Chapitre 16
- Allez encore un peu, jusqu'au prochain lampadaire ! Je crie à Noah à mes côtés.
Il court mais son visage est tellement rouge que je commence à avoir peur. Il est presque à bout, c'est le dernier moment, l'instant crucial où il doit essayer de parcourir les derniers mètres. C'est quand on commence vraiment à sentir la difficulté qu'on rentre dans l'endurance. Même si à mon avis, ça fait un moment qu'il y est. Je vois qu'il commence à s'essouffler assez fort. On arrive au lampadaire et on se met à marcher l'un a coté de l'autre.
- C'est super ! Je lui dis et il me fusille du regard.
Je lui laisse le temps de reprendre un tant soit peu sa respiration.
- Ne te fout pas de moi, halète-il.
Je lui donne une tape dans le dos.
-Mais je rigole pas. Tu t'améliores vraiment. Tu as couru presque trente-cinq minutes sans t'arrêter, je lui dis en regardant ma montre qui fait aussi chronomètre. Je l'ai déniché dans un carton spécialement pour lui.
Il parait surpris.
- Ah bon ?
- Oui tu vois que tu t'améliores !
Cela bientôt deux semaines que nous allons courir tous les jours sauf le dimanche. J'estime que je peux lui accorder un jour de repos. Même lorsqu'il travaille chez Jozz en soirée, nous nous habillons tout de suite en rentrant et allons courir. Il m'impressionne. Je sais que je lui ai forcé la main. Et je me suis malheureusement rendu compte que par mon accès de colère, j'étais tombé dans un piège extrêmement facile de son père. Quoi qu'il arrive, il aura gagné. Noah fera du sport.
Cela m'énerve mais d'un autre côté je me dis que cela peut être bien pour mon ami de se dépasser. Qu'il voit que lui aussi est capable d'accomplir ses propres exploits physiques. Lorsqu'il me parle de Syrius, il a toujours l'air de le vénérer et de le mettre dans la case des gens qui « savent » faire du sport. Une vision que je trouve totalement erronée. Il est clair que son frère à un don pour la course que peu de gens peuvent se vanter d'avoir. Mais selon moi tout le monde peut faire du sport, c'est une discipline qui demande un dépassement de soi et parfois beaucoup d'efforts mais on en retire toujours quelque chose de positif et on ne s'arrête jamais de progresser. Quand j'ai expliqué ma vision des choses à Noah et que je lui ait dit que cela serait une discipline à apprendre au même titre que la musique, il a paru plus entrain à me suivre. S'il est devenus bon avec ses instruments pourquoi n'arriverait il pas à se dépasser en sport ? Je crois en lui, je suis sur qu'il peut y arriver.
- Quand tu arriveras à courir trois quarts d'heure sans trop te fatiguer, on commencera à compter les kilomètres ! je m'exclame enthousiaste.
Il hoche la tête. Il transpire et ses cheveux se collent à sa nuque. Il ramène ceux qui lui tombent sur le visage vers l'arrière.Même après l'effort, le regarder me rend toute chose. J'ai une attirance envers lui qui me dépasse complètement. Tout m'impressionne chez lui, que ce soit sa musique ou les efforts qu'il fait pour venir courir. Je me doute bien qu'il fait aussi cela pour me faire plaisir et cela me comble de joie. De plus, Il s'améliore de jour en jour et cela lui prouve autant qu'à moi qu'il en est capable .
Je l'observe encore et me mords la lèvre. C'est dingue. Il y'a quelques mois, j'aurai indéniablement dit que son frère était le plus beau des deux. Syrius étant sec et ayant un visage angulaire très bien dessiné. Je n'aurais pas trouvé Noah laid, loin de là mais étant donné qu'il est plus dodu que son frère, il serait passé plus inaperçu, il aurait été plus « commun »pour moi. Pourtant maintenant, on pourrait mettre tous les hommes dits « les plus beaux » devant moi, je n'arriverai pas leur trouver un centième de tout ce que je vois en Noah. J'éprouve pour lui un sentiment extrêmement fort qui grandit au fil des jours dans ma poitrine. Et de ce fait je le trouve de plus en plus beau. Il m'éblouit. Quand je dors, je rêve de lui.
Avec un soupir, j'arrête de l'observer.
- Demain on pourra aller chercher Syrius et Julien pour la soirée ? Ils s'habillent chez lui.
Il ne s'imagine même pas à quel point il me plaît. J'aurai presque envie de rire.
- Ouais bien sure ! Je réponds un sourire aux lèvres.
- Quoi, j'ai un truc sur la tronche ? Demande-t-il en haussant un sourcil.
Je secoue la tête.
- Non t'inquiète pas.
Demain a lieu la soirée Halloween chez Clémence. Apparemment cette soirée est mythique. Tous les ans, leur quartier est envahi de bagnoles d'étudiants ! Les frères de Clem plus âgés l'aidant toujours à l'organiser et invitant leurs propres potes. Tout me dit que ça va être grandiose ! Jeudi, après les cours, on s'est rendu dans le magasin de déguisements qui se trouve près de chez Jozz. J'ai pris un déguisement de Harley Quinn et lui de Joker. Notre soirée sera réellement démente. Dans tous les sens du terme.
Ça y'est, il est enfin l'heure d'enfiler nos costumes et de nous maquiller. Pour cela, je l'ai invité chez moi. Je le lui ai proposé en me disant que ce serait plus facile pour lui faire son maquillage. Maintenant je me rends compte que je n'aurais pas du. C'est la première fois et ce serait peu dire que je suis très stressé. Je n'ai plus l'habitude de laisser entrer quelqu'un chez moi, dans mon petit monde.
Néanmoins, comme il ne nous reste pas beaucoup de temps avant la soirée, je l'amène directement à ma chambre sans lui montrer la maison. Allons à l'essentiel, cela me stresse moins.
Il regarde ma chambre et parait surpris. Les bras croisés, il observe attentivement chaque centimètre de la pièce. Pendant ce temps, j'ai 'impression de mourir trois fois sous la gêne.
- Waouh...c'est vide, murmure-t-il.
Je soupire et hausse les épaules.
- Ouais, je sais.
Que pourrais-je lui dire ? Que si ma chambre est si désincarné c'est parce que inconsciemment je ne me suis pas encore posée ici ?Si je n'ai pas encore laissé ma trace c'est car au fond de moi persiste ce souhait de partir rejoindre ma mère où qu'elle soit. Un souhait bien puéril car je connais malheureusement bien trop la situation et je sais également pourquoi mon père a voulu m'en éloigner. Pourtant, cela ne me quitte jamais. Chaque nuit le visage de ma mère revient dans ma mémoire aussi clair que si je l'avais quitté la veille. Et malgré le fait que Noah ait réussit à me faire aimer ce pays davantage que j'aurais pu le croire, souvent je m'imagine quelle route je pourrais emprunter pour la retrouver. Car malgré toutes les bêtises qu'elle a fait, c'est ma mère et je l'aime. Mon père aussi l'aime, il a juste essayé de tirer un trait sur elle mais moi je n'en suis pas encore capable. Je ne sais pas si je le serai un jour d'ailleurs.
- Iris ?
Il me sort de ma rêverie en s'approchant de moi.
- Tout va bien ? Me demande-t-il avec son petit sourire timide.
Je hoche la tête et essaye de paraître heureuse.
- Oui tout va bien ! Je vais me changer dans la salle de bain. Tu peux te changer ici, je toquerai avant de rentrer.
Je sors le plus vite possible. Le voir dans mon espace me trouble au plus haut point.
À la salle de bain, j'enfile mes bas résilles et je crée quelques trous au niveau de mes cuisses et des genoux. Par la suite j'enfile le shirt rouge et bleu et rigole en me rendant compte à quel point il est court et qu'il me moule comme il faut. Si Noah ne me trouve pas irrésistible ce soir, je ne sais pas ce qu'il lui faut !
Je mets le t-shirt « Daddy's lil monster » et la veste. Je regarde mon reflet dans le miroir, et m'applique à mettre la perruque de cheveux blonds. Les couettes de chaque cotés sont déjà faites et elles sont chacune d'une couleur. Rose et bleu. Je me suis appliqué à trouver la perruque qui fait le plus vrai possible. Heureusement au magasin de déguisement, j'ai rencontré une fille qui fait des cosplay à des conventions comme la Made in Asia et elle m'a parlé d'un magasin super à Bruxelles. J'ai donc pris la matinée à aller chercher ma perruque parfaite accompagnée de mon fidèle ami. Parfois j'ai l'impression que Noah me suivrait partout, je ne sais pas si c'est tellement bien pour lui.
Je la mets et la coince avec des barrettes.
Quand c'est bon, je sors et trouve la porte ouverte. Noah a enfilé la tenue. Un pantalon mauve, une chemise bleu, son veston vert et la veste mauve. Cela lui va comme un gant !
Il se tourne et je le vois rougir.
- Eh ben.. on va devoir te surveiller Harley, rigole-t-il la voix légèrement plus aiguë que d'habitude.
- Toi aussi, Joker.
Il me tire la langue.
-Tu sais qu'on n'est pas dans les mêmes films ?
Je penche la tête.
- Comment ça ?
- Moi je suis le joker incarné par Heath Ledger dans " The Dark Knight" et toi tu es dans "Suicide Squad".
Je fais la moue et croise les bras.
- Oh pourquoi tu as pas pris celui de mon film ?
Il me fait un petit sourire énigmatique.
- Parce que Heath Ledger c'est le meilleur ! Tu te souviens plus de son film ou quoi ? Il est complètement barge ! Tu sais qu'il s'est enfermé dans une chambre d'hôtel seul pendant un mois pour perfectionner son rôle ?! Il tenait même un carnet par rapport à son personnage quand il était occupé à le créer ! Ce mec déchire tout !
Je hausse un sourcil.
- Ce n'est pas possible de rester seul dans une chambre d'hôtel pendant un mois ! Tu exagères non ?
Il secoue vivement la tête.
- Non je te promets ! Mais c'est vrai qu'il avait des problèmes.
Je hoche la tête tandis qu'il s'assied sur mon lit.
- J'imagine, n'empêche c'est vrai que c'est impressionnant. Il a joué dans quels films après Batman ?
Il fait la moue.
- Il est mort peu de temps après « The Dark knight », pendant le tournage de « L'imaginarium du docteur parnassus ».
Je ne sais pas quoi dire sous la surprise. Il soupire.
- Enfin bon, une raison en plus pour l'honorer ce soir !
Je hoche vivement la tête.
- Comment tu sais tout ça ? Je demande impressionné.
Il me fait un petit sourire en coin.
- Je suis curieux, j'ai lu un article de son père sur internet et du coup j'ai fait mes recherches.
- Eh bien tu m'impressionnes ! Allez joker, je vais te maquiller maintenant.
Il grimace mais je pose mes deux mains sur ses joues.
- Non, tu n'y échapperas pas.
Il hausse un sourcil et sourit, ce sourire avec sa fossette qui me rend folle.
- Bon, vas y alors, dit-il et j'ai l'impression que sa voix se fait grave.
Je pose mon gsm avec la photo du maquillage sur le bureau et prends ce qu'il faut dans ma trousse. Je sors aussi ce qu'on a acheté au magasin. On a pris un pot de peinture blanche pour le visage. Je m'applique, personne ne pourrait le nier. Son maquillage n'est pas difficile à faire à vrai dire. Ressembler à un taré c'est pas si compliqué.
Quand j'ai fini, il se regarde dans le miroir.
- Waouh ! Je me fais flipper moi même.
Il me sourit.
- Tu as fait du bon boulot !
- Merci.
Je me mets devant le miroir et commence le mien. Vingt minutes plus tard, nous sommes près.
Je démarre la voiture tandis qu'il branche son gsm à mon autoradio.
- Tu mets quoi ?
-Ma petite compile spéciale musique Halloween.
Je rigole.
-Tu en as vraiment pour tout.
-Yep, dit-il en la cherchant dans son gsm.
Il sourit et pose son gsm devant le frein à main. Les premières notes résonnent dans l'habitacle.
-Ah ça fait des années que j'ai pas entendu ça ! Je me souviens plus de qui c'est.
-Mais enfin Iris , c'est le thème original des Ghostbusters ! Il va falloir que je refasse ta culture cinématographique et musicale !
Elle rigole.
- Pas de soucis, Joker !
Nous arrivons devant la maison de Julien. Mon frère et lui en sortent tous les deux avec des combinaisons jaunes et un masque à gaz. Ils forment le duo d'Heisenberg et Jessie dans Breking bad. Cette série est l'une des meilleurs de tous les temps. Il n'y a que les fous ou les incultes qui pourraient me contredire.
Ils s'installent à l'arrière.
- Waouh vos costumes sont dingues ! S'exclame julien .
-Les vôtres aussi sont géniaux ! Répond Iris en leur souriant.
Nous arrivons à la soirée. Tout est bondé autour de la maison. Les portes sont ouvertes et des gens rentrent et sortent. Ces soirées organisées par Tim, l'un des frères de Clem sont toujours complètement dingues et réputés.
- Waouh ! Eh ben, c'est à ce point-là ! s'exclame Iris en rentrant dans la maison.
Je vois les mecs qui la détaille en passant et je serre les dents. Elle est extrêmement séduisante. Quand je l'ai vu rentrer dans la chambre, j'ai du m'obliger à penser aux choses les plus dégoûtantes et horribles au monde pour calmer mon excitation. Je m'imaginais déjà la plaquer sur son lit si désincarné et déchirer le peu de vêtements qu'elle portait. Heureusement je m'appelle Noah et j'ai du self contrôle, enfin j'essaye.
Quand je suis rentré dans sa chambre, j'ai eu un véritable choc. Il n'y avait rien. Pas de photos, ni de posters accrochés aux murs. Son meuble Ikea portait seulement ses vêtements. Sur son bureau traînait la seule chose qui la caractérise, son carnet de dessins. Quatre caisses trônaient dans un coin de la chambre. C'est à ce moment que je me suis rendu compte que je l'avais fait renter dans mon monde mais qu'elle commençait à peine à me faire rentrer dans le sien.Elle m'avait dit qu'elle avait beaucoup de secrets mais je commençais seulement à me rendre compte de l'ampleur de ce qu'elle me disait.
La musique bat son plein. Les gens crient pour s'entendre et ils dansent comme des fous. Syrius joue des coudes entre des zombies, des vampires, des filles poupées flippantes et je ne sais quoi d'autres pour nous faire atteindre le bar. Rien que ça, c'est déjà un exploit.
Iris se sert un grand verre, elle fait déjà un mélange. Moi, je me contente d'une bière pour bien commencer la soirée, je ne veux pas être bourré tout de suite. En plus, j'espère croiser Clem, histoire de lui montrer que ce n'est pas parce qu'elle ne me parle presque plus que je ne viens pas à ces soirées.
La musique est hallucinante et me bousille les oreilles. Les amplis qu'ils ont branchés doivent venir de chez Jozz, pas possible autrement. Je reconnaîtrais ces basses de dingues et ce petit grésillement partout. Ils ont également mis des spots qui créent des jeux de lumière hallucinant, alternant entre les différentes couleurs puis se mettant carrément à emmètre des flashs stroboscopiques. À chaque flash de lumière on se croirait vraiment au bal de l'enfer, avec toutes ces figures monstrueuses nous entourant.
Heureusement que la maison est gigantesque. On ne pourrait pas faire des soirées comme ça partout. Justement en parlant de Clem, elle arrive vers moi déguisée en chaperon rouge zombiesque.
- Noah ! Je suis contente que tu sois là, on peut parler un instant ?
Je tourne le visage vers Iris puis vers mon frère et Julien.
- Vas-y ! Je reste avec eux ! Me dit Iris en levant le pouce dans ma direction.
- Je reviens vite ! Je promets en prenant la main de Clem. Elle me guide dehors et s'appuie contre le mur de la maison.
- Tu vas bien ? Me demande-t-elle.
Je hoche la tête.
- Très bien et toi ?
Elle me sourit.
- Ça va, elle est canon ton Iris ! Elle éblouit tout le monde ! Dit-elle en me souriant.
Grâce à la pénombre et à mon maquillage elle ne me voit pas rougir. Je n'aurai jamais cru être heureux de porter du maquillage !
- Oui c'est clair ! Je rigole.
- Je suis contente pour toi !
Et pour une fois, je sais que ce qu'elle dit est vrai.
- Malek est venu me parler, me dit-elle plus tendue.
Je hausse les sourcils.
- Oh...il t'a dit quoi ?
- Il s'est excusé d'avoir joué avec mes sentiments. Et il m'a supplié de rejoindre le groupe pour participer à un concours apparemment. Il est sur que grâce à ça les choses vont redevenir plus normales entre nous. Apparemment je lui manque.
Je rigole nerveusement.
-Il fait jamais rien à moitié celui-ça ! Je rigole.
Elle hoche la tête et hausse les épaules en laissant apparaître un petit sourire.
- C'est ce qui fait son charme.
Elle me sourit.
-Du coup je lui ai dit que j'y réfléchirais pour le torturé un peu mais je te l'annonce déjà, c'est d'accord pour moi. Je suis prête à retourner dans le groupe. Vous me manquez trop tous les deux. Et j'aurai l'occasion de bien m'expliquer avec lui par la suite.
-Je sais pas quoi dire...c'est génial ! Je m'exclame.
Elle me prend dans ses bras un instant, je trouve toujours qu'elle sent la violette. Ma bière agirait-elle déjà ? Non il m'en faut plus, mon amie sent juste bon.
- Allez je te laisse retrouver ta jolie Iris ! Rigole-t-elle en me poussant vers l'entrée de la maison.
Après avoir bu un mélange de Vodka-Red bull, je retourne près de mon frère et de Julien mais ils ont l'air dans une conversation très animée alors je les laisse. De toute manière j'ai trouvé ma cible. Elle se déhanche au milieu de tous les autres. Ils ont l'air fades par rapport à elle. La gorge nouée, je m'approche tandis qu'elle m'aperçoit et sourit.
La façon qu'elle a de bouger me fait vibrer. Si elle était une charmeuse de serpent, elle ne ferait qu'une bouchée de moi. Tous ses mouvements sont empreints d'une sensualité extrême. Cette fois, il n'y pas moyen que je calme mon désir pour elle. Il est si puissant qu'il m'électrise entièrement. Je m'approche d'elle, la saisit par les hanches et la plaque contre moi.
Elle passe ses mains sur ma nuque ce qui me fait frissonner. Je la sens tremblante contre moi. Elle me paraît à cet instant si fragile et si forte à la fois. Je bouge avec elle et si nous n'étions pas noyés au milieu d'une foule, j'aurai l'impression de lui faire l'amour. À cet instant précis, je ne souhaite que ça.
Ses yeux fiévreux sont plongés dans les miens, ils me fixent avec une intensité qui m'aurait fait tourner de l'œil si je n'étais pas déjà sous imprégnation alcoolique.
Après un long moment à bouger avec moi, elle pose son front contre le mien. Nous dansons ensemble comme ça un long moment. Sa peau est brûlante, son souffle alcoolisé mais je m'en contre fou.
Elle me fixe, je suis moi-même légèrement chancelant à cause de l'alcool et mes idées s'embrouillent. Elle finit par combler le mince espace nous séparant. Elle pose ses lèvres sur les miennes et m'embrasse. D'abord doucement, légèrement hésitante. Comme si elle me demandait la permission. Elle passe une main dans mes cheveux et je me sens défaillir. Je réponds à son baiser tandis que les mains tremblantes, je la serre davantage contre moi. Ses lèvres douces et pourtant si puissantes contre les miennes se font plus insistantes. Je réponds alors à son baiser avec toute l'envie d'elle que je maintiens en moi depuis notre rencontre. Je la serre contre moi, mon corps épousant chacune de ses formes extrêmement féminines. Nous avons arrêté de danser. Notre baiser devient de plus en plus intense. J'en perds mon souffle. Nos langues se trouvent et mon cœur ne suit plus. On s'embrasse avec passion. Longtemps.
Elle soupire contre mes lèvres puis se détache légèrement de moi. Je ne sais pas combien de temps nous avons passés à nous embrasser.J'aurai bien continuer toute ma vie si elle ne s'était pas décollé de moi. Je tremble, mon cœur martèle mes cotes.
- J'ai besoin de fumer, dit-elle contre mon oreille.
J'acquiesce et commence à la suivre mais elle secoue la tête et me repousse un peu trop abruptement.
- Reste ici, je reviens vite, tu n'aimes pas me voir fumer !
Et elle s'éloigne subitement. Je reste planté comme un con pendant plusieurs minutes. Complètement déboussolé. Iris m'a embrassé. J'ai embrassé Iris.
Pourtant même avec l'alcool que j'ai dans le sang, je sais que quelque chose cloche. La peur me tord le ventre. J'ai besoin qu'elle reste avec moi ! Au plus le temps passe, au plus un mauvais pressentiment me serre le cœur. Est ce que j'ai rêver ?! J'ai besoin de la voir pour être rassuré mais ma gorge me brûle. J'ai soif.
Je vais me chercher un verre d'eau à la cuisine. Là où il fait plus calme et je soupire. Mes joues sont brûlantes, en passant devant un miroir je vois que le rouge qu'elle m'a mis sur les lèvres a encore plus bavé qu'à l'origine, maintenant, je ressemble vraiment au joker.
Mon verre finit, je pars à sa recherche. Ça fait longtemps qu' elle a disparu et cela commence à m'inquiéter. Elle n'avait pas l'air dans son état normal, moi non plus d'ailleurs. Je fais le tour des pièces mais je ne la vois pas.
Je trouve Syrius et Julien dans un coin calme, seul. Comment ont-ils fait ?! Au début, je ne les reconnais pas à cause de leur proximité, j'ai l'impression d'avoir halluciné mais Julien tient le visage de mon frère dans une main, leurs lèvres dangereusement proches. Je décide de ne pas me préoccuper de ça maintenant.
- Les gars vous avez vu Iris ? Je demande et ils s'écartent vivement.
Ils paraissent déboussolés un instant, Julien se frotte la nuque.
- Si, quand on est sorti fumé une clope, elle était occupé à se fumer un joint avec Tim, le frère de Clem, me dit mon frère.
Je fronce les sourcils et mon frère remarquant mon stress pose sa main sur mon épaule.
-Viens, on va la chercher avec toi.
Iris fumer un joint ? C'est quoi ce bordel ? Elle m'avait dit qu'elle revenait vite !
On fait presque toutes les pièces.
On finit par la trouver. Je n'en crois pas mes yeux. Je stoppe sur place et Syrius me fonce dedans.
Elle danse sur la table avec Tim. Elle est en soutient gorge. Tout le monde crie et on lui tend un verre. Elle boit et en reverse sur elle. Tim la tient par la taille, il lèche la boisson qui coule au-dessus de ses seins puis prend son visage et l'embrasse. Je recule et me cogne encore à Syrius qui parait choqué.
Maintenant, je suis tétanisé.
- Syrius aide-moi à la faire descendre ! crie Julien.
Ils me dépassent et je les regarde, complètement abasourdis par la situation. Julien essaie de toucher sa jambe mais elle se débat.
- Fous-moi la paix ! lui crie-t-elle toujours en dansant avec Tim.
Je prends sur moi et avance comme je peux. Je me campe à coté d'elle.
-Iris, descend ! Je lui crie.
Ses yeux brillent et ses joues sont roses.
- Va faire joujou avec les gamins de ton âge ! me hurle-t-elle au visage en rigolant comme une folle tandis que Tim l'embrasse dans le cou.
Julien prend l'initiative, il monte sur la table pousse Tim sans le faire tomber (il reste le frère de notre amie même si à cet instant je le hais) et prend le visage d'Iris entre ses mains.
-Iris, on descend, maintenant ! ordonne-t-il.
Il la fait descendre avec Syrius. Il la pousse légèrement de sorte qu'elle soit obligée de quitter la table. Après il la prend par la main et l'entraîne dehors. J'enlève ma veste et la pose sur ses épaules nues.
- Vous savez que le frère de Clem, Tim, oui il s'appelle Tim. Eh bien Tim, le frère de Clem, il veut rendre le monde meilleur ! Y'a trop de déchets sur terre ! Du coup, il est en bio-ingé ! Il va inventer plein de trucs qui vont tous nous sauver ! Il va sauver la planète ! Et les animaux, oh ces pauvres animaux,ils disparaissent tous comme ça : boum !
Elle mime le « boum » avec ses mains. Mon dieu, elle est complètement perchée ! Qu'est-ce qui lui arrive ? Elle parle, encore, encore et encore, sans qu'on ne comprenne rien. Ça va dans tous les sens puis elle se met à rire. Ça ne peut pas être l'alcool, pas à ce point-là. L'a-t-on drogué ?
Je ne peux pas voir ça. J'ai l'impression que la fille que j'aime a disparue sous un déluge de folie.
Julien prend son visage entre ses mains .
- Iris, tu as pris quelques choses ?
Elle lui sourit.
- Waouh tu es tellement beau Julien ! Ça te dit qu'on aille se marier à Vegas ! Oh non pas là-bas, il fait trop chaud, j'aime pas le désert ! Je préfère qu'on aille s'occuper de bébés phoques... oh ils sont trop mignons les bébés phoques ! Je vais devenir journaliste et dénoncer toutes les conneries que les Hommes font à ce monde ! Crie-t-elle avec rage.
Nous nous regardons tous les trois, complètement désarçonnés. Syrius tient sa main pour ne pas qu'elle s'éloigne. J'ai peur de la toucher. Elle me fait peur.
- Bon , les gars, je vais appeler son père. On va à sa voiture, vous m'aider ? Je demande.
On la soutient pour ne pas qu'elle s'écroule tandis qu'elle parle encore et toujours. J'ai envie de pleurer.
Heureusement qu'elle m'avait passé les clefs. On l'assied sur la banquette arrière et j'appelle son père avec son gsm.
- Allô Iris ? Dit-il endormit en baillant.
- Euh, c'est Noah, je suis désolé de vous déranger, je dis la voix tremblante, mais Iris a un problème ...
- Qu'est ce qu'elle a ?! demande-t-il soudain réveillé.
- On ne sait pas si elle a prit quelque chose mais elle était incontrôlable alors on l'a sortit de la soirée et maintenant, elle est l'air dans le gaz, elle parle de n'importe quoi ... je sais pas quoi faire, je dis en étouffant un sanglot.
- J'arrive tout de suite, donne-moi l'adresse.
Je réponds et il raccroche. Puis je regarde Iris qui continue à parler et à rire à ses propres propos. Qu'est ce qu'elle a ?!
Le père d'Iris arrive en trombe et il court vers la voiture. Ils'approche de sa fille.
- Papa ! Regarde mes amiiiiis ! Rigole-t-elle. On va aller se marier sur la banquise !
Il nous offre un coup d'œil désolé et prend son visage entre ses mains.
- Bébé, ça va aller d'accord ? Tu as pris tes médicaments ce soir ?!
Elle ouvre grands les yeux un moment et se tait. Bizarrement ça me stresse davantage.
- Bordel de merde ! Papa ! Les petits soldats roses !Je les ai oubliés ! s'exclame-t-elle puis elle éclate encore de rire, un rire excessif, exubérant. Malgré moi, la comparaison avec Harley Quinn n'est pas si difficile à faire.
Il se relève.
- Les garçons, on doit rentrer, si vous voulez, je vous dépose chez vous?
On s'installe tous après avoir réussi à amener Iris dans la voiture du père puis on démarre. Iris est entre Syrius et moi.
Elle pose sa tête contre mon épaule. Elle me regarde avec des grands yeux et papillonne des cils. Elle a l'air d'une illuminée et j'ai envie de hurler.
- Je t'aime, je t'aime tellement mon Noah ! Rien qu'à moi ! Noah Noah !
Je détourne le visage, je ne peux pas entendre ça d'elle, pas maintenant. Mais elle m'oblige à la regarder et fronce les sourcils.
- Tu me crois hein ? Je t'aime tellement Noah ! Dit-elle tandis qu'elle rigole encore mais des larmes coulent maintenant sur ses joues.
Je la serre contre moi et enfouis ma tête contre son cou brûlant. Chaque mot qu'elle prononce m'enfonce un peu plus.
- Je suis navré les garçons... vraiment. Vous savez si elle a pris quelques chose ?
Julien à ses cotés répond :
- Je sais pas si elle a pris une drogue dure , mais on l'a vue fumé de la beuh et elle a beaucoup bu.
Son père grogne.
- Tu m'étonnes, soupire-t-il.
Il tape contre son volant et jure.
- Elle ne peut pas ! Qu'est ce qui m'a pris de la laisser y aller !
Je relève le visage et son père m'observe dans le rétro viseur.
- Noah, je t'en prie, je suis désolé et je sais que ce que je vais te dire va te paraître incongru mais ne fais attention à tout ce qu'elle a dit ce soir, d'accord ? Elle t'apprécie beaucoup et elle s'en voudra sûrement énormément. Elle n'est pas consciente de tout ce qu'elle a fait ce soir.
Je hoche la tête, les lèvres tremblantes. Mais la seule phrase qui tourne en boucle c'est : « Elle n'est pas consciente de tout ce qu'elle a fait ce soir. »
Notre baiser n'était qu'un épisode de folie ? Comme ce qu'elle faisait avec Tim sur la table ?
Comme prévu, il nous dépose devant chez moi mais il ne s'arrête pas devant chez lui.
Qu'est-ce qu'il s'est passé ce soir ? Je ne comprends pas. Ça me crève le cœur.
Dans un état second, je rentre dans ma chambre et ferme la porte à clefs. Je me roule en boule par terre et laisse enfin mon chagrin sortir.
Tandis qu'un flot de larmes intarissable coule sur mes joues, mon corps est secoué par mes sanglots qui se font de plus en plus bruyants.
Je n'ai jamais eu aussi mal.
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