Chapitre 43: Combat à mort
PDV de Noah :
-Tu ne t'y attendais pas à celle-là ?
-J'avoue que non. Tu m'excuses deux secondes ?
Je réponds à l'appel de John sous les yeux effarés de Merias.
-Allô John ?
-Mec t'es où ? Y a un coup foireux qui se prépare contre toi.
-Laisse moi deviner avec Merias en tête ?
-Comment le sais-tu ? Me demande-t-il.
-Parce qu'il est devant moi.
-Ah merde ! Je...
Un coup de feu nous interrompt. Je regarde mon corps à la recherche d'un quelconque impact mais je ne vois rien. Je regarde Merias puis derrière moi. Il venait de tirer derrière moi, plus exactement sur le mur.
-Noah ? M'interpelle John. C'était quoi ça ?
-Juste Merias qui pète un câble ? On se rappelle.
-J'arrive. Et crois-moi, il vient de signer son arrêt de mort.
Je raccroche et fixe Merias.
-Excuse-moi mais c'était important. Donc je t'écoute.
-Tu ne changeras jamais Noah, toujours imbu de toi-même, dit-il.
-Ne me confonds pas avec toi s'il te plaît.
-A quoi tout cela rime-t-il ? Demande Javier qui ne s'était pas exprimé depuis le début, observant calmement la situation.
-Cela ne se voit pas, je veux revendiquer ce trône. Le trône que je mérite. Mon trône.
-Pff, tu me fais penser à un enfant en pleine crise. Faut grandir mon petit. On ne t'a jamais dit qu'il ne fallait pas jouer dans une cour plus grande que soi ?
-Ferme-là ! Tu feras moins le malin quand je t'enverrai en enfer.
-Au paradis tu veux dire ? Je suis un gentil moi.
-Noah, me prévient Javier.
Je vais trop loin. Sûrement. Mais ce connard met mes nerfs à rude épreuve.
-Tu devrais l'écouter Noah. Tu es en très mauvaise posture. Un mot de travers et l'un d'eux pourrait tirer.
-Techniquement si l'un d'entre eux tire, c'est lui qui prendra ma place. Pas toi. Attends, dis-je en voyant son air interloqué, tu crois que si l'un d'eux me tue, tu prendras la place ? La personne serait bien conne si elle ne revendiquait clairement pas la place à tes dépens.
La dernière phrase est sûrement de trop puisqu'il me tire dessus. Au niveau du torse. La douleur est forte et je m'agenouille. Ma cage thoracique me compresse.
-C'est si facile, rigole Merias. Je l'aurai fait plus tôt si je l'avais su.
Javier s'agenouille près de moi et me fait un signe de tête. Je tourne la tête avec difficulté et voit qu'un mouchoir blanc a dépassé de la porte. Javier se relève et m'adresse un regard. Je hoche discrètement la tête pour lui rendre son signe.
-Merias, secoue la tête Javier. Je n'ai jamais compris ce que Dante te trouvait. L'intelligence n'a jamais été ton fort.
Il secoue la tête comme exaspéré et siffle. La seconde d'après une fumée blanche épaisse envahit la salle engloutissant ses occupants. Javier sort son arme et m'aide à me relever. John nous rejoint et nous passe deux masques : je n'ai jamais été aussi fier de l'avoir à mes côtés.
Flashback
Ma nuit a été courte, ponctuée par milles interrogations quant au futur. Car maintenant je suis quasiment sûr de reprendre l'empire de Dante. Je viens de renoncer à toute vie « normale ». Je ne savais peut-être pas quoi faire après le lycée mais je me voyais tout sauf chef de mafia. Enfin, officiellement je vais devenir nouveau PDG de Proud&cie, l'entreprise d'import-export de matériels électroniques de Dante. Qui aurait cru que j'aurai été prêt à tout abandonner pour une fille. Amber... ou Alicia, peu importe son nom, elle reste aussi importante pour moi.
Je sors à peine de la douche que John rentre dans ma chambre.
-Prêt pour cette dernière journée de combats ? Me demande-t-il sans préambule en s'allongeant sur mon lit défait.
-Tu peux éviter de t'allonger dessus comme une étoile de mer, s'il te plaît. T'es pas dans une piscine.
-Ah bon ? J'aurai juré que c'en était une, se moque-t-il. C'est vrai, une piscine de guimauve blanche.
Je secoue la tête devant sa bêtise et me tourne vers mon dressing où j'en sors une chemise grise et un blue jean déchiré au jean.
-Tu ne mets pas ton gilet pare-balles ? Me demande-t-il.
-Je devrai ? C'est le dernier jour, je...
-Bah justement. Tu ne trouves pas que cette semaine était calme ?
-Calme ? Je ricane. Je me suis battu une dizaine de fois avec au moins de deux personnes par jour. Tu trouves que c'est « calme » ?
-Bon peut être pas « calme » mais je trouve que, comparé à ce que Dante s'amusait à nous raconter, je trouve que c'est quasiment soft.
C'est vrai que lorsque l'on compare notre semaine décisive à celle de Dante qui s'est battu pendant 20h d'affilée et de ses ancêtres, dont un qui s'est fait massacré à la tronçonneuse durant son sommeil, j'ai passé une assez bonne semaine avec seulement un combat qui a duré une demi-heure à cause de mon genou, les autres combats se sont terminés en moins de temps qu'il n'en aurait fallu pour le dire.
-Ouais. On garde toujours la stratégie du chat.
-Toujours mon frère.
Fin flashback
Une stratégie qui fonctionne toujours aussi bien. Un mouchoir blanc, un sifflement, une fumée blanche, et la contre-attaque est lancée. C'est l'un des premiers enseignements que nous avons eu avec Dante. Je me rappellerai toujours des paroles de celui-ci : « Tu trouveras toujours plus fort que toi, la force physique ne fait pas le tout contrairement à ce que beaucoup pense. Le secret, c'est la stratégie et la prévoyance ».
L'autre chose qu'il nous avait appris était qu'il fallait toujours bien s'entourer, d'hommes de main de confiance. Et des meilleures femmes de combat. Contrairement à ce que les gens pensent, il y a bien des femmes dans nos rangs et ce que je peux dire, c'est qu'elles sont bien plus futées que la majorité des gars.
Résultat : John a réuni nos troupes en un temps record, parées au combat. Avec le nuage blanc qui couvre la pièce, je ne vois pas tout le monde mais je pense qu'il n'y a pas moins d'une trentaine de personnes. Pas le temps de les compter, les combats commencent. Seuls quelques hommes de Merias sont encore debout, une vingtaine tout au plus. Malgré les élancements de mon genou et de ma poitrine -merci Merias- je me lance dans le combat pour aider mes hommes. Un coup de poing par ci et un coup de feu par-là, les combats s'enchainent. D'un coup d'œil, je vois Javier assis sur le trône à observer la scène, comme s'il était au cinéma, et tirer sur ceux qu'ils jugent bon de mourir. Je ne comprendrai jamais cet homme.
De l'autre côté, je vois John en plein combat et en difficulté : bien qu'il se défende très bien, quatre hommes l'encerclent et le cerne de toutes parts. Je décide de lui venir en aide quand un con se met devant moi et pointe son arme sur moi. Je souris et avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, je l'immobilise et lui prends son arme. Cette fois-ci c'est moi qui le pointe avant. Il lève les mains, clamant que je l'épargne.
-Trop faible.
Et je lui tire dessus, sans aucun remord. Faible qu'il est, il n'a rien à faire ici. La mafia n'est pas un monde pour lui.
Voilà pourquoi je ne voulais pas revenir ici : seuls les forts survivent, les faibles meurent. Les forts deviennent des bourreaux. La loi du plus fort règne.
John arrive à mes côtés, il a finalement réussi à se débarrasser de ses quatre adversaires. Il tient le coup malgré son sourcil qui pisse le sang. On a sûrement dû lui péter l'arcade.
Il me sourit et se lance à nouveau dans le combat. Il m'a toujours étonné pour sa rapidité et sa précision. Comme s'il était dans son élément. Je secoue la tête et me relance dans le combat. Au bout d'un moment, il ne reste très peu de personnes : John, Merias, Javier, Jordan, deux des hommes de Merias et quatre des nôtres. Le sol est jonché de corps. Je n'avais même pas vu Jordan dans la bataille mais vu sa position, je doute qu'il soit dans notre camp.
On se jauge tous de loin.
-Quel dommage, se lève Javier de son trône. Une si belle salle réduite à néant.
-J'en suis désolé Javier, dit ironiquement Merias. Cela n'aurait jamais eu lieu si Dante m'avait désigné MOI comme successeur et non lui, dit-il en me pointant du doigt.
-C'est malpoli de pointer du doigt, dit John.
-Je suis le chef du QG 17, le plus grand de la mafia, théoriquement c'est moi qui aurait dû être désigné.
-Théoriquement, répète John. Que de la théorie. La pratique est autre.
-Mais non, il a fallu que Dante choisisse... crache-t-il la haine au visage.
-Il aurait été vachement con s'il t'avait désigné, je marmonne.
Mais il l'entend et lève aussitôt son arme sur moi. A la seconde, John, Javier et mes hommes le pointent à son tour tandis que Jordan et les quelques hommes restant à Merias pointent les leurs sur nous.
-Tu peux le tuer si tu veux, mais tu mourras aussi, dit Javier. Par contre, je te propose quelque chose.
Merias ne lâche pas son arme mais fais signe à Javier de continuer.
-Puisque tu penses être plus fort que Noah, je te propose de te battre avec lui : aucune arme, un corps à corps. Le gagnant a le trône. Qu'en dis-tu ?
Merias reste silencieux, penchant le pour et le contre. Je n'ai pas peur de me battre contre lui et je comprends la nécessité de la proposition de Javier. Il a bien senti que malgré tous nos hommes présents, il y a impasse et l'épilogue ne sera pas des plus joyeux. On a beau être des sanguinaires, nous n'avons pas besoin de perdre autant d'hommes. Inutilement qui plus est.
Il finit par baisser son bras et la jette son arme au sol. Je fais de même : il accepte le combat.
La tension redescend d'un cran, et tout le monde range son arme.
-Un combat entre Noah et moi, et personne d'autre. Un combat à mort.
-Si c'est ce que tu désires, je dis en enlevant ma chemise et le gilet pare-balles.
-Les règles sont simples, s'exclame Javier, tous les coups sont permis sauf ceux utilisant une arme extérieure quel qu'elle soit.
Merias enlève sa veste et son gilet pare- balles. Je n'étais visiblement pas le seul qui avait pris des précautions. Nous nous retrouvons tous les deux en débardeurs, toisant l'autre de tout le mépris du monde. Il commence alors à sortir toutes ses armes cachées. De ses chaussures, de sa ceinture, de sa montre qu'il enlève complètement et même de ses épaules. Comment fait-il, je ne sais pas mais je trouve ça ridicule. Aux épaules quand même ! Il a si peur de se retrouver en mauvaise situation ?
Tout bon homme est prévoyant certes, mais je n'en garde qu'a ma botte et à mon bras. Le reste, c'est de la prévoyance : celle-ci t'évite de te retrouver dans des situations improbables. Et si, on tombe dans une situation inimaginable, on improvise. Rapidement.
J'enlève toutes les armes que je porte sur moi. Et fais craquer mon cou. Ce combat ne sera pas comme les autres combats que j'ai eus avec lui. Je sens qu'il s'est préparé durement et longuement pour ce jour. Dommage, pour lui, je vais l'écraser comme un moustique.
-Bon courage, me glisse John en me tapant dans le dos.
-Tu me le dis sincèrement ? Je ricane.
-Non mais je te dis bon courage parce que c'est chiant de l'avoir près de soi aussi longtemps.
Je rigole.
Merias se met alors à grogner comme... comme je ne sais pas quoi en fait, j'hésite entre un lion et un singe, un gorille plus exactement.
Je lève un sourcil cherchant à comprendre tandis que j'entends derrière le rire de John. Il s'en fout et se moque ouvertement de Merias.
-C'est censé être une preuve de virilité ?
Un éclat de rire accompagne sa question.
J'esquisse un sourire à ses conneries.
-Mettez-vous en place, nous dit Javier, ignorant totalement John et en nous indiquant le centre de la pièce.
Les corps ont été déplacés vers un recoin de la pièce. Le sol au centre de la pièce couvert de sang, on l'essuie à la va-vite, sans pour autant l'enlever totalement. John me tape une dernière fois sur l'épaule et part s'adosser à un mur, mais toujours aux aguets.
Merias s'avance au centre de la pièce.
-Quand tu veux Noah, ricane-t-il.
Je lui souris et avance à mon tour. Pendant ce temps-ci j'analyse le combat à venir et surtout mon adversaire : sa posture, sa gestuel jusqu'à ses tics. Un bon combat se fait lorsque l'on connaît bien son adversaire. J'ai largement de quoi gagner ce combat aujourd'hui, ma seule faiblesse, c'est mon genou. Et encore, je peux encore l'utiliser en appuie.
Merias me sourit à nouveau et me lance un coup droit : rapide concis et brut, c'est qu'il a bien retenu ses leçons le petit. Je bloque son coup et lance mon genou contre son ventre. Il se plie face à l'assaut mais se relève rapidement. Il se jette à nouveau sur moi et les coups pleuvent. J'esquive du mieux que je peux mais m'en prends quelques-uns, rien de bien grave. Il me lance alors un coup au genou, et même s'il m'atteint il ne voit pas arriver le coup gauche que je lui lance sur la tête. Il recule tandis que je crache un juron. Il n'a pas raté mon genou ce con, déjà qu'il ne va pas au meilleur de sa forme...
Pas le temps de m'apitoyer, le coup que j'ai donné à Merias semble l'avoir désorienté, j'en profite pour lui décocher un crochet du droit, s'il anticipe le coup il ne voit pas mon genou gauche partir sur son flanc. Il se plie à nouveau en deux et j'en profite pour lui planter mon coude en pleine tête. Il s'écroule à mes pieds. Je me recule et attends qu'il se relève. Il veut un vrai combat, il l'aura.
-Il y a une chose qui te rend médiocre Merias, je dis. Tu n'as jamais su utiliser la rage qu'il y a en toi. Au lieu d'en faire une arme, tu en fais ta faiblesse. Pathétique.
Il se met à quatre pattes et crache du sang sur le côté. Après maintes difficultés, il se relève et me fixe du regard, la haine obscurcissant ses traits.
-Tu n'as encore rien vu Noah.
Et il se jette sur moi. Les coups s'enchainent. Nous ne nous laissons aucun répit. Depuis le temps que nous nous haïssons... L'enjeu est grand : le destin de la mafia, le mien, celui d'Amber. Penser à elle me redonne un regain d'énergie. Je redouble de force et de coups, Merias s'en rend compte et tente de les esquiver mais ses coups se finissent par se faire plus rare, ses esquives moins efficaces et son souffle plus erratique. La fatigue ralentit ses coups et ramollit sa défense.
Je profite de son état, pour lui donner un coup dans le ventre avec mon genou droit. Il l'esquive et lance son poing sur mon genou. Un cri sort de ma bouche tandis que je recule. Il en rit et m'envoie son autre poing en pleine tête. Je recule et manque m'effondrer au sol mais me rattrape à la dernière minute. Merias cherche à en finir et tente de m'écraser avec son pied mais je me décale et attrape son pied. Deux secondes plus tard, il mange le sol.
Je me relève alors et lui saute dessus. Il sort un gémissement de douleurs quand mon coude s'enfonce dans ses côtes. Mes mains s'enserrent autour de son cou. Il tente de m'arrêter en griffant mes bras et en me donnant des coups de ses poings. Mais ses jambes bloquées et la fatigue ont raison de lui et ses coups se font moins fort, moins fréquent, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. Je reste appuyé encore quelques secondes avant de le lâcher et de me relever.
Merias est mort. Je l'ai tué.
Javier se dirige alors vers nous et prend le pouls de Merias. Le cœur de celui-ci s'est bien arrêté. Javier se relève alors et me regarde dans les yeux.
-Noah, je te déclare vainqueur de ce duel à mort. Tu es et restes donc l'héritier du trône. Quelqu'un souhaite faire d'autres réclamations ?
Il se tourne alors vers tout le monde, les jaugeant. Je ne peux en regarder plus : l'adrénaline me quitte et mon genou me fait atrocement souffrir ainsi que tous mes muscles.
-Moi j'ai une revendication.
Jordan s'avance et la scène qui suit se passe comme au ralenti : je le vois sortir une arme de son dos et la pointer vers moi. Avant même que je ne réagisse, il tire. Un autre coup de feu se fait ensuite entendre et Jordan s'effondre, mort d'une balle à la tête. En tournant la tête je vois Javier, arme à la main.
Mais quelque chose cloche, où...
A la seconde où je baisse la tête, un cri sort de ma bouche.
Puis c'est le néant.
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