Il m'a tellement manqué.

Je n'ai fait que penser à lui. Tout le temps. Bercée par sa playlist, son visage n'a pas quitté mon esprit.

Je l'observe, debout devant moi, les mains dans les poches, il parait en pleine réflexion. Mon cœur bat extrêmement vite, je suis en pleine tachycardie, ce n'est pas possible autrement.

Je lui ai rarement vu une mine aussi sérieuse. J'ai presque envie de le secouer pour retrouver son sourire à fossette que j'aime tant. Mais vu ce que je viens de lui annoncer. Je peux m'estimer heureuse qu'il ne s'enfuie pas en courant.

Il a dit qu'il serait là pour moi. Qu'est ce que cela veut dire au juste ?

Je donnerai tout pour ne pas avoir eu cette crise. Pour que les choses se soient déroulées autrement. J'aimerais tellement qu'il me prenne dans ses bras. Qu'il rigole sereinement. Qu'il me regarde comme avant. Mais j'ai bien peur que cela n'arrive pas.

Maintenant qu'il sait, il va devoir faire un choix, comme beaucoup l'ont fait avant lui. Va-t-il s'éloigner en me décrivant comme une folle ou fera-t-il réellement parti du peu de personnes qui resteront avec moi.

Il a beau dire qu'il sera là, il ne sait pas.

Les gens, empreints d'une grande confiance disent toujours ça au début, ils s'imaginent qu'ils pourront être LA personne qui nous aide, celle avec qui ça ira. Mais ils se retrouvent souvent bien démunis face à cette maladie qui ne fait de cadeaux à personne. Il a vu à quoi ressemblait une crise mais le reste peut être tout aussi pire. Il m'arrive souvent de me haïr moi-même. Il m'arrive de dire ou faire brutalement des choses qui blessent et que je regrette énormément par la suite. Certaines cicatrices ne disparaissent pas complètement, je l'ai appris à mes dépends. Quand j'ai vu la tristesse que j'ai causée à mes amis l'année passée, je m'en suis moi-même éloignée.

La dernière chose que je veux, c'est traiter Noah de la sorte. Il m'est tellement important que je ne pourrais pas me regarder en face si un jour je le blessais comme je l'ai fait avec d'autres.

- Tu sais, tu n'es pas obligé de tout m'expliquer aujourd'hui, finit-il par me dire, me sortant de mes pensées.

Il sort une main de sa poche et se la passe dans les cheveux.

- Tu m'en as déjà dit beaucoup aujourd'hui et  je comprendrais que cela soit dur pour toi, que tu aies besoin de temps pour me raconter le reste.

J'acquiesce. Le plus dur reste à venir. Lui parler de ce qui s'est passée l'année passée me terrorise. Et surtout aborder tout ce qui concerne ma mère m'horrifie. Rien que penser à son visage me donne envie de crier et de pleurer en même temps. Je sens que je dois lui en parler mais si je peux retarder l'échéance, cela me rassure un peu.

Lui avouer ma maladie aujourd'hui m'a déjà assez retournée. Ce n'est pas tous les jours qu'on avoue au garçon qu'on aime que l'on souffre de troubles bipolaires. Il l'a mieux pris que tout ce que j'avais imaginé. J'ai passé les deux dernières semaines à penser à toutes les réactions qu'il pourrait avoir. Je ne pouvais pas me résoudre à l'imaginer me fuir. Cela aurait été trop dur.

- Je pense que c'est mieux que je te raconte la suite plus tard, je murmure.

Il hoche la tête puis regarde la ville en contrebas. Les lumières bleues éclairent son visage que je meurs d'envie de toucher. J'aimerai encore sentir ses bras m'entourant et ses lèvres contre les miennes. La soirée a beau avoir dérapé, notre baiser est resté gravé dans ma mémoire. Je rêve qu'il se reproduise encore et encore. Si cela arrivait, je ne m'en lasserais pas.

- Par rapport à ce qui s'est passé à la soirée...

 Il relève vivement la tête et fronce les sourcils.

- N'en parlons plus d'accord ? Dit-il rapidement.

Ma gorge se noue et je serre les poings dans mes poches.

- Ce qui est fait est fait mais...oublions juste tout ça, c'est du passé.

Je hoche la tête et essaye de sourire alors que je me retiens de pleurer. C'est du passé pour lui. Bizarrement, il aurait pu me traiter de folle que cela m'aurait moins blessé. Je ne veux pas que ce soit du passé. Pas notre baiser ! Le reste oui, sans aucun doute mais lui, je le veux définitivement dans mon futur. Quel qu'il soit !

Il grimace et sort son gsm de sa veste.

- Allo ?

Il écoute et se passe la main dans les cheveux.

- Oh merde ouais, j'ai complètement zappé !

Il me jette un regard embeté.

- Je suis avec Iris, continue-t-il.

Tandis que la personne parle, il hoche la tête.

- Tu es sur ? Je sais pas...

Je m'appuie contre la rambarde tout en l'observant. Je le remarque seulement maintenant mais il s'est légèrement affinés. C'est dingue, il a vraiment continué à courir sans moi. Son charme est indéniable. J'ai envie de combler les quelques pas qui nous séparent et de le prendre dans mes bras. Dire que j'ai gâché ma chance d'être dans ses bras, quelle horrible bêtise.

- D'accord, oui je vais lui demander. À tout à l'heure. Bye !

Il secoue la tête et remet son portable dans la poche de sa veste.

- C'était Malek, soupire-t-il.

- Ah, tout va bien ?

Il hoche la tête.

- Ouais.

Il fait la moue et parait nerveux.

- On a reformé le groupe.

Je ne peux cacher ma surprise ;

- Mais c'est super ! Clem et Malek se sont réconciliés ?

- Ouais, heureusement, ça commençait à faire long.

Je rigole tandis qu'un sourire naît sur ses lèvres.

- On va participer au concours, on s'entraîne sur la chanson qu'on va enregistrer en ce moment.

- Eh ben ! Il s'en est passé des choses ces derniers temps !

Il acquiesce.

- Ouais, on peut le dire.

Il souffle et se passe la main dans les cheveux. 

- On répète ce soir... tu veux venir ? Murmure-t-il en plongeant son regard dans le mien.

Je hausse les sourcils, surprise.

- Je peux ?

Il acquiesce.

-  Bien sur, si je te le propose, rigole-t-il gentiment.

- Je n'ai jamais assisté aux répètes d'un groupe, je murmure.

- Ça sera une première alors !

Il enjambe la barrière et m'attend de l'autre coté. Je le rejoins et nous nous mettons à marcher vers le centre ville.

- Vous répétez où ? Je demande.

- Dans l'appartement de Malek.

- Il vit seul ?

Il hoche la tête.

- Ouais. D'ailleurs Malek est en ville mais si tu veux, on peut y aller avec ta voiture ?

Je fais la moue.

- Je ne suis pas venue en voiture.

Interloqué, il se tourne vers moi et fronce les sourcils.

- Je n'ai pas le droit de conduire avec les médicaments que je prends en ce moment, je dis embêtée.

- Oh..d'accord.

Il hausse les épaules et me sourit doucement

- Ce n'est pas grave, on va rejoindre l'autre zygoto alors, murmure-t-il.

Tandis que nous apercevons la voiture à une dizaine de mètres, Malek dépose l'étui à guitare de Clem dans le coffre puis la prend par la taille et dépose un baiser sur son front. Cela a vraiment fort évolué pendant que je n'étais pas là.

J'observe la réaction de Noah et vu la tête qu'il fait, il n'a pas l'air informé non plus.

- Eh ben enfin, murmure-t-il si bas que je ne suis pas sûre de l'avoir entendu.

Nous les rejoignons au moment où ils se détachent l'un de l'autre comme si de rien n'était. Clem parait surprise de me voir.

- Hey voilà une revenante ! Rigole Malek et du coin de l'œil, je vois mon ami froncer les sourcils.

Clem s'approche de moi et me fait la bise. Elle est vraiment grande, et doit baisser le visage pour m'atteindre. Et pourtant cela n'enlève rien à son charme. Ses longs cheveux blond platine descendent dans son dos et son visage angulaire lui donne presque un air surréaliste. La grâce qu'elle possède ne dénote même pas avec son coté plus rock. Je l'imaginerai bien dans un roman steam punk dégainant un gros flingue tout en affichant son petit sourire angélique.

- Ça va ? Me demande-t-elle me sortant de mon élan d'inspiration créatif.

- Oui et toi ? Je lui demande poliment.

Elle hoche la tête mais son regard n'est pas en accord avec le sourire qu'elle m'offre.

- Je voulais te dire...que je suis désolée pour ce qui s'est passé avec Tim.

La dernière chose à laquelle je veux penser, c'est lui. Le simple souvenir de mon comportement avec lui me donne la nausée. Ses mains sur moi, ses lèvres contre les miennes m'ont fait souhaiter, ne plus me souvenir de cette soirée.

Je soupire et hausse les épaules.

- Tu n'as pas à être désolé, ce n'est pas de ta faute.

- Ouais mais c'est tout de même mon frère, murmure-t-elle.

Je secoue la tête.

- Ce qui est fait est fait et de toute façon, j'ai ma part de responsabilité, ce n'est pas seulement de la faute de ton frère, donc ne t'en fais pas, d'accord ?

La vérité est aussi que je ne veux plus jamais en parler. Elle acquiesce gênée et je détourne le regard légèrement embêtée. Noah vient à ma rescousse et pose une main sur mon épaule.

- Bon on y va ?

Nous nous mettons à l'arrière tandis que les deux autres s'installent à l'avant en échangeant un petit sourire pas difficile à comprendre. La basse de mon ami est posée à ses cotés ce qui fait qu'il s'est assis au milieu. Nos jambes se touchent et malgré nos jeans respectifs, sa chaleur irradie contre ma jambe. Ma gorge se noue tandis que je coule un regard dans sa direction.

Il m'observe aussi attentivement. Ses lèvres légèrement entrouvertes me tordent le ventre. J'aimerais tellement pouvoir l'embrasser, poursuivre ce baiser auquel j'ai mis un terme bien trop rapidement à mon goût le jour d'Halloween. Ce souvenir me fait frissonner. Je me suis perdue dans la façon qu'il avait de me maintenir fermement contre lui tout en étant d'une douceur déconcertante. J'aurais pu passer des heures, dans ses bras, nos peaux se frôlant et mes lèvres se joignant aux siennes avec plus de passion que je n'en ai jamais connu.

- Ça va ? Murmure-t-il me sortant de ma transe.

Je hoche la tête et me sens rougir.

Je ne supporte pas l'idée qu'il veuille qu'on oublie ce qui s'est passé à la soirée. C'était tellement fort, je n'avais jamais ressenti ça. Alors je ne peux pas être seulement amie avec lui. Ça m'est impossible vu tous les sentiments qui explosent dans ma poitrine en le regardant.

Je l'aime comme une folle et il est sans dire que ma folie atteint des sommets. 

Tandis qu'ils s'installent avec leurs instruments, je m'assieds dans le fauteuil face à eux. Noah passe la sangle de sa basse et termine de brancher ce qu'il faut. Je lui trouve un air sûr de lui très agréable à observer. Il finit par relever la tête, me jette un coup d'œil puis se tourne vers les autres et s'approche d'eux. Ils parlent rapidement et ses amis finissent par hocher la tête en souriant. Perplexe, j'essaie de tendre l'oreille mais n'entends rien de ce qu'ils chuchotent. Un supplice pour quelqu'un de curieux comme moi.

Noah retourne finalement à sa place.

- Ça va, tu es prête ? Me dit il calmement mais ses joues rouges trahissent sa nervosité.

- Carrément !

Il se tourne vers les autres.

- Prêt les gars ?

- Ouais ! Disent-ils excités.

https://youtu.be/gS9o1FAszdk

Clem se met à jouer les accords d'une chanson qui me dit vaguement quelque chose. Je tourne le visage vers Noah qui a fermé les yeux. Les notes me traversent déjà, nouant mon ventre et faisant écho aux battements de mon cœur qui s'accélèrent.

Il se passe la main dans les cheveux puis se penche devant son micro. Quand il se met à chanter, j'attrape le fauteuil et le serre aussi fort que possible pour m'empêcher de trembler. Sa voix grave me donne la chair de poule et quand Malek le rejoint enfin aux percussions, il assène le coup fatal à mon pauvre cœur.

Going back to the corner where I first saw you,
Retourner au coin de la rue où je t'ai vue pour la première fois
Gonna camp in my sleeping bag. I'm not gonna move,
Je vais dormir dans mon sac de couchage, je n'ai pas l'intention de bouger
Got some words on cardboard got your picture in my hand,
Ecrire quelque mot sur une pancarte, prendre ta photo dans ma main
Saying if you see this girl can you tell her where I am,
Dire : "si vous voiyez cette fille pouvez vous lui dire où je suis"
Some try to hand me money they don't understand,
Quelques uns essaient de me donner de l'argent, ils ne comprennent pas
I'm not... broke I'm just a broken hearted man,
Je ne suis pas fauché, je suis juste un homme au coeur brisé
I know it makes no sense, but what else can I do,
Je sais que ca n'a pas de sens, mais qui puis-je faire d'autre ? ,
How can I move on when I've been in love with you...
Comment je pourrais aller de l'avant alors que je suis encore amoureux de toi... .

Il  ouvre les yeux en disant cette dernière phrase. Son regard me transperce. Tout en chantant, il joue et m'observe comme lorsque nous n'étions qu'à deux. Je me mords la lèvre et serre les poings, les empêchant de trembler. J'ai pendant un instant l'impression que plus rien n'existe autour de nous. Les larmes me viennent aux yeux et je me fais violence pour ne pas les laisser couler.

Cos if one day you wake up and find that you're missing me,
Car si un jour tu te reveilles et te rend compte que je te manque
And your heart starts to wonder where on this earth I can be,
Que ton coeur se demande où sur la terre je pourrais être
Thinking maybe you'd come back here to the place that we'd meet,
Tu penseras peut-etre à revenir a l'endroit ou nous nous sommes rencontrés
And you'd see me waiting for you on the corner of the street.
Et tu me verras t'attendre au coin de la rue

So I'm not moving...
Donc je ne bougerai pas
I'm not moving.
Je ne bougerai pas

Policeman says son you can't stay here,
Les policiers me disent : " petit tu ne peux pas rester la"
I said there's someone I'm waiting for if it's a day, a month, a year,
Je leur dis : " j'attendrais cette personne 1 jour, 1 mois, 1 an si il le faut"
Gotta stand my ground even if it rains or snows,
Je resterais a cette endroit même si il pleut ou neige
If she changes her mind this is the first place she will go.
Si elle change d'avis c'est le premier endroit ou elle viendra

Cos if one day you wake up and find that you're missing me,
Car si un jour tu te reveilles et te rend compte que je te manque
And your heart starts to wonder where on this earth I can be,
Que ton coeur se demande où sur la terre je pourrais être
Thinking maybe you'd come back here to the place that we'd meet,
Tu penseras peut-etre à revenir a l'endroit ou nous nous sommes rencontrés
And you'd see me waiting for you on the corner of the street.
Et tu me verras t'attendre au coin de la rue

So I'm not moving...
Donc je ne bougerai pas
I'm not moving.
Je ne bougerai pas

I'm not moving...
Je ne bougerai pas
I'm not moving.
Je ne bougerai pas

People talk about the guy
Les personnes parlent du gars
Whos waiting on a girl...
Qui attend une fille
Oohoohwoo
Oohoohwoo
There are no holes in his shoes
Il n'y a pas de trous dans ses chaussures
But a big hole in his world...
Mais un gros manque/trou dans sa vie
Hmmmm
Hummmm

Maybe I'll get famous as man who can't be moved,
Peut-être que je deviendrais celebre comme "l'homme qui qui ne pouvais pas être bouger"
And maybe you won't mean to but you'll see me on the news,
Et peut-être que ca ne t'inspireras rien mais tu me verras à la télé
And you'll come running to the corner...
Et tu courriras jusqu'au coin de la rue
Cos you'll know it's just for you
Parce que tu sauras que ce sera uniquement pour toi

Tandis qu'il prononce cette phase, son regard se fait encore plus appuyé. Uniquement pour moi. Cela me transperce en plein cœur. Malgré ce que je lui ai dit et ce qui s'est passé, il n'a donc pas totalement renoncé à ce qu'il y avait entre nous, quoi que ce soit et qu'importe la façon dont on aurait pu l'appeler. Ce n'est pas fini.

I'm the man who can't be moved
Je suis l'homme que l'on ne pouvais pas bouger
I'm the man who can't be moved...
Je suis l'homme que l'on ne pouvais pas bouger

Cos if one day you wake up and find that you're missing me,
Car si un jour tu te reveilles et te rend compte que je te manque
And your heart starts to wonder where on this earth I can be,
Que ton coeur se demande où sur la terre je pourrais être
Thinking maybe you'd come back here to the place that we'd meet,
Tu penseras peut-etre à revenir a l'endroit ou nous nous sommes rencontrés
And you'd see me waiting for you on the corner of the street.
Et tu me verras t'attendre au coin de la rue
[Repeat in background]

Je ne bougerai pas
So I'm not moving...
Je ne bougerai pas
I'm not moving.

Je ne bougerai pas
I'm not moving...
Je ne bougerai pas
I'm not moving.

Retourner au coin de la rue où je t'ai vue pour la première fois
Going back to the corner where I first saw you,
Je vais dormir dans mon sac de couchage, je n'ai pas l'intention de bouger
Gonna camp in my sleeping bag not I'm not gonna move.

La chanson se termine tandis que Clem joue quelques accords à la guitare électrique et que Noah murmure les dernières paroles. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres tandis que sa main retombe dans le vide en lâchant le micro.

Je suis sous le choc, complètement électrisée par ce morceau. Par tout ce qu'il signifie, tout ce qu'elle me révèle sur lui, sur ce qu'il ressent. 

J'ai terriblement envie de me lever et de me jeter dans ses bras mais la présence de ses amis me retient sur le fauteuil.

- Waouh...c'était complètement dingue ! Je m'exclame le feu aux joues.

Noah sourit mais détourne le regard gêné.

- Vous êtres vraiment géniaux !

Malek rigole.

- Merci ! C'est sympa !

Ils continuent à jouer, morceaux après morceaux et je suis fasciné par Noah. Ses doigts bougent à une vitesse folle. J'étais déjà impressionnée quand il jouait à la guitare acoustique mais là ça n'a rien à voir. Il a vraiment une maîtrise excellente de sa basse et je suis persuadée qu'il gère aussi bien la guitare électrique. Tandis qu'il joue, il mêle ses mots à ceux de Clem. Sa voix me fait vibrer, son timbre se fait rauque sur certaines notes et me donne la chair de poule.

Pendant un moment, je l'imagine, me chantant tous ses mots au creux de l'oreille et mes joues se réchauffent instantanément.

Je ne me lasse pas de les écouter et de le voir jouer. J'ai l'impression d'être dans une boucle de distorsion temporelle. Le temps s'allonge mais étrangement les secondes passent beaucoup trop vite.

Malek nous dépose dans notre rue.

- C'était sympa de te revoir Iris ! Dit-il enjoué.

- Moi aussi ça m'a fait plaisir !

- Tu reviens quand tu veux aux répètes hein ! Me dit Clem un grand sourire aux lèvres.

Je hoche la tête.

- Oui merci !

Elle me fait un clin d'œil puis je ferme la porte et la voiture démarre. Je me retrouve seule avec Noah qui tient l'étui de sa basse à la main et son sac de cours sur l'épaule.

Nous marchons jusqu'au milieu de la rue silencieusement. Mais je ne tiens plus.

- C'était vraiment génial ! Vous jouez super bien !

Il me sourit.

- Merci, c'est gentil. Je suis content que ça t'ait plu.

Nous faisons encore quelques pas et finalement, je me mets devant lui de sorte qu'il s'arrête.

- La première chanson que tu as jouée...

Malgré la pénombre, je reconnais son air gêné. Il se met à faire tourner l'anneau autour de son majeur, signe de sa grande nervosité. 

- Elle était pour moi ? Je murmure.

Il dépose l'étui de sa basse et met les mains dans ses poches. Il ne me regarde pas dans les yeux.

- Oui.

Il n'en dit pas plus à mon grand agacement. Pourquoi a-t-il tant de facilité à s'exprimer à travers la musique, en chantant et qu'il n'ose pas me dire tout cela en face ?

- Je l'ai beaucoup aimée. Vraiment.

Il me sourit.

- Le sens qu'elle a et qu'avait la playlist, cela m'a vraiment fait quelque chose.

Il relève le visage et me regarde enfin dans les yeux.

- Iris, tout ce que je dis dans les chansons... c'est vraiment fort et ...c'est la première fois que je ressens ça..

- Moi aussi !

Il parait surpris de mon élan soudain mais fini par secouer la tête.

- Avec tout ce qui s'est passé, il me faut un peu de temps pour tout assimiler. Comprendre concrètement ce que tu as. Alors je préférais qu'en ce moment, les choses ne changent pas entre nous. Et on verra par la suite.

Malgré la déception que produisent ses paroles, je ne peux m'empêcher de le comprendre. Je trouve déjà invraisemblable qu'il n'ait pas pris la fuite alors s'il veut que l'on fasse semblant d'être de simples amis le temps qu'il s'y habitue, je l'accepterais.

Je relève le visage et essuie vite une traîtresse qui coule malgré tout sur ma joue.

- Tu pleures ? Demande-t-il l'air désemparé.

Je secoue le visage.

- Non non pas du tout ! Je réponds la voix vacillante en essayant de lui sourire.

Il fronce les sourcils et pince les lèvres.

- Ne t'inquiète pas, ça va, je murmure.

Il secoue la tête, lâche son sac de cours, attrape mon bras et m'attire contre lui. Le visage près de sa nuque, je respire son odeur qui m'a cruellement manquée tandis que ses bras m'entourent. Son souffle caresse mon cou et me donne la chair de poule.

- J'ai juste besoin d'un peu de temps... pas longtemps, soupire-t-il près de mon oreille.

Contre lui, je hoche la tête, bien trop heureuse d'être dans ses bras pour dire quoi que ce soit.

- Tu m'as manqué, murmure-t-il la voix plus rauque me chamboulant encore une fois totalement.

Pour toute réponse, je le serre encore plus fort contre moi.

Nous restons un moment comme ça. Je passerai bien des heures dans ses bras. Je ne sais pas si je pourrais un jour me lasser de lui. Ça me parait impossible.

À mon grand regret, il finit par s'éloigner de moi. Il attrape son sac et son étui et nous marchons jusque chez moi. Il s'arrête devant l'entrée de ma maison. Ma voiture et celle de mon père sont garées à coté de nous.

- Tu ne seras pas toute seule ce soir ?

- Non mon père est à la maison en ce moment.

Il semble tout à coup plus serein. Une mèche brune menace de tomber devant ses yeux et je brûle d'envie de la remettre à sa place mais je me retiens.

- Est-ce qu'on se verra demain ? Demande-t-il prudemment.

J'acquiesce.

- Oui, je reviens.

Son sourire que j'aime tant se dessine sur ses lèvres et laisse apparaître ses fossettes.

- J'ai déjà hâte d'y être alors, souffle-t-il.

Il veut m'achever, ce n'est pas possible autrement. Il s'approche de moi et dépose un rapide baiser sur mon front avant de me pousser doucement vers la porte.

J'entre la clef dans la serrure puis l'observe une dernière fois. Il me fait un signe de main avant de se retourner et de quitter mon champ de vision.

Le cœur battant à tout rompre, j'entre dans la maison et m'affale contre la porte, un sourire aux lèvres.