Alexandra

En arrivant chez Eris,  je pousse la porte d'entrée de la maison d'un geste hésitant. Je sens une tension palpable dans la pièce, comme si l'air était chargé d'électricité. Mes amis sont tous présents, attendant silencieusement mon arrivée.

Shirley, avec un sourire chaleureux, s'approche de moi et me fait signe de venir s'asseoir à côté d'elle. Je m'avance, essayant de cacher mon malaise, et prends place sur le canapé. Je sens les regards inquisiteurs de mes amis posés sur moi, ce qui ne fait qu'accentuer ma nervosité.

Sans perdre de temps, Jason sort son ordinateur portable et demande à tout le monde de se rapprocher pour voir. Mon cœur se met à battre plus rapidement, une boule d'anxiété se formant dans ma poitrine. Pourquoi je ressens tout ça ? Pourquoi cette tension oppressante ? Tout ira bien, je le sais, je le sais ...

Jason lance la vidéo, et nous regardons tous avec attention. Les images montrent ma chambre la nuit précédente. On pouvait me voir me coucher, m'endormir paisiblement, puis rien d'autre. Personne n'était entré dans ma chambre pendant la nuit.

Je sens un soulagement immense m'envahir. Eris avait eu tort depuis le début. Tout ce qu'elle avait dit sur ma mère était faux. J'avais raison de refuser simplement d'y croire. Mais alors, pourquoi j'avais ressenti cette peur intense tout à l'heure ?

Je me tourne vers les autres, un mélange de soulagement et de frustration dans les yeux, et leur demandant d'une voix tremblante s'ils étaient satisfaits. Ils ont presque réussi à me faire peur et douter de ma mère, alors qu'il est évident que rien de tout ça ne pouvait avoir du sens.

- Vous voyez ? dis-je d'une voix ferme. Je vous l'avais bien dit que ma mère ne voulait pas me faire de mal.

Eris essaie de reprendre la parole, voulant me parler de son rêve, mais je l'interromps.

- Nous avons tous vu la vidéo, Eris, je la coupe d'une voix tranchante. Ma mère n'a rien fait. Je ne veux plus en entendre parler.

Eris me regarde, ses yeux emplis d'inquiétude.

- Je m'inquiète juste pour toi, Alex, balbutie-t-elle doucement.

La tristesse envahit mon cœur. Je sais qu'elle se fait du soucis pour moi, mais nous avons tous vu la vidéo, nous avons tous vu la vérité. Ma mère n'avait rien fait. Je ne voulais plus entendre parler de ces rêves. Je prends une profonde inspiration et je la regarde avec des yeux emplis de déception.

- Je pense qu'il vaut mieux que nous prenions nos distances pendant un certain temps, je déclare d'une voix ferme mais brisée. J'ai besoin de digérer tout ça.

Shirley, essayant de calmer les choses, prend la parole.

- Vous n'êtes pas obligées d'en arriver là, me dit-elle doucement.

Je secoue la tête avec tristesse. Je sais au fond de moi-même que c'est la meilleure décision, du moins pour le moment.

- Je suis désolée, Shirley, mais je pense que c'est mieux ainsi, je réponds d'une voix chargée.

Je lance un dernier regard triste à Eris avant de quitter la maison. Alors que je marche dans la rue, les émotions tourbillonnent dans mon esprit tandis que je me perds dans mes pensées.

Pourquoi je me sens si mal alaise alors que toute cette histoire vient d'être résolue ?!

J'avais vraiment besoin de parler à quelqu'un, me confier et j'ai donc décidé d'aller chez Klein. Malheureusement pour moi, il n'y était pas et comme d'habitude, Jana n'avait aucune idée d'où il peut être. Je rentre donc chez moi, le cœur lourd de frustration. Lorsque j'essaie de l'appeler, il ne répond pas. La frustration s'empare de moi tandis que je réalise que c'était une fois de plus le cas. Je me demande bien pourquoi il est si difficile de le joindre et pourquoi il ne semble jamais disponible.

Alors que j'étais encore en train de se demander où il peut bien être, mon téléphone sonne. C'est ma mère qui m'envoie un message pour me dire de la rejoindre au spa habituel dès que j'aurais terminé mes affaires. Je sens un léger sourire se former sur mes lèvres. Le spa est notre endroit de détente préféré, un lieu où nous pouvons nous retrouver et nous relaxer ensemble.

Sans perdre de temps, je me prépare rapidement et me rend au spa. Lorsque j'arrive, ma mère est déjà là, assise dans le hall d'entrée, le visage détendu et souriant. Elle semble ravie de me voir.

- Ah te voilà ! S'exclame ma mère en se levant pour me faire un câlin. Tu vas vite terminé avec Shirley, alors comment s'est passée ta journée ?

Je soupire légèrement et réponds :

- Elle avait besoin que je l'aide sur des histoires du lycée, rien d'intéressant. Je me suis dit que ensuite que ce serait bien d'aller voir Klein, mais comme d'habitude, je n'arrive jamais à le joindre et ça me rend folle.

Ma mère me caresse doucement le bras et me dit

- Les disputes font partie des relations, ma chérie. Aucun couple n'est parfait. Ça passera, ne t'en fais pas.

Je hoche la tête, mais une pointe de déception persiste .

- Je sais, mais j'ai l'impression d'être la seule à faire des efforts dans notre couple. C'est épuisant.

Ma mère me prend la main et me conseille doucement.

- Arrête de penser à lui pour le moment. Nous sommes ici pour nous détendre, pour passer un bon moment ensemble. Laisse ces soucis derrière toi.

Nous nous dirigeons vers les vestiaires pour nous changer et nous préparer pour notre séance. On se retrouve ensuite dans une salle de relaxation, où l'odeur apaisante des huiles essentielles flotte dans l'air. Je me sens immédiatement détendue, laissant mes soucis s'évanouir.

On s'allonge sur des chaises longues confortables et commençons à discuter de tout et de rien, profitant de la tranquillité de l'endroit. Les masseuses arrivent et prodiguent des massages relaxants, apaisant les tensions du corps et de l'esprit.

Au fur et à mesure que les minutes passent, je sens mon stress se dissiper. Je me sens plus légère, plus libre. Les mots de ma mère résonnent dans mon esprit, me rappelant qu'il est important de prendre du recul et de se détendre.

Ça faisait tellement longtemps qu'on avait pas profité d'un moment comme ça toute les deux. J'en avais vraiment besoin après tout ce que j'ai entendu ces derniers jours ...

Après une séance de massage relaxant et une baignade dans les eaux chaudes du jacuzzi, je me sens revigorée. On se prépare à quitter le spa, mais avant de se séparer, ma mère me prévient qu'elle sortira dîner ce soir avec mon père et qu'ils pourraient rentrer tard.

Je me réjouis pour mes parents et leur souhaite une agréable soirée avec un sourire coquin.

- Profitez bien de votre soirée, dis-je. Et ne vous inquiétez pas pour moi, je vais rentrer à la maison en toute sécurité.

Ma mère me caresse le visage avec tendresse et arrangea mes cheveux.

- Je sais ...

On s'échange un dernier regard complice avant de se séparer ...

                                          ***

J'ai à peine fini de manger dans la salle à manger  lorsque je me sens envahie par un sentiment de culpabilité. Les mots durs échangés avec Eris résonnent encore dans ma tête. Je me tourmente en pensant que j'ai peut-être réagi de manière excessive, laissant la colère prendre le dessus. Me sentant seule et perdue, je décide d'appeler Damon.

Je monte rapidement les escaliers jusqu'à ma chambre, me laissant tomber sur mon lit moelleux. Les draps soyeux enveloppent mon corps tandis que je fixe le plafond, réfléchissant à ce qui s'est passé. Les pensées tourbillonnent dans ma tête alors que je  prends mon téléphone pour composer le numéro de Damon. Mais avant que je ne puisse appuyer sur la touche d'appel, la vitre de ma chambre s'ouvre brusquement, provoquant un courant d'air glacial.

Surprise, je me précipite pour refermer la fenêtre, cherchant à chasser la sensation de malaise qui m'envahit. Alors que je me retourne, le regard perdu dans les ombres de la pièce, je crois apercevoir un mouvement furtif. Mon cœur s'emballe dans ma poitrine, mais je m'efforce de me calmer. Je me concentre à nouveau sur mon téléphone, espérant que Damon répondra à mon appel.

Cependant, tandis que j'attends désespérément qu'il décroche, une présence inexplicable se fait sentir derrière moi. Un frisson d'appréhension parcourt mon échine, faisant naître en moi une peur grandissante. Je me retourne brusquement, scrutant l'obscurité de la pièce, mais il n'y a rien, seulement le silence oppressant.

Frustrée et inquiète, je continue d'appuyer frénétiquement sur les touches de mon téléphone, espérant que Damon répondrait enfin. Après une éternité, il décroche enfin et sa voix était empreinte d'inquiétude.

- Salut Alexandra, tout va bien ?

Je veux répondre, mais l'appel se brouille soudainement. Ma voix se perd dans les interférences et l'appel finit par se couper complètement. Une panique indescriptible s'empare de moi alors que je réalise que quelque chose ne va vraiment pas.

Dans un geste de désespoir, je me précipite vers la porte de ma chambre, tentant de la déverrouiller. Mais la porte semble étrangement bloquée, résistant à tous mes efforts. La panique monte en moi alors que je me rends compte que je suis piégée, prise au piège dans ma propre chambre.

Dans un dernier espoir, je saisis la bague que je  porte autour du cou. J'espère rapidement me téléporter à Atlasia. Mais, à sa grande surprise, la bague ne fonctionne pas. La peur me submerge alors que je me rends compte que je suis totalement impuissante. Je reviens à mon téléphone, essayant de joindre Damon, mais il n'y a aucun signal.

Le sentiment d'oppression grandit alors qu'une force invisible me projette violemment contre le mur. La douleur me saisit et tout devient noir alors que je  m'évanouis, plongée dans l'inconscience.

Je me relève péniblement après le violent coup que j'ai reçu. Mon esprit est encore embrumé et na vision légèrement floue. Alors que je tente de me remettre sur pied, j'entends soudain des coups frappés à la porte de ma chambre, suivis d'un bruit sourd, comme si quelqu'un essayait de l'enfoncer. Mon cœur bat la chamade, et l'espoir s'allume en moi lorsque j'entends la voix de Damon.

- Damon ! C'est toi ? je l'appelle d'une voix faible.

- Alex, tu es là !!! pourquoi la porte ne s'ouvre pas ? Me questionne Damon avec inquiétude.

- Oui, Damon, je suis là ! Mais la porte est bloquée, je n'arrive pas à la déverrouiller ! je lui réponds, ma voix trahissant ma détresse.

Soudain, une autre voix familière se fait entendre. C'est Jason, qui demande si je vais bien et si je suis seule. Je suis surprise et soulagée d'entendre sa voix.

- Jason ?! Je suis tellement contente que tu sois là aussi ! Oui, je suis seule, du moins je le crois. Quelque chose d'étrange s'est passé dans ma chambre...dis-je, la confusion se mêlant à mon soulagement.

Sans plus attendre, Damon déclare qu'il va défoncer la porte pour me rejoindre. Je suis à la fois rassurée et heureuse à l'idée de le voir. Je sens une bouffée d'espoir m'envahir. Mais alors que Damon s'apprête à agir, la porte s'ouvre brusquement, comme si elle avait été poussée par une force invisible.

Je suis stupéfaite en voyant non seulement Damon, mais aussi Shirley, Jason, Caroline et Eris se tenir devant moi. Je me sens submergée par un mélange d'étonnement et de soulagement qu'ils soient tous venus pour moi. Damon me prend dans ses bras, me demandant si je vais bien. Incapable de trouver les mots, je hoche simplement la tête.

Caroline, pose un regard interrogateur sur moi avant de me demander.

- Es-tu vraiment Alex ?

Je suis choquée par cette question.

- Mais bien sûr que je suis Alex ! De quoi tu parles ? Je réponds d'une voix tremblante.

Shirley intervient, d'un ton sérieux :

- Ce n'est pas le moment de plaisanter, Caroline.

Caroline poursuit, sa voix empreinte de doute :

- C'est une question légitime, étant donné tout ce qui se passe ces derniers temps. Damon nous a téléphoné, inquiet qu'il t'était arrivé quelque chose et tu as l'air bien.

Je suis abasourdie. Je ne peux pas croire ce que j'entends.

- Ce serait plutôt à moi de poser cette question, tu ne crois pas ?

Je regarde Damon, cherchant du soutien.

- Damon, tu me connais depuis que nous sommes gamins, n'est-ce pas ? Tu sais que c'est moi, n'est-ce pas ?

Damon répond avec assurance

- Oui je sais bien que c'est bien toi, même si je ne sais pas trop à quoi rime cette conversation. Vous devriez toutes les deux vous détendre.

Caroline et moi nous observons un instant avant de toutes les deux hocher la tête ...