Axel regarda Froy avec tendresse, mais sans oser lui sourire. Il savait que Froy ressentait la même chose pour lui, mais ils ne pouvaient pas se l'avouer. Ils étaient trop différents, trop éloignés. Axel était le fils d'un riche industriel, Froy celui d'un modeste fermier. Leurs familles se détestaient depuis des générations, et ils étaient obligés de se cacher pour se voir. Ils se retrouvaient souvent dans la vieille grange abandonnée, à l'abri des regards indiscrets. Là, ils pouvaient se parler, se toucher, s'embrasser, sans craindre le jugement des autres. Ils se sentaient libres, heureux, vivants.

Mais ils savaient aussi que leur bonheur était fragile, menacé par la haine et la violence qui régnaient dans leur village. Un jour, ils devraient faire un choix : renoncer à leur amour, ou affronter le monde entier. Axel et Froy se regardèrent dans les yeux, et se firent la même promesse silencieuse : ils ne se laisseraient jamais séparer. Ils étaient faits l'un pour l'autre, et rien ni personne ne pourrait changer ça. Leurs destins étaient liés, et ils étaient prêts à tout pour rester ensemble.

Un soir, alors qu'ils se retrouvaient dans la grange, Axel et Froy entendirent des bruits de pas et des voix. Ils reconnurent les voix de leurs pères, qui se disputaient violemment. Ils se cachèrent derrière des bottes de foin, et écoutèrent avec angoisse.

- Tu n'as pas le droit de construire ton usine ici, tu vas détruire la nature et polluer l'eau ! hurla le père de Froy.
- Tu n'as pas ton mot à dire, c'est mon terrain et je fais ce que je veux avec ! répliqua le père d'Axel. Tu n'es qu'un paysan ignorant, tu ne comprends rien au progrès !
- Le progrès ? Tu parles ! Tu ne penses qu'à l'argent et au pouvoir, tu te fiches des conséquences de tes actes ! Tu es un monstre, un tyran !
- Et toi, tu es un lâche, un faible ! Tu n'as pas le courage de défendre tes intérêts, tu te laisses marcher sur les pieds par tout le monde !
- C'est faux ! Je me bats pour ce qui est juste, pour ce qui est beau ! Tu ne sais pas ce que c'est que l'amour, tu n'as pas de cœur !

Les deux hommes se jetèrent l'un sur l'autre, et se mirent à se frapper avec rage. Axel et Froy, terrifiés, ne savaient pas quoi faire. Ils voulaient intervenir, mais ils avaient peur de révéler leur secret. Ils se serrèrent l'un contre l'autre, et prièrent pour que tout s'arrête. Mais rien ne s'arrêta. Au contraire, tout s'aggrava.
Soudain, un coup de feu retentit, et un cri de douleur se fit entendre. Axel et Froy sursautèrent, et virent avec horreur que le père de Froy était étendu sur le sol, du sang coulant de sa poitrine. Le père d'Axel tenait un revolver à la main, le visage déformé par la haine et la peur. Il venait de tirer sur son ennemi, sans réfléchir aux conséquences.

- Papa ! hurla Froy, en sortant de sa cachette. Il courut vers son père, et le prit dans ses bras. Il essaya de stopper l'hémorragie, mais il savait que c'était trop tard. Son père était en train de mourir, sous ses yeux.
- Froy... mon fils... je t'aime... murmura le père de Froy, avant de rendre son dernier souffle.
- Non ! Non ! Non ! pleura Froy, en serrant le corps sans vie de son père.

Axel, choqué, ne savait pas quoi faire. Il voulait aller réconforter Froy, mais il avait peur de la réaction de son père. Il le regarda, et vit qu'il était pétrifié, réalisant ce qu'il venait de faire. Il lâcha son arme, et tomba à genoux, en sanglotant.

- Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce que j'ai fait ? répéta-t-il, en se frappant la tête.

Axel prit son courage à deux mains, et décida d'aller vers Froy. Il s'agenouilla à côté de lui, et lui caressa les cheveux.

- Froy... je suis désolé... je suis tellement désolé... dit-il, en pleurant.
- Axel... c'est toi ? dit Froy, en levant les yeux vers lui. Il vit son visage, et comprit tout. Il comprit que Axel était le fils de l'homme qui venait de tuer son père. Il comprit que leur amour était impossible. Il comprit que tout était fini.
- Froy... je t'aime... je t'aimerai toujours... dit Axel, en l'embrassant tendrement.
- Axel... moi aussi... je t'aime... dit Froy, en rendant son baiser.

Ils s'embrassèrent une dernière fois, puis se regardèrent dans les yeux. Ils virent la tristesse, la douleur, mais aussi l'amour, qui brillait dans leurs regards. Ils se sourirent, et se prirent la main. Ils savaient qu'ils n'avaient plus rien à espérer, plus rien à vivre. Ils savaient qu'ils allaient mourir, ensemble.

Ils fermèrent les yeux, et attendirent la mort, qui ne tarda pas à venir. Le revolver du père d'Axel, qui était resté sur le sol, se déclencha accidentellement, et envoya une balle dans le cœur des deux amants. Ils moururent sur le coup, sans souffrir, sans regretter. Ils moururent en s'aimant, jusqu'au bout.

Leur sang se mêla, et forma une flaque rouge, qui coula jusqu'à la porte de la grange. La porte s'ouvrit, et laissa entrer la lumière du soleil couchant. La lumière illumina les corps des deux garçons, qui semblaient dormir paisiblement. La lumière fit briller leurs cheveux, leurs lèvres, leurs mains. La lumière leur donna un air angélique, presque divin. La lumière leur rendit hommage, et leur dit adieu.

FIN

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