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48. Game changer

D'ici peu de temps, quelques dizaines de minutes tout au plus, ceux qui étaient venus pour nous tuer auraient trouvé un moyen de traverser le rideau de fer. Après quoi Jeanne nous avait vues mortes et pour la première fois depuis que je l'avais rencontré, son comportement m'avait profondément déçue.

Cependant, alors qu'à mon tour je venais de céder au plus implacable des découragements, au prix d'un effort qui l'avait fait se redresser comme aurait pu le faire une femme arrivée au terme de sa grossesse, la scientifique était sortie de la pièce de vidéo surveillance. Et en la suivant, j'étais de retour dans la salle de réunion.

- Jeanne, qu'est-ce qu'il se passe ? lui avait alors demandé Maria dont l'image était restée affichée sur le grand écran depuis tout ce temps.

Mais au lieu de lui répondre, l'intéressée était venue s'effondrer sur l'une des chaises avant de prendre une posture proche de la lamentation.

- Ils ont réussi à forcer l'entrée B, avais-je fini par dire à la dirigeante puisque Jeanne ne s'était toujours pas mise à parler. Sauf que Maria m'avait ignoré.

- Jeanne, s'il te plaît, réponds-moi ! Avait-elle alors lancé à la scientifique avant d'ajouter dépitée, mais dit moi quelque chose non de dieux ! Tu ne peux pas baisser les bras. Pas comme ça. Pas maintenant. Il y a forcément quelque chose que tu peux faire pour les arrêter ? Quoi que ce soit.

Mais Jeanne était restée stoïque et les injonctions toutes plus clichées les unes que les autres qu'avait pu lui cracher en suite Maria ne l'avaient pas davantage fait réagir.

- Garde espoir. Fais-toi violence. Pense à nous. Pense à notre bébé parce que si tu ne fais rien, il ne connaîtra jamais sa deuxième maman.

Dans un ultime recours, la dirigeante s'était finalement tournée vers moi et alors que par le passé elle ne m'avait jamais considérée comme une option viable, j'étais soudainement devenue son unique espoir : celui de voir son amie reprendre goût à la vie et sur le moment, je me rappelle que je n'avais pas hésité une seule seconde à lui dire que oui, j'allais tout tenter pour y arriver.

Mais non parce que j'avais pu lire dans le regard de Maria le plus impérial des besoins. Parce qu'à ce stade de là de mon existence, ma propre survie avait dépendu du bon vouloir de Jeanne.

Quoiqu'il en avait été, pour parvenir à mes fins, j'avais tout d'abord demandé à Maria si je pouvais mettre un terme à l'appel tout en lui promettant de la recontacter dès que ce serait possible. Puis, je m'étais lentement dirigé vers l'une des chaises installées autour de la large table de conférence pour m'y asseoir, sauf qu'au lieu de le faire en me mettant à côté de Jeanne, je l'avais fait, mais de façon à me retrouver en face d'elle. À l'autre extrémité du meuble.

Une posture que j'avais vu faire dans de nombreux film policier lorsque l'enquêteur voulait créer un climat de confidence avec un suspect ou avec une victime de meurtre.

- Elle a l'air de vraiment tenir à toi, avais-je commencé par dire à la scientifique avant d'ajouter, je ne savais pas que vous étiez ensemble et que vous alliez avoir un bébé. Vous avez déjà choisi son prénom ?

Mais au lieu de me répondre, Jeanne avait pivoté sur sa chaise de manière à me tourner le dos comme aurait pu le faire une enfant qui s'étant fait gronder se serait mise à bouder.

Malgré toutes mes précautions, ma stratégie de départ avait été un cuisant échec et en un rien de temps, le silence s'était installé entre moi et la scientifique jusqu'à sembler ne plus vouloir s'en aller. Il me fallait trouver une autre approche. Un angle d'attaque grâce auquel les prochains mots que j'allais dire redonneraient à Jeanne l'envie de se battre et je ne pouvais pas croire qu'elle n'en serait pas capable. Pas après tout ce que j'avais appris sur qui elle était vraiment. Pas après tout ce à quoi elle avait survécu.

Maintenant que j'écris tout ça, je me souviens avoir longtemps cherché ce que je pourrais bien lui dire pour la sortir de sa torpeur, sauf que très vite, je m'étais mise à douter de mes propres capacités à le faire et à raison : depuis toujours, je n'avais jamais été doué pour les relations humaines. Pire, j'avais été nulle, car elles me rebutaient en conséquence de quoi j'avais passé le plus clair de mon temps à les fuir comme la peste en me cachant derrière ma caméra.

Cependant et à ma grande surprise, une idée m'était soudain venue et je n'avais pas eu besoin d'aller la chercher bien loin, puisque tout ce qu'il me fallait faire, c'était de puiser dans les savoirs que m'avait inculqués mon domaine de prédilection : le cinéma.

Bien avant que ce moment n'arrive, dans la clameur du Meatlab j'en avais déjà eu la certitude, mais comme tous les méchants de film qui avaient fait leur repentance, Jeanne avait dû vivre une situation qui l'avait forcée à se réinventer pour le bien commun. J'avais alors espéré qu'en la faisant évoquer cet élément déclencheur. Cette séquence traumatique, la puissance de l'engagement qui avait provoqué en elle ce changement lui donnerait encore une fois un second souffle.

Plus sûre de moi que jamais je ne l'avais été par le passé, je lui avais alors demandé.

- Tu m'as déjà expliqué pourquoi tu avais choisi de faire de l'agriculture cellulaire, mais tu ne m'as pas dit comment tu en étais arrivé à stopper tout le reste. Est-ce que tu veux bien me le raconter, s'il te plaît ?

À la simple évocation de cette vie d'avant, Jeanne avait soudain changé de posture sur sa chaise et après qu'elle se soit légèrement tournée vers moi sans pour autant complètement s'ouvrir, elle avait pris une grande inspiration. Lorsqu'elle avait expiré tout aussi longuement, d'une voix proche du murmure, la scientifique s'était mise à me dire sa vérité.

- Je venais de passer les dix dernières années à travailler au Cambodge parce que là-bas les lois sur la génétique sont beaucoup plus permissives que dans le reste du monde et donc j'avais pu y mener toutes les recherches que je voulais. Petit à petit, je m'étais spécialisé dans la viande porcine. Dans ce que certains ont appelé des élevages de monstre, en réalité, des fermes usines où les animaux doivent répondre à tout un cahier des charges qui vise à maximiser leur rentabilité. Les médias locaux les avaient même baptisés les Dwayne Johnson de l'élevage porcin, parce que comme l'acteur, ils étaient bodybuildés.

Quand Jeanne avait eu fini de me raconter cette anecdote, je l'avais soudain vu rire de bon cœur, mais aussi brutalement que ça joie était apparue, la scientifique avait retrouvé toute sa gravité et en descendant sa voix d'une octave elle avait ajouté.

- L'élevage intensif est extrêmement gourmand en ressource. En eau tout d'abord, en nourriture ensuite, mais surtout en terre et là-bas, avec la corruption cela a entraîné une déforestation inouïe. Cette année-là, les pluies avaient été particulièrement diluviennes. Du jamais vue en plus de soixante ans et une coulée de boue a emporté tout un village. Toute une école. Cent soixante-quinze enfants sont morts ce jour-là. Cent soixante-quinze enfants qui avaient tous entre six et dix ans .

En venant essuyer d'un revers de main une larme, Jeanne m'avait confirmé que ce souvenir douloureux n'avait pas simplement été un drame de plus dans sa vie, mais bien un game changer.

Avec un pincement dans la voix, la scientifique avait ensuite dit, venant ainsi mettre un terme à son récit.

- Quand j'ai appris la nouvelle, je me suis surprise à étouffer un sanglot. Il m'aura fallu assister à un tel drame. À une telle catastrophe pour que je prenne enfin conscience que tous ces enfants étaient morts par ma faute et que si je ne faisais rien, ça allait se reproduire encore et encore, mais toujours dans des proportions plus horribles.

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