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3. Beth

— Je crois que ça te ferait du bien si tu passais la soirée avec eux. 

Accoudée au balcon de l'appartement de Jérémy, j'observe le soleil se coucher sur la ville. Il n'y a pas beaucoup d'endroits où je me sente à ma place, mais dès que Matt et lui sont là, j'ai l'impression que mon monde tourne à peu près rond. Ils sont les bouées auxquelles je me raccroche quand tout va mal, que mes mauvaises habitudes reprennent le dessus. Il ne manque que deux personnes à ce tableau pour qu'il soit parfait, mais l'une d'entre elles est six pieds sous terre, alors que l'autre a disparu des écrans radars depuis des années. 

— Tu m'écoutes ? 

Oui, mais je n'ai pas envie de répondre. Je sais ce qu'il attend de moi, et c'est non. Je refuse de passer cette soirée avec Ash, Logan et toute leur bande. J'ai passé un agréable moment en début de semaine avec eux, malgré la présence et mon échange plus qu'étrange avec Riley. Mais de là à fêter Thanksgiving avec eux... c'est un peu abusé ! Je sais ce que Jérémy cherche à faire. Chaque année, à la même date, c'est le même rituel. On va courir ensemble après notre journée de boulot, puis on va faire des courses pour le repas du soir qu'il passe avec ses parents et Matt, quand il est là. Quant à moi, je m'isole du monde entier. Je déserte totalement les réseaux sociaux, coupe mon téléphone pour ignorer tous les messages que l'on m'envoie. Je me rends sur la tombe de ma mère, sur celle de Dylan, je leur raconte ce que je deviens et le bordel qu'est ma vie depuis qu'ils n'en font plus partie. Puis je retourne chez moi et broie du noir toute la soirée. Les années ont beau passer, certaines cicatrices ne se referment jamais. Les miennes sont béantes et malgré le baume que Jérémy et Matt s'appliquent à mettre dessus, elles font toujours aussi mal. 

— Beth...La voix de mon meilleur ami résonne à côté de moi, mais je refuse encore obstinément de lui accorder mon attention. Enveloppée dans un ample sweat, couleur anthracite, que je lui ai piqué, je regarde ma respiration former de petits nuages dans l'air. Les températures ont baissé, l'hiver sera là d'ici quelques semaines. Et avec lui, tout le cérémonial de chaque fin d'année. Je me détache du paysage et me tourne vers Jérémy. Vous avez déjà vu Stephen Amell ? L'acteur qui incarne Arrow dans la série télé du même nom... Eh bien, Jérémy lui ressemble pratiquement ! Excepté pour la couleur des yeux. De quoi faire languir toutes les femmes. 

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? me demande-t-il en plissant les paupières. 

— Puisque tu ne comprends pas quand j'utilise des mots, j'essaie de te convaincre par la pensée. 

— De me convaincre de quoi ? 

— De lâcher l'affaire, expliquè-je en retournant à l'intérieur de l'appartement. 

J'entends qu'il me suit et referme la baie vitrée. Je m'avance vers le salon et m'effondre sur le canapé avant de saisir mon portable. Je rédige un message à Matt quand Jérémy vient se planter devant moi et s'empare de mon téléphone. 

— Eh ! m'exclamè-je. 

— Ne crois pas que tu vas échapper à cette discussion. 

— On a la même tous les ans et au final j'ai toujours le dernier mot, alors laisse tomber, déclarè-je en croisant les bras sur ma poitrine. 

— Tu vas envoyer un texto à Logan ou à Ash, peu importe, mais tu vas leur dire que tu feras Thanksgiving avec eux. 

— Non ! 

— Si ! 

— Hors de question ! Tu sais ce que cette journée représente pour moi ! Je n'ai pas envie de la passer avec des gens que... 

— Que quoi ? Que tu connais à peine ? Comment veux-tu espérer les connaitre si tu refuses de les voir ? 

— Mais pourquoi tu tiens tant à ce que je m'en fasse des amis ? Je suis une paria je te rappelle. Sans moi, Ash ne se serait pas fait agresser, deux fois ! 

— Rentre-toi ça dans le crâne une bonne fois pour toutes... Avec ou sans ton aide, Aaron aurait fini par remarquer quelque chose. Tu as juste fait en sorte que les évènements aillent plus vite. 

Je lève les yeux vers lui, piquée au vif par sa réflexion. 

 — Je te remercie de retourner le couteau dans la plaie... marmonnè-je. 

Jérémy laisse échapper un soupir et s'assoit à côté de moi sur le canapé. 

— Ce que j'essaie de te dire, c'est qu'Aaron serait quand même passé à l'action, que tu lui donnes des infos ou non. Alors, arrête de culpabiliser. Je croyais que Logan et Mason t'avaient dit qu'ils ne t'en voulaient pas ? 

— C'est le cas... et c'est précisément ce qui me met mal à l'aise. Comment est-ce qu'ils peuvent me pardonner aussi facilement ? 

— On fait tous de mauvais choix, Beth. Ils ne vont pas te blâmer pour ça. 

Je me renfrogne, toujours pas convaincue. Du coin de l'œil, je vois Jérémy pianoter sur l'écran de mon portable et je fronce les sourcils. 

— Tu fais quoi, là ? questionnè-je sur la défensive. 

— J'envoie un texto à Logan pour lui dire que tu seras bien à ce diner dans une semaine, me répond-il sans lever les yeux vers moi. 

— Même pas en rêve ! Rends-moi ça ! criè-je en me jetant sur lui. 

— Trop tard ! ricane-t-il en me lançant mon téléphone. 

Je le réceptionne de justesse et vérifie aussitôt mes messages. Je relève la tête vers lui et le foudroie du regard. 

— Non, mais t'es dingue ou quoi ?! De quel droit tu te mêles de ma vie ? 

— Il est temps que tu t'ouvres à d'autres personnes, Beth. Matt et moi, on ne sera pas toujours là pour te rattraper quand tu t'effondreras. Et crois-moi, je connais suffisamment Logan et sa bande pour savoir qu'ils ne laissent tomber personne. Tu gagnerais beaucoup à devenir amie avec eux, m'explique Jérémy d'un ton très sérieux. 

Ma colère fond aussitôt comme neige au soleil. Il a parfaitement raison. Matt part de plus en plus souvent en tournée ; il est de moins en moins présent malgré ses appels et ses textos. Quant à Jérémy... j'ignore ce qu'il envisage pour son futur, mais cela serait égoïste de ma part de l'empêcher d'avancer sous prétexte que je ne suis pas capable d'en faire autant. J'ai l'impression d'être en pilotage automatique depuis une éternité. Ce n'est pas la première fois que mon ami me tient ce discours, pourtant cette fois, il m'atteint d'une manière différente. 

— Tu as suffisamment souffert dans ta vie, Beth. Tu mérites d'être entourée de personnes qui sauront t'apprécier pour celle que tu es réellement et non pas pour celle que tu essayais d'être. 

— Comment ça ? 

— Les fringues de luxe, les airs que tu te donnais, ton maquillage... tout ça, c'était des artifices. Celle que j'ai sous les yeux aujourd'hui, ça, c'est toi. 

Je déglutis péniblement et détourne le regard, bouleversée. Je sens les larmes monter, mais je les refoule, je ne veux pas que Jérémy me voie pleurer. Je ne veux pas qu'il se rende compte à quel point ses mots m'émeuvent. Il se rapproche de moi et je me décale par réflexe. Je serre les dents en constatant que les dégâts d'Aaron sont plus importants que je ne le pensais. J'ai même peur que mon ami me touche. Pourtant, j'aurais tellement besoin qu'il me prenne dans ses bras.

J'évite de le regarder, car je redoute de lire de la pitié dans ses yeux noisette et je ne le supporterais pas. Je me redresse et contourne le canapé avant de récupérer mon sac sur le comptoir de la cuisine. Jérémy se lève et me rejoint dans l'entrée. 

— Je suis désolé, je n'aurais pas dû être aussi dur. Je m'inquiète pour toi, c'est tout, dit-il doucement. 

— Je sais. Je ne t'en veux pas, ne t'en fais pas. Écoute, il faut que j'y aille, annoncè-je nerveusement. 

— Tu me promets de réfléchir pour Thanksgiving ? me demande-t-il en ouvrant la porte. 

— Si je ne le fais pas, tu vas tout répéter à Matt ? Il sourit, amusé. 

— C'est possible.

— À deux contre un, le combat est inégal.

— Si tu n'étais pas aussi tête de mule, on n'aurait pas besoin de te pousser à ce point, fait-il remarquer.

— Si je n'étais pas aussi tête de mule, toi et moi on ne serait pas amis, répliquè-je en lui adressant un clin d'œil avant de m'éloigner vers l'ascenseur. 

Je l'entends rire puis refermer la porte. Quand j'arrive dans la rue, je me saisis de mon portable pour appeler Matt. J'ai besoin de lui parler, et, si possible, avant que Jérémy ne le fasse. Allez savoir ce qu'il pourrait lui raconter. Les sonneries s'enchainent et je lève les yeux au ciel, exaspérée. Deux possibilités ; soit il dort encore, ce qui serait logique vu qu'il avait un concert hier soir, soit il est avec une fille. Troisième hypothèse, et peut-être la plus probable ; il dort encore et avec une fille. Je tombe deux fois sur son répondeur avant qu'il ne se décide enfin à décrocher.— Je te manque à ce point-là ? 

— Je peux savoir ce que tu faisais ?

— T'es certaine que c'est ce que tu veux ? raille-t-il.

— Après réflexion, non merci.

— J'étais sorti courir, j'avais oublié mon portable. Je viens tout juste de rentrer, m'explique-t-il.

— Comment s'est passé votre concert, hier ? demandè-je en me dirigeant vers mon immeuble. Jérémy et moi habitons à trois rues l'un de l'autre.

— Plutôt pas mal, mais je dois reconnaitre que je fatigue un peu. Le rythme est assez soutenu. 

Une angoisse sourde refait surface à cette déclaration. 

— Matt, est-ce que... commencè-je.

— Ça va, Beth. Tout ça c'est derrière moi, tu le sais, me rassure-t-il. 

Je pousse un soupir de soulagement. 

— Désolée.

— Pas de problème. Si tu me disais plutôt pourquoi tu m'appelles ? 

Je réfléchis un instant en observant le feu pour les piétons passer au rouge sur le trottoir d'en face. Je m'arrête et attends qu'il redevienne vert pour traverser. Matt doit sentir mon hésitation, car il reprend : 

— Je sais que la date approche... C'est ça qui te préoccupe ? 

Ma gorge se serre sous l'effet de l'émotion. 

— Entre autres choses... lâchè-je sans lui apporter plus de précision.

— Je vois. De quoi il s'agit, alors ? me demande-t-il tout à coup très sérieux. 

Je souffle, agacée.

— Ash et Logan m'ont invitée à venir fêter Thanksgiving avec eux. 

Le feu à nouveau au vert, je m'engage sur le passage piéton pour regagner mon appartement.

— Où est le problème ?

— Tu sais très bien que je ne veux être avec personne ce jour-là, Matt.

— Oui, je suis au courant, mais je pense aussi que ça pourrait te faire du bien, après les derniers évènements, d'être entourée et de ne pas rester seule.

— Matt...

— Rien ne t'empêche de faire ce que tu as à faire ; d'aller voir ta mère, Dylan... et d'aller à cette soirée ensuite.

— Je ne sais pas...

— Je ne vais pas te forcer à t'y rendre si tu n'en as pas envie, je te donne simplement mon avis parce que tu m'as appelé pour ça. Demande-toi ce que ferait Dylan à ta place.

Je me fige devant l'entrée de mon immeuble. C'est la première fois que Matt utilise cet argument et je dois dire que ça fait mal... très mal. Pourtant, il n'a pas tort et je sais parfaitement ce que ferait Dylan si les rôles étaient inversés.

— Merci, Matt.

— Tu sais que je serai toujours là pour toi. Je souris et pénètre dans le bâtiment.

— Oui, je sais. Mais, je crois qu'il est temps pour moi de couper le cordon, expliquè-je en appuyant sur le bouton de l'ascenseur.

— Tu vas me faire pleurer si tu continues.

— Je dois te laisser. Merci d'avoir répondu présent cette fois encore, ça m'a fait du bien de t'entendre.

— Prends soin de toi, Beth.

— Toi aussi. Tu me manques.

— On se revoit bientôt.

Je raccroche et pénètre dans la cabine. Lorsque j'arrive devant mon appartement, une drôle d'odeur me parvient. Je fronce les sourcils et pousse la porte prudemment. Eddie s'est encore essayé à la cuisine... autrement dit... c'est un fiasco total. Je retire mes baskets, dépose mon sac et me tourne vers le comptoir. Je m'attendais à y trouver une montagne de vaisselle sale, mais tout est immaculé. Perplexe, je parcours la pièce des yeux à la recherche de ma colocataire qui déboule tout à coup devant moi. Je sursaute en la voyant arriver.

— Bon sang ! Mais t'es dingue ! Tu m'as foutu la trouille, Eddie !

— Ça va, détends-toi, ce n'est pas comme si j'étais la seule autre personne à vivre ici.

— C'est quoi cette odeur ? T'as fait bouillir un rat mort ou quoi ?

— Très drôle ! Je pensais te faire plaisir en te préparant à manger, mais je me suis royalement manqué, avoue-t-elle sans la moindre honte. 

C'est ce qui me plait le plus chez cette fille, elle n'a aucune gêne et dit tout ce qui lui passe par la tête sans aucun filtre.

— Ouais... eh bien tiens-t'en à l'écriture et laisse-moi m'occuper des repas, tu veux ? déclarè-je en me dirigeant vers le frigo.

Je l'ouvre et inspecte son contenu avant d'en sortir de quoi préparer un plat meilleur que celui qui git certainement au fond du vide-ordure. Eddie est retournée au salon se réinstaller devant son ordinateur. Je commence par me laver les mains puis j'entreprends de nettoyer les légumes. Je suis en train de les couper en lamelles lorsque mon portable vibre sur le plan de travail. Je lève les yeux au ciel ; j'ai l'impression que ces derniers temps ce truc sonne sans arrêt. 

Ash : 

Je suis contente que tu acceptes de venir pour Thanksgiving. 

Cette fois, c'est Jérémy que je maudis intérieurement. Dans quoi est-ce qu'il m'a embarquée ? Ce n'est pas de passer la soirée avec Logan, Ash et les autres qui me préoccupe, c'est que Riley sera là, lui aussi. Je sais que je dois me racheter pour mon comportement, le seul problème est que je ne suis pas du tout à l'aise en présence de Riley. Ce soir-là, quand j'ai décidé de leur raconter toute la vérité sur cette histoire, il y avait une telle colère dans ses yeux que cela m'a fait peur. Je me sentais déjà minable après ce que j'avais fait, alors voir la haine que je lui inspirais a été le plus dur à encaisser. Non pas que l'intérêt qu'il me porte est une quelconque importance, mais c'est simplement que je me suis retrouvée des années en arrière, et que j'ai compris que j'avais réellement merdé. Il y avait la même colère dans son regard que dans celui de Dylan le soir de notre accident. Ce constat m'a explosée en pleine face. J'ai dû réprimer mes larmes et faire comme si les paroles de Riley ne m'atteignaient pas alors qu'elles ne faisaient qu'enfoncer un peu plus profondément une lame dans des blessures déjà béantes. Je ne lui en veux pas de s'être montré odieux, il ne sait rien de moi et n'a aucune idée de ce que j'ai vécu et puis, je ne suis pas aveugle. Le lien qui existe entre lui et Ash est similaire à celui que je partage avec Matt et Jérémy. Je comprends parfaitement qu'il n'ait pas été des plus agréables en apprenant la vérité. J'ai mis sa meilleure amie en danger et je crois que j'aurais réagi de la même façon à sa place.

— Tu nous prépares quoi, Beth ?

La voix d'Eddie me tire de mes pensées. Je secoue la tête pour chasser mes inquiétudes et reporte mon attention sur ce que j'ai sorti du frigo. Certes, je suis américaine, mais j'ai une passion pour la cuisine étrangère. Je ne déteste pas la nourriture de mon pays, mais je ne raffole pas des burgers, des pizzas, des hot dogsetc... Je ne dis pas qu'il n'y a que ça, mais soyons honnêtes, c'est clairement l'image que les autres ont de nous.

— Tu peux arrêter de te perdre dans tes pensées et me répondre ? s'impatiente Eddie.

— Excuse-moi. Une salade orientale, ça te convient ? lui demandè-je en commençant à m'activer.

— Carrément ! s'exclame-t-elle en bondissant sur ses pieds pour venir me rejoindre dans la cuisine. 

Elle s'assoit sur un tabouret en face de moi et m'observe à travers ses longs cils noirs.

— Tu as l'intention de m'aider ou pas ?

— Surement pas ! Je risquerais de faire un nouveau massacre et ça ne serait pas juste envers ces pauvres légumes.

— Alors tu vas rester là à me regarder pendant trente minutes ?

— C'est le temps qu'il te faut pour préparer à manger ? 

— Eddie, je fais une salade, tu crois que ça va me prendre combien de temps ? Trois heures ?

— Tu vas aller à ce repas de Thanksgiving ? me questionne-t-elle tout à coup. 

J'arrête de couper la patate douce qui repose sur la planche devant moi et lève les yeux au ciel. 

— Comment es-tu au courant de ça ? 

Elle me sourit de toutes ses dents et un instant j'ai l'impression de voir le chat dans Alice aux Pays des Merveilles. Cette meuf est flippante quand elle s'y met. 

— J'ai donné mon numéro aux filles l'autre soir, et Ash avait peur que tu te défiles, m'explique-t-elle.

— Vous avez l'intention de vous liguer contre moi ?

— Dois-je comprendre que Jérémy et Matt t'ont, eux aussi, fait la morale ? Je me retourne pour déposer les morceaux de pommes de terre sur une plaque de cuisson, puis réitère l'opération avec l'aubergine.

— Jérémy m'a effectivement fait la leçon, et c'est même lui qui a envoyé ma réponse à Logan. J'ai appelé Matt parce que j'avais besoin qu'il me donne son avis.

— Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?

— Qu'il serait temps que je commence à voir d'autres gens, marmonnè-je en m'acharnant sur le légume.

— Je suis d'accord avec lui, avoue-t-elle d'un hochement de tête.

Surprise, je relève les yeux vers elle et hausse un sourcil. 

— Ça serait bien la première fois que Matt et toi êtes d'accord sur quelque chose.

— Bah c'est vrai que l'on n'a absolument rien en commun, mais en ce qui te concerne, on partage le même avis.

— Et c'est exactement ce qui m'inquiète. Jérémy et lui sont déjà suffisamment sur mon dos, je n'ai pas besoin que tu t'y mettes aussi.

— J'ai seulement dit que j'étais d'accord avec lui. Après, ce que tu décides de faire ou non, ça te regarde, déclare-t-elle en levant les mains devant elle en signe d'apaisement.

— Je vais y aller, lâchè-je après un moment de silence. C'est juste que...

— Oui, je sais. Pourquoi il te met aussi mal à l'aise ?

Je me détourne à nouveau pour déposer les cubes d'aubergine sur la même plaque que les pommes de terre, puis j'y ajoute les morceaux de chou rouge, et l'ognon. Je répartis correctement le tout et place ensuite le plat au four avant de commencer à découper le fromage.

— Quand je fréquentais Logan, il m'arrivait de croiser Riley. Le courant n'est jamais passé entre nous. Aujourd'hui, je comprends pourquoi. Si tu n'as rien en commun avec Matt, je n'ai rien en commun non plus avec lui. Ce mec transpire la joie, la bonne humeur, et l'assurance par tous les pores de sa peau, alors que moi je traine des squelettes dans mon placard depuis mon adolescence. Pendant des années, j'ai porté un masque. J'ai fait croire aux gens que j'étais une autre personne, que j'étais une femme forte, confiante et sure d'elle, sauf que je n'ai absolument aucune de ces qualités. Riley, lui, les a toutes et ça me rend dingue parce qu'avec tout ce que j'ai vécu je n'ai pas même droit à un centième de son bonheur. Ma vie à moi est un fiasco total, tandis que la sienne est parfaite. Il a ce que j'ai toujours voulu et que visiblement, je n'aurais jamais.

— Et de quoi s'agit-il ?

— D'une vie normale. Je suis incapable de me retrouver dans la même pièce que lui sans ressentir cette... jalousie. Tout lui réussit, Eddie, et ça me rend dingue parce qu'en ce qui me concerne, chaque fois que j'entreprends quelque chose, tout s'écroule.

— Je comprends, répond Eddie en se penchant pour poser sa main sur mon bras. Elle se ravise au dernier moment et m'adresse un sourire désolé.

— Ce n'est pas contre toi, tu le sais, avouè-je faiblement.

— Oui, bien sûr, ne t'en fais pas. J'espère seulement que tu pourras, à nouveau, dépasser cette peur d'être touchée. Adieu les parties de jambes en l'air, sinon ! ajoute-t-elle en prenant un ton affolé. 

Eddie a le don pour dédramatiser une situation en un clin d'œil.

— Tu ne penses vraiment qu'à ça, ma parole ! m'exclamè-je en riant.

— Tout le temps ! Le sexe est ma deuxième passion après l'écriture !

— T'es pas croyable ! 

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