Trois
Ereyne et John arrivèrent à Londres au matin d'un onze novembre blanc, la neige était arrivée avec la nuit. Jamais la ville n'avait été aussi sécurisée, tous les croisements étaient balisés, contrôlés par les forces de police et même l'armée par endroit. Buckingham même était devenu une place forte, le palais grouillait de gardes à l'extérieur comme à l'intérieur du château. Le cortège de berlines noires arriva précédé par une demi douzaine de voitures de polices, toutes sirènes allumées, et au moins autant derrière. Au centre du convoi, dans une voiture blindée, l'immortelle et le loup regardaient la foule massée derrière les grilles disposées le long des routes. Si Ereyne semblait tranquille et observait amicalement toutes ces âmes qui rejoindraient bientôt le royaume de son compagnon, John n'était pas aussi calme. L'étroitesse des voitures l'indisposait et plus l'échéance arrivait, plus il se disait que Natalya était folle, ou lui avait-elle menti sur ordre de Zelyan pour tester son allégeance ? "Protège ma femelle", l'ordre avait été plus qu'explicite, il savait pour Natalya, il devait forcément savoir. Et pourtant il les avait laissés partir quelques heures plus tôt.
- Je te demanderais bien de saluer ton Georges pour moi mais je ne l'aime pas. Avait-il dit à sa compagne alors qu'ils attendaient la voiture sur le perron.
- Je lui transmettrai tes salutations avec plaisir. Avait répondu sa douce en ajustant son manteau sur ses épaules.
- Tu es obligée de mettre une robe pareille ? Pas très pratique pour fuir le danger.
Cela n'avait été qu'une preuve supplémentaire pour le loup, la longue robe fourreau noire sobre qu'elle portait l'obligeait à faire des pas mesurés, courir était impossible. Mais Ereyne ne releva pas l'indice dans la phrase, pour elle cela n'était qu'une preuve de la mauvaise foi de son maître.
- Georges a assuré ma sécurité, j'ai sa parole, aucun humain ne tentera quoi que ce soit.
Elle avait paru si sûre d'elle, mais John et très certainement Zelyan savaient que le danger ne viendrait pas de l'Humanité.
- Zelyan a raison.
Ereyne se retourna vers John. Elle était descendue de voiture la première et avait fait un pas vers l'entrée du palais lorsqu'il avait ouvert la bouche.
- Pardon ?
- La robe n'est pas adaptée, pas plus que les chaussures.
Elle n'en cru pas ses oreilles, John, le goujat du Moyen-âge, un monstre sans coeur s'intéressait à sa tenue. La situation était irréelle, il n'y avait pas d'autre mot.
- J'ai quelques millénaires d'expérience en matière de mode et de cérémonies officielles. Et ce sont des escarpins !
Elle repartit sur ces mots et s'en fut à la suite d'un valet qui la mena jusqu'à un petit salon dans lequel l'attendait le roi et quelques autres personnes. John entra juste derrière elle, aux aguets. Son instinct avait mis ses sens en alerte et ne le trompait pas, il repéra facilement les vampires parmi le personnel. Ces abrutis n'étaient vraiment pas discrets, ils ne lâchaient pas Ereyne du regard. Natalya aurait pu mieux choisir ses acolytes.
Le roi et le premier ministre s'étaient levés à leur arrivée et Georges avait chaleureusement accueilli l'immortelle qui le lui rendait bien. Il était convenu que la journée débuterait par une réunion informelle avant les cérémonies de commémoration et le repas en présence d'officiels du royaume. Mais John doutait qu'ils survivent aux quinze prochaines minutes.
- Ma chère Ereyne, j'ai l'honneur de te présenter mon actuel premier ministre.
L'homme d'une soixantaine d'années, un peu maigre, s'inclina brièvement devant elle, Ereyne lui rendit son salut par un large sourire puis ils s'assirent tous trois sur de larges fauteuils dorés à l'or fin. Le salon avait un charme victorien que la jeune femme appréciait beaucoup, le roi le savait et avait choisi la pièce pour cette raison bien précise.
- La situation est préoccupante, c'est pourquoi nous espérons que cette journée sera l'occasion d'avancer sur le chemin de l'entente et de la paix.
- Nous n'avons jamais été en guerre monsieur le premier ministre. Rétorqua Ereyne. Du moins pas de mon vivant. Ajouta t-elle avec un petit sourire. Les hommes se sont toujours faits la guerre entre eux. Cherchez la paix du côté des autres nations.
- Le fait de savoir que nous ne sommes pas la seule espèce intelligente de la planète va certainement jouer en ce sens. Fit remarquer Georges.
- Ne faites pas de nous l'ennemi commun, ce serait une offense à votre intelligence.
Contrairement à ce que John avait prédit, ils discutèrent près d'une demi-heure sans trouble, usant de ces belles paroles propres aux diplomates. Le loup-garou en aurait bien apprécié la subtilité s'il n'avait pas passé son temps à guetter les mouvements de l'ami de Natalya, le secrétaire particulier du roi à qui elle avait promis l'immortalité. Mais il resta tranquille, jusqu'à ce que Georges ordonne que l'on amène du thé. Deux serviteurs l'amenèrent, un humain et un jeune vampire et, tel que l'avait décrit Natalya, l'action commença. Le garde fut assommé par le vampire. Tous les autres se levèrent. Georges ordonna des explications mais son secrétaire le mit en joue et tendit en même temps une arme au vampire qui s'en saisit et cibla Ereyne. L'autre serviteur faisait de même avec le premier ministre.
- Trahison ! S'écria le monarque en dévisageant son secrétaire qui lui sourit et répondit que sa vie valait bien cela.
Ereyne fit face à son assaillant, droite dans sa robe, les bras le long du corps. Elle avança lentement jusqu'à lui sans le quitter du regard.
- Tu comptes me tuer ? Je suis immortelle.
- Je le sais, ma reine.
Sa réponse la frappa comme la foudre, contrairement à John elle n'avait pas su qu'il était vampire.
- Zelyan te tuera pour ça.
- Pour avoir essayer de vous sauver des humains ? Oh non, il me re-
Il ne termina pas sa phrase, Ereyne avait agi avec la rapidité de l'éclair et son silex avait profondément entaillé le bras armé du vampire qui hurla de douleur. Les deux autres comploteurs tournèrent la tête et voulurent aider le blessé mais Georges et le premier ministre engagèrent la lutte. Plusieurs coups partirent, des corps tombèrent à terre. Le vampire s'était repris et avait frappé Ereyne avant de changer l'arme de main mais il ne put faire feu sur elle, John, qui s'était transformé, venait de planter ses crocs dans sa gorge. Le loup de plus de deux mètres au garrot porta ensuite son attention vers les humains, le premier ministre était tombé dans un fauteuil, une balle dans la tête, et Georges à terre baignait dans son sang. Les deux serviteurs pointèrent leurs armes sur lui et tirèrent mais ne purent éviter la mort qui survint brutalement, sous la forme d'un loup sanguinaire. Ereyne, en panique, se précipita vers Georges, lui criant de rester en vie, mais il était inconscient. Tout s'était passé si vite. Des gardes entrèrent et virent leur roi à terre, leur premier ministre mort, Ereyne affolée et un loup dégoulinant de sang. John grogna, ramena ainsi l'attention d'Ereyne sur lui. Elle capta sa volonté, fendit sa robe d'un coup de silex et bondit sur son dos. Les gardes n'eurent pas le temps de les mettre en joue que John prenait son élan et bondissait à travers une large fenêtre, Ereyne accrochée sur lui. Il galopa vers les grilles à pleine vitesse et bondit par-dessus. L'atterrissage fut rude mais il ne s'arrêta pas et continua sa route à travers les rues de la capitale. Il traversa Hyde Park puis s'engouffra sur Gloucester Terrace. La circulation était dense mais il n'en avait cure, il esquiva des voitures en alternant les voies de circulation, insensible aux cris d'effroi d'Ereyne. Ils manquèrent de percuter un taxi, John sauta par-dessus au dernier moment. Partout sur leur passage des cris de surprise et de peur montèrent. Ils eurent bientôt des voitures de police sur leurs traces. John maintint l'allure, il galopa vers le nord, passant par Wembley et le parc de Chilterns. Sa détermination était sans faille mais Ereyne le sentit faiblir, la raison ne fut pas très difficile à découvrir : il perdait du sang, deux balles l'avaient atteint. Une avait traversé son thorax, l'autre son abdomen. Aussi fort soit-il John allait bientôt s'effondrer, il ne tenait que parce qu'il obéissait à Zelyan.
- Allez John ! Ce n'est pas une blessure qui va t'arrêter, tu ne vas pas mourir à cause d'un humain ? !
Elle tapait dans son orgueil pour l'aider mais Ereyne savait qu'il lui fallait des soins, de vrais soins, et ils étaient bien trop loin de Woodcastle. John galopait très vite mais ils avaient encore plus de quatre heures de route, il ne tiendrait pas aussi longtemps. La jeune femme essaya de se transformer en louve, elle pourrait ainsi prendre le relais, mais la panique l'empêchait de se calmer. Et John qui perdait toujours plus de sang. Et ces sirènes incessantes derrière eux. Et ce ciel si noir qui lâchait sur eux une pluie si glaciale qu'elle paraissait être des larmes de glace.
- Maman je t'en supplie aide-moi ! Pitié. Dis-moi quoi faire !
Les larmes coulaient sur ses joues en un intarissable torrent, elle ne voulait pas mourir maintenant, elle ne voulait pas que John meure. Ereyne ne priait plus Dieu depuis longtemps mais Eve avait toujours eu cette aura apaisante, cette chaleur que seule une mère pouvait procurer. Ereyne se tenait prostrée, la tête dans la fourrure du loup, les yeux fermés, et priait encore et encore sa mère de l'aider. Sa mémoire lui renvoya des souvenirs aussi anciens que le monde. Elle se revit enfant aidant Eve à ramasser des miettes sur la table avant de les poser dehors au lieu de les brûler. Elle se remémora sa mère passer une main chaude et douce sur sa cheville endolorie, elle se rappela à quel point ses bras maternels étaient bienfaiteurs.
Sans s'en rendre compte, elle dégagea toute cette douceur de ses mains. Elle mit un moment à se rendre compte qu'elles émettaient une chaleur rassurante, dégageaient une petite lumière scintillante, à la manière des fées. Ereyne ne savait pas comment soigner une blessure, alors elle concentra toute sa volonté pour envoyer de l'énergie au loup, pour lui transmettre sa force. Les loups-garous pouvaient se régénérer seuls, mais pas produire l'effort que John faisait en même temps. Il avait choisi. Et Ereyne choisit de faire l'autre moitié du travail. Il sentit toute sa force se déverser dans ses veines, aller jusqu'aux tréfonds de ses cellules. Cellules qui, stimulées, se dédoublèrent au niveau de ses blessures et les refermèrent. L'énergie revint, il accentua sa vitesse. Il ne parvenait pas à semer leurs poursuivants, ils étaient toujours derrière lui bien qu'il coupe à travers plaines et forêts. Mais néanmoins ils ne tiraient pas, ni eux ni les hélicoptères. Ni John ni Ereyne ne comprenait pourquoi ils n'avaient pas encore fait feu. La réponse leur viendrait à l'approche de Greyhall.
***
Zelyan sut de quoi il retournait lorsqu'il vit dans la plaine manoeuvrer l'armée stationnée non loin. Il sourit et quitta les remparts pour rentrer à l'intérieur du château.
- Ysun !
Son fils le rejoignit bientôt et les deux immortels discutèrent quelques instants. Le vampire montra une grande expression de surprise mais n'eut pas plus de détails, son père partit en bas.
***
Le général Wilson était en poste à Greyhall car il était loin d'être stupide. L'appel urgent en provenance de Londres l'informa de la situation au palais et lui confia une mission capitale : tuer Ereyne et le loup qui allaient arriver. Des troupes les suivaient passivement, afin de protéger la situation. Londres avait judicieusement choisi la plaine de Greyhall comme lieu d'exécution, la destination des fuyards était bien connue, ils n'avaient que cet endroit où aller. Par conséquent Wilson plaça ses troupes sur l'unique route menant au château. Pas fou, il se douta qu'à l'instant où le château le verrait agir, des renforts arriveraient. C'est pourquoi Wilson prévu deux fronts, l'un face, l'autre dos au château. Les blindés et les hommes se placèrent en conséquence et attendirent le début de la bataille.
Elle commença lorsque surgit John, Ereyne sur son dos, à pleine vitesse, au sud de la plaine. Les hommes firent feu une fois qu'ils furent à portée.
- Ah !
Ereyne avait été touchée, une balle lui avait traversé le flanc gauche. John grogna également, touché par plusieurs balles. Il obliqua vers la forêt et s'effondra entre deux arbres. Ereyne se redressa rapidement, hurla de douleur et mit une main au niveau de sa blessure. Elle survivrait mais c'était douloureux. Elle vit des véhicules s'avancer vers eux et empoigna John par la peau du cou comme elle avait vu Zelyan faire et tira de toutes ses forces. Il ne bougea pas, bien trop lourd pour elle.
- Allez John ! Pas maintenant !
Comme prévu par Wilson, le château répliqua sous la forme d'Ysun et de ses descendants. Lui et le plus vieux éclatèrent en deux nuées de chauve-souris qui volèrent en tout sens au milieu des troupes humaines, semant la pagaille. Les plus jeunes ne purent en faire autant, ils ne savaient pas encore le faire. Ysun les avait choisi pour leur connaissance du MOMA, pas pour leur force. Ils étaient à peine plus rapides que des humains, mais ils avaient eux aussi des armes automatiques et savaient s'en servir. En revanche, ce que Wilson n'avait pas prévu, c'était les deux loups-garous descendus de la montagne par un côté, créant un troisième front. Vali et Loki attaquèrent et mordirent tout ce qui passait à portée de mâchoire. Et pendant ce temps, Höd, le troisième loup gardien de la montagne de Woodcastle prenait l'armée à revers. Wilson ne sut plus où donner de la tête. Il avait largement l'ascendant en terme d'effectif et de puissance de feu, mais la pagaille engendrée le faisait douter de la victoire. Pourtant Ysun qui menait l'attaque côté immortels savait qu'il ne gagnerait pas. Zelyan les avait envoyé à la mort sans plus de détails.
- Retiens-les. Avait-il dit avant de le quitter.
Il ne lui avait pas ordonné de gagner la bataille. Le vampire vit au loin John et Ereyne être encerclés mais, aux prises avec des dizaines d'hommes il ne pouvait rien pour eux.
***
Des enfers Zelyan ramena trois choses. Il lâcha la première hors des murs du château. Le chien à trois têtes bondit, traversa la plaine et provoqua un vent de panique au sein de l'armée qui y vit la mort incarnée. Pourtant il les ignora et fonça à toute allure vers sa maîtresse, les trois têtes attaquèrent, mordirent, déchiquetèrent, broyèrent des os de soldats assez courageux pour ne pas fuir. Les autres partirent en courant et Wilson, si brave soit-il ne put le leur reprocher tant la bête était monstrueuse.
La seconde chose fut encore pire que la première. Du haut des remparts, dominant tout le champ de bataille, Zelyan leva un bras vers le ciel. Dans sa main crépitait la foudre de Zeus qui s'envola vers le ciel, créa une tempête comme jamais Greyhall n'en avait connue puis s'abattit avec violence sur les hommes. La foudre jaillissait sans prévenir, avec tant d'éclairs que le tonnerre était un son continu. Aucun rayon du soleil ne traversait le ciel noir mais la lumière était éclatante. Wilson n'eut d'autre choix que d'ordonner le repli alors que Zelyan prenait sa forme sauvage et se joignait à la bataille. L'armée s'enfuit aussi vite qu'elle le put, les trois loups de la montagne les pourchassèrent jusqu'aux limites de la plaine afin de faire place nette tandis que Zelyan et Ysun se précipitaient vers la forêt où John était toujours à terre. Ils reprirent forme humaine et s'approchèrent. Ereyne se jeta dans les bras de Zelyan avant de se détacher et de lui dire qu'elle n'arrivait pas à soigner le loup.
- Tout à l'heure j'ai réussi, je ne sais pas comment, mes mains ont brillé mais je n'y arrive plus ! Il est blessé !
- Ca va toi ? Ereyne acquiesça alors il s'approcha de son fils agonisant et le souleva pour le mettre sur son dos.
- Retourne au château avec le chien. Ysun !
Le vampire approcha pour l'aider mais il le repoussa d'un geste de la main.
- Descends et dis à Caron de se ramener !
- Je ne suis jamais allé en bas, comment le reconnaîtrai-je ?
C'était bien le cadet des soucis de son père.
- Tu hurles son nom et tu vois qui te réponds ! Allez !
Le temps allait manquer. Ysun obéit et courut à toute allure pendant que les autres se rassemblaient pour aider Zelyan à rentrer John. Ils retournèrent vers le château, Zelyan rappela la foudre de Zeus au passage, elle vint obéissante dans sa main et il la glissa dans sa poche d'où elle déborda largement. La tempête cessa aussitôt et le ciel redevint clair. Les immortels s'en furent dans le grand salon où Fitz, toujours parfait, y avait fait allumer un grand feu. Les serviteurs amenèrent nombre de bandages et autres compresses ainsi que de l'eau bouillante pour nettoyer les plaies. Aucun mort n'était encore à déplorer mais John n'était pas loin de descendre en enfer pour de bon. Zelyan l'approcha au plus près du feu et commença à nettoyer ses blessures. Le loup gémit.
- J'ai encore besoin de toi ici John. Tu descendras plus tard.
Un autre vampire était salement amoché, des serviteurs s'occupèrent de lui, pour le soigner mais aussi pour qu'il arrête d'hurler, sans quoi l'un des trois loups finirait par l'achever.
Ereyne avait rapidement enveloppé son abdomen d'une bande pour stopper la perte de sang puis s'était atteler au nettoyage des blessures du chien qui l'avait sauvée. Rien de très grave mais il ne fallait pas laisser les plaies s'infecter.
Caron arriva un petit moment plus tard avec Ysun, il analysa la situation d'un coup d'oeil puis s'avança jusqu'à Zelyan toujours occupé avec John.
- Bon sang tu m'as pris pour une couturière ? S'exclama le passeur d'âme en examinant les blessures du loup.
- Je ne veux pas qu'il meure Caron !
- Passe-moi du fil alors.
De longues s'écoulèrent avant que Caron n'eut fini de recoudre John mais la vie du loup n'en fut pas sauvée pour autant. Il oscillait toujours entre la vie et la mort. Il fut transporté dans sa chambre, tout comme les autres blessés. Le chien repartit en bas avec Caron mais pas avant que ce-dernier ne s'occupe également de la blessure d'Ereyne qui s'était effondrée moralement.
- Ne t'inquiète pas ma belle, Caron a des doigts de fée, il n'y aura même pas de cicatrice, par contre ta robe est fichue.
Elle ne rit même pas à la blague, à vrai dire elle n'entendait plus rien. Zelyan la monta dans leur chambre et la coucha sur le lit. Elle lui murmura de rester tandis qu'il la recouvrait d'une couverture.
- J'ai encore une chose à faire.
Il redescendit et gagna les cachots. Il ouvrit une cellule et s'avança d'un pas à l'intérieur. Natalya, assise au fond, le toisa du regard.
- Je l'ai fait pour toi.
- Je le sais, et je dois t'en récompenser.
Il lui fit signe de la suivre et ils gagnèrent tous deux les remparts. Ils s'arrêtèrent au-dessus du pont-levis et Zelyan lui montra le champ de bataille. Un peu partout des corps étaient étendus, baignant dans leur sang. La tempête avait laissé place à une neige légère mais dense qui recouvrirait le tout en quelques heures. Le mélange de blanc et de rouge profond donnait un contraste saisissant et majestueux à la scène.
- Tu apprécies la vue ? Demanda Zelyan à la vampire qui attendait le verdict en frémissant. Il avait parlé de récompense mais elle doutait qu'il la pardonne aussi facilement.
- Woodcastle a toujours été mon rêve. Que ta gloire résonne à travers la plaine mais aussi le reste du monde !
Il se tourna vers elle et pour la première fois il vit des larmes sur ses joues. Elle continuait de lui dire qu'elle l'avait fait pour lui, qu'Ereyne n'était qu'un fardeau et qu'il serait mieux sans elle.
- Tu ne m'as pas répondu, aimes-tu la vue ?
Natalya regarda la plaine mais n'y capta pas la beauté qui émanait du paysage pur et silencieux. Elle répondit oui mais sans trop y penser.
- Tant mieux, tu vas l'admirer longtemps.
Zelyan se baissa et saisit la troisième chose qu'il avait rapporté de l'enfer, des chaînes. Il les avait posées là lorsqu'il était monté déchaîner la foudre. Foudre qui était toujours sagement dans la poche de son maître. Il y avait deux grands poteaux de chaque côté du pont-levis, en haut du rempart. L'usage initial était de porter les drapeaux aux armoiries du château mais aujourd'hui l'un d'eux allait avoir une nouvelle utilité. Natalya secoua la tête et fit un pas en arrière lorsque Zelyan s'avança vers elle et lui saisit le bras. Elle le supplia de le pardonner, son humanité bien cachée sous sa peau de vampire refaisait surface mais ne l'aida en rien. Zelyan avait horreur des humains. Il l'enchaîna à l'un des poteaux, dos au château, indifférent à ses suppliques.
- Je ne sais pas exactement combien de temps met un vampire à mourir de faim, je dirais entre quelques semaines et quelques années suivant le dernier repas. Tu vas servir d'exemple, ton corps restera ici jusqu'à devenir poussière. En attendant profite, tu as ce que tu voulais, tu domines Greyhall. Alors, heureuse ?
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Petite note : stan4431, l'un des admins du groupe FB des Zeleyners (en lien externe) , m'a demandé de vous rappeler l'existence du dit groupe et de vous inviter à y aller. Je ne suis pas très active mais lui et Myahou ont l'air sacrément meilleurs que moi. N'hésitez donc pas à y faire un tour, vous présenter, parler de vos oeuvres, c'est toujours agréable pour un auteur de connaître ses lecteurs.
Axel.
Ps : J'avais pensé scinder ce chapitre en deux, pour le coup il est long, mais je n'ai pas trouvé le point de scission. Pardon.
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