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Chapitre 21 (1/2)


Noah

Le père d'Iris m'avait prévenu.

Nous sommes mercredi, cela fera bientôt deux semaines qu'elle n'est pas venue en cours.

Je l'ai guettée tous les matins, cherchant des yeux sa voiture se garant à sa place habituelle. Mais je n'ai eu aucun signe de mon amie, pas même une réponse à la lettre et à la playlist que je lui ai donnée.

Rien de rien.

Pour le coup, ça m'a vraiment plombé le moral.

J'ai mis tout mon cœur dans les chansons que je lui ai transmises. Je ne sais même pas ce que j'attendais.

Il est évident qu'elle n'allait pas débarquer chez moi, me faire une déclaration enflammée et m'embrasser avec passion. La vie ne ressemble pas à un roman à l'eau de rose. Même si à cet instant, cela ne me dérangerait pas.

De chez moi, je n'ai pas arrêté de jeter des coups d'œil à sa chambre. Je sais bien qu'elle est rentrée, je l'ai vu sous le porche à son arrivée. Et tous les soirs, la lumière de sa chambres'allume.

Alors que veut dire ce silence déchirant ?

Est-elle seulement fatiguée ou alors ne veut-elle plus me parler ?

Tout ça me rend complètement dingue.


La demi-journée de cours se termine et je sors de l'école avec Syrius et Julien. Depuis la fin des vacances, ces deux-là agissent vraiment très bizarrement.

À ce que j'ai compris des bruits de couloir, mon jumeau ne serait plus en couple avec Rose. Cela ne semble pas du tout l'attrister. Au contraire, il ne m'a jamais paru aussi heureux de sa vie. Il ne râle pas, aide tout le monde à la maison et fait même des câlins à Emma, de quoi me surprendre sérieusement.

Après avoir été chercher à manger pour les deux carnivores, nous nous installons près du lac dans l'herbe qui n'est miraculeusement pas trempée. Aujourd'hui il ne pleut pas, cela relève du rêve dans ce cher pays à cette période de l'année.

Je les observe dévorer à pleine bouchée un durum, ce qui est à deux doigts de me donner la nausée. En ce moment, la bouffe me rend malade. Je suis trop stressé pour avaler quoi que ce soit.

Ils parlent de Géostorm, un film que je n'ai pas vu et qui est sorti il n'y a pas longtemps. Ça m'exaspère. Je ne supporte pas que tout continue normalement sans la présence d'Iris. Je veux qu'elle soit là, avec nous, comme avant.

- Moi ça m'a trop fait penser au film catastrophe où tout se met à geler, dit Julien avant de prendre une bouchée de son repas.

- « Le jour d'après » ? Demande mon frère.

- Ouais c'est ça ! Dit-il, la bouche remplie, en hochant vivement la tête.

- Ce n'est pas étonnant, le réalisateur de Géostorm était producteur et scénariste pour les films de Roland Emmerich.

D'où il sort ça lui ? Julien qui se fait apparemment la même réflexion, répond :

- Comment tu sais ça ?

Mon frère hausse les épaules et prend un air fier :

- Je suis trop fort c'est tout !

Julien lève les yeux au ciel tandis que Syrius hausse les épaules.

- J'avoue,c'est Durendal qui le disait dans sa critique du film, rigole mon frère.

Les deux se sourient l'air entendu.

Les voir aussi heureux l'un avec l'autre m'agace, c'est égoïste étant donné la détresse dans laquelle a été mon frère à cause de leurs querelles mais je ne peux pas m'en empêcher. Je suis jaloux, j'aimerais tellement qu'Iris soit là. Elle me manque à en crever.

-Ça va ? Me demande mon jumeau, un sourcil relevé.

Je hoche la tête.

- Ouais ouais, je marmonne en jouant avec un brin d'herbe.

- C'est dingue ce que je te crois.

Je relève le visage et fronce les sourcils.

- Tu veux que je te dise quoi ? Je grogne en haussant les épaules.

Il fait la moue, ne sachant visiblement pas quoi me répondre. Il sait très bien ce qui ne va pas. Ce qu'il pourrait dire n'y changerait rien.

- Tu as eu des nouvelles d'Iris ? Demande Julien, venant à la rescousse de son meilleur ami, comme toujours.

Je ne réponds pas. Qu'est-ce que je pourrais lui dire à part un « non » pitoyable.

- Dans son message dimanche, elle disait qu'elle reviendrait sûrement dans la semaine non ?

Je relève vivement la tête.

- Elle t'a envoyé un message ?! Je m'exclame.

Julien pince les lèvres et fronce les sourcils. Il jette un regard penaud à mon jumeau avant de se tourner à nouveau vers moi.

- Euh...ouais, dit-il embêté.

Je serre les poings et mes joues se réchauffent à cause de l'énervement. Pourquoi a-t-elle parlé à Julien et pas à moi ?!

Je suis vexé et triste. Je me crispe sentant que je suis à deux doigts de me mettre à trembler.

Elle ne veut pas me parler. Est-ce à cause de baiser ?

Son père m'a dit qu'elle aurait honte, je m'y suis préparé. Mais je pensais que ça nous concernerait tous. Or elle ose parler à Julien. Il y a donc un problème me concernant.

On n'aurait pas pu faire mieux pour m'achever aujourd'hui, je n'en peux plus de tout ça. Deux semaines que je me torture, attendant un signe de vie, une petite réponse. Mais elle n'en est même pas capable ?

- Elle disait quoi ? Je demande la gorge nouée.

Il se masse la nuque, embarrassé.

- Elle a dit qu'elle reviendrait cette semaine. Et qu'on lui manque beaucoup.

Je secoue la tête, énervé. Pourquoi lui dit-elle ça à lui et pas à moi ?! Je pensais que ce qu'on avait était spécial. Mais apparemment je ne vaux même pas la peine qu'elle m'envoie un infime message !

Je me lève d'un coup mais Syrius attrape ma jambe.

- Tu vas où ?

Je fais un mouvement vif pour qu'il me lâche.

- Je vais travailler ! Je m'exclame, mais cela ressemble plus à un sanglot étouffé.

Il se lève rapidement.

- Noah, calme toi, m'implore-t-il.

Je hausse les épaules et secoue la tête.

- Comment tu veux que je reste calme?! J'en ai ras-le-bol ! Je vais pas patienter comme un con alors qu'elle n'en a manifestement rien à foutre !

Je sais que je réagis excessivement mais je n'arrive tout simplement plus à contenir ma peine et ma colère des dernières semaines. J'en ai marre, je veux la voir, lui parler, enlever ces non-dits qui pèsent sur mon cœur depuis la soirée.

Julien se lève et met son gsm devant mes yeux.

- Vu les circonstances, soupire-t-il.

J'attrape son portable et plisse les yeux.



Je relève le visage, Syrius parait tendu tandis que Julien me sourit doucement.

- Tu vois, elle s'inquiète pour toi. C'est juste qu'elle veut parler avec toi en vrai et pas par message.

J'acquiesce.

- Ouais, je vois ça.

Je soupire, pourquoi a-t-elle besoin de rendre ça compliqué ? Elle ne pouvait pas juste m'envoyer un message pour me dire qu'elle allait bien ? Juste quelques mots ?

- Tu lui as répondu quoi ? Je demande en lui rendant son portable.

Il parait embêté.

- Je lui ai dit la vérité.

- C'est à dire ?

Il hausse les épaules.

- Que tu ne vas pas bien.

Je fais la moue. Cette fois, j'aurais préféré qu'il mente. Il se dépêche de remettre son portable dans sa poche.

- Allez on t'accompagne chez Jozz ! S'exclame mon frère en me donnant une tape dans le dos.

Julien récupère son sac à terre et nous partons.

Comme d'habitude, tout parait normal dans la ville.

Je me demande combien de personnes se baladent, l'air de rien, en étant pourtant dévasté de l'intérieur. Les gens sont concentrés, certains sourient aux autres, mais personne n'a l'air malheureux. Je ne peux pourtant pas être le seul.

- C'est bientôt les examens ! Soupire Julien, me sortant de mes pensées.

Mon frère lève les yeux au ciel.

- Mais non, y a encore plus de trois semaines ! Rigole-t-il.

-Ouais, et comme d'habitude, tu vas venir prendre mes cours une semaine avant ! Continue Julien.

Syrius hausse les épaules tandis que son meilleur ami sort une bouteille d'eau de son sac.

- On pourra bosser ensemble comme ça !

Julien secoue la tête.

- Je sais pas si c'est une bonne idée ! S'esclaffe-t-il.

Il boit une gorgée en regardant mon frère qui lui sourit bizarrement. Ces deux-là me rendent vraiment perplexe.

-Bah quoi, pourtant ça ne te dérange pas de jouer les profs ces deniers temps, non ?

Julien s'étrangle avec sa boisson et mon frère parait tout à coup soucieux et lui tape dans le dos.

- Hey respire !

Il secoue la tête une fois sa respiration remise et rigole.

-Tu es vraiment bête ! s'exclame-t-il.

Mon frère ébouriffe vite les cheveux de son meilleur ami.

-Je sais, mais t'aime ça non ?

Ils se sourient et Syrius rougit de manière flagrante. Pendant un instant, ils paraissent vraiment dans leur petite bulle. Ils se regardent dans les yeux et j'ai vraiment l'impression d'être invisible, presque de trop. Ils ont toujours été proches, même s'ils le sont encore davantage maintenant, alors ce n'est pas ça qui me trouble.

Ce qui me perturbe, c'est leurs regards. Ça ne ment pas, il se passe quelque chose. Quoi, je n'en sais rien. Je me demande quel genre de secret ils peuvent bien partager pour avoir l'air si fougueux ces deniers temps.

Je hausse un sourcil, ce qu'ils remarquent en se tournant vers moi. Mon frère me sourit, l'air de rien.

- Et toi tu as déjà préparé tes cours pour les exams ?

Je hausse les épaules.

- Ouais, plus ou moins, je marmonne.

Ce n'est absolument pas ma priorité en ce moment. Je n'ai de cesse de penser à mon amie qui n'est pas là.

Je sais que je suis stupide. Je fais vraiment cliché. L'adolescent qui n'arrive pas à se concentrer à cause d'une fille. Et pourtant, c'est la première fois mais c'est bel et bien occupé à m'arriver. Aussi con que ça puisse paraître. Je l'aime et je souhaite plus que tout qu'elle revienne, que tout redevienne comme avant.

Nous arrivons près de la fontaine.

- Oh joie, soupire mon frère.

Un groupe de fille et Rose nous regardent arriver les bras croisés.

« Attention chien méchant ! » est la seule chose qui me vient à l'esprit en les observant.

Elles font froid dans le dos. Les regards qu'elles jettent à mon frère, me donneraient presque envie de me barrer en courant pour m'éloigner d'elles. Ils n'ont vraiment pas du se séparer de manière très agréable et il est clair qu'elle en veut à mon jumeau.

Une fois que nous les avons dépassées, je ne peux m'empêcher de demander :

- Il s'est passé quoi avec Rose ?

Mon frère hausse les épaules.

- On a rompu, dit-il simplement.

Je fronce les sourcils.

- Ouais ça me parait clair, mais pourquoi ? Je demande curieux.

Je vois un léger sourire se dessiner sur les lèvres de Julien. Il est fin et rapide mais je le connais assez pour le remarquer.

- Ça collait pas entre nous, c'est tout, répond mon frère comme si on parlait de banalités.

Je ne le crois pas. Il m'a dit qu'il était amoureux avant Halloween. À ce moment, cela m'a surpris car je ne pensais pas qu'il avait de tels sentiments pour Rose mais maintenant, il le dit clairement, ce n'était pas elle. Je brûle de savoir qui est cette personne qui aura réussi à dompter le cœur et l'instinct volatil de mon frère. Il parait tellement enjoué que je ne verrai que ça comme explication. Qui est cette fameuse personne ? Pour la première fois, il est amoureux et je meurs d'envie de savoir de qui.

- Et ton groupe alors ? Vous y participez à ce concours ou pas ? Demande Julien.

Je hoche la tête. Julien à la rescousse comme d'habitude. Je ne vais néanmoins pas me plaindre, il y a pire comme changement de sujet.

- Carrément ! On doit juste encore se mettre d'accord sur la chanson qu'on va présenter.

- Vous faites l'une des vôtres ou une cover ?

Je souris.

- Ah ton avis ?

Son visage s'illumine.

- Oh merde vous allez enfin présenter un morceau à vous !

Je hoche la tête.

- On bosse encore dessus mais on devrait bientôt pouvoir faire la vidéo.

Mon frère tape dans ses mains.

- Je veux absolument aider à la réaliser !

Je lui souris.

- J'espérais bien que tu en aurais envie.

- Et comment ! Mon jumeau va devenir une rock star ! Je me dois d'y contribuer !

Je lève les yeux au ciel mais ne peux m'empêcher de sourire. Le voir aussi enthousiaste dans mon projet me fait chaud au cœur.

- Malek a des potes qui font des études de cinéma à l'IAD et apparemment, il y aurait moyen qu'on ait une caméra et l'équipement son.

Syrius hoche la tête, sérieux.

- On va vous faire un truc de dingue !


Je suis occupé à encoder les équipements qui sont arrivés ce matin tandis que Jo installe les nouvelles guitares sur les présentoirs. En bas, près de la réserve, nous entendons un gars qui essaye une basse, il ne se débrouille pas trop mal.

Jo s'approche de moi.

- Tu as une petite mine, tout va bien ? Dit-il avec son accent du sud qui me rappelle toujours les vacances .

J'observe le visage de mon patron qui, aussi étrange que cela puisse paraître, est également devenu un ami avec le temps.

- Bof, je marmonne tandis qu'il s'accoude au comptoir, le visage embêté.

Il passe la main sur sa barbe qui recouvre une peau bronzée, marquée par les années.

- Cela a un rapport avec la jolie Iris ?

Je fais la moue et hoche la tête. Bien sur qu'il a remarqué son absence.

Le magasin me parait presque vide sans elle. J'avais pris l'habitude d'entendre son rire cristallin lorsque Jo la taquinait. Elle allait et venait, nous aidant comme elle le pouvait. Sa présence rajoutait une ambiance des plus agréables dans la boutique.

Le soir, quand il n'y avait plus personne, on avait pris l'habitude de s'installer en bas, dans l'ambiance tamisée, près de la réserve. Entouré des guitares et des basses n'attendant qu'à être empoignée pour montrer toutes leurs puissances, je lui jouais tous les morceaux qui me venaient à l'esprit. M'immergeant dans un monde mélodieux, seulement captivé par ses grands yeux bleus.

Le magasin me parait terne sans elle. Vide, triste. Ou peut-être n'est-ce que moi ?

- Vous avez rompu ? Demande-t-il prudemment.

Je secoue la tête.

- Nous n'avons jamais été ensemble, je marmonne ce qui a l'air de le surprendre.

Je me passe la main sur la nuque.

- J'ai l'impression que je ne la connais pas, je souffle.

Il m'écoute attentivement.

- Je lui ai dit énormément de choses sur moi et j'ai découvert qu'elle m'en cachait beaucoup.

Il penche la tête de coté.

- Ce qui te chagrine, c'est qu'elle ne se soit pas livrée à toi comme tu l'as fait avec elle ?

Je hausse les épaules. Sûrement. Oui et non.

-Ouais. Je pensais qu'on était proches.

Il soupire.

- Tu sais, certaines personnes ont plus de difficultés à se livrer. Cela ne veut pas dire qu'elle ne se sent pas proche de toi.

Je hoche la tête. Ce qu'il dit est vrai. Je sais qu'elle avait de bonnes raisons de ne pas m'avoir révélé certaines choses. Il n'empêche que je suis humain et que ça me blesse.

Comment pourrais je dépasser son problème et l'aider alors que toute ma confiance en elle a volé en éclat ? J'ai envie de la voir mais mon coté égoïste ne peut s'empêcher de se réveiller. Tout ce qui la concerne me parait compliqué. Elle n'a même pas répondue à ma lettre. C'est peut-être un dernier appel du destin pour me faire comprendre que je ne serai pas capable d'être là pour elle. De supporter ce qu'elle m'a caché, sa maladie, quelle qu'elle soit.

- Je lui ai dit que je serai là pour elle et que je lui laisserai du temps mais ... je sais même pas ce qu'elle veut réellement. En fait, je suis plus sûr de rien avec elle. Peut-être qu'elle s'en fout de moi ?

Il secoue la tête.

- Je ne pense pas Noah. Elle est venue avec toi à chaque fois que tu travaillais. Je vous ai vu ensemble. Tu n'es pas rien pour elle, cela se voit. Ce n'est pas une coïncidence si j'ai toujours cru que vous étiez ensemble. Il y a quelque chose de fort entre vous.

Je hausse les épaules.

-Mais si ce que tu dis est vrai, pourquoi je n'ai pas de nouvelles d'elle depuis des semaines ?

Il baisse le visage. Que pourrait-il dire ? Il n'est pas au courant qu'elle est malade contrairement à moi. J'imagine que c'est pour ça. Je ne vois pas ce qu'il pourrait y avoir d'autre.

- Parfois j'ai l'impression d'être ami avec une inconnue, je marmonne.

Il me sourit tristement.

- Il ne faut pas tout compliquer. Si tu veux savoir qui elle est, demande le lui clairement. Tu verras bien sa réaction.

Je hoche la tête. C'est ce que je devrais faire. Ça ne rend pas les choses plus faciles pour autant.

Le client qui essayait une basse finit par remonter avec un air émerveillé. Jo se pousse du comptoir.

- C'est de la bombe ! S'exclame l'homme.

Je lui souris, encore distrait par ma conversation avec Jo.

- Et comment ! Je réponds.

Il parait réfléchir un instant.

- Je repasserai la chercher, je ne peux pas passer à coté de cette merveille !

J'acquiesce l'air entendu, si j'avais eu assez de fric, je me la serai bien prise pour moi.

- Ma femme va me tuer, rigole l'homme.

- Ou alors elle sera vite sous le charme ! S'esclaffe Jo.

Le client approuve.

- Espérons !Je viendrai la chercher demain !

- Bien, on vous la garde au chaud, conclue Jo.

L'homme me sourit puis sort de la boutique, il tient la porte à une fille tandis que Jo retourne vers la resserve.

C'est Claire, une rousse sublime, une ex conquête de Malek. Ça a duré un moment avec elle d'ailleurs. Perchée sur ses bottes à talons, elle s'approche du comptoir.

Tous mes muscles se crispent, je n'ai vraiment pas envie de parler avec elle maintenant. Mais le travail oblige.

- Hey Noah, tu vas bien ?

Ses grands yeux verts me scrutent, ce qui me rend légèrement nerveux.

- Oui et toi ?

Elle acquiesce vivement.

- Malek est là ?

Je hausse un sourcil et secoue la tête. Bien sur qu'elle vient pour Malek. Le contraire aurait été étonnant. Elle a du apprendre la nouvelle comme quoi il n'est plus avec June. Mais maintenant que les choses ont l'air de s'arranger entre lui et Clem, je ne veux pas d'elle dans leurs pattes. Si elle apparaît, elle va encore semer un bazar considérable, et cela n'augurerait rien de bon pour le groupe.

- Non, il est avec Clem, je les rejoins tout à l'heure, je dis en appuyant bien sur le fait qu'il est avec mon amie.

Pendant un instant, elle fronce les sourcils, sûrement agacée par la sécheresse de mon ton, mais elle retrouve finalement assez vite son grand sourire.

- Oh vous avez reformé le groupe ? C'est génial !

J'acquiesce.

-On va bientôt vous revoir sur scène alors ?

Je hausse les épaules et ne peux empêcher de laisser un léger sourire se dessiner sur mes lèvres.

- C'est fort probable.

Elle sautille sur place.

- J'ai vraiment hâte ! L'ambiance n'est pas la même sans vous au Docks.

Le Docks est un bar à scène à Bruxelles où nous nous sommes produits plusieurs fois. Dès que Clem et moi étions en vacances, Malek prenait contact avec le gérant qu'il connaît et le tour était joué. L'ambiance était électrisante. Ça me manque.

- On reviendra sûrement faire un tour un de ses quatre, je réponds enjoué par les souvenirs de tous les bons moments que nous avons passés là-bas.

Je me concentre sur Claire.

-Tu viens pour quelque chose de précis ?

Elle regarde le magasin en rougissant, chose qui contrairement à moi, lui arrive rarement.

- J'aimerai bien m'acheter une guitare acoustique.

Je ne laisse pas paraître ma surprise et hoche la tête.

- Mais pas trop cher, je commence seulement, continue-t-elle.

Claire qui joue de la guitare. Le monde tourne vraiment à l'envers ces derniers temps, je ne vois pas d'autres explications. Cette fille ne s'est jamais intéressée aux instruments, se contentant de nous demander de jouer pour elle, comme si nous étions une vulgaire station à sa disposition. Cela a toujours eu le don d'exaspérer Clem au plus haut point. Tout le monde change mais venant de sa part, je ne peux m'empêcher d'appréhender ses réelles intentions. Elle me parait louche.

Je dépasse cependant le comptoir et attrape une guitare. Je l'accorde vite fait et joue quelques notes.

- Pour débuter, celle-ci est déjà bien et est assez correcte niveau rapport qualité-prix.

Je la lui tends et en saisi une autre.

- Celle-ci est un peu plus chère mais à un son plus chaud.

Je lui fais également une petite démonstration.

- Tu joues vraiment super bien ! S'exclame-t-elle ce qui me fait rougir pour mon plus grand désespoir.

Elle pose une main sur mon épaule et je fais un pas en arrière pour me dégager poliment. Cette fille a toujours été très tactile, ce n'est pas pour rien qu'elle a plu à Malek.

La guitare accrochée à la porte vibre, après avoir tendu l'instrument à Claire, je me penche pour voir qui vient d'entrer.

Cataclysme interne.

Iris vient d'entrer.

Mon Iris.

Mes joues brûlent, mon cœur entame un marathon et je serre les poings, mes mains s'étant mises à trembler.

Elle est là. J'ai du mal à y croire.

Elle observe la boutique puis son regard se pose sur moi. Elle porte mon sweat cosmonaute sous une grosse veste d'hiver que je ne lui ai jamais vu.

Elle me sourit timidement et s'approche, les mains dans les poches.

- Salut Noah, dit-elle doucement en se plantant devant moi et Claire.

Rien ne sort, mes cordes vocales sont paralysées. Mon cerveau nous fait un bug intersidéral.

Jo revient de la réserve, deux guitares à la main.

- Eh ben y en a du monde ! S'exclame-t-il.

Il pose les guitares puis se tourne vers nous, il hausse un sourcil en me regardant puis sourit à mon « amie ».

- Ah mais ça fait longtemps Iris !

Elle hoche la tête.

- Trop longtemps, rigole-t-elle de sa voix cristalline qui me donne la chair de poule.

Elle n'est pas maquillée et pourtant me parait toujours aussi belle.

Ma gorge se noue tandis que j'observe son visage. Ses traits sont tirés et des cernes soulignent son regard fatigué. Je frissonne en observant ses lèvres que j'ai embrassées avec tant d'ardeur lors de la soirée. Mon corps entier me crie de franchir les quelques mètres qui nous séparent et de la prendre dans mes bras pour combler tout ce vide qui s'est peu à peu créé en moi ces dernières semaines.

Mais ma raison me retient figé.

Elle me parait extrêmement fragile, là devant moi, emmitouflée dans mon vêtement deux fois trop grand pour elle.

Je détourne le regard et croise celui de Jo, soucieux.

- Viens Claire, je vais m'occuper de toi, dit-il en se tournant vers elle.

Elle fronce les sourcils en me regardant puis hausse les épaules et suit Jo qui tient déjà les deux guitares que je lui ai conseillées.

Je me retrouve seul avec Iris. Elle ne bouge pas, se contente de me fixer. Elle n'est pas comme d'habitude. Elle parait vraiment très fatiguée, ses yeux d'habitude pleins de vie me paraissent presque ternes, las. Ça me fait frissonner.

- Tu vas bien ? finit-elle par me demander.

Je hausse les épaules.

- Ouais, je mens.

En la regardant, je ressens une explosion de sentiments et d'envies contradictoires. J'aimerais lui montrer à quel point son absence m'a blessé mais d'un autre côté, elle me manque et je ne souhaite que la serrer contre moi.

Voyant mon mutisme, elle baisse les yeux, triste.

- Comment tu vas toi ? Je finis par lui demander.

Elle relève le visage et plonge son regard dans le mien.

- Je vais mieux, murmure-t-elle.

Je hoche la tête et elle prend son inspiration.

- Je suis désolée pour ce qui s'est passé.

Elle avance d'un pas, se rapprochant dangereusement de moi. Je ne sais pas quoi lui répondre. Moi aussi, je suis sincèrement navré pour ce qui s'est passé. Mais ça n'arrange rien.

- Dis quelque chose, murmure-t-elle.

Je me crispe puis lâche ce que je retiens depuis plusieurs semaines. Qui me ronge de l'intérieur.

- Qui es-tu Iris ?

Elle fronce les sourcils et baisse les yeux.

- J'ai l'impression que tu es une inconnue. Je ne connais absolument rien de toi.

Elle parait triste.

- Mais j'aimerai vraiment apprendre à te connaître.

Elle relève des yeux pleins d'espoir vers moi quand Jo nous rejoint.

- Noah,si tu veux, tu peux y aller maintenant, me dit-il souriant.

Je fronce les sourcils.

- Mais je devais fermer...

Il secoue la tête et balaye ce que j'ai dit d'un geste de la main.

-Je le ferai, ne t'inquiète pas !




Nous nous installons sur une barricade, en hauteur, face à la ville. L'obscurité a gagné les ruelles maintenant illuminées par la teinte bleutée des lampadaires.

- Pourquoi es-tu venue aujourd'hui ? Je lui demande.

Elle hausse les épaules.

- Il fallait qu'on parle.

Je hausse un sourcil et elle s'en rend compte. Elle n'a pas tort.L'entendre le dire me soulage légèrement.

Voilà cependant le moment fatidique. J'avais beau l'attendre, je ne peux pas m'empêcher de ressentir une certaine appréhension. Quel est ce problème qu'elle essaye de tant cacher ?

- Je suppose que tu aimerais savoir pourquoi j'ai agi comme ça ?

Je hoche la tête et elle soupire, tendue.

- Je n'aime pas trop en parler.

Elle se tourne davantage vers moi.

- Ce qu'il faut que tu saches c'est que je suis la Iris que tu connais. Je n'ai jamais joué de rôle. Ce que tu as vu à la soirée fait partie de moi mais ne me définit pas.

J'acquiesce, de plus en plus nerveux. Elle aussi parait stressé alors je pose une main dans son dos.

- Iris, je suis là pour toi et je ne te jugerai pas.

Elle me sourit nerveusement.

- C'est dur de se lancer, soupire-t-elle.

Je la regarde attentivement, j'ai besoin de savoir. Qu'est-ce qu'elle a ?

Comme d'habitude, je ne peux m'empêcher de la trouver sublime. J'ai envie de l'attirer à moi et de l'embrasser, mais pas comme la dernière fois. Je la veux pleinement consciente de ses actes lorsque ses lèvres rejoindront les miennes. Si seulement ça arrive encore un jour.

Mais avant ça, il faut que je sache.

- Si j'ai agi de la sorte c'est car je suis malade.

Son père n'a pas du lui dire qu'il est venu me parler. Je hoche la tête, faisant comme si je l'apprenais. Elle est nerveuse, guettant la moindre de mes réactions.

Elle inspire puis les yeux plissés, répond enfin à mon interrogation des dernières semaines.

- Je suis atteinte de troubles bipolaires.

Elle pince les lèvres et me regarde attentivement tandis que j'intègre l'information. Ces mots me paraissent si simples et pourtant si lourds de conséquences quand elle les prononce.

- Tu as déjà entendu parler de cette maladie ?

- Vaguement, c'est en lien avec les humeurs ? Dans une série que je regardais, quelqu'un l'était mais à part ça, je sais pas trop ce que c'est.

Elle acquiesce.

- Ouais,c'est à la mode dans les séries en ce moment. Mais ce n'est pas toujours très bien abordé, soupire-t-elle.

Le vent souffle, balayant ses longs cheveux qu'elle essaye de maintenir en place.

- Tu peux m'expliquer ? Je murmure.

Elle hoche doucement la tête.

- Comme tu l'as dit, c'est un trouble de l'humeur.

Elle marque une rapide pause, m'observant toujours aussi tendue.

- Tout le monde a des changements d'humeur mais chez moi ils sont comment dire ... assez intense et il m'arrive d'avoir des hauts et des bas plus prononcés que les autres.

Elle resserre sa veste contre elle en frissonnant. J'ai envie de la prendre contre moi pour la protéger du froid. Mais je me retiens. J'agrippe la barrière pour empêcher mes mains de trembler.

- Quand on est atteint de ce trouble, on alterne entre deux états. Les phases d'humeurs basses sont appelées dépressions et les phases d'humeurs élevées, sont les phases maniaques. Mais attention, on peut rester stable pendant un long moment, on n'est pas en permanence dans les états que je viens de te dire. Les phases dépressives peuvent durer plusieurs semaines, voir plusieurs mois. Lors de mes phases dépressives, rien ne va. Tout me parait compliqué, je n'ai plus la force de rien. Il faut que tu comprennes que tout le monde peut être triste, moi aussi cela m'arrive dans mes phases stables, mais la dépression est un niveau au-dessus. À ce moment-là, je n'arrive plus à penser à des choses autres que négatives, je deviens apathique, fatiguée, assez misérable. L'année passée, j'ai été mise sous antidépresseurs et il m'a fallu un long moment pour en sortir.

Je bouge à coté d'elle, ne sachant quoi penser de ce qu'elle me dit. Les choses s'éclaircissent doucement dans mon esprit, dévoilant peu à peu les problèmes qui la rongent.

- La manie, est la phase des humeurs très élevées. Ça peut également durer plusieurs jours à plusieurs semaines mais comme j'ai à chaque fois été traité, cela n'a jamais dépassé quelques jours chez moi. En général, dans mon cas cet état est progressif. Au début, je dors de moins en moins sans être fatiguée. Tout s'accélère dans ma tête. J'ai plus d'énergie. Je suis assez euphorique. Tout me parait extrêmement simple. Rien ne m'échappe. Enfin, c'est ce que je crois, ce n'est pas vrai. J'imagine beaucoup de projets. Je deviens impulsive et je peux m'énerver rapidement, comme lorsque je me suis énervée sur ton père quand on a dîné ensemble et que j'ai lancé l'idée de la course à Bruxelles. Un rien m'irrite et me fait partir dans les tours. Toutefois, en général, cet état est assez grisant.Comme je te l'ai dit, on se sent extrêmement « bien ». J'ai alors l'impression d'être surpuissante. C'est ce qu'on appelle l'hypomanie. C'est ce dont souffrent les bipolaires de types 2. Mais moi je suis de type 1, c'est à dire que je vais connaître des manies. Imagine tout ce que je viens de te dire mais accentué. Je deviens complètement désinhibé, hyperactive, mégalomane. En crise, je ne suis plus moi-même. Il m'arrive d'avoir des convictions, des idées complètement délirantes.

Elle soupire et me regarde plus triste que jamais.

- C'est ce qui s'est passé à la soirée Halloween. J'ai fait une crise maniaque.

Je frisonne et la voir aussi malheureuse me serre le cœur malgré la peur que m'inspire tout ce qu'elle me raconte maintenant.

- Tu regrettes d'avoir proposé de courir avec moi ?

Elle secoue la tête.

- Non, j'en suis même heureuse. Mais je ne sais pas si dans une phase stable, je l'aurai proposé de la sorte à ton père.

Je hoche la tête.

- Tu peux guérir de cette maladie ?

Son visage s'assombrit.

- Non, ce n'est pas guérissable. On peut juste apprendre à vivre avec et se stabiliser avec un traitement.

Je fronce les sourcils. L'imaginer devoir vivre avec ça toute sa vie, me fait mal au cœur. Je ne savais même pas que de telles maladies existaient. Il m'est arrivé de traiter quelqu'un de bipolaire pour rire quand il changeait d'humeur rapidement. Quelle bêtise, maintenant, je me sens idiot et pathétique.

- Je suis traité par un thymorégulateur, le lithium, c'est un régulateur de l'humeur si tu préfères. Il me permet normalement de maintenir une certaine stabilité dans mon humeur. D'éviter les manies. Seulement, ses dernières semaines, je l'oubliais assez souvent et mon humeur était occupée à monter. Cela ne m'a pas alarmé car comme je te l'ai dit, cet état est assez agréable. J'avais juste l'impression de me sentir très bien. Le jour de la soirée, je l'ai également oublié. Il ne faut pas que tu crois, que des que je l'oublie, j'ai des crises. Ce qui l'a causé ce soir-là, c'est qu'en plus, j'ai fumé de l'herbe. C'est l'addition de tous ces facteurs qui m'a fait monter en flèche et j'ai complètement dérapé.

Je hoche la tête, intégrant doucement ce qu'elle me dit. Tous ces moments où ses réactions m'ont surpris me reviennent en mémoire. Lorsqu'elle s'est énervé sur les filles pendant le cours de sport, qu'elle nous a défendue, Syrius et moi devant mon père. L'énergie qu'elle a montrée pour la course ou même pour apprendre à jouer au ukulélé. Je pensais que ce côté parfois excessif faisait partie de son caractère. Comment aurai-je pu en imaginer la réelle cause ?

- Tu as du aller à l'hôpital ? Je demande.

Elle acquiesce, l'air triste.

- Oui et l'on m'a donné des médicaments qui ont cassé ma phase maniaque en plus du lithium. Je dois d'ailleurs encore les prendre. C'est pour ça que je suis fatiguée, soupire-t-elle.

Elle se tourne vers la ville, arrêtant de me regarder.

- Tu dois me prendre pour une folle, murmure-t-elle.

Je descends de la barricade et me mets face à elle.

-Non Iris, je ne te prends pas pour une folle.

Elle parait surprise.

- Je t'avoue que tout ce que tu me racontes me...déstabilise un peu mais je ne te crois pas folle. Tu es mon amie. Nous avons passé énormément de temps ensemble et ce qui est arrivé est, comme tu le dis, une crise. Je ne te jugerais pas sur cet événement.

Elle soupire.

- Il y a encore beaucoup de choses que tu ne sais pas sur moi Noah, murmure-t-elle.

Je hausse les épaules.

- Alors raconte-les-moi. Je veux te connaître. Entièrement. Je ne sais pas si tu as écouté la playlist que j'ai faite pour toi mais ...Tu..tu es importante pour moi, je souffle.

Elle se mord la lèvre tandis que je m'approche d'elle. Ses jambes me frôlant presque. Son visage en face du mien.

- Je l'ai écouté... je l'écoute tout le temps...je l'aime beaucoup.

Elle me sourit.

- Toi aussi tu es important pour moi Noah. Très, murmure-t-elle ce qui me fait frissonner.

Elle descend de la barricade, se positionnant face à moi. Elle pose sa main sur la mienne et la serre un moment.

J'ai directement envie de la prendre dans mes bras.

- Si je t'ai caché plein de choses c'est car je ne voulais pas que cela nous éloigne. Ma maladie prend de la place et j'espérais idiotement qu'elle ne se verrait pas. Elle m'a éloignée de beaucoup de gens, je ne voulais pas de ça avec toi.

Je secoue la tête.

- Iris, je ne pourrais pas m'éloigner de toi, je murmure la gorge nouée.

Elle ne parait pas me croire.

- C'est ce que tu dis maintenant. Mais avec le temps, tu verras.

Je soupire.

- Ecoute malgré ce qui s'est passé, ce que j'ai vu à la soirée, je ne peux juste pas tirer un trait sur toi, tu comprends ?

Ses yeux s'agrandissent tandis que mon cœur bat à tout rompre dans mon torse. .

- Ça ne sera peut être pas toujours facile. C'est vrai que malgré ce que tu m'en as dit, je ne connais rien de cette maladie. Mais je me renseignerai, je t'aiderai comme je peux. Je serai là pour toi, je souffle.

Elle parait troublée par ce que je lui dis.

- Pourquoi tu fais tout ça Noah ?

Je détourne le regard, tremble presque.

- Ne me demande pas pourquoi. Pas maintenant. Sache juste que je serai là pour toi.

Je ne peux pas le lui dire. Tout est trop confus avec ce qu'elle vient de m'avouer. Oui je l'aime mais les choses se compliquent. Je dois d'abord comprendre ce qu'elle a. Comprendre dans quoi je m'aventure avant de lui dévoiler clairement ce que je ressens pour elle.

Elle me doit au moins ça.




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