Échauffement
Quelques jours ont passé depuis le souper fondue, mais je ne peux pas dire que la pression entre Colin et moi soit redescendue pour autant. Le grand brun a continué à flirter et à faire des allusions plus ou moins subtiles en profitant pour me frôler ou me susurrer des trucs plutôt équivoques aux moments où je m'y attendais le moins. Je ne sais pas du tout comment je vais pouvoir me retenir de lui arracher ses vêtements. À cette pensée, Myles se forme dans mon esprit.
Bah voilà comment je vais me retenir.
Le soleil printanier filtre par la fenêtre et réchauffe doucement l'appartement, signe annonciateur de l'été qui approche. Un peu plus et je me passerais de quelques morceaux de linge. Vêtue d'un t-shirt ample qui couvre mes fesses, j'arpente le salon nu-pieds jusqu'à la cuisine où je démarre la machine espresso pour me faire couler un café, ce qui ajoute une odeur agréable à la tiédeur ambiante.
Si je m'écoutais, je profiterais du fait d'être seule pour mettre la musique à fond et danser en petite culotte au milieu du salon, mais j'ai malheureusement autre chose à faire. Je pose mes livres de droit criminel et mon code pénal sur la table. Ce n'est pas parce que c'est la relâche que je n'ai rien à faire. Au contraire, les profs ont laissé une liste assez complexe de travaux divers et disons que je ne me suis pas beaucoup forcée jusqu'à présent.
Pendant que le café coule, je relis le jugement de Hudson vs Kennedy puisque je dois monter un argumentaire qui explique pourquoi le contrevenant a été trouvé coupable de meurtre au premier degré alors que les preuves contre lui étaient au mieux, circonstancielles. La tasse sur la table, je sors mon portable et l'allume en même temps que le haut-parleur. Je lance une playlist de musique Indie au hasard avant de commencer.
Je m'efforce de me mettre dans la peau de l'avocat de la défense et travaille un argumentaire béton qui énonce et démontre que les soupçons auraient dû se tourner vers un proche de la victime. Totalement absorbée par mon travail, je n'ai pas conscience que quelqu'un entre dans la cuisine, jusqu'à ce que deux grandes mains apparaissent de chaque côté de mon ordinateur.
— CIBOIRE! Tu veux ma mort Cole? crié-je complètement apeurée. Espèce de gros crétin.
— C'est pas gentil d'insulter la main qui te nourrit Chaton, rétorque celui-ci un sourire malicieux aux lèvres. Jolie tenue.
Il laisse couler sur moi un regard brillant et j'imagine alors toutes les choses qu'il pourrait me faire sur la table, le comptoir, contre le frigo...
Ton travail Cam!!
— J'pensais que j'allais être seule, pourquoi t'es pas au travail?
— Je suis cadre Chaton, donc maître de mon temps, explique le métalleux nonchalant. Je travaille de la maison si j'en ai envie et comme je savais que tu serais ici et que ton frère n'y serait pas, je me suis dit que l'occasion était bien trop belle pour que je reste au bureau.
— Hmm...
Toujours « prisonnière » de ses bras, je tente de poursuivre ma rédaction, mais c'est sans compter sur le côté fourbe de la bête qui se balance d'avant à arrière contre moi. Ses cheveux glissent sur mes épaules et me cachent partiellement la vue alors que je sens la chaleur que diffuse son corps. Le cliquetis de ses chaînes se mêle à la musique ambiante et les effluves de son parfum vanillé me titillent le nez. Je ferme les yeux en continuant de taper.
Heureusement que je maîtrise mon clavier.
Peut-être qu'en l'ignorant assez longtemps, il va disparaître, mais c'est mal connaître Colin que de croire ça.
— Tu veux que je te laisse tranquille Chaton? me susurre-t-il son souffle chaud frôlant mon oreille.
— Oui... Non... Haaaa!
Je sais pas!!!
Satisfait par ma réponse, il met ses mains sur les miennes et ses longs doigts remontent lentement mon épiderme vers mes épaules. Le supplice que j'endure pour rester stoïque et ne pas démontrer ma faiblesse me rend folle. C'est un jeu qu'il croit que je vais perdre et les frissons qui roulent sur ma peau lui donnent raison, mais je ne flancherai pas.
— Tu te débrouilles bien, mais je t'aurai à l'usure, lance-t-il d'une voix feutrée. Pour l'heure je te laisse travailler. Oh et libre à toi d'aller mettre un short, mais sache que la vue me plaît beaucoup.
Il me laisse, non sans frôler ma nuque délicatement de ses mains en me promettant de repasser plus tard. Je chasse les idées salaces qui prennent place dans mon esprit et remets mon nez dans mes livres question de parfaire mon argumentaire.
Les heures passent et la journée est déjà bien entamée lorsque je décide d'arrêter. Je m'étire et délie mes membres engourdis avant de me lever. Je fouille dans le frigo et décide d'aller faire des courses pour le souper.
Je traverse le couloir et me rends dans le bureau de Colin. C'est ouvert, alors je cogne avant d'y entrer. La pièce est spacieuse et éclairée. Quelques peintures et des guitares ornent les murs blancs immaculés. Un bureau de style industriel et un canapé occupent l'espace. J'avance sur le plancher de bois franc et observe le développeur pianoter avec entrain sur son clavier face à deux écrans led d'assez bonnes tailles.
— Tu t'ennuies Cam? débute le guitariste en se retournant vers moi.
Ses yeux dévient sur mes jambes avant de remonter doucement vers ma poitrine et mon visage.
— Non, je vais faire des commissions et je me demandais si tu avais des envies particulières pour le repas.
— À part toi?
Un demi-sourire aux lèvres, je continue de le dévisager.
— C'est évident qu'avec Myles à table, c'est une super idée.
— Fallait vraiment que tu me gâches cette image Chaton?
— J'en ai peur oui... Alors, une demande spéciale?
— Non, mais j'ai comme un petit creux là, maintenant, rétorque-t-il en plantant une canine dans sa lèvre.
Mes yeux passent sur sa bouche et j'avale péniblement ma salive.
— Désolée mon chou, je dois y aller, mais je ne m'en fais pas pour toi, tu vas t'en remettre, souris-je, taquine.
— J'devrais être en mesure de trouver quelque chose pour m'occuper en attendant, poursuit-il en s'appuyant sur un coude avant de faire craquer son pouce.
Je suis son geste et mes neurones court-circuitent alors que l'image de Colin nu et se caressant s'infiltre sournoisement dans mon esprit beaucoup trop fertile. Je m'administre quelques claques mentales, me racle la gorge, rougis et bredouille approximativement un « à plus Cole » avant de me réfugier dans ma chambre. Heureusement que mes jambes ont su tenir le coup.
C'est pas croyable l'effet qu'il a sur moi.
Assise sur le lit, je passe les mains sur mon visage et ne peux m'empêcher de continuer à fantasmer sur lui. Spencer déboutonnant lentement sa chemise, dévoilant sa peau lisse, diaphane et ses abdos saillants avant de dégrafer son pantalon qui glisse sur le sol. Son regard de fauve quand son corps se tend au-dessus du mien et épouse parfaitement mon bassin...
Je me laisse lourdement retomber sur le lit en frappant des poings sur le matelas, frustrée. J'enfile un pantalon bleu, attrape ma veste, mon sac, mets mes bottes et sors en vitesse de l'appartement où la présence du grand brun est partout.
Une fois à l'extérieur, j'inspire une grande bouffée d'air et je me dirige sur Hudson street à la recherche d'une épicerie fine, d'une fruiterie et d'un boucher. J'ai en tête de cuisiner des carrés d'agneau pour remercier Myles de m'accueillir, mais aussi parce que ça me rappelle les plats que notre mère préparait lorsque nous habitions encore chez les parents. En un peu plus d'une heure, j'ai réussi à trouver tous les aliments nécessaires pour la recette. Je profite donc du soleil de fin d'après-midi en retournant lentement vers l'appartement des garçons.
À l'intérieur, je remarque que Colin n'est plus à son bureau. Je range les courses à la cuisine et file à la salle de bain parce que j'ai une envie pressante. Après m'être lavée les mains, je décide d'aller regarder un peu de télé avant de commencer la préparation du repas. En passant près de la chambre du ténébreux colocataire, je crois entendre des râles et des gémissements. Je m'arrête puis tends l'oreille en essayant d'identifier ces sons.
Mais qu'est-ce qu'il fait?
La voix grave de Colin me parvient de la porte entrebâillée, elle est rauque, essoufflée, voilée et horriblement sexy. Je mords ma lèvre quand les images qui me viennent, suggérées par ses grognements sensuels, laissent toute la place à mon imagination débridée.
Il avance vers moi, retire ma camisole d'un geste souple tout en caressant ma peau de ses doigts experts. Mon épiderme se couvre de chair de poule. Ses yeux de glace ancrés aux miens, il humecte ses lèvres pleines avant de fondre sur ma bouche et d'y insérer sa langue.
Qu'est-ce que tu fais Cam?
C'est plus fort que moi, il faut que je regarde. Le doute m'assaille quand je lève une main tremblante vers la porte de bois.
Et s'il n'était pas seul?!
Non... Il n'aurait quand même pas fait ça?! Appeler une copine pour se libérer de certaines « tensions ». Il savait pourtant que je ne serais pas partie très longtemps.
J'ai le cœur qui veut me sortir de la poitrine, ma gorge est sèche et mon ventre se serre à l'idée que je pourrais réellement le surprendre en train de... Et s'il est vraiment en train de baiser ou même de se masturber, qu'est-ce que je ferai? Je ne peux quand même pas me joindre à l'activité.
Quoique...
La curiosité l'emporte et je m'avance pour jeter un œil à l'intérieur de sa chambre. Ses murs beiges sont couverts de photos et d'instruments de musique. Tiens, il a un lit king size, intéressant, mais il n'est pas dessus... Une lampe sur pied ainsi que deux tables de chevet complètent la décoration. Cette chambre lui ressemble, simple et minimaliste.
Je le trouve finalement, dos à moi, sur le plancher, cheveux remontés en chignon, vêtu d'un pantalon mou et faisant des push-ups. Je dois me retenir pour ne pas éclater de rire.
Qu'étais-tu allée imaginer?
À sa défense, la fine couche de sueur qui recouvre son corps athlétique m'indique qu'il force. Ses muscles bandent sous l'effort et je suis le tracé des veines sur ses bras en m'assurant de garder ma bouche fermée. Colin m'a toujours fait rêver, je crois que c'est clair et établi, mais de le voir dans cette position ne fait que réactiver mon imagination.
Son souffle court à chaque montée, ses râles, j'en suis à me demander comment je vais faire pour tenir encore cinq jours. Mon regard se pose sur ses fesses rebondies, qui montent et qui descendent à un rythme régulier. Je divague sur l'effet qu'aurait la poussée de ses hanches en moi si j'étais sous lui. Nos corps trempés dans une étreinte charnelle et intense. Je mordille ma lèvre et croise les jambes pendant que je continue mon examen en souriant. Bien découpées, ses jambes sont bien droites et parallèles et je me dis qu'il serait sûrement en mesure de me soutenir facilement contre un mur.
N'y tenant plus, je prends mon courage à deux mains et m'apprête à entrer dans sa chambre quand la porte de l'entrée claque et me fait sursauter. Myles.
Merde!!
— Salut Cam, qu'est-ce que tu fous devant la porte de Colin? On dirait un chat qui a mangé une souris.
— Oh rien, j'allais commencer le souper, réponds-je en souriant.
Mon frère arque un sourcil et pousse la porte de son coloc avant de reporter un regard circonspect sur moi.
— Spencer, sérieux...
— Quoi? J'ai plus le droit de m'entraîner? réplique le guitariste ruisselant.
— Je suis certain que tu le fais exprès.
Colin hausse les épaules, prend sa serviette, essuie son visage et passe devant moi en me frôlant, évidemment.
— Je t'ai donné de quoi faire de beaux rêves Chaton?
— J'avoue que c'était pas trop mal.
— Faudra qu'on en parle avant que tu repartes, je suis curieux.
— COLE! Tu parles à ma petite sœur, s'insurge Chewbacca en retournant vers le salon alors qu'il agite les bras dans tous les sens.
— Du calme Fischer, je ne la mangerai pas.
Dommage...
— Pour l'instant...
***
Entête : ZAYN - Pillowtalk
2020-08-18
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