Chapitre 13: J'suis pas bourrée, j'te jure !
~Point de vue de Meredith~
« Meredith Elsa Dorian de Lambert ! Pour la quatrième et dernière fois, lève tes miches de ce lit ! »
Quel tact maman... Elle claqua la porte de ma chambre avant de disparaître dans le couloir.
Aaahh quelle merde... Une douleur atroce martelait mon crâne tel un Dalton en prison qui cassait des cailloux avec sa pioche... Assume tes conneries. Ma vision était légèrement floue, un peu comme mes souvenirs de la nuit dernière. Je marchai avec lenteur jusqu'à la salle de bains. Heureusement que ma mère était à l'étage du dessous, elle m'aurait posé bien des questions si elle m'avait vu dans cet état. Je n'avais pas chose contre le fait d'admettre mes torts, mais si l'on ne me questionnait pas sur mes bêtises, cela m'arrangeait. Après une rapide douche froide, pour me sortir de ma léthargie, et un brossage de dents, mes yeux commencèrent à voir plus clair. De retour dans ma chambre, je m'aspergeai de déodorant, attrapai des vêtements dans ma commode sans même les regarder et ne pris pas la peine de me maquiller. J'avais trop la flemme et pas assez de temps. Je passai quelques coups de brosse dans mes cheveux avant de charger mon vieux sac sur mon dos et descendre au rez-de-chaussée. Ma mère sirotait son mug de café à moitié endormie et, comme moi, avait l'air d'avoir pris un grand coup de pelle sur la tête... Effets secondaires de ses somnifères... Avec ça, elle ne devrait pas remarquer ma gueule de bois... Je l'embrassai et pris le chemin du lycée sans prendre de petit-déjeuner. Pas le temps et, surtout, pas moyen avec mon estomac barbouillé. Assume tes conneries. Le trajet pour aller au lycée me sembla beaucoup plus long que la dernière fois. Il ne fallait pas que j'oublie de passer à l'infirmerie pour mon mal de tête.
C'était la première fois que j'allais à l'école avec une telle gueule de bois. Je me rassurais en me disait que cela allait passer, mais, bon dieu que ça faisait un mal de chien. Assume tes conneries. N'ayant aucune envie de trébucher, je ne pris pas le risque de marcher trop vite. Mais même en ne forçant pas sur la vitesse, je sentais que j'allais vomir tout ce que j'avais avalé la veille. Absolument tout était noué à l'intérieur de mon ventre, ma tête était de plus en plus douloureuse et j'étais à deux doigts de baver tellement je salivais. Je passai près d'un arbre et ne pus m'empêcher de m'adosser contre celui-ci pour pouvoir respirer un moment. J'étais en sueur, mes mains tremblaient comme des maracas. J'inspirais et expirais lentement les yeux fermés et une main sur mon estomac. Après une ou deux minutes, je voulus reprendre la route, mais à peine après avoir fait un pas vers l'avant, je rendis le dîner d'hier soir. Assume tes conne... Oh et puis fait chier... J'allais mieux, d'une certaine manière, mais je ne me sentais pas en état de bouger de sitôt. L'acidité et le goût de vodka à moitié digérée dans ma bouche me donnaient encore plus la nausée. Je fourrai mes doigts à l'intérieur de ma gorge pour faire sortir tous les restes toxiques mais apparemment, je n'avais plus rien à rejeter à part un peu de salive. Je m'assis, dos à l'arbre, mon sac sur les cuisses en n'ayant qu'une seule envie : pleurer. Je me sentais mal, nulle, pathétique, misérable et méprisable. Je voulais pleurer mais aucune larme ne coulait, comme si mes entrailles étaient complètement asséchées... Le fait de me sentir aussi sèche fit mes yeux s'illuminer. Je me souvins que j'avais l'habitude d'avoir une petite bouteille d'eau d'un demi-litre dans mon sac. Sans hésiter, je l'ouvris et fouillai dedans comme une désespérée à la recherche de mon eau entre cahiers et livres divers. Je descendis la moitié de la bouteille, chaque gorgée du liquide frais me redonnait foi en ma vie pourrie. J'allais un peu mieux au niveau de l'hydratation, mais pas assez au niveau de l'estomac et de la tête pour me remettre à marcher... Bon, puisque j'étais coincée ici à attendre mon rétablissement, autant admirer un peu le paysage... Quelques arbres étaient plantés le long des trottoirs, les couleurs des maisons et immeubles variaient entre les nuances d'oranges et de jaunes, certains trouvent que ça casse les yeux, mais pour ma part, je trouvais cet assortiment plutôt joli. Deux ados sur leurs vélos étaient passés à côté de moi à toute vitesse, leur sac sur leur dos et leurs airs de collégien me disaient qu'ils allaient à l'école eux aussi... Oh non... L'école... Quelle heure était-il ? J'étais forcément en retard. Je saisis mon téléphone dans la petite poche avant de mon sac pour y regarder l'heure, mais je fus distraite par mon reflet sur l'écran. Mouais, j'ai une sale gueule... Des cernes violets, très apparents, s'étaient creusés sous mes yeux et ma peau bronzée avait pâli. Je paraissais fatiguée et... Vieille ? J'aurais pu revenir d'entre les morts et avoir la même apparence. Triste mais vrai. Ah merde, l'heure. Huit heures et quart. J'étais définitivement en retard. De quinze minutes. Génial...
Je retrouvai plus ou moins mes souvenirs d'hier soir, morceau par morceau, mais avais-je réellement envie de m'en souvenir ? Je me revis dans ma chambre, Ally était au plafond, moi sur mon lit. Je revis mon sourire s'effacer, cette bonne vodka de malheur qui me brûlait la gorge et l'estomac. Je me revis avaler verre sur verre pour chasser Ally de ma chambre, et surtout de ma tête. Je me souvins de ces malaises à chaque nouveau verre, qui ne faisait qu'empirer ma situation, sous le visage choqué et effrayé d'Ally... Ally... Elle devait déjà être au lycée avec Anna et les autres. Je ne savais même pas s'ils se demandaient où j'étais...
« Meredith ! » appela la voix d'Ally.
Oh non, elle revenait me hanter... Je pensais à elle et voilà que sa voix se manifestait pour accompagner mes songes. Ça y est, je perds la boule !
« Meredith ?! » appela-elle une nouvelle fois.
Minute. Ce n'était pas dans ma tête. Sa voix venait réellement de derrière moi. Est-ce qu'elle était vraiment là ? Je tournai ma tête dans tous les sens à sa recherche. Je la vis s'avancer vers moi. Je dus cligner des yeux à plusieurs reprises pour m'assurer que c'était bien elle et pas un autre détestable fruit empoisonné de mon imagination dérangeante et dérangée. Oui. Elle était bien là. Ses yeux verts rayonnaient derrière ses lunettes. Elle avait l'air d'avoir repris des couleurs depuis la dernière fois. Ce n'est que quand je vis son pull noir à col roulé que je me rendis compte qu'il faisait assez froid dehors. En même temps avec le déluge de la veille... Cela me fit me souvenir que je n'avais même pas regardé mes vêtements avant de les prendre. Je priai pour que ma tenue de ce matin ne soit pas une catastrophe. Un jogging gris, un débardeur bleu-marine et des baskets noires sans les lacets... C'était potable, mais je sentais que quelque chose manquait... Non mais quelle conne ! J'aurais pu avoir oublié mon pull, mes chaussettes ou mes élastiques à cheveux, mais non ! Aujourd'hui, il fallait que ce soit le soutif ! Ally s'accroupit devant moi avec son sourire. Pitié, faites qu'elle ne me voie pas pointer à travers mon haut...
« Eh ben, je ne pensais vraiment pas trouver quelqu'un d'encore plus crevé que moi, dit-elle surprise.
- Fatiguée ? Moi ? Du tout, je me suis déguisée en panda aujourd'hui ! » répondis-je avec humour en soulignant mes cernes avec mes doigts.
On rit de bon cœur. J'arrivais à être drôle même quand je souffrais... Oui, je me vantais un peu parfois... Mon humour pouvait être soit très bon, soit très... Douteux, pour ne pas dire « à chier ». J'étais très contente à chaque fois que quelqu'un riait de mes blagues pourries, car, pour moi, cela signifiait que je ne serais pas seule au moment d'aller en enfer. Après cette mini-rigolade, Ally se mit à me scruter très attentivement. Elle perdit son sourire, réajusta ses lunettes et fronça légèrement les sourcils. Suspectait-elle quelque chose ?
« Meredith ?
- Oui ?
- Est-ce que tu es saoule ? » me questionna-elle.
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