Surtout...Ne...Pas regarder.

L'air commençait à manquer dans mes poumons moi qui n'était pas un grand coureur. Malheureusement la chose derrière moi était décidé à me chasser. En quittant enfin les bois pour voir mon établissement, je terminais ma pauvre course en trébuchant. N'ayant plus la force de me relever, je décidais de garder mes yeux clos et attendre que la chose n'en finisse avec moi.

- Maelan ?! Cria une voix au loin.

En entendant une deuxième fois la même voix, je pris la peine de me retourner mais il n'y avait rien. Il n'y avait que le bruissement des arbres et les battements de mon cœur.

- Maelan, te voilà on te cherche depuis un moment. Qu'est-ce que tu fais par terre ?

Des mains vinrent me relever et je découvris le visage de mes amis. Essayant de comprendre une seconde ce qui c'était passé.

- Je....

- Maelan mon pote tu vas bien ? Demanda Yaël en me donnant une tape à l'épaule.

Mes yeux ne pouvaient quitter la forêt. Dans un hochement de tête je faisais comprendre à mes amis que tout allait bien. N'ayant aucune idée sur ce qui ou quoi m'avait poursuivi, il était préférable de rentrer à l'intérieur, mais je pouvais encore sentir le regard de cette chose sur moi.

L'heure du déjeuner arriva très rapidement et comme à chaque midi la cafétéria était remplie. Ayant trouvé une table de libre, j'expliquais à mes amis ma petite mésaventure.

- Tu es en train de me dire qu'une bête c'était mis en tête de te chasser ? Demanda Prue en pouffant de rire.

- Prue je n'ai jamais dit une « bête » mais quelque chose.

- Tu l'as peut-être rêvé, renchérit Yaël.

- Je n'en sers rien mais il y avait quelque chose, dis-je en piquant mon assiette de pâtes.

- De toute façon je t'avais déjà dit de ne plus y aller tout seul gros malin, lâcha Prue en se levant.

- Tu vas où ? Questionna Yaël.

Elle se pencha vers nous en regardant discrètement dans la cafétéria.

- Je crois que je vais aller à la chasse, dit-elle avec conviction. Elle porta son regard sur moi et Yaël avant de se mettre à rire. Vous devriez voir vos têtes, surtout toi mon petit Maelan. J'ai des trucs de fille à faire, lâcha-t-elle avec un sourire. Tenez-moi au courant de ce qu'on fait après les cours.

Je lâchai un soupir en voyant mon amie partir. Je n'avais plus faim du tout en y repensant.

Pendant le repas, Yaël était encore de me parler de sa belle métisse ; Vanessa. Il était en binôme avec elle mais le pauvre était en galère pour la séduire.

Une fois notre merveilleux repas terminé... On quitta la salle pour se retrouver dans les couloirs du lycée. Cette après-midi risque d'être long surtout qu'en dernière heure j'allais avoir un devoir.

- Bon on fait quoi après les cours ?

- Je propose qu'on aille chez James se prendre...

- Un bon Milk Shake.... Yaël le jour tu n'auras pas envie d'un Milk Shake c'est que la terre aura arrêtée de tourner. Dis-je en rigolant.

- Mec, ce truc c'est juste une tuerie et James c'est le meilleur dans ce domaine.

J'avais fini par éclater de rire devant lui, on s'était mis d'accord pour se retrouver là-bas après les cours. En refermant mon casier, mon regard rencontra celui d'un garçon. Une étrange sensation commença à apparaître en moi. Il était au milieu du couloir et j'avais l'impression qu'il n'y avait que moi qui pouvait le voir. Qui était-il ? Je ne l'avais jamais vu, il ne me lâchait pas du regard.

- Euh c'est qui ce mec ?

-Qui ?

- Ben le....

Il avait disparu.

- Maelan tu commences vraiment à m'inquiéter, retoqua Yaël en posant une main sur mon front.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? Demandai-je en enlevant sa main.

- Tu dois avoir de la fièvre. Après ta bête, maintenant c'est un mec.

- Ecoute je sais ce que j'ai vu... Enfin entendu et là je t'assure il y avait un mec et il me regardait.

- Mec il faut vraiment te trouver un copain, lâcha-t-il en pouffant de rire.

- Bon écoute on se retrouve en cours je vais aux toilettes. 

En prenant mon sac, je bousculais mon ami sans attendre une réponse. Grâce à lui j'avais l'impression d'être un fou bon à enfermer dans un asile. En arrivant dans les toilettes, je me regardais dans le miroir en essayant de reprendre mes esprits. Bon peut-être que l'épisode de la forêt m'avait un peu chamboulé mais j'étais sûr que ce mec était bien présent.

En ressortant je me dirigeais directement vers mon prochain cours. J'avais même plus la tête à étudier pour aujourd'hui. Je m'étais mis au fond de la salle près de la fenêtre, j'avais une vue sur la forêt. Une petite voix me disait d'y retourner mais une autre me l'interdisait.

Comme je m'y attendais, l'après-midi fut une torture pour mon esprit ; déjà avec mon devoir complètement raté et cette forêt. Je quittais rapidement l'établissement et comme convenu on se retrouvait chez James pour la dégustation du Milk Shake. D'ailleurs à cette heure, le petit restaurant de James était rempli, il y avait les gens du lycée mais aussi de la ville.

En même temps c'était le seul restaurant bar à des kilomètres. Il fallait faire une heure de route pour être dans la ville elle-même. L'avantage ici c'était qu'on n'avait pas à subir la pollution ou même l'affluence des touristes. Je me demandai même, si on était sur une carte.

Concernant le fameux breuvage de ce dernier, Yaël n'avait pas tort il était juste excellent mais je devais éviter de l'avouer car sinon il allait nous faire encore un éloge. Mes amis n'étaient pas revenus sur les aventures d'aujourd'hui ce qui était une bonne chose pour moi.

Une fois que le contenu de mon verre fut avalé, je quittais mes amis en prenant la direction de chez moi. J'étais à 10 minutes, malgré un temps couvert et limite pluvieux l'air était agréable. Une fois à la maison je saluai mon père et ma petite sœur avant de monter dans ma chambre pour enfin me mettre sur mon lit.

« Maman les feuilles ne parlent pas »

« Ce ne sont pas les feuilles qui parlent mon chéri mais les esprits... Ceux qui protègent autre fois cette forêt »

« Mais qui protège la forêt maintenant? »

« Oh mon chéri elle est très bien protégé et un jour tu la protégeras... »

- Maelan mon chéri.

-Hmmm

- Réveil toi c'est l'heure de manger.

C'était en relevant la tête, que je pouvais découvrir le visage mon père devant moi. En regardant mon réveil qui affichait 20h, je me rendis compte que le sommeil m'avait tout simplement emporté. Après avoir fait un passage rapide dans la salle de bain, j'essayais de mon souvenir de ce rêve. Ma mère était une grande rêveuse et pour elle la forêt pouvait nous parler.

Je descendis les escaliers pour me mettre à table avec mon père et ma petite sœur. La pauvre n'avait pas eu le temps de connaitre sa mère mais chaque jour je faisais tout pour lui créer des souvenirs.

- Alors mon fils comment était ta journée ? Demanda mon père.

- Un jour d'école quoi et toi le boulot ?

- Toujours autant de malade, dit-il avec le sourire.

L'avantage d'avoir un père médecin c'était qu'on l'avait à domicile a contrario il m'était impossible de sécher les cours en prétextant une quelconque maladie. Un autre inconvénient était qu'il était rarement à la maison.

- Toujours pas de copain Maelan ? Questionna mon père en coupant sa viande.

- Non père.

- Et ce fameux Hadriel ? Renchérit mon père.

- C'est reparti, dis-je en soupirant. Merci princesse, retoquai-je en regardant ma petite sœur. Papa, pour la dernière fois Hadriel n'est pas mon copain, c'est juste un ami et la petite grenouille qui te sert de fille ferait mieux de tenir sa langue, dis-je en souriant.

- Meuh c'est vrai que vous vous faisiez des bisous, dit-elle en me tirant la langue.

- Tu peux l'inviter un soir si tu veux au lieu de le voir en douce dans ta chambre.

- D'accord.

Il était inutile d'insister avec lui et je n'avais pas envie de faire durer cette conversation. Une fois le repas finit j'aidais mon père à ranger avant de remonter dans ma chambre. C'était au même moment que je me posais à nouveau sur mon lit que mon téléphone sonna.

- Allô.

« Loïs ramène tes fesses près du stade. »

- Yaël ? Qu'est ce tu...

« Strauss ne pose pas de question et viens ! »

Avant de pouvoir lui répondre par la négation, il raccrocha. Génial ce n'était pas ce soir que j'allais me coucher tôt. Après avoir changé de sweet et informer mon père que j'allais rejoindre Yaël, je quittai la maison en prenant mon vélo.

Il me fallait 5 minutes pour y être, il avait de la chance que la pluie n'était pas au rendez-vous. Le petit bémol de ce soir était que le stade n'était pas éclairé. En posant mon vélo, je cherchais du regard mon ami mais je ne voyais quasiment rien.

- Yaël ???

J 'espère qu'il ne m'avait pas fait venir dans le vide cet idiot. Le silence régna en maître aux abords du terrain.

- Bouh !

- Putain Yaël t'es con !!!! Dis-je en le frappant.

- Aie...Oh on peut rigoler. Dit-il en rigolant.

- Bon pourquoi tu m'as venir ici et pourquoi Prue n'est pas là ?

- Elle avait un truc de fille à faire. Viens avec moi je vais te montrer.

L'hyperactif ne me laissa pas le temps de poser encore plus de question et me tira par le bras.

-C'est juste à côté des bois.

Une certaine appréhension s'empara tout de même de moi, sur ce qu'il allait me faire découvrir. De plus en plus qu'on se rapprochait une forte odeur se révélait à mes narines.

- Waouh c'est quoi cette puanteur ?

- Prépare-toi mon pote, dit-il avec un sourire en s'arrêtant.

Au même moment il éclaira avec son téléphone ce qu'il voulait me montrer.

- Mais...C'est...

C'était une vision d'horreur, un cadavre animal se trouvait sous mes yeux. Il était dans un sale état, je ne savais même pas ce que c'était comme espèce.

- Le pauvre mais qu'est-ce qu'il lui a fait ça ?

- Je n'en sers rien mais c'est récent vu que son sang coule encore.

- Mon dieu quel genre de monstre peut faire ça. Attends tu me dis que c'est récent ?

- Oui pourquoi ?

- Pourquoi ? Peut-être que la personne ou la chose qui est responsable de ça, dis-je en montrant la pauvre bête, pourrait être encore dans les parages.

- Calme toi Maelan, dit-il un peu timoré, tu ne penses quand même pas que...

Il n'avait pas eu le temps de terminer sa phrase, qu'un grognement s'éleva dans la pénombre des bois.

- Yaël je pense qu'il vaut mieux qu'on parte. Dis-je en reculant tout en gardant un œil vers les bois.

- Je vote pour, dit-il en détalant rapidement.

En me retournant je constatais qu'il était déjà prêt de mon vélo et que ce dernier le prit sans même m'attendre.

- Mais qu'est-ce que tu fais ?

Ce lâche ne regarda aucunement derrière lui et disparu dans la nuit. Un autre grognement se fit encore plus fort, en me retournant il n'y avait toujours rien sauf deux yeux jaunes. Des yeux qui me fixaient. Totalement paralysé, l'idée de m'enfuir n'était même pas ma priorité.

Finalement la chose sortie des bois et elle était maintenant visible j'en avais le souffle coupé, cela ne pouvait être réel. Avant même de pouvoir comprendre, la créature fonça sur moi et c'était à ce moment que j'ai pu prendre mes jambes à mon coup et de m'enfuir.

La créature s'élança au-dessus de moi afin de me couper dans ma fuite. Sans lui tourner le dos, je devais réfléchir à une stratégie en entament un retrait progressif. Mais en reculant mon pied heurta une pierre qui me fit chuter par terre. Mon regard rencontra à nouveau celui de la bête et j'avais compris que c'était la fin pour moi. Elle s'avança vers moi lentement pour faire durer mon supplice.

- STOP !!!! Cria une voix derrière moi.

En me retournant, je pouvais découvrir un visage totalement familier. Hadriel ! Il s'avança sans quitter la créature des yeux. Il n'avait pas l'air surpris de cette situation ou même effrayé. Il arriva à ma hauteur en se mettant devant moi ce que la bête n'avait pas aimée au vu du grognement de cette dernière.

-Tu ne le toucheras pas.

L'animal n'était absolument pas de cet avis en rugissant plus fort.

- Je ne veux pas te faire mal. Rentre. Dit-il calmement.

Après ce qui me sembla une éternité, la bête baissa la tête avant de s'avancer vers moi et de partir en courant vers les bois. Hadriel se retourna vers moi en m'adressant un sourire.

- Maelan ravit de te revoir, dit-il en donnant sa main pour me relever.

Après un moment d'hésitation je finis par lui prendre la main pour me mettre sur mes jambes encore toute tremblantes, tout comme le reste de mon être.

- Il se fait un peu tard pour que tu sois dehors, continu a-t-il en me souriant.

- Bordel... M-A-I-S qu'est-ce que c'était ce truc ?

- Un chien, dit-il en haussant les épaules.

- Un chien ? Un chien ? Tu te fou de moi, en criant, ce n'était pas un chien.

- Calme toi tu as dû te cogner la tête en tombant.

- Oh non j'ai parfaitement conscience de ce qui vient de se passer, d'abord le pauvre animal, après ce truc à me glacer le sang et maintenant toi. Pourquoi j'ai l'impression que cet animal t'a compris.

- Ne dit pas de bêtise c'est simplement une technique de dissuasion. Viens je te raccompagne chez toi et tu oublieras cette histoire.

Oublier ? Mais comment peut-on oublier un truc pareil ? Il ne se rendait pas compte de ses paroles, un monstre pareil dans la nature peut être dangereux.

- On doit le dire à la police.

- Non Maelan, ce n'était rien du tout.

- Mais s'il revenait ?

- Tu vas leur dire quoi ? Qu'une bête ta attaquée ?

- Tu étais là ! Tu confirmeras que...

- Rien du tout maintenant assez parlé je te raccompagne.

Il était inutile je pense d'essayer le faire entendre raison. J'avais l'impression qu'il voulait protéger la bête. Pendant le trajet ni lui ni moi avions pris la parole. Une fois devant ma maison j'avais une question à lui poser.

- Tu étais où ?

- Pardon ?

- Cela fait une semaine que je t'ai soigné et après tu as disparu, je pensais que tu étais du coin.

- Tu as craqué pour moi Maelan ? Demanda-t-il d'un air moqueur.

- Non ! C'est que...Enfin...Laisse tomber.

- Je me suis absenté pour des raisons familiales.

- D'accord. Bon ben merci encore pour...Euh tout à l'heure.

- Il n'y a pas de quoi et oublie cet épisode c'est mieux pour le monde. Bonne nuit Loïs.

Il ne me laissa pas lui répondre, il me tourna le dos pour partir et laisser la nuit l'absorber. Je ne savais absolument pas quoi faire concernant l'épisode de ce soir. La nuit me portera sûrement conseil.