Deuxième partie. Chapitre 1: T'as un problème ?
~Point de vue d'Annabelle~
J'avais mal dormi ces deux dernières nuits. Depuis que j'avais quitté J-F mardi dernier, je n'avais pas cessé de me questionner sur ce qui avait pu retarder Allyson, et peut-être le fournisseur, dans la livraison. Ce n'était pas le fait que je n'avais pas pu avoir ma dose qui m'inquiétait, je pouvais m'en passer même, ce qui me gênait, c'est que, de une, ce ne pouvait être normal, et de deux, j'avais un peu peur pour J-F et ses fins de mois. Je préférais ne pas en parler à Ally, je savais déjà que J-F allait le faire de toute façon, et puis, je ne voulais pas l'encombrer. Ce fut la voix tonitruante du prof d'Histoire-géo qui me tira de mes songes.
« Sérieusement Richards ? Il manque carrément deux chapitres dans votre cahier ! »
Et merde Ally, pas encore...
« Je ne veux même pas savoir pourquoi... poursuivit-il, Je vous mets un avertissement. Ça va briller au conseil de classe ! »
Il entra aussitôt des données dans l'ordinateur. Ce prof tapait sur les nerfs de tout le monde, sans exception. Après, je ne niais pas qu'Ally cherchait un peu la bagarre quand même... Même d'autres professeurs se plaignaient de lui, mais il n'en était pas au courant bien sûr. Sur toute la classe, soit environ tente personnes, il n'y en avait que dix qui avaient leurs manuels de géographie et qui travaillaient sérieusement et vingt qui avaient l'air de travailler mais qui, en fait, ne fichaient rien du tout. Question facile : Où se situait Ally d'après vous ? Indice : Elle se fichait tellement de cette matière qu'elle avait perdu son manuel et ne voyait pas pourquoi elle irait, je cite : « se faire chier à bosser avec un con pareil dans cette matière de merde ». Les seuls cours où elle travaillait vraiment étaient la littérature et l'option musique, le reste lui importait peu et souvent, elle se permettait de rester dans sa bulle. Aussi intelligente qu'elle puisse être, j'espérais qu'elle savait ce qu'elle faisait parce que le bac, c'était dans sept mois. On était arrivés début décembre, l'air se rafraîchissait un peu mais rien de bien méchant pendant la journée. Je fus arrachée à mes pensées de nouveau, mais par la cloche du déjeuner cette fois-ci. Je sortis de la salle en premier, Ally et Meredith m'emboîtèrent le pas. Meredith faisait partie de la bande à présent, elle s'était intégré plutôt rapidement, mais ne préférais pas traîner avec les autres. Nous non plus d'ailleurs. Nous sortîmes fumer non loin du portail comme nous en avions l'habitude. On passa facilement vingt minutes à se plaindre du prof d'Histoire-géo et de ses cours toujours aussi désagréables. Pour rester dans l'énervement, une voix que je connaissais bien nous interrompit :
« Hé la gouine ! Je te parle ! »
Oh non, pas elle... Je l'ignorai.
« T'es sourde ?! J'ai dit : « Je te parle » Fais pas genre je n'existe pas ! insista-t-elle.
Ne pas s'énerver. Je me retournai.
« Et tu te retournes en plus... poursuivit-elle, Les rumeurs sont vraies alors !
Ta gueule.
– Qu'est-ce que tu veux encore ? lui demanda Ally déjà sur la défensive.
– Oh rien, lâcha-t-elle avec dégoût, Je voulais juste que l'autre gouinasse confirme mes doutes.
– Va faire chier quelqu'un d'autre ! ordonna Ally, Ça ne fait que trois mois qu'on a repris les cours et on n'en peut déjà plus de voir ta tête !
– Ce n'est pas à toi que je m'intéresse la pute ! Retourne te faire sauter et laisse les grandes personnes parler entre elles !
– Je t'emmerde Lefebvre !
– De même Richards ! Tu ne devrais pas être en train de sucer une queue en ce moment au lieu d'emmerder le monde ? »
Ally, rouge de colère, réussit à la faire taire pendant quelques secondes avec un doigt d'honneur. Je parvins à prendre la parole avant que l'autre peste ne rouvre son clapet fétide :
« TA GUEULE ! TA PUTAIN DE GUEULE REMPLIE DE MERDE, TU LA FERMES ! » avais-je envie de répondre, mais on va faire dans la finesse pour cette fois.
« C'est quoi ton problème avec nous Morgane ? lui lançai-je sur le ton du défi, Ce pseudo-athlète en déficit neuronal qui te sert de copain a enfin eu l'audace de te larguer et tu as besoin de libérer ta frustration émotionnelle sur quelqu'un ? Si tel est le cas, je te conseille d'aller voir directement et prestement cette grande Barbie orange de peau qui te fait office de « BFF de la life » afin qu'elle subisse tes vapeurs à notre place. On n'a pas que ça à faire !
– Vous lez L, vous n'avez jamais fini d'être prétentieux avec vos grands mots... Mathis et moi sommes très heureux, merci de t'en soucier ! Non, ce qui me gêne, c'est toi et les gens dans ton genre, cracha-t-elle.
– Et on peut savoir ce qu'ils t'ont fait, à toi en particulier, pour te filer autant la haine ? l'interrogea Meredith avec un ton chargé de mépris.
Du calme ma poule, te faire démasquer par cette connasse n'est pas une bonne idée...
– Je te connais ? s'indigna Morgane, Mêle toi de ce qui te regarde la gothique ! »
Juste parce qu'elle a les cheveux noirs ? Tu te fous de la gueule du monde...
Meredith avait fait un pas vers elle, je lui fis signe de laisser tomber et de me laisser gérer la situation.
« Justement tu ne la connais pas, tu n'as aucune raison de lui parler de cette manière ! » rétorquai-je a Morgane en lui jetant mon regard le plus noir.
Je jetai un rapide coup d'œil à Ally. Elle semblait avoir encore moins apprécié que moi la façon dont Morgane avait parlé à Meredith. Mes muscles étaient raides, mes nerfs à cran, mes mains me démangeaient et la veine affolée qui s'agitait sous la peau de mon front ne voulait pas se calmer. Je faisais des efforts faramineux pour ne pas juste lui sauter à la gorge, qu'on en finisse.
« Je vois que tes petits poings tremblent, remarqua Morgane, tu cherches vraiment la merde toi...
– N'inverse pas les rôles !
– En même temps, ajouta-t-elle, avec toute cette testostérone, tu dois aimer la bagarre. La preuve que t'es bien lesbienne... En plus, t'es rousse, je ne vois vraiment pas qui voudrait s'approcher de ta culotte...
Quoi, tu veux la jouer sale ? Parfait ! Moi aussi je sais le faire !
– Mais bien sûr que j'adore la bagarre ! clamai-je avec ironie, Et tu veux une autre preuve que je sois lesbienne ?
– J'écoute.
– Ce soir, quand tu seras chez toi, parle de moi à ta mère et elle te dira tout ce que tu veux savoir ! »
À peine deux secondes après que j'eus prononcé le dernier mot de ma phrase, je sentis la paume de Morgane claquer contre ma joue. Non mais t'avais qu'à le dire si tu voulais mourir !! La baffe n'était pas nécessaire ! L'adrénaline déborda. Je n'allais en faire qu'une bouchée de cette sale petite pimbêche avec mon coup de poing chargé à bloc sur sa tête de rat, mais je fus brusquement stoppée en plein dans mon élan par des bras qui m'emprisonnèrent la taille, et mon bras gauche avec, avant de me hisser en arrière pour me faire rater mon coup. Morgane, dans un élan de peur, avait trébuché en reculant, elle me fixait, effrayée, le fessier à terre.
« ¡Te voy a desgarrar la cara como si fuera un papel de regalo! »* vociférai-je à Morgane.
Le visage déformé par la colère, je continuai de me débattre pour atteindre le visage de Morgane et abattre mon poing sur sa gigantesque bouche, dont elle se servait uniquement pour dire des conneries.
« Laisse-moi l'étriper ! » ordonnai-je à Meredith qui resserrait son emprise.
Elle ne répondit pas, trop occupée à me retenir. J'avais un bras libre, que je tentais d'étirer le plus possible pour atteindre cette sale peste. Une peste si répugnante que personne n'a envie d'approcher, ne serait-ce que pour tenter de l'éradiquer. Pour qui se prenait-t-elle ? Et puis c'est quoi cette histoire de testostérone ? Est-ce que j'avais vraiment l'air d'un mec avec mes courbes, ma longue crinière, mon maquillage, mon jeans hyper moulant, mes sous-vêtements en dentelle et mon imposant 95 D ? Masculinité : Zéro, si l'on se fie à la société. Ces préjugés tous aussi blessants les uns que les autres me mettaient dans une de ces rages.
« Anna, calme-toi !! Elle n'en vaut pas la peine ! » tenta finalement Meredith pour me raisonner.
Je cessai progressivement de m'agiter. Morgane, toujours par terre, me regardait, blafarde, l'air choqué.
« Fais-toi soigner Garcia... » lâcha-t-elle avec dédain.
Je fermai les yeux. Je dus plusieurs fois prendre de grandes et lentes inspirations afin de me calmer. Essoufflée, je laissai un peu de temps à mes muscles et à mes nerfs pour se détendre. Quand je rouvris les yeux, Morgane s'était déjà enfuie et Meredith put enfin me lâcher. Je ne saurais dire dans quel état aurait été Morgane si elle n'était pas intervenue aussi vite. Je cherchai Ally du regard, mais elle avait également disparue. Merde... J'espérais de tout cœur qu'elle n'avait pas craqué, même s'il y avait de fortes chances que ce soit le cas... Je jetai un œil inquiet à Meredith qui n'avait pas non plus vu Ally partir. Il fallait la retrouver. Ce fût sous les regards choqués et menaçants des autres élèves et des adultes qui passaient par là, que Meredith et moi rentrâmes à l'intérieur du lycée.
* « Je vais te déchirer la figure comme si c'était du papier-cadeau! »
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