Imprudence, quand tu nous tiens...
« J'espère qu'il appréciera la table : ça doit le changer de ses dîners dans les meilleurs palaces de Londres ! »
« Sherlock, arrête : Angus n'est pas comme tu le penses ! Tu le sais bien : tu as dû l'analyser lors des repas de famille ! »
« Ne vous battez pas, les amoureux ! Tout se passera bien, faites-moi confiance ! »
Une ambiance effervescente s'était emparé du 221B Baker Street en cette soirée d'été : Sherlock, John et Serena recevaient à dîner Angus Huxley, frère aîné de la jeune femme et avocat spécialisé dans le droit international. Et le moins qu'on pouvait dire était que le détective était moyennement ravi d'inviter son potentiel beau-frère chez lui car il n'avait jamais eu une bonne image de la profession d'avocat. Quoique, Angus sortait du lot par sa réputation de plus grande tête de mule que le Barreau de Londres ait connu...
On frappa à la porte. John alla ouvrir et fit face à leur invité.
« Maître Huxley, bienvenue chez nous ! Entrez, je vous prie ! »
« Merci, Dr Watson ! Oh, et vous pouvez m'appeler Angus ! Maître Huxley, c'est uniquement pour les plaidoiries ! »
« Entendu ! Dans ce cas, appelez-moi John ! »
Angus entra dans la pièce et alla à la rencontre de sa jeune sœur.
« Angus ! »
« Bonsoir, Serena ! Comment vas-tu ? »
« Je vais bien. Tu te souviens de Sherlock ? »
« Comment veux-tu que je l'oublie après l'humiliation qu'il a infligée à Tante Carol lors du dîner organisé chez les parents ? - faut dire aussi qu'elle l'avait bien cherché ! Bonsoir, Sherlock ! »
« Bonsoir, Angus. Comment se passent vos plaidoiries ? »
« Beaucoup de victoires en ce moment. J'ai deux cas qui ont été reportés à des dates ultérieures, donc j'ai un peu de temps pour souffler entre deux ! Et ça tombe bien, car j'ai besoin de passer du temps avec les miens ! »
« La famille avant tout ! » lança John qui était parti dans la cuisine chercher les gâteaux apéritifs.
Une fois tous les quatre installés dans le salon, ce fut le début de conversations passionnées – ponctuées par les remarques pince sans rire de Sherlock, rabroué par John sous les yeux des deux Huxley hilares.
A un moment donné, on vint à évoquer la famille : et si John n'aimait pas trop évoquer sa sœur Harriett, dont l'univers tournait autour de l'alcool, Sherlock s'en donnait à cœur joie pour critiquer ouvertement son frère.
« Il est vraiment insupportable ! Pire que moi, je vous assure ! Et dire qu'il ose se présenter comme le plus intelligent de nous deux... » ronchonna le détective.
Angus esquissa un sourire.
« Oh, vous savez, nous aussi, on a notre propre fauteur de troubles. Hein, Serena ? »
« C'est sûr : Zachary n'a jamais voulu faire comme tout le monde ! »
Zachary Huxley est le frère cadet de la fratrie Huxley, juste entre Angus et Serena. Et comme l'ont mentionné son frère et sa sœur, il ne fait rien d'anodin. En fait, il est un cambrioleur de renommée nationale, au plus grand désespoir de ses parents et de sa fratrie. Depuis quelques temps, il n'a pas fait parler de lui et cela ne rassurait pas vraiment Serena ni Angus.
« C'est vrai qu'un frère de cette trempe là, ça ne doit pas être facile à gérer ! » marmonna John, compatissant.
« Je suis sûr qu'il est plus intéressant que Mycroft ! » assura Sherlock.
« Quelle maturité ! » ironisa Watson qui jeta un coup d'œil à l'horloge qui indiquait 23h40. Angus suivit son regard et s'exclama.
« Déjà ? Je devrais peut-être rentrer... »
« Avec trois verres de whisky dans le sang ? Pas sûr que ça soit une bonne idée... » fit remarquer le détective.
« Au pire, il peut rester dormir ici ! Et tu repartiras chez toi, demain matin ! »
« Bonne idée, sœurette ! Mais j'ai peur d'imposer ma présence à ton petit ami et son colocataire ! »
« Aucun problème ! Il y a une chambre d'ami que vous pouvez utiliser. » lui proposa gentiment le médecin.
« C'est très aimable à vous, Dr Watson. »
« Non, c'est du bon sens : on vous évite au mieux un contrôle de police, au pire un accident. Franchement, je n'ai pas envie de consoler Serena devant votre pierre tombale ! »
« SHERLOCK ! » s'écria Serena, outrée par le manque de diplomatie de son compagnon.
« Il n'apprendra donc jamais ! » soupira Watson qui se fit un facepalm.
« C'est un point de vue, Sherlock. Mais ne profiteriez vous pas de la situation pour lui rappeler à quel point vous lui êtes indispensable ? » demanda Angus, malicieux.
« Correction : elle m'est indispensable. Et jamais je ne profiterais de ces moments de vulnérabilité à mon seul intérêt ! » déclara Holmes, solennel.
« Très bien, très bien, je vous crois... Bon, maintenant que tout est clair, je vais pouvoir dormir tranquille. Je vais vous aider à débarrasser et après, j'irais voir ma chambre ! »
Aussitôt, notre quatuor s'acquitta de sa tâche et une demi-heure plus tard, tout le monde alla dans sa chambre et s'apprêtait à passer une bonne nuit. Seuls Sherlock et Serena n'étaient pas encore endormis.
« Alors, que penses-tu de mon frère ? »
« Je te dois la vérité : il est beaucoup plus intéressant que je ne l'imaginais. Un peu plus et il me ferait changer d'avis sur les avocats ! »
« Au moins ça de gagné ! En passant, ce que tu as dis à propos d'être indispensable... »
« Oui ? »
« Tu le pensais ? »
Le détective se tourna vers la profiler et fixa son regard sur celui de sa compagne.
« J'ai pensé chaque mot de ce que j'ai dit. Depuis que je te connais, ma vie n'est plus la même et tant mieux ! J'ai horreur de l'ennui, et pas un instant tu ne m'ennuies ! »
Attendrie, Serena vint poser ses lèvres contre celles de Sherlock qui répondit avec plaisir au baiser offert... Soudain, un bruit attira l'attention du couple.
« Qu'est-ce que c'était ? Quelqu'un se serait relevé ? »
« Non, ça ne vient pas d'une des chambres. Je pencherais plutôt pour un cambriolage, vu que ça vient du salon ! »
« Hein ? »
« Reste derrière moi ! » ordonna Sherlock qui prit son revolver et sortit de la chambre sur la pointe des pieds, suivi de près par Serena.
« Pas question que je te laisse tomber, Sherlock ! On sait jamais, il n'est peut-être pas venu seul ! »
Le détective sourit à sa petite amie avant de reprendre la direction du salon, suivi par la profiler qui tenait sa raquette de badminton dans la main.
Continuant discrètement leur avancée, le couple s'arrêta à l'entrée du salon où il vit une silhouette qui se déplaçait dans la pièce en essayant de rester discret... Armant son revolver, Sherlock visa et fit feu en plein dans le milieu du smiley dessiné dans le mur, faisant sursauter l'intrus.
« AAAAH ! Mais vous êtes complètement malade ! On ne vise pas les gens dans le noir, espèce de cinglé ! »
La voix du mystérieux visiteur du soir sembla familière à Serena qui demanda.
« Zachary ?! »
Au même instant, John et Angus arrivèrent dans la pièce, armés respectivement d'un revolver de l'armée et d'un vase.
« Qu'est-ce qui se passe ? On se fait cambrioler ? »
« Non, on reçoit de la visite de minuit ! »
« Qui est-ce ? »
Pour toute réponse, Sherlock appuya sur l'interrupteur, révélant le visage de l'intrus.
« ZACHARY ! Mais qu'est-ce qui t'es passé par la tête ? Tu te rends compte qu'on a cru que tu venais cambrioler Sherlock ! »
« Bonjour à toi aussi, grand frère ! Pour répondre à ta question, je passais dans le coin pour faire un petit coucou ! » répondit l'intéressé
« A minuit ? Vous auriez pu attendre demain matin, non ? » demanda John, agacé.
« La famille n'attend pas ! »
« Vous n'êtes pas complètement honnête, Mr Huxley : a en juger par les légères traces de boue sur vos chaussures et votre souffle court, vous étiez en train de fuir... sans doute fuyiez-vous le lieu de votre dernier cambriolage ! » conclut le détective.
« Il va me rendre chèvre ! » fulminait Angus qui se frappa le front.
« Il est doué ton mec, Serena ! »
« C'est son métier... Mais qu'est-ce que tu as encore volé, cette fois ? Des dossiers compromettants ? »
« Du tout. Je suis venu t'apporter ton cadeau d'anniversaire en retard ! »
Joignant le geste à la parole, il sortit de son sac une boîte et la tendit à sa sœur.
« Joyeux anniversaire en retard, sœurette ! »
« Merci... Je me demande ce que tu as pu piquer cette fois ! »
Lorsque Serena ouvrit la boîte, tous ouvrirent des yeux ronds en découvrant une rivière de pierres précieuses : des diamants, des rubis, des saphirs, des perles, des émeraudes, des topazes et des améthystes.
« Wouah ! Quelle prise ! » s'exclama John, sous le choc de cette révélation.
« Zac... C'est beaucoup trop ! »
« Mais non, petite sœur : tu mérites qu'on t'offre des choses pareilles ! »
« J'apprécie le geste... mais je ne peux les accepter ! Désolée ! »
« Oh, je comprends... Mais bon, c'était histoire de te faire plaisir ! »
« Puisque tu en parles, à qui appartiennent ces joyaux ? » demanda Angus.
« A un mec plein aux as ! »
« On s'en doute : tout ce qu'on veut, c'est un nom ! »
« Mais qu'est-ce que j'en sais, moi : je n'ai pas regardé dans l'annuaire ! Tout ce que je sais, c'est qu'il est gay : je l'ai entendu parler avec son mec dans la chambre ! »
« Et alors ? Ne me dites pas que ça vous gêne... » ironisa Sherlock.
« Je n'ai pas dit ça ! Et après, je suis allé piquer les joyaux dans le coffre-fort. Et ils ont dû m'entendre parce que l'un des deux a essayé de me tirer à vue comme un lapin – vous n'étiez pas le premier, Sherlock – et que son copain lui a dit un truc... Je n'ai pas trop compris ce qu'il a baragouiné parce que j'étais en train de sauver ma peau ! »
« Essaye de dire à peu près ce que tu as entendu... » lui suggéra Watson.
« Il a dit un truc du genre ''Ne le laisse pas s'échapper, Sam...'' ou un prénom qui ressemblait ! »
Dans l'esprit du détective, une alarme se mit à sonner : il craignait le pire...
« Est-ce que, par hasard, il n'aurait pas dit ''Seb ?'' »
« Voilà, c'est ça ! Pourquoi ! »
Holmes se passa une main sur le visage, sentant l'énervement prendre possession de sa personne.
« Mais quel abruti... De tous les personnes riches du pays, il a fallu que vous alliez piller le plus taré de la liste ! »
« Oh ne me dites pas qu'il est allé... » marmonna Watson, apeuré.
« Il a volé Moriarty ! »
« QUOI ? » s'écria Serena qui manqua de s'évanouir, tandis que Angus commença à étrangler son frère.
« Espèce d'inconscient ! A cause de tes conneries, on est dans un pétrin monumental ! »
« ARGH ! Lâche-moi, Gus ! Tu m'empêches de respirer ! » protesta le cambrioleur qui essayait de se débattre. Heureusement pour lui, leur sœur vint à sa rescousse.
« Arrête Angus : ça ne changera pas la situation ! Et puis, si ça se trouve, Jim ne sait pas que Zachary est avec nous ! »
« Je ne compterai pas trop là-dessus, Serena : connaissant le criminel consultant, il a du mettre un traceur dans le boîtier ! »
« J'y ai pensé et avant de venir ici, j'ai vérifié ! Effectivement, il y avait un traceur et je l'ai enlevé ! »
« Bon, au moins, vous n'êtes pas complètement incompétent ! »
« Monsieur Holmes, pour votre information, je suis le meilleur dans mon domaine ! »
« Mais qu'ai-je fait au Bon Dieu pour avoir un frère pareil ? »
« Ne dis pas ça : on dirait Papa ! »
« Bon, on réglera les différends familiaux plus tard : pour l'instant, il faut éviter que Jim ne transforme Zac en chaussures ! »
« Son passe-temps préféré ! » ironisa Sherlock qui se dirigea par la fenêtre pour observer la rue. Au même instant, il vit une berline noire se garer devant la maison. Devinant l'identité du nouveau visiteur nocturne, il se tourna vers les autres.
« Mauvaise nouvelle : je crois que Jim est là ! »
« Qu'est-ce qu'on fait ? » demanda Zachary.
« Va te planquer dans une chambre et n'en sors pas tant qu'on n'aura pas réglé le problème ! » lui ordonna sa sœur. Aussitôt dit, aussitôt fait, le cambrioleur alla se cacher.
« Bien, maintenant préparez-vous psychologiquement à voir arriver Moriarty en mode berserk ! » annonça Sherlock.
« Tu as vraiment l'art et la manière de remonte le moral des troupes ! » soupira John.
Au même instant, on tambourina à la porte.
« SHERLOCK ! OUVRE CETTE PORTE IMMÉDIATEMENT ! » hurla le criminel consultant.
« Baisse d'un ton : on était sensés être discrets ! » gronda Sebastian.
« Pas la peine de crier, grand frère : frapper à la porte aurait suffi largement ! » ajouta Ciaran.
« Tiens, il est venu accompagné ! » fit remarquer Angus.
« J'y vais ! » soupira le détective qui ouvrit la porte pour faire face à un Jim Moriarty très contrarié, un Seb qui se demandait ce qu'il avait fait au Bon Dieu pour avoir un petit ami pareil et Ciaran qui était embarrassé par l'accès de colère de son frère aîné.
« Bonsoir, Jim. Ou devrais-je dire bonjour, vu qu'il est minuit passé ! »
« Rien à cirer : j'ai besoin de ta lanterne ! » déclara son alter ego qui entra dans l'appartement, suivi de Moran et de Ciaran.
« Bonjour tout le monde : vous tombez bien, j'ai besoin de votre aide ! »
« A une heure pareille ? » demanda John.
« Il y a urgence ! »
« Du calme, Jim : ça ne sert à rien de s'énerver... » lui dit gentiment son petit frère.
« Laisse tomber, Cy : il est tellement furax qu'il n'écouterait personne ! » lui dit Sebastian qui passa une main dans ses cheveux, dépité.
Se tournant, il vit Serena et lui adressa son meilleur sourire.
« Tiens, Serena : comment ça va ? »
« Impeccable, à part que ton petit copain a un regard meurtrier ! »
« Rien de personnel, très chère : c'est juste que votre frangin A OSÉ me voler quelque chose qui m'appartient ! » répondit Jim, toujours énervé.
« Et qu'est-ce qui vous prouve que c'est mon frère, le voleur ? » demanda Angus.
« Parce que c'est le seul qui a réussi à ne pas se faire zigouiller par Sebby... pour l'instant ! Et vu sa réputation, je ne doute pas qu'il ait réussi à se tirer sans encombres... »
« D'accord... Mais qu'est-ce qu'il t'a volé exactement ? » demanda Sherlock.
« Il a pris une collection de joyaux que Jim a reçu de la part d'un mafieux, en signe de remerciement pour l'avoir débarrassé d'un adversaire encombrant ! » répondit Ciaran tout de go.
« Tu n'étais pas obligé de tout dire, Cy ! » lui dit Jim.
« Désolé, grand frère ! »
« Ce n'est pas grave... Maintenant, si je suis là, Sherlock, c'est pour que tu m'aides à les retrouver ! »
« Et si je te disais que la seule chose que j'aimerais, c'est de dormir tranquille au lieu de devoir supporter ta voix de crécelle ? »
« Fais gaffe à toi, Sherlock Holmes : le dernier qui m'a parlé sur ce ton là a fini au fond de la Tamise ! »
« Comme j'ai peur ! » ironisa Sherlock.
« Pitié, Sherlock : ne l'énerve pas davantage ! » le suppliait Serena.
« Tu ferais d'écouter ta copine : tu sais très bien qu'il ne faut pas prendre mes menaces à la légère ! »
« Je ne les prends pas à la légère : je sais que tu ne le feras pas, parce que tu as besoin de moi pour ne pas t'ennuyer ! »
Cette remarque fit tiquer Moriarty : même si ça lui arracherait la tronche de l'avouer, il devait reconnaître que le détective consultant marquait un point.
« Admettons que tu ais raison : ça ne règle pas mon problème de joyaux volés ! »
« Ne t'inquiète pas, je vais y travailler en temps et en heure ! »
« Tout de suite ! »
« J'ai mes heures de sommeil à rattraper, moi ! »
« Et moi, des joyaux dans la nature ! »
John, qui sentait le mal de crâne poindre, vit rouge et mit un terme à la dispute.
« VOUS COMMENCEZ À M'EMMERDER AVEC VOS HISTOIRES ! Il est presque une heure du matin : ce n'est pas une heure pour enquêter, Mr Moriarty ! Alors, au pire, repassez à 9 heures ! »
« C'est ce que je n'arrêtais pas de lui dire depuis le départ, mais il n'écoute personne ! » lui dit Sebastian, découragé.
« Sebby, t'es supposé m'aider ! »
« Oui, ben désolé, mais là, ce n'est pas possible : tu te rends compte du scandale que tu fais juste pour une histoire de cailloux brillants ? »
« Des cailloux brillants qui valent plusieurs millions ! »
« Ils sont tout le temps aussi agités ? » demanda Angus à sa sœur.
« J'ai bien peur que oui ! C'est pour ça que je ne laisse jamais Sebastian, Jim, Sherlock et John dans la même pièce : ils seraient bien capables de s'entre-tuer ! »
« Comme je te comprends ! »
Soudain, un léger ronflement interrompit la conversation. Tous se retournèrent vers Ciaran qui s'était installé dans le canapé et dormait à poings fermés.
« Je rêve : il squatte MON canapé ! » s'offusqua Sherlock.
« Oh, Sherlock, ayez un peu de bonté : vous voyez bien que ce garçon est complètement épuisé ! » lui dit Angus.
« En tout cas, il dort comme un loir : on a beau crier depuis toute à l'heure, ça ne le dérange pas le moins du monde ! » constata John qui sourit à la vue du jeune homme endormi.
« En même temps, Jim l'a réveillé en plein milieu de la nuit : tu m'étonnes qu'il soit complètement claqué ! » fit remarquer le détective.
« Laisse mon frère en dehors de tout ça ! Et concentre-toi sur mon problème plutôt ! »
« Qu'est-ce que tu crois que je fais ? Quand bien même ça m'agace plus qu'autre chose, je suis en train de réfléchir à ton histoire de pierres précieuses. Plus vite le problème sera réglé, plus vite tu débarrasseras le plancher ! »
Tandis que le détective et le criminel s'envoyaient des "amabilités", Sebastian s'approcha de Serena.
« Vraiment désolé pour tout ça, mais quand Jim est lancé dans ses délires, impossible de l'arrêter ! »
« Ne t'en fais pas : j'ai le même phénomène ! »
« C'est clair : ce qui me frappe, c'est de voir à quel point lui et Ciaran sont si différents ! »
« Pas sûr que tu aurais supporté une deuxième version de Jim... » sourit malicieusement la jeune femme.
« Tu marques un point ! »
Angus s'approcha d'eux et se joignit à la conversation.
« Vous débattez pur savoir lequel des deux génies est le plus insupportable ? »
« On va dire ça comme ça... Tu te souviens de Sebastian ? »
« Et comment ! Je me rappelle de notre conversation au téléphone quand tu m'as raconté votre aventure en Irlande. Qui l'eut crû ? »
« Comme tu dis, Angus. Oh, merde ! »
« Quoi ? »
« Mon stylo vient de me péter entre les doigts et j'ai de l'encre plein les mains ! »
« Il y a une salle de bains au fond du couloir. Quatrième porte à droite ! »
« Merci ! »
L'ex-colonel se dirigea vers la salle de bains et se lava les mains. Et quand il eut fini, il tendit sa main vers la poignée de porte quand celle-ci tourna et s'ouvrit, faisant apparaître Zachary Huxley. D'abord surpris, Sebastian esquissa un sourire carnassier.
« Tiens donc : comme on se retrouve, Huxley ! »
« Bye Bye ! » glapit le voleur en lui claquant la porte au nez.
Pas décontenancé pour un sou, Moran se lança à la poursuite de Zachary... aboutissant tous les deux dans le salon, à la surprise générale.
« MAIS C'EST QUOI CE CIRQUE ? » hurlèrent Jim et Sherlock.
« Oh la boulette ! » marmonna John, horrifié.
Serena et Angus paniquaient déjà rien qu'en pensant à ce que Sebastian pourrait faire subir à leur frère si il venait à lui mettre la main dessus.
Pendant ce temps, Moran continuait à essayer d'attraper Zachary, mais le voleur était souple et semblait glisser entre les doigts du mercenaire. Dans leur course, ils renversèrent le canapé, réveillant le pauvre Ciaran par la même occasion.
« Hé, mais qu'est-ce qui se passe ? » bredouilla le jeune homme, qui émergeait de son sommeil.
« Il se passe qu'on a trouvé le voleur ! Chope le moi Sebby ! » rugit Moriarty qui se lança aussi dans la course-poursuite.
« Il ne manquait plus que ça ! » gémit Serena.
« Tu reconnaîtras que Zac a l'art et la manière de s'attirer de sacrés ennuis ! » lui dit son frère.
« Je sais... » soupira la profiler.
De son côté, Zachary essayait d'échapper à un criminel consultant enragé et à un mercenaire déterminé. Sautant sur les meubles et se servant du lustre comme balancier, le cambrioleur professionnel esquivait les coups non sans difficulté.
« Rends-moi mes joyaux et j'essayerais de te tuer rapidement ! »
« Sans façon, Jiminy Cricket ! »
« Il cherche vraiment les ennuis ! » soupira Ciaran.
La poursuite tourna court quand Zachary se prit les pieds dans le tapis et s'étala de tout son long. Ce qui profita à Sebastian qui le bloqua.
« Fini de courir ! » s'écria Jim, triomphant.
« Lâche moi les baskets ! » protesta Zachary qui essaya de se défaire de l'emprise du garde du corps de Moriarty, sans succès.
« J'en ai rien à faire que tu sois le frère de Serena : tu vas comprendre que tu as fais une ÉNORME connerie en venant me cambrioler ! »
« Et alors ? Voler un type de votre genre, pour moi c'est rendre service à la communauté ! »
« Mais il se paye ma tête, ma parole ! En parlant de ça... »
Jim se tourna vers les trois locataires du 221B Baker Street et l'avocat qui devenaient livides en voyant le regard meurtrier que leur lança le criminel consultant.
« Vous quatre me devez une explication... Correction : je n'en ai pas besoin ! Vous allez regretter de m'avoir menti ! »
« En même temps, je n'allais pas te laisser massacrer mon frère sans rien faire ! »
« Écoutez Serena, je vous apprécie mais là, faut pas exagérer ! »
« C'EST VOUS QUI EXAGÉREZ, MR MORIARTY ! VOUS VOUS RENDEZ COMPTE QU'IL EST DEUX HEURES DU MATIN ? »
Tous se retournèrent vers Mrs Hudson qui se tenait sur le pas de la porte, en pyjama et robe de chambre, et armée d'un rouleau de pâtisserie.
« Et ben, c'est ce qu'on appelle une entrée fracassante ! » commenta Sebastian.
« Elle commence à me faire peur... » marmonna Ciaran qui alla se planquer derrière Watson.
La logeuse n'impressionna pas Jim pour deux sous qui se tourna vers elle.
« Qu'est-ce qu'il y a, vous ? Vous voulez ma photo ? »
PAF ! Pour toute réponse, il se prit un coup de rouleau sur la tête.
« Surveillez vos manières, jeune homme ! Vous êtes chez moi ici ! »
Elle se tourna vers le reste de l'assemblée.
« Et vous, j'exige que vous m'expliquiez quelle est la raison d'un tel raffut ! »
Serena et John lui firent un rapide résumé de la situation, laissant progressivement la vieille dame pantoise devant un tel déballage. Une fois le récit terminé, elle se pinça l'arête du nez.
« Si j'ai bien compris, Mr Moriarty est venu jusqu'ici avec son petit frère et Monsieur Moran pour récupérer des bijoux que le frère de Serena lui a dérobé. Est-ce que j'ai bon ? »
« Vous avez tout compris, Mrs Hudson ! » lui répondit Angus.
« Oh, si ce n'est que ça... Dans ce cas, on peut régler le problème rapidement ! »
« Que voulez-vous dire ? » demanda Jim qui se frottait le crâne, encore endolori.
« Et bien, par exemple, si Monsieur Zachary vous rend les pierres précieuses, vous n'allez pas lui faire de mal, puisqu'il a réparé son geste ! »
« Un peu trop facile comme façon de s'en sortir ! » ronchonna le criminel consultant.
« Grand frère, je crois que la dame n'a pas trop envie de discuter ce soir... Essayons de faire ça vite, hein ? »
« Voilà de sages paroles... Allons, Zachary : rendez les joyaux à Monsieur Moriarty ! »
« Pour le mal que je me suis donné... » soupira le cambrioleur qui obéit malgré tout et tendit l'écrin à Sebastian.
« Tenez, je vous rends votre bien... »
« On va dire qu'on est quittes ! » lui répondit l'ex-colonel.
« Hein ? Ah non, c'est trop facile : il doit être puni pour ce qu'il a fait ! » protesta Moriarty.
« En comparaison avec ce que tu commets d'habitude, il est plutôt irréprochable ! » ironisa Serena.
« Voilà qui est réglé ! Bon, maintenant, tout le monde au lit ! » ordonna Mrs Hudson.
« Attendez une minute ! » demanda Sherlock.
« Quoi encore ? » soupira John, pressé de retrouver son oreiller.
« J'aimerais savoir pourquoi tu tenais tant à retrouver ces joyaux, Jim... et ce n'est certainement pas que pour l'aspect financier ! »
« Qu'est-ce que ça peut te faire ? » demanda l'intéressé.
« Laisse-moi deviner... Tu voulais les offrir à Sebastian ? C'est ça ? »
« HEIN ? » s'exclamèrent les autres qui se tournèrent vers le mercenaire qui se passa une main sur le visage tout en se demandant pourquoi ce genre de choses n'arrivait qu'à lui.
« Oh ! C'est vrai, Jim ? » demanda innocemment Ciaran.
« Ciaran, sois gentil et n'enfonce pas le clou. Et pour répondre à ta question, Sherlock : non, c'est un moyen de persuasion pour de potentiels clients. Maintenant, si vous voulez bien nous excuser, on va s'en aller. Quant à toi Huxley, si jamais tu oses te repointer chez moi pour venir me voler, t'es mort ! Suis-je clair ? »
« Comme les yeux de Sebastian ! » ricana le cambrioleur.
Le criminel consultant fit comme si il n'avait rien entendu et se dirigea vers la sortie, talonné par Sebastian et Ciaran qui saluèrent leurs hôtes et s'excusèrent pour le dérangement. Une fois les trois hommes partis, Sherlock déclara.
« Seb semblait déçu en entendant Jim dire que les joyaux n'étaient pas pour lui ! »
« Il n'aurait pas été contre un petit cadeau ! » fit remarquer Serena.
« Mais à mon avis, Moriarty n'est pas du genre romantique... » suggéra John.
« Pauvre garçon... Comme il doit être difficile d'avoir un petit ami pareil ! » compatit Mrs Hudson.
« Vous avez raison : il doit être infernal ! » ajouta Zachary, ce qui fit tiquer son frère.
« Ne fais pas trop le malin, toi : pour ta gouverne, tu as failli y laisser ta peau dans cette histoire ! J'espère que la prochaine fois, tu ne te montreras pas aussi imprudent ! »
Pendant ce temps, dans la résidence de Jim Moriarty.
Une fois rentrés chez eux, Jim, Sebastian et Ciaran partirent rejoindre leurs chambres respectives.
Le mercenaire se laissa choir dans son lit et contempla le plafond : cette histoire de joyaux volés l'avait lessivé et il avait hâte de pouvoir dormir. Pourtant, quelque chose venait lui trotter dans la tête : la remarque de Sherlock le taraudait. D'un côté, il ne voyait pas trop quoi faire des joyaux – c'est plus un truc à offrir à une femme – mais de l'autre, il aurait bien aimé que Jim lui fasse un cadeau en lui offrant au moins une des pierres précieuses.
L'ex-colonel soupira, se faisant une raison : jamais Jim ne se montrerait romantique, ça ne lui ressemblait pas...
Ses pensées furent interrompues par l'arrivée de son amant dans leur lit.
« Alors Sebby, on est dans la lune ? »
« On va dire ça comme ça. J'essayais de m'endormir et tu viens de ruiner tous mes efforts ! »
« Pauvre petit tigre ! » ironisa Jim.
« Toujours aussi attentionné ! » répondit Sebastian d'un ton sec.
Ce qui ne manqua pas d'intriguer Moriarty : jamais son Tigre ne lui avait parlé de la sorte. Ce qui voulait dire qu'il était contrarié...
« Qu'est-ce qui se passe, Seb ? Tu es fâché ? »
« Non ! »
Levant les yeux au ciel, le criminel consultant se rapprocha de son garde du corps.
« Ne me mens pas Sebastian : je te connais assez pour savoir quand ça ne va pas. Alors autant crever l'abcès tout de suite ! »
« Je te dis que je vais bien : je suis juste crevé et j'ai besoin de dormir ! »
Cette réponse ne persuada pas Jim qui se mit à réfléchir : qu'est-ce qu'il avait pu faire ou dire pour mettre Seb dans une telle mauvaise humeur ? Soudain, la réponse lui traversa l'esprit. Il se tourna vers son petit ami qui essayait de trouver le sommeil : il avait les sourcils froncés et semblait avoir du mal à s'endormir.
S'allongeant près de Sebastian, Jim murmura
« Tu sais, Seb, j'ai vérifié la boîte toute à l'heure... »
« Et alors ? »
« Il en manque une ! »
Intrigué, le mercenaire se tourna vers le criminel consultant.
« Tu es sûr ? »
« Tout à fait sûr ! »
« Pff ! Il n'a vraiment aucune parole, le Huxley ! » lâcha Seb qui se massait les tempes.
Soudain, un éclat attira son regard. Baissant les yeux, il vit que Jim tenait entre ses doigts une chevalière en or, surmontée d'un rubis rouge sang. Regardant de plus près, le mercenaire vit que le rubis était maintenu par un tigre à la gueule ouverte et que, sur la pierre précieuse elle-même, était dessiné en fils d'or des armoiries : un tigre allongé sur un trône et coiffé d'une couronne. Au dessus du tigre était inscrit une devise : Toujours vaillant, jamais dompté.
Retournant son attention vers le criminel consultant, l'ex-colonel demanda avec malice.
« Tu vas me dire que tu as retrouvé le joyau manquant ? »
« Oui... En fait, il n'a jamais vraiment disparu ! Juste après avoir reçu tout ce beau paquet, j'ai choisi le plus beau joyau et je l'ai fait arranger par un bijoutier. Et puis, je me suis souvenu de la fois où ton père t'a privé de la chevalière familiale des Moran qui se transmettait de père en fils. Donc, je me suis dit que, puisque tu as changé de vie, autant avoir ton propre emblème ! »
Avant que Sebastian n'ait le temps de dire quoi que ce soit, Jim glissa l'anneau sur l'annulaire gauche de son amant. Le mercenaire resta muet : et dire qu'il pensait cinq minutes auparavant que son petit ami n'était pas le champion des démonstrations de tendresse...
Souriant avec malice, l'ex-colonel se tourna vers le criminel consultant.
« Et c'est pour une occasion particulière ? »
Jim sourit de manière gênée.
« A la base, c'était un cadeau pour marquer le coup : tu te rends compte que ça fait 5 ans que je te connais ? Et puis, on va dire que c'est ma façon de m'excuser pour toutes les fois – y compris ce soir – où tu as du me supporter ! »
« Excuses acceptées... Tu es bien le seul qui a voulu de moi, alors je ne vais pas me plaindre ! »
« Brave Tigre ! » sourit Jim avant de plaquer ses lèvres contre celle de son amant. Ce dernier ne bouda pas son plaisir et répondit avec autant d'ardeur au baiser offert. Bientôt, une autre ardeur s'empara d'eux et les caresses se firent de plus en plus entreprenantes jusqu'au point de non retour...
Heureusement pour Ciaran, il avait des boules Quies sous la main et put passer une nuit tranquille sans être dérangé... jusqu'au lever du jour.
En toute circonstance, il faut rester prudent !
FIN
Merci d'avoir lu cette histoire courte : j'espère qu'elle vous aura plu et n'hésitez pas à lâcher vos commentaires !
J'essayerais de revenir avec une autre fiction Sherlock, mais comme j'ai beaucoup de boulot, ça va être un peu compliqué, mais je ferais de mon mieux !
A la prochaine fois !
Bisous 😘💖💝
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro