner moi, de toutes les conneries que j'ai faite avant que j'apprenne également que j'étais atteinte de ce foutu trouble et que je sois mise sous traitement. Je ne sais même pas si j'arriverai à lui parler un jour de tout ce qui s'est passé directement après la disparition de ma mère jusqu'à notre départ. J'ai trahi tout le monde et laissé la pire partie de moi s'éveiller pendant quelques mois. Mais cela est derrière mon dos et peut-être que je n'aurais jamais besoin de le lui raconter. Mon but aujourd'hui n'est pas qu'ils'enfuit en courant.

- Elle s'appelait comment ?

Je souris.

- Isabelle.

Je soupire.

- Elle me manque tellement.

Il prend mon menton et relève mon visage vers le sien, me déstabilisant.

- Moi je ne partirai pas, jamais, murmure-t-il en me regardant sérieusement.

Je ne lui laisse pas le temps de cligner les yeux que je me jette littéralement contre lui. Mon visage près de sa nuque, je respire son doux parfum tout en le serrant fort contre moi. J'en pleurerais presque encore mais je n'ai plus de larmes. Comment est-ce possible que j'ai eu la chance de le rencontrer ? 

Noah forestier, je t'aime tellement.


Il a branché son gsm à mon auto-radio et nous chantons tous les deux à tues têtes pendant que je conduis. Bizarrement, lui avoir parlé de ma mère m'a soulagée. Je me sens plus légère, comme si j'avais enfin pu me défaire d'un secret qui me bouffe depuis des années.

- J'adore cette chanson ! S'exclame-t-il tandis que les premières notes de « Stop The World I Wanna GetOff With You » de Artic Monkeys commencent.

- Si on part un jour, il faudra absolument mettre cette chanson !

Je ne peux m'empêcher de sourire. Je serai tellement heureuse si on partait ensemble. Il se met à chanter. La voix de Alex Turner est tellement géniale que je n'aurai jamais crue autant aimé entendre celle de Noah par-dessus. Mais c'est bien le cas.

https://youtu.be/3PyoxMSEHYI

Open Sesame (We've places to go)
Ouvre le sesame (nous avons des endroits où aller)
We've people to see (Let's put 'em on hold)
Nous avons des gens à voir(Mettons-les en attente)
There's all sorts of shapes that I bet you can make
Il y a toutes sortes de formes que je parie que tu peux faire
When you had to escape, say the word
Quand tu as à t'échapper, dis le mot

Well I know that getting you alone isn't easy to do
Et bien je sais que t'avoir seul n'est pas facile
But with the exception of you I dislike everyone in the room
Mais à l'exception de toi je n'aime personne dans la salle
And I don't wanna lie but I don't wanna tell you the truth
Et je ne veux pas mentir mais je ne veux pas te dire la vérité
Get the sense that you're on the move and you'll probably be leaving soon
Comprends que tu vas bouger et que tu partiras bientôt
So I'm telling you
Alors je te le dis

Stop the world cause I wanna get off with you
Stop the world cause I wanna get off with you

Arrête le monde parce que je veux m'en aller avec toi

Eyes the color of
(Water left in mud)

Les yeux couleur de (eau laissé dans la boue)
Ice and sugar dust
(Crazy green flashes)

Glace et poussière de sucre (Fou vert clignotent)
It's a funny thing that I cannot explain
C'est une chose amusante que je ne peux expliquer
Don't you know the train keeps rolling
Tu ne sais pas mais le train continue de circuler
Stop the world cause I wanna get off with you
Stop the world cause I wanna get off with you

Arrête le monde car je veux m'en aller avec toi

Well I know that getting you alone isn't easy to do
Bien je sais que t'avoir seul n'est pas facile
And I don't wanna lie and I don't wanna tell you the truth
Et je ne veux pas mentir mais je ne veux pas dire la vérité
And I know we got places to go, we got people to see
Et je sais que nous avons des endroits où aller, nous avons de gens à voir
Think we both ought put 'em on hold and I know you agree
Je pense que nous devons les mettre en attente et je sais que tu es d'accord

Stop the world cause I wanna get off with you
Stop the world cause I wanna get off with you

Arrête le monde car je veux m'en aller avec toi (x2)


Quand nous arrivons à l'exposition, nous laissons Syrius et Julien et partons observer toutes les œuvres qui sont exposées. J'en ai la chair de poule. Noah me suit et s'arrête de temps en temps pour s'approcher d'une toile et l'observer plus attentivement, les yeux plissés. Il a troqué sont-shirt Yoda contre un pull plus présentable. Je le trouve beau à en crever.

Mais l'exposition arrive à me faire détourner les yeux de lui.

Je reste plantée presque dix minutes devant une toile où l'on peut voir une femme tenant la main d'un enfant. L'artiste a réussi à retranscrire une gamme d'émotion que je ne pensais pas voir ensemble un jour dans une peinture. La mère parait à la fois remplie de tendresse pour son enfant mais également effrayée.

Je ne peux m'empêcher de penser à ma mère, encore.

- Ça va ? Me demande Noah en posant une main affectueuse dans mon dos.

Je hoche la tête.

- Oui, ce tableau est ...il me fait vraiment quelque chose.

Il l'observe attentivement tandis qu'un sourire triste se dessine sur ses lèvres.

- Un jour, tu la retrouveras Iris.

Je hausse les épaules et croise son regard.

- Tu n'en sais rien.

- Toi non plus.

C'est vrai mais j'ai peur d'espérer.

- Si tu as tant besoin d'elle, je t'aiderai à la chercher, termine-t-il.

Il prononce cette phrase lourde de sens avec un flegme qui me déstabilise au plus haut point, comme si c'était évident pour lui. J'en reste clouée sur place. Pourquoi parait il prêt à me suivre si loin alors qu'il fuit si souvent devant moi ?

- Allez, viens on a encore pas mal de choses à voir, dit-il en s'avançant, les bras croisés sur son torse que j'ai tant aimé avoir contre moi toute à l'heure.  La gorge nouée, je le rejoins et nous marchons côte à côte, nos épaules se frôlant et je n'ai qu'une envie, le prendre dans mes bras.

Nous allons de toile en toile. Certaines lui parlent davantage à lui qu'à moi. Parfois nous restons tous les deux pantois devant les mêmes. Nous écoutons les artistes nous parler de leurs travaux. Certaines toiles ont pour moi, des significations totalement différentes de celles expliquées par les créateurs de ces merveilles. Mais à mon avis c'est ça la vraie richesse de l'art. Quelque chose de totalement subjectif qui arrive pourtant à nous émouvoir et nous réunir dans un univers onirique.

Après une heure de balade dans l'énorme salle qui a été investie pour l'occasion, nous rejoignons nos amis. Ils sont en pleine discussion avec l'ami de Julien que je reconnais mais dont j'ai oublié le nom et un dieu grec.

Je ne peux cacher mon enthousiasme vis-à-vis de l'exposition.

- Waouh ! C'est trop beau ! Je suis fan de cet endroit ! Je m'exclame en arrivant près des autres.

Je me dirige vers l'ami de Julien qui  a organisé l'exposition.

Il a vraiment quelque chose d'atypique. Il a ramené ses cheveux dans un chignon de boucles complètement désordonnées et ses yeux qui nous observent Noah et moi me font frissonner. Il me donne l'impression d'être ancré dans un réel qui n'appartient qu'à lui. Je prends moins de dix secondes à comprendre que celui-là, je vais l'aimer.

- C'est toi qui organises tout ça ?Je lui demande.

Il hoche la tête et m'offre un petit sourire en coin.

- Bravo ! Les œuvres sont superbes !

Il se redresse et son regard s'éveille tout à coup.

- Merci ! Mais il faut féliciter les artistes ! Tu dois être Iris ?

- Ouaip ! Je lui réponds tout en me flagellant intérieurement d'avoir oublié son nom à lui.

- Ça te dit qu'on aille faire un tour, histoire que je t'explique tout ça ?

J'acquiesce, hyper enthousiaste en essayant de cacher ma nervosité soudaine à son égard. Tandis que je le suis, je me rends compte de l'absence de Noah à mes côtés. Je me retourne vers mon ami qui reste près de son jumeau.

- Tu viens ?

Il secoue la tête puis m'offre un sourire qui fait battre mon cœur plus vite.

- Vas-y ne t'inquiète pas pour moi.

Je hoche la tête puis me tourne et suis l'homme inconnu. Noah a dit qu'il ne me laisserait jamais, alors je pars le cœur léger.

Je rejoins mister boucle qui m'attend devant une toile, le regard perdu ailleurs.

-Je suis là ! Je m'exclame pour le reconnecter à la réalité.

Il pose son regard sur moi et sourit.

-  Je suis désolée de te demander ça mais ... j'ai oublié ton nom, je dis un peu embêtée.

Il rigole.

- Je m'appelle Maël.

Je me tape le front.

- Ah mais oui ! Vraiment désolée ! J'ai toujours du mal avec les prénoms.

- T'inquiète, j'ai le même problème parfois.

Nous nous mettons en marche et il m'explique chaque œuvre, me demandant souvent mon avis, ma propre interprétation dont nous débattons pendant un long moment. Cet homme à un charme fou. Il fait partie de ces gens qui captent le regard partout où ils sont. Et pas spécialement pour son physique original mais pour sa manière d'être. Il me fait penser à un tableau devant lequel je pourrais passer des heures à imaginer toutes sortes d'explications sans jamais trouver la vraie.

J'ai presque du mal à détourner les yeux de lui quand il me parle des toiles exposées.

- Julien m'a dit que tu dessines, dit-il souriant me sortant de mes pensées.

- C'est vrai ! C'est une pipelette parfois, je rigole.

Il hausse les yeux au ciel.

- Oh que oui, pouffe-t-il.

Je me passe la main dans les cheveux, n'arrivant plus à contenir ma curiosité.

- Je suis indiscrète mais ... vous êtes sortis ensemble ?

Il hausse un sourcil avant de hocher la tête.

- Mais ça date maintenant.

Il se tourne et nous avançons vers une autre toile.

- Vu que tu es curieuse, je vais l'être aussi, dit-il le regard brillant.

Sur le moment, je me demande vraiment bien ce qu'il va me demander.

- Tu es avec le jumeau de Syrius, Noah je pense ?

Je secoue la tête.

- Oui il s'appelle Noah mais on ne sort pas ensemble.

Il parait surpris.

- Tu te fiches de moi ?

Je hausse les épaules.

- J'aimerai bien mais non, je marmonne.

Il rigole.

- Ça va pas tarder alors, non mais regarde le, il est derrière toi.

Je me retourne et capte le regard de mon ami qui m'observe. Se rendant compte que je l'ai remarqué, il détourne les yeux rapidement et malgré la distance, je le connais si bien que je sais qu'il a rougi.

- Ça Iris, c'est le regard d'un garçon amoureux, dit-il lentement.

Je fais la moue.

- C'est compliqué.

Il sourit.

- Tu fais aussi partie de la team des compliqués ?

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas.

- Les choses ne sont compliquées que situ décides qu'elles le sont.

Je secoue la tête, pas d'accord avec lui.

- C'est faux, certaines choses sont vraiment compliquées.

Il penche la tête de coté, l'air curieux puis il désigne une porte qui mène vers l'extérieur.

- Tu m'accompagnes ?  J'ai envie de m'en griller une.

Je hoche la tête et après qu'il ait enfilé sa veste, nous sortons dans l'air frais de ce mois de décembre. Il allume sa clope puis recrache la fumée. Ça m'étonne mais pour une fois, je n'ai même pas envie de fumer. Noah a vraiment une bonne influence sur moi.

- Alors pourquoi les choses sont compliquées ? Finit-il par me demander.

Je soupire.

- C'est personnel.

Il sourit.

- Si c'était impersonnel, je ne te le demanderais sûrement pas.

Ça franchise me perturbe. En fait tout me perturbe chez lui. Sa posture nonchalante contre le mur, une clope à la main, son regard qui m'observe très attentivement comme si je l'intéressais vraiment.

- Tu as envie que je te raconte ma vie ou quoi ? Je demande, regrettant de suite mon ton sur la défensive.

- Pourquoi pas ! Dit-il imperturbable.

Je serre les poings dans mes poches et observe la porte, la gorge nouée.

- Je te mets mal à l'aise ? Demande-t-il en se relavant soudain, l'air déçu.

Je hausse les épaules.

- Un peu.

- C'est une fâcheuse tendance chez moi, grogne-t-il l'air mécontent.

J'inspire un grand coup puis lui demande :

-  Pourquoi tu veux savoir ce qui est compliqué chez moi ?

Il prend une taffe puis souffle la fumée en regardant quelque chose que je ne vois pas derrière moi.

- Tu m'as l'air d'être perdue Iris. Et aussi étrange que cela soit étant donné que l'on s'est rencontrés il n'y a même pas une heure, je me reconnais en toi.

Je ne sais pas pourquoi mais la façon qu'il a de dire ça, en me regardant comme s'il se préoccupait de moi, me met les larmes aux yeux.

Il le remarque et parait surpris.

- Désolé, je suis hyper sensible aujourd'hui, je m'excuse en m'essuyant les yeux.

- Tu veux en parler ? Demande-t-il, toujours aussi calme.

Je fais la moue et hausse les épaules.

- On ne se connaît même pas.

Il acquiesce.

- C'est vrai, mais parfois c'est justement plus simple de parler avec des gens qu'on ne connaît pas.

Je soupire. Comment sommes-nous passés de simple discussion sur des tableaux à un déballage de vie si soudain ? Je suis déstabilisée de me rendre compte de l'extrême envie que j'ai de lui parler.

Pendant un instant, tandis que je le regarde, je ne vois plus Maël l'ami de Julien mais quelqu'un qui est la pour moi. Un ami prêt à m'écouter. Alors je me lance :

- Aujourd'hui, ça fait un an que je n'ai plus vu ma mère, je murmure le cœur lourd.

Il fronce les sourcils et hoche la tête mais ne répond pas tout de suite. Il prend une bouffée et recrache la fumée l'air perdu dans ses pensées. Tandis que j'hésite à claquer des doigts pour le ramener près de moi, il rompt le silence :

- Cela va te paraître étrange mais...je comprends.

La façon qu'il a de le dire me donne l'impression que c'est vrai. Il prend une dernière bouffée de sa clope avant de la jeter.

- Cela fait très longtemps que je n'ai plus vu mes parents également.

Je fronce les sourcils, me sentant tout à coup, plus proche de lui.

- Pourquoi ?

Il remet une mèche de ses cheveux en place et regarde un instant dans le vide, l'air sérieux.

- Ils ne supportaient pas qui j'étais, répond-il tandis qu'un voile de tristesse traverse son regard pendant un court instant.

Il soupire puis me sourit.

- Nous sommes tous des êtres complexes, avec une vie derrière nous, des beaux comme des mauvais moments, mais ce qui te définis, c'est ce que tu décides de laisser transparaître. Ma vie pourrait sembler compliquée, j'ai juste décidé d'y chercher les bons cotés, dit-il en me souriant.

La gorge nouée, je hoche la tête.

- Pourtant, maintenant tu me parles de choses qui ne sont pas vraiment agréables.

Il acquiesce.

- Oui car essayer de voir la vie d'un bon coté ne veut pas dire que l'on n'a pas, de temps en temps, le droit de parler de ce qui ne va pas. Il faut savoir trouver les personnes à qui se confier, devant qui tu auras le droit de te laisser aller à penser aux choses plus tristes.

Je suis sans mot devant tout ce qu'il me dit maintenant.

- Tu m'as l'air d'avoir pas mal de blessures de guerre Iris et je sais à quel point, parfois on a besoin d'en parler. Alors tu vas sûrement me prendre pour un taré, en fait je le suis un peu, mais si tu as envie de te décharger de tout ça avec quelqu'un qui ne te jugeras pas ... je suis là.

Je fronce les sourcils.

- Pourquoi tu fais ça ? Je ne suis personne pour toi.

Il secoue la tête.

- Tu es une bonne amie de Julien, ce n'est déjà pas rien. Tu as l'air d'être une fille qui renferme beaucoup de choses en elle. Et je te l'ai dit, je me retrouve en toi. J'aurai tellement aimé avoir quelqu'un à qui parler quand ça n'allait pas. Je sais bien que tu as des amis et à mon avis, un jour ton Noah et toi serez plus que ça...

Je détourne le regard, gênée, ce quile fait rire gentiment.

- Enfin, ce que je veux dire, c'est que si tu as besoin de parler à quelqu'un de totalement extérieur un jour, je serai là.

La gorge nouée, je croise les bras. Jamais personne ne s'est soucié de moi de manière si détournée. Je l'ai rencontré aujourd'hui et j'ai pourtant l'impression d'être déjà importante à ses yeux. Comment est ce possible ?

- Je sais pas quoi te dire, je murmure.

Il hausse les épaules.

- Tu ne dois rien dire de spécial.

Il soupire.

- J'aurai été curieux de voir tes dessins, souffle-t-il.

Je sors mon gsm de ma poche.

- J'ai des photos ici,  je réponds en les cherchant.

Curieux, il prend mon portable et regarde les images, les agrandissants pour voir les détails. Il les fait défiler tandis qu'un sourire en coin naît sur ses lèvres.

- C'est drôle, on dirait que tu as deux styles différents.

Je hausse les épaules.

- Tout dépend de mon humeur.

- J'aime vraiment bien ! Je serai curieux d'en voir d'autres !

Moi aussi j'aimerais qu'il en voit d'autres. En fait, j'ai tout simplement envie de passer encore du temps avec lui. Ce que je ressens pour lui n'a rien à voir avec ce que je ressens pour Noah. Cela ressemble, autant que je puisse l'imaginer à l'idée que je me fais d'un frère. Il m'inspire un profond respect et ce qu'il m'a dit ce soir, bien que nous n'ayons pas vraiment abordé nos vies en détails, m'a mis une sorte de baume au cœur que je n'aurais pas cru ressentir.

Je pince les lèvres puis rougissant,je demande :

- Tu crois que je pourrais m'inscrire ici ? Dans ton groupe d'art ?

Il hoche immédiatement la tête.

- J'en serai ravi Iris !

Je lui souris.

- Il faut s'inscrire ou un truc du style ?

Il secoue la tête.

- Normalement faut aller à la maison des jeunes ouais, mais je le ferai pour toi si tu veux. Tu n'auras qu'à me donner ton adresse mail et ton numéro et on se débrouillera.

- Et ça commence quand ?

- En janvier, quand tu reprendras les cours je pense. Si Julien s'est pas trompé dans les dates bien sur parce que celui-là quand il est amoureux, ça peut être une vraie tête en l'air.

Je rigole. Je ne sais pas comment il fait pour prendre la relation de Julien avec un tel recul. Ils sont restés amis mais cela m'impressionne tout de même. Je ne pense pas si j'aurais pu à sa place.

- Ça ne te gêne pas que Julien et Syrius soient ensemble ?

Il relève la tête de son portable, surpris et réfléchis un instant.

- Non. Ça fait des années que c'est ambigu entre eux, j'ai eu le temps de me faire à l'idée. Et de toute manière, j'aimerai toujours Julien mais si son bonheur est d'être avec Syrius, alors je suis heureux pour eux. En plus, ils vont vraiment bien ensemble, tu ne trouves pas ?

- C'est vrai. Mais tu n'as personne ? Je demande curieuse.

Il passe une main dans ses cheveux et me sourit.

- Oh j'ai un truc un peu étrange avec Valentin. Tu vois le mec qui était avec nous ?

- L'apollon grand, bronzé et musclé ?

Il s'esclaffe.

- J'aime ta description ! Oui c'est lui.

- Eh ben mon gars ! Tu fais pas dans la demie-mesure toi !

Il lève les yeux au ciel, tout sourire.

- Ce n'est pas pour son physique qu'il me plaît.

Je secoue la tête.

- Si tu me dis que ça n'a pas aidé, je te croirais pas, je m'exclame hilare.

Il acquiesce.

- Je mentirais pas, j'ai pas résisté non plus, dit-il en rigolant.

Il replonge sur son gsm, toujours occupé à chercher la date exacte. Ce mec m'impressionne tellement.

- Bon, je trouve pas la date exacte, je te l'enverrai par message, marmonne-t-il désolé.

- D'accord et ça coûte combien ?

Il penche la tête de coté.

- C'est gratuit. Je fais du bénévolat.

Je ne sais pas cacher ma surprise.

- Oh mais ... enfin tu fais quoi alors ?

- Je peins beaucoup, j'ai une galerie dans le centre de Bruxelles qui m'expose et je crée aussi ma propre BD.

- Ah ben mince alors.

Il acquiesce.

- Je suis bien occupé mais c'est ma passion alors...

- Je t'envie tellement !

Amusé, il pose une main sur mon épaule.

- Je suis sur que tu feras de belles choses Iris.

Par la suite, nous échangeons nos numéros et adresse mails.

- Si un jour, tu as besoin de parler, appelle-moi d'accord ? Quand tu veux, même la nuit, j'ai des rythmes un peu étranges.

-Tu es vraiment quelqu'un de spécial Maël.

Il rigole.

- Je vais prendre ça pour un compliment.

- Tu peux, je murmure.

Nous rentrons et rejoignons les autres.

Syrius et Julien, observent une toile, main dans la main et ça m'attendrit. Ils sont vraiment faits pour être ensemble. Noah et Valentin, eux, paraissent en pleine conversation enjouée.

- Apparemment nos chéris ont déjà bien sympathisé, rigole-t-il.

Je lui donne un léger coup de coude.

- Ce n'est pas mon chéri, je murmure gênée.

- Plus pour longtemps jolie Iris, s'exclame-t-il en me faisant un clin d'œil.

Je l'observe rejoindre notre petit groupe et je ne peux m'empêcher de sourire. Je sens que je me suis fait un ami. Syrius et julien nous rejoignent et Noah pose son doux regard sur moi tandis que je mets à ses cotés. Là, entouré de mes amis, j'ai l'impression que mon cœur va exploser tant je suis heureuse.










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