Idem [chapitre final]
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Hyemin sentit son corps manipulé par d'horribles instruments de tortures.
Ouvrant enfin ses yeux rouges baignées de larmes, elle se laissa froidement aveugler par la lumière artificielle de la salle avant de lâcher un second cri aussi horrible que le précédent.
- Calmez-vous ! Calmez-vous, bon sang ! Implora l'un des gardes en tentant vainement de maintenir son corps en convulsion, mais ses touchers ne firent qu'accroître le déchaînement de la jeune fille.
La fille en question se débattait corps et âme afin que les hommes puissent enfin cesser leur torture. Elle criait, criait au point de s'écorcher la gorge, elle suppliait, suppliait ses bourreaux et dans un dernier élan guidé par l'espoir de s'échapper, elle griffait chaque parcelle de peau qui se présentait devant ses yeux malades. Quand enfin, son corps décida de l'abandonner lâchement, la fille se retrouva, étalée, sur son lit, avec seulement ses yeux rouges pour continuer son triste combat. Les gardes, le visage aussi rouge que ses yeux, s'affairèrent à ligoter les mains et le reste du corps de leur malade.
En réalité, ces quelques gardes étaient maintenant accoutumés à l'attacher dès son réveil. Ce n'était pas la première fois que la hyemin cherchait à les blesser. Cependant, contrairement aux autres malades séjournant dans cet hôpital, Hyemin était de loin la moins dangereuse. Elle n'était en fait que son propre danger, et bien souvent dès qu'elle se réveillait, la première chose qu'elle cherchait à faire était de se mutiler, dans l'espoir peut-être de mettre fin à ses jours.
Les gardes ou plutôt les infirmiers ainsi que les docteurs avaient beaucoup de mal à expliquer l'état dans lequel se trouvait, depuis des années, la jeune Hyemin. Elle ne bougeait jamais de son lit, avait le regard vide fixant uniquement le mur blanc devant elle, et parfois articulait quelques mots intelligibles. Aux yeux de tout le monde, la hyemin semblait comme sous hypnose jusqu'au jour où elle mettait fin à son comportement hors-norme en se mettant à crier de toutes ses forces, comme si sa peau était brûlée par des lames enflammées.
Mais ils ignoraient que leurs touchers étaient bien plus atroces que le feu de ces lames, non contrairement à elle, les médecins baignaient dans le fleuve si calme de l'ignorance et de l'insouciance.
Ils savaient juste que derrière ces yeux rougis par la souffrance se cachait un enfant qui avait tué son propre frère.
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Hyemin était comme toutes les autres petites filles, une douce et gentille personne qui ne voulait qu'être entourée de nombreux amis. Elle voulait juste avoir une personne avec qui elle pouvait dessiner pendant des heures, partager sa collection de poupées, et son amour pour les glaces. Elle voulait juste avoir de la compagnie, et pourtant alors âgée de sept ans, elle n'avait personne, pas même son propre père.
A chaque fois qu'elle demandait à son père de jouer avec elle, Junmyeon l'envoyait balader en lui servant, comme toujours, la même excuse.
- Tu ne vois donc pas que je travaille ? Va donc jouer avec ton petit-frère ou va te trouver quelque chose à faire !
- Mais Papa...je veux jouer à la marelle, Yixing ne sait même pas encore marcher...Allez, joue avec moi s'il-te-plait, juste pour quelques minutes, papa. Demanda l'enfant en s'accrochant au pantalon de son père et en levant sa tête pleine d'espoir vers le visage de ce dernier.
- J'ai dit non ! Combien de fois devrais-je te répéter que le Conbini ne va pas se gérer tout seul !
- Papa...s'il-te-plait...grand-mère ne vient même plus jouer avec moi, juste cette fois et je ne t'embêterai plus ! Implora-t-elle de plus bel.
- J'ai dit non, Hyemin ! Gronda-t-il une dernière fois avant de se retirer brutalement de son emprise et de retourner à ses affaires.
La petite Hyemin regarda la grande figure de son père s'éloigner de plus en plus, en essuyant les quelques petites larmes retenues par ses cils. Il n'y avait pas de quoi pleurer, son père, cet homme pourtant là mais toujours absent, préférait certainement le Conbini à elle.
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Les chuchotements dans les rues firent rapidement circuler l'information de la venue d'un nouvel habitant en ville, un étranger qui plus est. On disait de lui un homme venu tout droit de Chine, un homme sorti de la Chine rurale pour venir occuper la librairie dans les ruelles coréennes.
Les grands le méprisaient lui et ses livres, les petits se moquaient de lui et son lourd accent.
Pourtant, la Hyemin ne fit pas attention à ces petites voix et depuis le Conbini admirait chaque jour la librairie enfin en vie. Les gens y entraient les mains vides et ressortaient toujours avec des glaces et quelques livres, voire même des stickers ! Elle avait même eu la chance d'en récolter un abandonné juste devant la boutique...et il était à l'effigie de ses princesses préférées ! Elle n'avait pas attendu une seconde avant de le montrer, en riant, à son petit-frère Yixing et de le coller sur les murs blancs du Conbini.
L'autocollant était si beau, si brillant qu'elle ne put s'empêcher de le contempler pendant des heures sur cette toile blanche. Ses petits yeux d'enfant n'avaient jamais vu quelque chose d'aussi étincelant que ces paillettes dorées sur cette jolie cendrillon, elle était si heureuse de voir ça qu'elle demanda le lendemain même à son père de lui donner une petite pièce.
Elle voulait acheter une glace à l'eau, ses préférées.
Peut-être qu'elle pouvait même, du haut de ses petites jambes, admirer le stand de stickers de plus près !
En pénétrant pour la première fois depuis longtemps dans la fraîche librairie, Hyemin avait croisé le regard curieux du propriétaire.
Il était grand, bien plus grand comparé à son corps minuscule.
Il était vieux, bien plus vieux comparé à ses petites années.
Pourtant malgré le fait qu'il soit un adulte, bien plus âgé que papa, l'homme répondant au nom de Luhan était beaucoup moins strict que ce dernier. Bien au contraire, le chinois dont tout le monde sifflait le nom, était quelqu'un de fort admirable et au cœur empli de bonté. Il offrait tous les jours à la petite hyemin des glaces à l'eau et parfois lui glissait avec un autocollant ou deux. La fille en question n'avait jamais semblé aussi heureuse, car elle possédait enfin un ami ! Luhan n'avait pas hésité une seconde à lui proposer son amitié, et son réconfort. Il était quelqu'un de compréhensif et taquin et ne grondait jamais son amie, contrairement à Junmyeon.
Oh, comme Hyemin était heureuse d'avoir à son tour de la compagnie.
Mais, les jours joyeux défilèrent et pendant une chaude et belle après-midi d'été son sourire finit par se faner.
Il l'avait brutalement quittée dès le moment où l'étranger, derrière les portes de la libraire, fit tomber son lourd masque.
Ce jour silencieux, Hyemin était ressortie de la boutique, sa glace fondue dans une main et ses stickers dans l'autre. Elle avait erré dans les ruelles de Séoul sans comprendre où ses petites jambes l'emmenaient. Ses innocents yeux regardaient les lieux aux alentours sans pouvoir capturer les moments dont ils étaient témoins plus tôt. Son esprit d'enfant lui chuchotait à plusieurs reprises ce qu'il s'était bien passé, qu'avait-elle fait ? Que lui avait-il fait ? Pourtant, malgré ces résonances, elle ne parvenait pas à trouver une réponse à ses questions.
La petite se sentait juste confusément salie.
Elle savait juste que l'on lui avait fait quelque chose de mal mais elle n'arrivait toujours pas à poser des mots sur ce sentiment étranger à son innocence.
Et pourtant, cet innocence venait tout juste de disparaître.
La hyemin finit par rentrer chez elle, et après avoir collé l'autocollant qu'elle avait encore dans les mains, elle essuya les larmes qu'elle ignorait verser avant de partir à la recherche de son père.
- Papa...s'il te plait...demanda-t-elle d'une petite voix, encore plus indistincte que celle dont elle avait habitude.
- Hyemin, je suis occupé ! Va-t-en ! Cria Junmyeon en berçant Yixing dans ses bras avant de reprendre son appel téléphonique.
- Mais...j'ai besoin...de toi. Rajouta-t-elle mais l'homme était déjà parti.
Les années s'en allèrent, et pourtant la librairie était toujours là.
Plus l'enfant grandissait en compagnie de son frère, et plus elle se renfermait sur elle-même.
La Hyemin n'était plus qu'une coquille vide, occupée à contempler ce vice à travers les autocollants du Conbini. Ses princesses et ses glaces l'écœuraient à présent tout comme la vitrine du marchand d'en face. C'est seulement en grandissant et en voyant son petit-frère grandir à son tour que hyemin comprit qu'elle avait perdu son innocence à tout jamais.
Yixing fleurissait et quand enfin il avait eu ses sept ans, Hyemin décida de le sauver.
Ce jour-là, la jeune fille de douze ans avait emmené, avec l'accord de son père, son frère au lac où se baignaient petits et grands. Néanmoins, ce jour-là il n'y avait personne pour nager.
Portant son petit-frère dans ses bras, elle ne fit pas attention à ses questions lui demandant pourquoi ils avançaient dans l'eau ni à ses petites remarques lui disant qu'il avait peur.
Quand enfin l'eau arriva à la hauteur de son bassin, Hyemin regarda son petit-frère une dernière fois avant de lui embrasser fiévreusement le front.
Elle le jeta ensuite rapidement dans l'eau et regarda tristement l'enfant ne sachant pas nager se débattre.
- Sauve—sauve-moi ! Hye sau—sauve-moi ! Supplia le petit Yixing horrifié en continuant de combattre cet horrible monstre qu'était l'eau.
Hyemin rebroussa vite chemin en laissant l'enfant et les eaux derrière elle. Elle avançait lentement jusqu'à terre avec la voix de yixing qui à chaque pas diminuait encore un peu jusqu'à son éternel silence.
Elle venait tout juste de sauver son petit-frère en préservant son innocence, il ne fallait pas qu'il vive le même calvaire que le sien, Yixing était pur, Yixing était un ange.
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Après le décès de son petit-frère et celui de Luhan, Hyemin pensait pouvoir enfin être libre.
Mais elle se retrouva vite enfermée dans un hôpital dit psychiatrique, et pire encore, elle se retrouva enfermée dans son propre cauchemar.
N'ayant jamais partagée ses blessures et son lourd passé, La hyemin vit son traumatisme refoulé rejaillir bien plus tard. Ce dernier avait pris forme et était devenue un cas étrange d'hystérie.
L'esprit de Hyemin était alors en cage, et ce que la fillette voyait était bien différent de ce que nous autres apercevions. Ses visions si différentes de la réalité commune était la sienne, sa propre réalité.
Hyemin, dans sa chambre toute blanche, vivait dans un autre univers appelé Cheonjin.
Là, elle rencontrait le même malfaiteur et revivait les mêmes instants façonnés à sa façon.
Elle les revivait jusqu'à son réveil brutal, causé par les portes closes de la librairie, avant d'y replonger par la suite.
Elle les revivait encore et encore, comme le cycle des années et comme une condamnation aux enfers.
Voici Hyemin, voilà son identité liée à jamais avec Cheonjin.
FIN
A/N : l'épilogue sera posté demain je pense, si vous souhaitez que je poste une partie "explication" dîtes-le moi, s'il y a des questions, posez-les moi. Si vous avez envie de me tuer, tuez-moi. Ptdr, seule fiction (Je crois) où luhan est un pédophile hahahaha (dsl).
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