5. Les couloirs du château
La cité de GreyHall avait rouvert ses portes en journée depuis quelques jours, c'était à présent un rituel : chaque matin, un employé de la mairie assisté de deux policiers ouvraient les grandes portes et les refermaient chaque soir avant le coucher du soleil. Par conséquent la vie s'était organisée autour du cycle solaire, ne tenant plus vraiment compte de l'horloge. Un vrai retour au Moyen âge. Les cours avaient repris, raccourcis à quarante cinq minutes par cours pour que tous aient lieu. Il y avait eu encore deux morts dans la campagne avoisinante alors tout le monde était un peu à cran, surtout que la dernière victime était une camarade des ABCD. On racontait qu'elle avait été retrouvée vidée de son sang et atrocement mutilée. Les enquêteurs ne semblaient avoir aucune piste et la peur commençait à devenir une amie intime à GreyHall.
A la fin du dernier cours de la journée, géographie, l'enseignant renvoya les élèves en les pressant de rentrer chez eux. Abigail se tourna vers Ereyne, sa voisine de table, et, tout en terminant de ranger ses affaires, lui demanda.
- Tu vis en dehors de la ville toi, tu rentres le soir?
- Non, je voulais mais ma mère a insisté pour que je prenne une chambre dans l'un des hôtels de la ville.
- Et Zelyan comment fait-il? s'enquit la jeune femme. Ereyne jeta un coup d'œil vers la chaise habituellement occupée par l'adolescent.
- Il se débrouille, il ne craint rien ni personne, répondit Ereyne en se dirigeant vers la sortie avec Abigail, qui, avide d'informations attendait une opportunité. Les deux adolescentes marchèrent vers leurs casiers, suivies non loin par les trois autres.
- Cela fait longtemps que tu connais non? Je vous ai vu ensemble dès le lycée.
La blonde lui répondit que cela fais une éternité qu'ils se côtoyaient.
- Tu es déjà allée au château ? demanda brusquement la rouquine. Intriguée, Ereyne la regarda d'un air soupçonneux.
- Oui pourquoi?
- On pensait y entrer avec les filles, hier soir Diana a vu une ombre louche y entrer pendant la nuit, on pense que le tueur s'y cache et pourrait s'en prendre à Zelyan.
Ereyne cacha tant bien que mal son sourire moqueur et tenta de la convaincre de rester loin du château mais son insistance ne fit qu'accentuer l'intérêt de l'adolescente. Abigail sentit monter en elle une pointe de jalousie. Elle observa Ereyne s'éloigner et partit rejoindre ses trois amies restées à proximité. Elle leur raconta brièvement l'entrevue et les quatre se mirent d'accord pour aller passer la fin de journée à enquêter sur le tueur en série chez Cassie.
Seulement, lorsqu'elles sortirent du lycée, elle aperçurent l'adolescente blonde monter dans une navette reliant la ville avec un village voisin. Rien de suspect donc si ce n'est que la navette en question passait devant le pont menant à Wood Castle.
- La garce ! s'écria Abigail.
Les filles se rendirent rapidement chez Cassie et y récupèrent les affaires qu'elles avaient préparées depuis déjà plusieurs jours lorsqu'elles s'étaient décidées. Elles retournèrent devant le lycée et prirent la même navette qu'Ereyne une demi-heure plutôt. De plus elles s'arrêtèrent également devant le pont menant au château. Elles furent stupéfaites en découvrant que le pont-levis était levé. il n'y avait plus aucun accès menant de l'autre côté. Dépitée, Diana jetait du gravier dans l'eau, les pierres pénétraient le liquide avec de petits bruits sourds lorsque soudain un son différent se fit entendre. Diana se pencha en avant et aperçu leur salut.
- Les filles un bateau! cria t-elle en leur faisant signe de venir observer l'embarcation.
-Vous pensez à ce que je pense? demanda Abigail conspiratrice, Cassie exprima son désaccord en hochant la tête.
-Le soleil va bientôt se coucher, signala Brooke, nous n'avons pas le temps de faire l'aller-retour.
-Nous avions prévu de veiller pour trouver le tueur de toute façon. Fit remarquer Abigail, allons-y !
Elles descendirent le long de la rive et embarquèrent. Cassie et Diana ramèrent, non sans difficulté et elles atteignirent la rive de longues minutes plus tard.
Elles avaient bien mal estimé le temps car le soleil se coucha alors qu'elles commençaient à peine à découvrir les lieux.
Elles longèrent les épais murs du château d'un pas qu'elles espéraient discret. Le vent leur soufflait dans les oreilles, glacial. Plus d'une fois elles se retournèrent, croyant avoir entendu un bruit suspect, mais rien en vue. Elles guettaient la rive opposée, la ville et ses lumières lorsque des bruits de pas lourds se firent entendre à leur droite.
Diana fut la première à hurler et s'enfuir en courant, rapidement imitée par Cassie et Brooke. Abigail resta figée par la vision de cet énorme monstre, il ressemblait vaguement à un loup mais beaucoup plus gros, avec d'épais crocs sortant de sa gueule. Cassie lui attrapa le bras et l'entraîna tandis que le loup se mettait à leur poursuite.
La course était difficile, le sol inégal et la nuit n'aidait en rien. Diana tomba plus d'une fois et les filles se rapprochaient inexorablement de la falaise qui allait leur bloquer la route.
Soudain, Brooke vit leur salut sur la gauche: après une tourelle, dans le renfoncement, quelqu'un avait allumé une petite lumière dévoilant une porte cachée entrouverte.
Les filles s'y engouffrèrent et continuèrent à courir au hasard à travers les couloirs.
Elles se retrouvèrent dans ce qui semblait être un hall et s'apprêtaient à continuer tout droit lorsqu'elles entendirent une voix féminine les appeler par leurs prénoms.
Elles virent Ereyne qui leur faisait signe de monter et se précipitèrent dans l'escalier en marbre menant à l'étage alors les griffes raclant les dalles du sol s'entendaient de plus en plus clairement à mesure que l'animal se rapprochait d'elles.
Les quatre filles entrèrent dans la pièce essoufflées et Ereyne referma la porte avant de la verrouiller à double tour.
La porte trembla lorsque leur poursuivant se jeta contre elle, arrachant un aboiement aux deux chiens couchés jusque là près du feu.
- Ils ne vous feront rien, signala Ereyne en caressant la tête de l'un des deux dalmatiens.
-C'est quoi cette chose ? murmura Abigail, tremblante.
A côté d'elle Cassie sanglotait, repliée sur elle-même.
Ereyne leur proposa de s'asseoir dans les fauteuils de ce qui s'avérait être une jolie bibliothèque, des livres sur tous les murs, quelques fauteuils et tables basses entouraient un tapis épais placé devant la cheminée. Brooke s'était couchée avec les chiens, illusion de sécurité, les autres étaient si proches du feu qu'Ereyne crut qu'elles allaient se brûler.
- Je vous avais dit que Zelyan était un monstre.
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