Chapitre Cinquante neuf
-"Il ne manquait plus que vous! Êtes-vous satisfaite de détruire notre famille?"
-"Mère!" s'interposa immédiatement Connors d'une voix dure. -"Suffit! Becca n'a rien à voir avec le comportement de Conrad. Vous rejetez votre faute sur la première personne que vous croisez alors que vous êtes vous aussi responsable de la détérioration de la maladie de mon frère!"
-"Il est mon fils!" clama Rosalie me toisant d'un regard mauvais. -"J'ai toujours été là pour lui."
-"Jusqu'à oublier la présence de Connors," assénais-je dépitée par la réaction de leur mère dont le regard glacial me fixait furieux.
-"Comment osez-vous?" s'écria la matriarche de la famille Hades, furieuse. -"Qui êtes-vous pour vous permettre de me donner des conseils sur comment occuper mes enfants?"
-"Si vous croyez sincèrement m'effrayer, c'est inutile, Madame. Je ne vous donne aucun conseil, ce n'est que la stricte vérité. Avez-vous au moins demandé les nouvelles de Connors? Si son épaule lui fait toujours mal?"
Ses mains en poings auraient voulu s'écraser sur ma face alors que je l'avais touché où ça faisait mal. Les yeux de Connors me guettèrent avec intérêt, un léger sourire aux lèvres. Sa mère, au contraire, était proche à m'arracher mes yeux ou bien même me tuer vu l'audace que j'avais pris de lui jeter ses quatre vérités au visage.
-"Conrad va mal," continuais-je cette fois-ci d'une voix plus amène. -"Il a besoin d'aide, d'une aide psychiatrique," persistais-je en me rapprochant de Rosalie. -"Si vous ne faites rien, son état s'empira sans aucune possibilité qu'il soit complètement guéri plus tard."
-"Becca a raison, maman," affirma Connors. -"Que tu le veuilles ou non, Conrad devra retourner se faire soigné."
-"Mais c'est mon fils! Je ne pourrais pas le voir ainsi attaché comme un fou!"
-"Il est en train de le devenir si nous ne faisons rien!" s'énerva Connors. -"Conrad me manque terriblement. Vous avez tendance à l'oublier, mère. Je ne veux que son bonheur. Qu'il aille mieux comme il était autrefois quand nous étions enfants."
-"C'est entièrement de ta faute s'il est devenu ainsi!" déclara Rosalie fixant longuement Connors qui endigua le coup en silence, ne prenant même pas la peine de la contredire ni de se défendre contre les insultes de sa mère. -"J'ai perdu mon fils à cause de toi. Il n'est plus le même. C'est toi qui l'a changé!"
-"Sortez immédiatement de cet appartement," la menaçai-je excédée d'une voix implacable lorsque mes yeux croisèrent ceux de Connors qui se retenaient de ne laisser rien, aucune larme le trahir devant sa mère.
-"Vous n'avez aucun...."
-"Sortez d'ici avant que j'appelle la sécurité de l'immeuble," l'avertis-je d'un calme olympien en lui désignant la porte. -"Maintenant!"
-"Vous n'oserez pas,"
-"Comme vous le voulez," lui dis-je lassée avant de prendre le combiné feignant de composer le numéro de la sécurité qui l'alerta aussitôt.
Le visage aussi blanc qu'un linceul, leur mère me dévisagea tout aussi bien choquée qu'enragée tandis que Connors masquait un sourire dès qu'il comprit que ce fut faux même si ses beaux yeux renfermaient une souffrance que sa mère ne voyait point. D'un pas rapide, me lançant un dernier regard noir, elle s'en alla immédiatement sans même saluer son fils qui alla se servir un verre de whiskey lorsqu'elle fut partie.
-"Peux-tu me dire le numéro de la sécurité, mon ange?" se moqua Connors qui arborait une expression joviale malgré la douleur que lui avait infligé sa mère quelques minutes plus tôt.
Dandinant mes pieds, lui rendant ce même sourire rassurant pour lui témoigner ma présence, je m'approchais de lui secouant imperceptiblement la tête.
-"Je l'ignore moi même, Connors," lui avouais-je me grattant la nuque sous son regard hilare alors qu'au fond de ses prunelles bleutées y régnait cet abime d'être rejeté par sa famille. -"Désolée d'avoir été désagréable avec ta mère, je voulais qu'elle comprenne que Conrad va vraiment mal."
Un triste sourire rehaussa ses lèvres avant d'arrimer ses yeux bleus aux miens, une étincelle au fond de ses iris.
-"Merci alors,"
-"C'est normal," répliquais-je en me rapprochant de lui, reprenant son verre. -"Pas d'alcool," lui rappelais-je, en lui souriant espérant lui remonter le moral mais ma tentative s'échoua lamentablement.
-"Ça fera bientôt quinze ans qu'elle m'a oublié. Je suis là que quand Conrad a disparu ou commet une énième frasque. Ma mère n'a même pas vu que j'étais blessé. Dès qu'elle a franchit mon appartement, la première chose qu'elle m'a demandé s'est, 'Où est mon fils'? Alors je compte pour du beurre pour elle? Je ne suis en aucun cas jaloux de Conrad. Après tout, c'est de ma faute s'il a été interné. Si tu savais à quel point je regrette d'avoir échangé nos noms, se passer pour l'autre. J'aurai tout donner pour retourner en arrière,"
Il secoua sa tête, les poings serrés.
-"Je sais qu'elle me hait. Mère a entièrement raison sur un point; j'ai tué mon frère, du moins cette partie qui était avec nous avant que nous eûmes cette stupide idée de se faire passer pour l'autre."
Tremblant, Connors ferma les yeux ne me montrant point ses larmes qui voulaient couler. Un spasme fut vite remplacé par un reniflement. Lentement, mes mains encerclèrent son torse. Ses bras vinrent m'entourer contre toute attente avec force comme pour ne plus me laisser partir, sa tête, elle, se posant sur la mienne.
-"Les chances sont minces, n'est-ce pas?" éluda Connors dont la prise autour de ma taille se resserra lorsque je nichais ma tête au creux de son torse, me blottissant contre cette masse de muscles qui me firent l'effet d'un bouclier. -"Je ne retrouverai plus mon frère, c'est ça? Avoue le, ma Becca."
-"Rien n'est perdu. Tout est encore possible si Conrad accepte de se faire soigné. Tu retrouveras ton frère, j'en suis sûre. Alors, promet moi une chose, oublie les paroles venimeuses de Rosalie et concentre toi sur la guérison de Conrad. Ta mère a tort. Elle a deux fils qui sont toujours là. De plus, je te le répèterai souvent. Tu n'es pas fautif. Tu ne pensais pas à mal à cette époque. C'est un horrible coup du destin, néanmoins, ne t'avoue pas vaincu quand nous n'avons pas encore tout tenté," lui dis-je prenant son visage en coupe.
-"Nous?" me demanda-t-il perplexe, une larme s'échouant sur sa joue.
Doucement, mon pouce l'essuyais tandis que Connors me fixa incrédule.
-"Quand je dis nous, c'est toi et moi," lui avouais-je nerveusement avant de secouer ma tête. -"Non mais c'était simplement une idée. Si tu ne veux pas, je comprendrai. Après tout, c'est un problème de famille. Je n'ai aucun droit de me mêler dans vos affaires familiales," répliquais-je immédiatement, me détachant de lui, ne sachant nullement pourquoi je lui avais suggéré une telle proposition.
Pourtant, contrairement à ce que je pensais, Connors enserra plus fortement ma taille me collant à lui jusqu'à respirer son parfum boisé à m'enivrer. Se penchant pour atteindre mon visage, il ferma les yeux, parsemant de doux baisers sur mon cou pour ensuite remonter vers mes lèvres.
Le souffle désormais rapide, incapable de prononcer la moindre parole, je me retenais grâce à ses bras robuste pour ne pas défaillir devant un tel regard brulant et étincelant qui colora mes joues de cette couleur qu'il se plaisait à admirer. Le martèlement de son coeur était une symphonie lorsque ma main se posa sur son torse.
-"Sois mon tout, sois à moi et moi à toi," murmura Connors d'une voix méconnaissable, tellement rauque que j'aurais pu gémir. -"C'est ce que tu m'as dit et aujourd'hui, je te le dis à toi, mon ange."
-"Qu'entends-tu par là?" ne pouvais-je m'en empêcher de lui demander.
-"Qu'entendais-tu par cela à l'époque où tu étais dans mon bureau alors que tu ignorais mon prénom mais que nos deux corps ne pouvaient plus se passer de l'un et de l'autre? Que sans nous rendre compte, nos cœurs avaient trouvé cette partie manquante que nous recherchons? Nous nous aimons, c'est l'unique chose que nous avons besoin."
-"Mais j'ignore beaucoup sur toi. Il y a trop de zones d'ombres autour de nous, Connors."
-"Alors apprend à me connaitre," me persuada l'aîné des frères Hades déterminé, sa main tendue vers la mienne pour l'emporter dans son monde, l'exact opposé du mien.
Indécise, je les fixais tour à tour, lui et puis sa main qui me priait de glisser la mienne.
-"Plus de mensonges," lui dis-je fermement.
-"Aucun, mon ange," déclara-t-il avant de finalement me laisser emportée et guidée dans un univers méconnu mais qui pourtant me sembla rassurant lorsque je me noyais dans ses aigues-marines.
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