
Chapitre 8
Jimin resta un instant muet, incapable de trouver quoi dire. Il mâchonna le morceau de crêpe qu'il avait dans la bouche, le cœur battant à l'idée qu'un silence trop gênant ne s'installe.
« C'est méprisable, hein ? soupira Yoongi qui avait mal interprété ce silence. Alors je ne dis jamais rien, je reste loin des autres de peur qu'ils devinent qui je suis et ce que je cache. N'importe qui haïrait quelqu'un comme moi...
- Non, murmura Jimin, pas moi. »
Il avala son dernier bout de crêpe et remonta son masque avant de se tourner. Sentant ce mouvement, son aîné en fit de même. Face à face, ils échangèrent un regard bref qu'ils trouvèrent pourtant long et chargé d'émotions : Yoongi avait exposé sa plus grande peur, il se sentait faible. Quant à Jimin il était touché qu'à son tour Yoongi lui montre qu'il avait confiance en lui. Tous deux s'éloignaient des autres de crainte d'être méprisés s'ils révélaient qui ils étaient, mais maintenant qu'ils avaient trouvé une personne comme eux, un alter ego, ils se sentaient soulagés.
Yoongi laissa toute la tension de ses muscles s'évanouir dans un profond soupir de soulagement : au moins Jimin ne le haïssait pas. Et ce dernier décida même de lui prouver que, mieux que ça, il l'acceptait. Alors, agenouillé sur la pelouse, il fit un mouvement vers l'avant et enroula les bras autour de sa nuque avant de poser sa joue masquée contre la sienne.
Passé l'étonnement, ce fut le bonheur qui s'empara du jeune garçon. Il sourit, heureux de constater que son cadet l'aimait quand même en dépit de son orientation sexuelle. Il y avait tant de gens que ça aurait fait fuir... Alors il entoura sa taille de ses bras, le serrant avec douceur contre lui pour le remercier silencieusement.
Lorsqu'ils s'écartèrent, Jimin fut touché de voir son ami ému : Yoongi, malgré ses yeux brillants, souriait de façon sincère et il retenait sans le moindre doute ses larmes. Jamais il n'en avait parlé à personne, et là, comme ça, il avouait ça à Jimin. Il savait qu'il avait agi de façon stupide et irréfléchie... pourtant il avait senti que son cadet ne le rejetterait pas s'il se confiait à lui. Jimin était si différent ; mais pas différent physiquement, loin de là. Il était différent dans le sens où sa vision du monde était unique, il se tenait à l'écart des préjugés et se trouvait être, de fait, plus ouvert.
« Tu es le seul à le savoir, murmura Yoongi.
- Ça ne change rien à l'opinion que j'ai de toi, je te le promets.
- Peu importe ce que tu caches, Jimin, tu es quelqu'un de bien et ce n'est pas une peau brûlée qui changera mon opinion à ton sujet. »
Le cadet eut une expression de sincère gratitude et lorsqu'il se releva, il n'hésita pas à tendre la main à son aîné qui la lui saisit, fier de constater que Jimin ne semblait plus avoir honte de sa peau avec lui. Une fois debout, ils allèrent s'installer aux balançoires, chacun prenant celle sur laquelle il avait désormais pour habitude d'élire domicile : Yoongi sur celle de droite, Jimin sur celle de gauche.
Ce dernier resta immobile à fixer ses pieds pendant qu'à côté, il entendait que son ami essayait de se balancer le plus haut possible. Yoongi était quelqu'un d'adorable, parfois un peu enfantin en dépit de ses vingt-et-un ans, mais ça ne le rendait que plus humain. Jimin ne lui trouvait aucun défaut, même à bien y réfléchir il ne savait pas ce que quiconque pourrait trouver à redire à son sujet. Pourtant, l'affection grandissante qu'il éprouvait pour lui n'était toujours pas plus forte que sa crainte du jugement, et malgré le fait qu'il aimerait lui avouer enfin ce que lui aussi portait sur le cœur, il resta muet. Il ne pouvait pas le lui dire, et pas seulement parce qu'il s'inquiétait de son jugement mais aussi parce qu'il avait peur que le regard de son aîné sur lui change et devienne chargé d'inquiétude. Or il aimait cette relation simple qu'ils avaient. Il avait beau savoir que Yoongi serait bien le dernier à agir différemment en apprenant sa maladie, il était incapable de se dire qu'il allait lui avouer son secret.
« Tu sais, dit Yoongi en stoppant sa balançoire doucement, c'est pas parce que je t'ai dit quelque chose que tu dois te sentir obligé d'en faire autant. »
Ce n'était qu'une supposition qu'il faisait là, néanmoins lorsqu'il vit le regard de son cadet se poser sur lui, l'air surpris et soulagé à la fois, il comprit qu'il avait vu juste. Pourtant il n'était absolument pas question pour lui de pousser Jimin à lui faire un aveu, il voulait simplement alléger sa conscience et il avait jugé que c'était le moment idéal.
Jimin devait lui aussi attendre son moment idéal, et même si ça devait être encore long, Yoongi attendrait qu'il ait assez confiance en lui pour lui parler – si d'aventure il voulait un jour lui parler, et si ce n'était pas le cas il respecterait son choix. Jimin trouverait toujours une oreille attentive auprès de lui.
« Je crois que je devrais rentrer, soupira Jimin après avoir tiré son téléphone de sa poche, ma mère vient de revenir du travail et me demande où je suis.
- Et tu ne peux pas simplement lui dire que tu es avec quelqu'un et que tu rentreras plus tard ? l'interrogea Yoongi d'un air étonné.
- Non, je préfère rentrer, je sais qu'elle s'inquiète toujours quand je reste dehors trop longtemps le soir.
- Elle te surprotège ?
- Ça dépend : quand elle m'amène aux urgences pour un rien, oui. Mais tu sais... »
Son ton devint tout à coup plus sombre, mais également plus bas, comme un murmure, quelque chose qu'il avait du mal à avouer :
« Le simple fait qu'elle me laisse sortir et vivre à peu près normalement est déjà énorme, je sais qu'elle prend sur elle, qu'elle voudrait que je reste à la maison et n'en sorte pas. Mais j'ai réussi à la convaincre que je ferais attention. Bon, reprit-il avec un petit sourire, jusque là c'est pas brillant, mais elle sait qu'après m'avoir laissé ma liberté pendant dix-huit ans, elle ne peut plus rien faire contre.
- Tu sais... J'ignore ce que tu as, mais je trouve que ça te rend à la fois vulnérable et pourtant très fort. Tu as l'air fragile, ça se voit que tu essaies de cacher tes faiblesses... mais le fait que tu demeures si naturel et si jovial, ça demande une telle force de caractère que je me sens vraiment admiratif.
- M-Merci, c'est gentil. »
Yoongi était quelqu'un de renfermé, pourtant il n'avait aucun mal à parler de ses émotions en présence de Jimin. C'était comme si son ami avait ce pouvoir de lui permettre de se sentir pleinement à l'aise lorsqu'il était à ses côtés.
« Allez, conclut Jimin, partons. »
L'autre acquiesça et, à peine quelques minutes plus tard, ils étaient devant la maison de Jimin. Ce dernier passa une main dans ses cheveux, attirant une fois de plus le regard de Yoongi sur ses bandages.
« Merci de m'avoir raccompagné, dit le jeune garçon, la connaissant ça va rassurer ma mère.
- Si je peux aider, sourit Yoongi d'un air taquin.
- Tu veux entrer boire un truc ? Ma mère fait elle-même ses jus de fruits, ils sont trop bons.
- Oh, euh... j-je sais pas, je veux pas m'imposer tu sais...
- Yoongi, quand quelqu'un t'invite, accepter ce n'est pas s'imposer, ricana Jimin.
- Dans ce cas, je veux bien. »
Il devait bien admettre qu'il mourait de soif, et un bon jus de fruits fait maison ce n'était pas de refus. Jimin donc s'empressa d'ouvrir la porte. Immédiatement, il entendit des pas dans le salon.
« Jimin, lança sa mère en arrivant, je suis soulagée, j'ai eu peur.
- Je vais bien maman, j'étais juste avec mon ami au parc.
- Je t'ai déjà dit que...
- Je ne suis pas monté sur la balançoire, mentit-il, on s'est contenté de rester assis sur la pelouse.
- Je suis désolée, soupira-t-elle avant de remarquer enfin la présence de Yoongi. Oh, c'est ton ami ? Enchantée, je suis madame Park.
- E-Enchanté, balbutia le jeune garçon, je m'appelle Min Yoongi.
- On s'est payé à mangé mais du coup je meurs de soif, indiqua Jimin, on peut aller dans la cuisine ?
- Oui bien sûr, ne vous dérangez surtout pas.
- Merci maman. »
Avec un entrain que son ami fut soulagé de revoir faire surface, Jimin prit le poignet de Yoongi et l'attira rapidement à la cuisine. Il l'invita à s'installer à la table et sortit deux verres ainsi qu'une bouteille de plastique que sa mère avait réutilisée pour la remplir de jus. Il les servit tous deux et attrapa pour lui-même une paille dans un tiroir.
« Et voilà, c'est prêt ! se sourit-il.
- Tu bois à la paille ?
- C'est le seul moyen pour pas retirer mon masque.
- Ah oui, merde. »
Le cadet sembla amusé de l'air embarrassé de son ami en face duquel il s'installa. Il fit passer la paille sous ce qui le cachait et Yoongi commença à boire en même temps que lui. C'était vraiment bon !
« Vous voulez manger quelque chose ? s'enquit alors la mère de Jimin en passant à la cuisine se servir elle aussi à boire.
- Non merci, répondit poliment Yoongi, je ne compte pas m'éterniser, mes parents m'attendent aussi.
- Pas de problème, les amis de Jimin sont les bienvenus ici, n'hésite pas à passer quand tu en auras envie.
- Merci beaucoup madame. »
Il inclina légèrement la tête en signe de respect, signe que la jeune femme lui rendit en retournant au salon où elle regardait la télévision avec son époux.
« Ça se voit qu'ils t'aiment, sourit Yoongi, tu as vraiment beaucoup de chance.
- Quand tu sais que ton enfant peut partir d'un jour à l'autre, bien sûr que tu le couvres d'amour... »
Cette phrase, Jimin l'avait prononcée si bas que son interlocuteur ne l'entendit pas.
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Je suis trop fière de moi putain : depuis le jour où j'ai décidé de perdre du poids, j'en suis désormais à 10kg de perdus. Maintenant ma balance indique 47,5kg, je suis au comble du bonheur ! T-T
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