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46. L'anti-spécisme

La lumière blafarde, le gris de la peinture des murs et l'absence de chauffage m'avaient tout d'abord donné l'impression que je m'étais retrouvée dans une morgue, sauf que ça n'avait pas été le cas.

Sans encore savoir le comment, j'avais rejoint la salle de réunion et j'y étais assise sur l'une de ces chaises au design moderne dont l'ergonomie mal fichue vous laisse après un certain temps passé dessus un sacré mal de dos.

Face à moi, sur la large table ovale de conférence au revêtement en simili bois, j'avais remarqué une tasse en céramique de couleur blanche ainsi que la languette d'un sachet de thé qui pendait au bout d'une ficelle. Et en venant lire l'inscription sur la tasse, Trust My Science/Ayez confiance en ma Science, j'avais ri intérieurement au regard de l'ironie qu'avait pu avoir cette maxime compte tenu de tout ce que j'avais enduré avant que ce moment n'arrive.

Pensant pouvoir me réchauffer, de mes deux mains grand ouvertes comme si j'avais voulu accueillir Dieu lui-même, j'étais venue saisir la tasse, mais elle était froide. D'un froid polaire à tel point, que j'avais de suite compris que l'eau qui s'était trouvée à l'intérieur m'avait été servie des dizaines de minutes dans le passé.

Alors que je m'étais mise à fixer le liquide contenu dans la tasse qui à force d'une trop longue infusion avait pris une couleur peu ragoûtante, à la manière d'une séquence en flash-back de film écrit sans aucun talent, les souvenirs s'étaient subitement précipités dans ma tête. Ce faisant, j'avais pu revoir dans leur chronologie exacte tout ce qui avait eu lieu avant et pendant la mort de Fleur, sauf que de l'après mon esprit n'en avait gardé aucune trace. Ça avait été comme ci durant une période de plusieurs minutes ma conscience s'était éteinte avant de finir par se rallumer d'elle-même.

Cependant, lorsqu'en regardant sur ma gauche j'avais vu que Jeanne se tenait assise à côté de moi, je n'avais eu aucun mal à imaginer ce qu'il était arrivé, car ça ne pouvait être que la scientifique qui après m'avoir aidé à marcher jusqu'à cette pièce, m'avait faite installée sur cette chaise avant de me servir un thé. Depuis cet instant, Jeanne avait dû attendre le moindre soubresaut de ma part. Le plus petit geste qui serait venu lui confirmer que j'étais enfin revenue sur terre.

Je le sais maintenant, mais mon retour à la réalité avait pris le contre-pied de toutes les attentes qu'avait pu avoir l'adulte et à cause : alors que tout lui avait laissé à penser qu'à mon réveil, j'allais à minima me mettre à hurler pour exprimer toute ma rage, ma tristesse et ma révolte, je n'en avais rien fait et dans un murmure, je lui avais simplement raconté une histoire.

- Quand elle avait treize ans, Fleur a fait une tentative de suicide et à l'époque, elle avait justifié son geste en disant qu'elle ne voulait plus vivre dans un monde qui exploitait les animaux pour s'en nourrir.

Soudain devenue incapable de parler, j'avais alors marqué une pause. Non que ce souvenir ait été trop difficile à évoquer, mais parce que j'avais repensé à comment j'avais appris la nouvelle et ça n'avait pas été le jour même. À vrai dire, ça n'avait pas non plus été le lendemain, ou le surlendemain. Ça avait été au retour de Fleur de l'hôpital et encore uniquement, parce que je l'avais questionnée sur son absence de près de deux semaines. Quatorze jours, cinq heures et vingt-deux minutes pour être tout à fait exact.

Et pendant tout ce temps, alors que pourtant nous étions voisines et meilleures amies, ses parents avaient refusé de me dire où elle était allée et ça m'avait fait l'effet d'un crève-cœur. Pire qu'un chagrin d'amour. Une sensation de manque si intense que durant ces quatorze jours, cinq heures et vingt-deux minutes qui m'avaient séparé de mon amie j'en avais pleuré toutes les larmes de mon corps.

- L'été dernier, on avait passé la soirée chez le dealer attitré du lycée. Un sale gosse de riche qui vivait dans une immense baraque perdue en pleine campagne avec piscine, grand jardin, barbecue et tout ça. Fleur et moi, on avait trop bu et on avait fini par partir. Comme ça au beau milieu de la nuit. Après qu'on ait marché pendant longtemps, on s'était assise dans un champ et alors qu'on venait de se mettre à refaire le monde, elle avait fini par se confier à moi. À me dire la véritable raison qui l'avait poussé à faire sa tentative.

Faisant abstraction du fait que Jeanne devait attendre la suite de mon récit d'adolescente, j'avais encore dû marquer une pause, puisque d'avoir repensé à cette soirée m'avait soudain rendu à la fois nostalgique et dépressive.

Fleur et moi étions arrivées ensemble, mais très vite, je l'avais perdue de vue et comme je ne la retrouvais pas, pour faire passer le temps j'avais du me résoudre à participer aux rituels que les jeunes font pour paraître aussi stupide que leur aînée.

Quoiqu'il en avait été, quand j'avais trouvé ma meilleure amie, elle était en pleur, assise dans un coin du grand salon de la maison et en la rejoignant, je m'étais empressée de chercher à comprendre ce qui n'allait pas. Mais au lieu de me le dire, elle m'avait saisi la main avant de la tirer pour que je la suive à l'extérieur.

- Pourquoi est-ce qu'elle pleurait ? Avait fini par me demander Jeanne, ce qui m'avait rappelé que je n'étais pas seule dans la pièce.

- Elle avait revue le garçon sur lequel elle avait eu un crush quand elle avait treize ans, avais-je commencé par répondre à la scientifique avant d'ajouter, le même petit con qui la veille de sa tentative de suicide l'avait rejetée après qu'elle lui ait demandé s'il voulait bien être son petit ami et qui sur le moment n'avait rien trouvé de mieux à faire que d'amuser la galerie en se moquant d'elle. En lui disant qu'elle était trop grosse et trop moche pour qu'ils soient ensemble. Bref, le lendemain, Fleur faisait sa tentative et quand on s'était revue deux semaines plus tard. Qu'innocemment nous avions repris notre amitié à l'endroit exact où nous l'avions laissée, elle était animée par un nouveau truc : l'anti-spécisme. Et elle ne voulait pas simplement arrêter de manger de la viande ou tout autre produit issu de l'exploitation animale. Elle voulait s'engager. Elle voulait participer à des actions commandos. Et quand elle m'en parlait, elle le faisait avec une telle ferveur que sans trop y réfléchir, je l'ai suivie dans son délire. De toute façon, à cette époque, je crois que j'aurais pu la suivre jusqu'au bout du monde si elle me l'avait demandé.

En repensant aux dernières heures qui venaient de s'écouler. À cette expédition clandestine qui avait fini par prendre des allures de cauchemar éveillé, j'avais encore fait une pause dans mon histoire avant de dire à Jeanne.

- Aujourd'hui j'ai suivie mon amie jusque dans la mort et en le faisant, je lui ai fait croire qu'elle avait accompli son devoir. Qu'elle y était restée pour ses convictions anti-spécisme, alors que ça n'avait strictement rien à voir avec ça.

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