Chapitre 9
Hey ! Je suis affreusement désolée pour cette absence interminable. Elle a été beaucoup plus longue que je ne le prévoyais. Entre un long voyage, beaucoup de boulot et ma vie personnelle, je n'ai pas eu beaucoup de temps. J'espère malgré tout que vous serez là pour lire la suite.
Bonne lecture et encore une fois désolée.
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Je tire sur le col de mon pull en grimaçant. J'étouffe. Je sais que ce n'est qu'une impression et que je ne vais pas m'évanouir dans le prochaines secondes ou même minutes mais quand même. Je déteste ça et je n'arrive plus à retrouver la raison pour laquelle je fais ça. Comment ont-ils réussi à me convaincre ?
— C'était obligé cet accoutrement ? interrogé-je ma meilleure amie qui se regarde dans le miroir de la salle de bain.
Céleste semble finaliser son maquillage. En la voyant faire, j'ai l'envie de porter ce masque que j'avais commandé. J'avais besoin de dessiner un de mes personnages avec un alors j'avais dû faire quelques petites recherches. Malheureusement, elle ne me laissera pas faire.
— Bien sûr. Tu vas pas y aller en pyjama, me répond Cély.
— Il y a un juste milieu entre le pyjama et le costume.
— Tu n'es pas en costume ! Arrête de faire le bébé en exagérant.
Je baisse le regard sur mon propre corps. J'exagère peut-être un peu. J'ai dû enfiler un jean et un pull mais c'est tellement moins confortable que mes habits quotidiens.
— On va que chez Dante, il a l'habitude de me voir en short, lui rappelé-je en me rendant dans le salon.
Je me laisse tomber sur le canapé et baille. Mon bras vient couvrir le haut de mon visage et je me retrouve dans le noir, c'est agréable. Le sommeil n'est pas très loin.
— Andrian ! m'interpelle Céleste. Réveille-toi !
Sa voix est bien trop proche. Après avoir grogné pour montrer mon mécontentement, je retire mon bras et la découvre debout devant le comptoir en train de mettre ses boucles d'oreilles.
— Il n'y aura pas que Dante ce soir. Ses amis sont là, tu le sais.
Je me redresse, prenant appui sur mes coudes.
— Il faut que tu fasses bonne impression, ajoute-t-elle.
— Pourquoi ?
Elle opère un brusque demi-tour vers moi, abasourdie.
— Tu me désespères, j'te jure. Comment tu peux être mon ami ?
— Tu n'as pas le choix. On passe tellement de temps ensemble que c'est presque du lavage de cerveaux à ce niveau.
— Cesse d'être désagréable. Dante est ton ami, non ?
Je hausse les épaules. Nous passons beaucoup de temps ensemble maintenant. Beaucoup trop pour de simples voisins alors oui, nous devons être amis maintenant.
— Andrian, marmonne-t-elle.
— Oui. Oui, nous sommes amis.
— Alors tu dois bien t'entendre avec ses autres amis.
Je déteste les règles sociétales. Ce n'est pas parce que nous avons Dante en commun que nous allons forcément nous entendre ou même le vouloir.
— Autant que je reste là, déclaré-je. Tu sais aussi bien que moi que je suis nul avec les inconnus. On va pas s'apprécier et Dante va être triste alors autant rester chacun dans notre coin.
— Si tu ne bouges pas tes fesses de ce canapé, Dante va surtout être déçu que tu n'essaies pas. En plus, il a dû expliquer aux autres à quel point tu es... timide ? Réservé ? Asocial ? Sociopathe ?
Je lui tire la langue, outré. Elle récupère son sac à main et la bouteille qu'elle a achetée pour l'offrir à Dante. Elle se rend dans l'entrée et quand je ne la vois plus très bien, je lui demande :
— Mais s'ils ne m'aiment pas... qu'est-ce qui va se passer ?
Qu'une seule chaussure aux pieds, elle revient vers moi, un léger sourire aux lèvres.
— Ils t'apprécieront. Tu es brut de décoffrage mais tu n'es pas insupportable. Juste... ne les insulte pas et tout ira bien.
— Mais si...
— Dante restera ton ami, me coupe-t-elle, et il continuera à venir te voir.
Je hoche la tête et me lève. Je m'empare de mon cadeau et la rejoins dans l'entrée.
— C'est obligé les chaussures ? On va juste traverser un couloir !
Elle ricane et pourtant, elle met son second escarpin pendant que je dois mettre mes converses. Nous sortons, fermons l'appartement et faisons un pas avant de sonner chez mon voisin. Moins de trente secondes plus tard, la porte s'ouvre sur un Dante tout souriant. Il nous salue avant de nous faire signe d'entrer.
— Désolée, on est en retard, Andrian...
— Il y avait de la circulation sur la route, dis-je avant qu'elle me fasse honte.
Dante rigole à ma blague et Céleste lève les yeux au ciel.
— Pas de souci, entrez !
Il referme derrière nous. Mon amie, à l'aise comme toujours, se dirige nonchalante vers le salon. J'hésite à la suivre. Dante pose une main sur mon épaule et me chuchote :
— Tout va bien se passer, ils sont cools. Et moi, je suis là.
Il m'adresse un sourire réconfortant que j'ai du mal à lui renvoyer. Je stresse un peu. J'angoisse complètement. Je suis le chemin que Céleste a emprunté et découvre un appartement très agréable. Bien que plus petit que le mien, il est décoré avec goût. Tout semble sortir d'une brocante de luxe mais comme si chaque élément avait été fait pour être avec les autres.
Assises sur le canapé gris, deux filles, d'origine asiatique, se relèvent, main dans la main. La plus proche de moi a les cheveux noirs coupés au carré, avec des mèches caramel sur le devant. Elle semble très jeune, presque innocente et me sourit de manière enthousiaste. Je me contente de lui adresser un signe de tête.
La seconde jeune femme, quant à elle, doit avoir à peu près mon âge. Elle paraît plus en retrait, plus dans l'observation. D'un joli châtain foncé, ses cheveux cascadent de chaque côté de son visage. Elle a une frange qui lui va bien mais qui met en avant son visage rond.
Mon attention est attirée par la voix de Céleste. Elle discute avec un jeune homme plutôt canon. Avec ses cheveux blonds, ses yeux bleus et sa mâchoire carrée, il est le stéréotype du beau gosse californien. Il a l'air avenant mais quelque chose me gêne. Peut-être le fait qu'il me fixe. Je ne sais pas.
— Bienvenue chez moi ! lance Dante, joyeusement.
Sa main se pose dans le bas de mon dos et me pousse doucement un peu plus dans la pièce.
— Je fais les présentations. Alors Andrian, Céleste, voici, Anna...
La brune nous fait un geste de la main en nous saluant.
— Sakura...
La plus âgée des deux se contente d'un mouvement de tête que j'imite.
— C'est ma pâtissière. La meilleure de la ville !
À ce compliment, elle paraît se détendre un peu.
— N'importe quoi.
— Elle nous a ramené un dessert, vous pourrez le constater par vous-mêmes.
Anna serra la main de Sakura en lui lançant un regard passionné. Aucun doute qu'elles sont en couple et amoureuses.
— Et voici Keegan. Mon plus vieil ami et aussi mon meilleur serveur.
— Pas trop de mal, je suis le seul ! Salut !
— Bonsoir, répond Céleste poliment. On est ravis d'être là ce soir. Dante nous a tellement parlé de vous qu'on avait hâte de vous rencontrer.
— C'est réciproque, lui affirme Anna.
Cette fille a l'air d'être perchée sur son petit nuage au pays des Bisounours, c'est assez drôle à voir. Certains pourraient la trouver ridicule mais sa naïveté et son innocence présumées sont rafraichissantes.
— Je ne parle pas tant que ça de vous, marmonne Dante.
C'est vrai qu'avec moi, le sujet est venu à deux ou trois reprises mais ça n'a jamais été très poussé. Nous préférons parler littérature et de nos goûts.
— Installez-vous, je vais chercher de quoi nous sustenter,
— Attends, on t'a ramené des petits cadeaux, le retient Céleste en lui montrant sa bouteille.
Il lui sourit et la récupère.
— C'est très gentil mais il ne fallait pas. Merci.
Il lit l'étiquette et lui fait une moue appréciatrice. Pour ma part, j'hésite finalement à lui donner le mien. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait déjà tout le monde.
— Andrian ? me pousse mon amie.
Je soupire et tends à mon tour le paquet que j'ai fini à la va-vite. Dante pose la bouteille sur une petite table pour pouvoir attraper mon cadeau.
— C'est à cause de ça qu'on est en retard, avoua Cély ce qui lui vaut mon regard le plus noir que j'ai en réserve.
— Vous ne réussissiez pas à choisir dans le magasin ? intervient le faux surfeur alors que mon voisin commence à défaire le papier qui le protège.
— Non, pas vraiment.
— Il l'a fait lui-même, affirme Céleste.
Les gestes de Dante se figent puis il relève les yeux sur moi.
— C'est ce que je pense que c'est ?
— Je pense pas.
Il grogne légèrement et déchire à présent le papier, impatient de découvrir mon cadeau. Finalement, il découvre le cadre que je lui ai préparé. Il pousse une exclamation.
— C'est... c'est moi ?
Je hoche la tête.
— Oh c'est la fois où je me suis endormi sur ton canapé ?
— Ouais.
J'ignore pour quelle raison, j'ai eu envie de le dessiner. Cela faisait longtemps que je n'avais pas dessiné ainsi. L'air de rien, c'est assez éloigné du manga ou du webtoon. Il faut bien plus de détails, d'ombres, de textures... Pourtant, j'ai pris une feuille et un crayon et je l'ai croqué comme ça, allongé, un manga ouvert sur son torse.
— C'est magnifique, murmure-t-il, les yeux fixés sur le dessin.
— C'est pas grand-chose. Tu n'es même pas obligé de l'accrocher ou quoi que ce soit, hein ? C'est juste...
— J'adore, me coupe-t-il dans mes bafouillements. Je vais me faire un plaisir de lui trouver une place de choix ! Merci beaucoup.
— De rien.
— Fais voir, s'exclame Anna en s'approchant.
Il tourne le dessin. Ainsi tout le monde peut l'observer. Les mains dans les poches, je baisse les yeux, gêné. Des compliments et quelques félicitations sont prononcés mais je me contente de secouer la tête. Dante se glisse à mes côtés et me souffle :
— J'ai encore plus hâte de découvrir tout ton travail. Merci beaucoup.
Il me donne une petite tape entre les omoplates puis expose le cadre sur une commode. Aucun moyen de le louper d'ici.
— Mais tu ne l'as pas signé, Andrian ? me fait remarquer Dante.
— Je le ferai quand tu auras découvert mon pseudo.
Il plisse les yeux tel un serpent prêt à m'attaquer.
— Méchant, se contente-t-il de dire avant de faire demi-tour. Asseyez-vous, je reviens.
Keegan lui emboîte aussitôt le pas comme s'il était chez lui. Céleste, quant à elle, me rejoint et nous nous installons sur le canapé pendant que Anna s'assoit sur les genoux de sa petite-amie, ravie. Mon assistante entame la conversation avec naturel :
— Dante nous a pas dit ce que tu faisais dans la vie, Anna.
— Je suis étudiante aux Beaux-Arts. Je rêve de devenir tatoueuse.
J'ouvre les yeux à cette révélation.
— Mais c'est génial. Tu vas bien t'entendre avec Andrian. Il est dessinateur.
Anna tourne son regard illuminé vers moi et je panique.
— Euh... pas vraiment.
Les filles me fixent, me mettant mal à l'aise.
— Qu'est-ce que tu racontes ? C'est ton métier !
— Oui, oui mais... Je veux dire. Elle fait les Beaux-Arts, c'est le level au-dessus.
— Tu as appris à dessiner où ?
— Chez moi...
Ma réponse ressemble plus à une interrogation qu'à une affirmation. Je me fatigue vraiment.
— Attends, attends !
Anna se redresse et se positionne devant la commode où elle détaille mon cadeau. Je savais que j'aurais dû prendre un panier de fruits ou un bouquet comme Céleste me l'a proposé. Je me serais pas senti aussi mal.
— Tu as appris à tracer comme ça tout seul ?
— Ouais. J'ai juste... regardé les œuvres des autres et...
Elle lâche une exclamation qui semble se rapprocher de celle de l'admiration.
— T'es encore meilleur que je le pensais.
Elle revient vers nous mais cette fois, elle s'installe à ma gauche et me confie :
— Moi, j'ai été obligée de m'inscrire à l'école. Mes parents refusaient que je n'aie pas de diplôme et je refusais de faire autre chose. On a réussi à trouver un terrain d'entente avec les Beaux-Arts.
Je hoche la tête, la comprenant très bien. Les miens m'ont fait la même chose mais la différence, c'est que je n'ai pas lâché. Elle commence à discuter de ses cours, de dessins, d'artistes. Et je lui réponds. Ça me plaît. C'est simple et surtout je maîtrise un minimum le sujet.
Quand les garçons reviennent de la cuisine, les bras chargés, je suis presque à l'aise. Malheureusement, ma conversation avec Anna cesse. Elle pose une main sur mon avant-bras en me souriant puis rejoint Sakura sur le fauteuil. Ils posent tout sur la table basse et je me referme à nouveau sur moi-même. J'écoute d'une oreille distraite Céleste et les autres discuter sur ma première rencontre avec Dante.
D'ailleurs, ce dernier n'est plus avec nous. Je tourne la tête et le remarque alors debout devant le cadre que je lui ai offert. Il le touche du bout des doigts avant de s'éloigner vers la cuisine. J'ai un léger sourire, avec la sensation que j'ai réussi mon cadeau. Il revient très vite avec un saladier et une louche. Je fronce les sourcils.
— Punch maison, ça vous tente ?
Tout le monde acquiesce et Keegan s'empare du récipient. Il commence à servir tout le monde tandis que Dante s'assoit par terre juste à gauche de mes jambes. Je secoue la tête et me penche vers lui pour lui proposer gentiment :
— Tu vas pas rester par terre. Je peux me décaler si tu veux !
Il lève la tête vers moi, souriant. Il pose son bras sur mes genoux et affirme :
— Mais alors je pourrais pas faire ça !
Je lève les yeux au ciel et pendant qu'il accepte leverre que son ami lui tend, je souris moi aussi.
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