Chapitre 12: Orgueil et verre à shots.
~Point de vue de Meredith~
Toute la journée. Elle m'avait évité et ne m'avait pas dit un mot de toute la sainte journée. Elle était juste là, devant moi, si près, si accessible et si distante et intouchable à la fois. C'était la première fois que l'on me résistait de la sorte. Cela m'était insupportable, mais pourtant, cela m'amusait à un point que je voulais que cela continue. Elle avait touché mon orgueil à son endroit le plus chatouilleux, et ce dernier en redemandait encore à ses mains expertes. Allyson était différente, après avoir fait le tour de la question, je remarquai qu'elle était bien la dernière fille que je verrais se jeter à mes pieds. Elle me tenait tête, et j'avais l'impression de perdre mon influence quand j'étais avec elle. Mon assurance me fuyait, en emportant avec elle ma crédibilité, je devenais faible, et elle gagnait en puissance au fur et à mesure que je pliais sous ses charmes. Cette impuissance me poussait à redoubler d'efforts et chaque nouveau défi m'excitait. Elle n'avait pas conscience de tout ce qu'elle me faisait. Je la voulais. Pour moi. Elle était une des raisons de pourquoi je faisais tant la belle ces derniers temps. Je savais que je ne la laissais pas indifférente, je l'avais observée suffisamment lors de mon premier jour au lycée pour le comprendre. Je l'avais vu à travers son regard. Je pouvais y discerner de l'attention, de la malice, de la complicité, de l'intimité, mais surtout, de la faim. Oh oui, elle avait faim. Elle me dévorait et je faisais de même. Cela n'avait aucunement l'air de la gêner, je pouvais même dire qu'elle avait l'air d'apprécier ces regards enflammés, que je lui avais lancés au cours de cette journée. La preuve : Ces regards enflammés, elle me les rendait. D'ailleurs, je ne pouvais dire laquelle de nous deux en lançait le plus. Je n'arrêtais pas de me demander comment est-ce que je n'avais pas flanché - ou peut-être l'avais-je fait ?- car vendredi, quand l'image de ses traits s'est gravée dans mes rétines, j'avais senti mon cœur, mon ego, ma puissance et ma chance basculer. Je la voulais, mais elle me fuyait. Sa fuite a commencé ce même vendredi, au moment où j'avais merdé avec cette question. Je le regrettais. Amèrement. Pourquoi ? Pourquoi ce regret qui pesait tant dans ma poitrine ? Pourquoi est-ce que je me sentais aussi nulle ? Allyson n'était-t-elle pas qu'une simple conquête de plus pour moi à la base ? Bien sûr que si. Quelque chose avait changé depuis le temps. Je voulais plus que l'avoir dans mon lit. Ce n'était vraiment pas dans mes habitudes. J'avais eu plusieurs plans cul quand j'étais à Londres, et avec chacune de ces filles, j'établissais les mêmes règles : Pas de SMS ou d'appels si ce n'était pas pour baiser, pas de manifestation « d'amour » quelconque, pas d'amitié pour pas que cela ne devienne bizarre entre nous et à aucun moment, l'une va dormir chez l'autre. Dans certaines situations, il fallait être strict pour que cela fonctionne bien. Je ne savais pas si j'avais bien fait de dire oui quand Anna m'avait demandé si j'aimais Ally. Bien sûr que je l'aimais, sans aucun doute, mais à quel point ? Je n'en savais rien. J'aurais préféré m'être défilée et l'avoir laissée se faire sa propre idée. Comme cela, si l'une de nous deux se trompait, j'aurais eu une excuse en béton à lui servir sur un plateau, puisque je ne lui avais pas vraiment donné une réponse concrète sur le moment. Est-ce que j'ai encore fait une connerie ? Je n'étais pas de ce genre de personne qui fuyait tout le temps. J'étais beaucoup trop fière pour cela. Néanmoins, je ne négligeais pas entièrement la fuite. Je la voyais plutôt comme un plan B. Toujours avoir un plan B. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais que le plan B allait m'être d'un grand secours pour les jours à venir avec Allyson. J'évitais d'utiliser le plan B la plupart du temps, je le mettais à exécution uniquement quand cela était d'une extrême nécessité. Je ne cherche jamais les emmerdes. Ce sont elles qui me poursuivent, et quand elles me trouvent, je les accueille à bras ouverts. Elles m'occupent, me font sortir de léthargie. Mon problème est que souvent, je me rendais compte trop tard que j'avais fait une connerie et quand je voyais la connerie avant qu'elle ne m'approche, je laissais faire. Pourquoi ? Parce que Merde. On ne vit qu'une fois. Les règles sont faites pour être brisées, à quoi bon se tenir à carreau ? Cela dit, depuis quelques années, je faisais quand même un peu d'efforts pour me « limiter ». Je ne tenais pas à refaire l'expérience de l'internat.
Cela me faisait penser à mon ancien lycée catho à Londres et accessoirement à mon renvoi... Qu'est-ce que les nonnes croyaient que certaines filles faisaient pour se soulager puisqu'il n'y avait strictement aucun élément masculin dans ce fichu couvent ? À un moment, nos mains seules ne suffisaient plus... Les seuls points positifs avec cette école étaient que je ne perdais pas mon temps le matin avec l'uniforme et que j'avais de quoi me rincer l'œil.
Le bruit du tonnerre me tira de mes songes avec une facilité que je trouvais exagérée. Je ne devais pas boire ce shot, le deuxième de la soirée, mais je n'avais pas le cœur à le remettre dans sa bouteille. Je ne savais pas pourquoi j'aimais tant la vodka. Je m'étais pris les pires cuites à cause de cet élixir de vie de malheur et en même temps de bonheur. Je descendis mon verre d'une traite et le plus silencieusement possible. Merde, ça brûle. Je ne pouvais pas me permettre de réveiller ma mère, quoique, non je l'avais vu prendre ses somnifères, elle était K-O et n'allait rien entendre. Heureusement pour moi, mes parents ne jamais eurent vent de mes quelques comas éthyliques qui survenaient quand j'allais « dormir chez des amis » à Londres...
J'avais ma petite idée sur la maison où j'habitais. Avec toutes les planques secrètes qui s'y trouvaient, ce devait sûrement être ce genre de maison, à l'air complètement innocent, autrefois utilisée pour la contrebande d'alcool et d'autres choses... J'étais née dans cette maison et y avais habité jusqu'à mes sept ans. Revenir ici paraissait être une évidence pour ma mère, elle était très attachée à cet endroit. Je tirai sur la lampe murale. Celle-ci s'inclina et le mur s'ouvrit derrière ma table de nuit. Dans cette cachette, ô combien utile, je mis la vodka bien au chaud avec le rhum et les cannettes de smirnoff ice. Je remis la lampe en place et le mur se referma. Ni vu, ni connu.
Je fis quelques pas dans ma chambre. Les effets de l'alcool ne tardèrent pas à se manifester, l'euphorie était présente. C'était ce que je voulais de toute façon. Je m'allongeai sur mon lit et contemplai le plafond, sans savoir pourquoi. J'étais consciente, mais je ne contrôlais presque plus rien. Je souriais malgré moi, je pouvais même sentir mes iris se dilater. Je vis une silhouette se dessiner sur le plafond, un corps de femme, un joli corps de femme, jeune, cheveux très courts, visage charmeur... Allyson revenait me hanter. Des couleurs vinrent s'ajouter à ses traits, lui donnant plus de vie. Elle secouait ses cheveux bruns, se décoiffait, puis se recoiffait. Ses yeux d'un vert très pâle me regardaient.
« Viens ! » lui lançai-je.
Mais elle resta collée au plafond. Elle me sourit. Je ne savais pas si j'étais heureuse de voir son sourire ou si j'en étais frustrée. J'avais le sentiment qu'elle se jouait de moi, moi qui la voulais tellement. Elle se fichait de moi sur son plafond, et je ne pouvais pas l'atteindre. Je n'aimais pas cette arrogance. Je voulais fermer les yeux, la chasser de mon champ de vison et m'endormir, mais je n'y arrivais pas. Je me demandais si un autre shot allait m'aider. Je sortis la vodka de sa cachette. Je descendis mon verre, fis quelques pas, et me jetai sur mon matelas. L'effet de l'alcool se fit plus fort, mais elle était toujours là, je n'arrivais pas à fermer les yeux. Je bus encore un shot. Je ne dormais toujours pas. J'en bus un autre. Cette fois, le sourire d'Ally s'effaça petit à petit. Une lueur d'inquiétude apparut sur son visage. Je descendis mon sixième verre. Elle devint de plus en plus inquiète et me cria :
« Arrête !! Arrête de te faire du mal ! »
Je l'écoutai. Je ne savais par quel miracle j'avais réussi à ranger ma bouteille et refermer la trappe sans tout casser. Je me relevai et me dirigeai vers mon lit mais... Catastrophe. Mon corps partit dans tous les sens, je me cognai contre un mur, rebondis contre celui-ci, trébuchai, et m'écroulai sur le lit. Je me sentais pathétique... Ally continuait à me regarder. Son inquiétude était à présent remplacée par de la tristesse, et par de la peur. Je l'avais déçue. Je me sentais nulle. Nulle et complètement saoule. J'avais l'impression qu'une boîte de nuit avait élu domicile à l'intérieur de ma tête tellement ça faisait « boum-boum » dans mon crâne, mon cœur et mon estomac étaient serrés, je sentis même quelques larmes couler avant que le black-out ne me gagne. La dernière chose que j'entendis ce soir-là fut la pluie battante qui mitraillait ma fenêtre et la dernière chose que je vis, avant de sombrer dans l'inconscience la plus complète, fut le visage apeuré et quasi larmoyant d'Ally. Oui. J'avais encore merdé.
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L'abus d'alcool est dangereux pour la santé.
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