35. Aztlan
Hello tout le monde !
Je vous écrirai un mot concernant mon absence mais pas maintenant, je vous ai assez fait attendre. Sachez seulement que je suis désolée de ne pas avoir publié plus tôt. Je vous présente toutes mes excuses.
Bonne lecture !
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L'obscurité était partout autour du groupe d'immortels lorsque ceux-ci arrivèrent en Amérique du sud. La végétation recouvrait tout et formait un dôme de verdure qu'aucun rayon de soleil ne venait percer. Les voyageurs firent quelques pas au milieu des lianes, à la recherche de la direction à prendre pour atteindre la cité sanctuaire.
— Quetzalcoatl a réussi à détruire sa cité finalement, grommela John en frappa d'un coup de pied une grosse liane rampante d'un rouge vif.
La plante répliqua en lui saisissant la jambe et l'emmena dans les hauteurs. Le loup hurla à la mort sous les yeux ébahis des autres immortels.
— Oh mon dieu ! s'écria Ereyne en s'élançant vers la liane qui gagnait l'enchevêtrement de verdure.
— Les plantes bougeaient moins dans mon souvenir, commenta Zelyan beaucoup plus flegmatique que sa compagne qui tirait de toutes ses forces sur la plante.
Caius quant à lui cherchait un moyen de récupérer le loup qui jurait contre la plante avec un vocabulaire enrichi par des millénaires sur Terre. Le vampire cherchait des pierres aiguisées, scier la plante lui paraissait être la meilleure solution. Ereyne, pour sa part, essayait de grimper le long de la liane pour aller décrocher un John furibond. Seul Zelyan, les mains dans les poches, regardait vers le ciel sans agir. John allait bien finir par redescendre.
— Allons-y, dit-il aux autres, nous le récupérerons plus tard.
— Mais, commença Ereyne accrochée comme elle pouvait à la liane à six mètres au-dessus du sol. Nous n'allons pas l'abandonner tout de même ?
— Ce truc va me bouffer ! rugit John gigotant comme une mouche coincée dans une toile d'araignée.
Caius, portant à bout de bras levés une grosse pierre, stoppa son geste et lança un regard interrogateur à son père. Il n'y avait pas de temps à perdre s'ils voulaient sauver le loup, dieu seul savait ce que cette plante post-déluge pouvait lui faire. La Nature s'était redoutablement vengée de l'Homme en créant des espèces mutantes, végétales ou animales, d'une dangerosité proche de celle des anciens dinosaures carnivores. La radioactivité avait fait des miracles.
— Nous avons d'autres préoccupations, déclara Zelyan avec un haussement d'épaules. Il peut se débrouiller.
John hurla un peu plus encore, son père l'abandonnait à la merci d'une plante. Lui, prédateur depuis des siècles, allait terminer sa vie sous forme de terreau.
— Ne me laissez pas là !
Ereyne lui lança un baiser assorti d'un regard empli de peine et de pitié puis elle se résolut à suivre son compagnon. Caius adopta la même attitude après un murmure d'excuses puis le trio se rassembla et partit. Ils n'avaient pas fait trois pas qu'un bruit de combat derrière eux attira leur attention. Une créature, semi-homme, semi-bête, armée d'une lame d'acier dentelée, attaquait avec force la liane. La plante frémit, Ereyne crut même l'entendre crier de douleur. Le végétal lâcha John qui tomba sans délicatesse au sol et s'enfuit dans la jungle.
La créature laissa son ennemi s'enfuir puis se tourna vers le petit groupe. Elle était effrayante, sa peau était par endroit déchiquetée, certains muscles étaient à vif et le sang dans ses veines s'agitait tant qu'on put penser que ses vaisseaux sanguins allaient exploser au moindre choc. C'était un monstre, une bête génétiquement modifiée à l'ADN instable, une chose qui n'aurait jamais dû survivre.
Zelyan renifla, l'odeur lui était familière, et grimaça de dégoût. Ce truc était moche.
— Quetz ? C'est toi ?
La créature respira bruyamment, de plus en lentement, et reprit petit à petit forme humaine. Sa peau se régénéra, les os reprirent leur forme habituelle, les muscles réintégrèrent le corps, et finalement Quetzalcoatl se dressa devant eux.
— Que faites-vous ici ? grogna-t-il. Cette jungle n'est pas sûre.
Ereyne grimaça et eut un haut-le-cœur. L'odeur que dégageait le loup-garou était tout bonnement insupportable, pestilentielle. Bien qu'il eût repris apparence humaine, Quetzalcoatl était horrible à voir. Il était sale, couvert de boue, de sang et de substances visqueuses inconnues. Caius, qui aidait John à se relever, le portant à moitié, eut également un léger mouvement de recul à cause de la surprise. Seul Zelyan qui avait créé pire en enfer n'eut pas de réaction particulière en voyant son fils ainsi.
— Je fais ce que je veux, répondit l'immortel. En l'occurrence je suis venu constater ton échec de mes propres yeux. Aztlan devrait être ici. Où est ta cité ?
Aztlan, cité maîtresse de l'Amérique du sud, majestueux entrelacs de pierres et d'or aux dessins géométriques conçus par les dieux n'était plus que ruines et verdure. La nature avait complètement reconquis l'espace autrefois occupé par les loups.
Quetzalcoatl grogna une réponse et les incita à le suivre dans un dédale de lianes. Ils pénétrèrent dans les profondeurs de la jungle et abandonnèrent la lumière du jour. Ils marchèrent, contournèrent, enjambèrent pendant plus d'une heure. Caius soutenait toujours John qui s'était vraisemblablement brisé une ou deux côtes en tombant. Le loup gémissait régulièrement et plus d'une fois Ereyne dût aider le vampire à soutenir son compagnon pour franchir un obstacle. Enfin ils atteignirent un creux dans une roche parcourue de lianes.
— La nature voulait passer au-dessus, nous sommes allés en dessous ! s'exclama Quetzalcoatl avant de s'engouffrer dans l'ouverture sombre.
Zelyan saisit le poignet de sa compagne, non sans une plaisanterie de mauvais goût relative à une prétendue peur de l'obscurité, et entraîna à sa suite. Caius et John terminèrent le convoi et tous disparurent.
Il y faisait humide, mais chaud. L'air était moite, collant. La noirceur ne dura qu'un temps, ils atteignirent bien vite une vaste caverne lumineuse. Pourtant, nulle lampe, nulle torche n'était visible à l'horizon. Des habitations, des pyramides et des temples s'étalaient sous leurs yeux. Toute une civilisation s'était développée ici. Ils virent même passer un quad, un quad ! Ereyne, pourtant farouchement opposée à ce mode de transport polluant, fut ravie de le voir. Il restait donc un peu de vie pre-déluge post révolution industrielle en ce monde.
Mais le plus beau n'était pas autour d'eux, l'immortelle s'en rendit compte lorsqu'elle leva les yeux. Un dôme tout en nuances de vert, de rouge et de marron recouvrait la structure. Aztlan s'était cachée sous un manteau végétal.
— Nous aurions dû le faire depuis le depuis le début, dit Quetzalcoatl en désignant les arbres au-dessus d'eux. Ils nous protègent des intempéries, des ennemis, de tout. Le ciel nous est plus favorable, plus stable.
— Si tu avais bien conçu ta cité tu n'aurais pas eu besoin de ça, rétorqua méchamment Zelyan, à tel point que Quetz se recroquevilla involontairement.
— C'est magnifique, déclara Ereyne alors qu'elle observait toute cette beauté magique et naturelle.
— Et ça essaye de me bouffer, grogna John qui n'avait pas oublié la liane.
Le maître des lieux répondit que ces plantes ne vivaient qu'à la surface, elles faisaient de bons gardiens.
— Nul n'essaye d'entrer, et nos stocks d'humains ne tentent pas souvent de sortir ! Quitte à se faire dévorer ils préfèrent que ce soit par nous ! Les lianes les digèrent lentement, tout en acides gastriques, la mort est lente, douloureuse... Nos parties de chasse le sont moins.
— Vous réussissez toujours à chasser dans cette jungle ? s'étonna Caius. Il y reste des populations sauvages ?
Quetzalcoatl ricana, quelques peuplades indigènes s'étaient adaptées aux changements, les hommes « civilisés » nettement moins. La plupart des troupeaux présents étaient composés de primaires.
— Ils ont la peau plus dure que les os mais leur viande se mange bien.
Zelyan en eut l'eau à la bouche mais il devait d'abord effectuer sa mission. Adam avait répandu son poison jusque dans le cœur de ses propres descendants, il devait remettre ses troupes en ordre de marche.
— Réunis tes betas Quetz, ordonna-t-il. J'ai besoin que tu reprennes le contrôle de toute la zone.
Ce ne serait pas chose aisée. L'Amérique du sud était convertie bien avant le Déluge, les anciens dieux n'avaient pu que constater leur défaite face aux conquistadors alors menés par Barachiel la terrible. L'archange « bénédictions de Dieu » semait mort, conversion et pétales de roses sur son chemin. Rivalisant de force avec Uriel et Selaphiel, elle avait mené de main de maître la conquête du continent sud-américain. Quetzalcoatl et ses fils s'étaient inclinés, non sans combattre, et n'avaient survécu que de justesse. La cité loup était toujours debout grâce à la protection que Zelyan lui avait apportée. Le diable s'était déplacé en personne pour empêcher les vagues croyantes de déferler sur sa cité. Cela ne lui avait guère plut, Zelyan aimait que ses fils soient assez grands pour se débrouiller seuls. Odin l'avait fait, Zeus moins, Izanagi triomphait sans faille, mais Quetzalcoatl et quelques autres comme Priam ou plus récemment Osiris avaient fait défaut.
— Certains te croient encore mort, lui annonça Quetz, ils vont mettre ton autorité en doute.
Ereyne, silencieuse depuis un moment, n'en crut pas ses oreilles. Imaginer Zelyan mort pouvait s'entendre, mais lui tenir tête était tout bonnement impensable.
— Ils iront donc en bas vérifier que je ne suis pas mort, répondit simplement l'immortel.
Ils étaient fous, les loups de cette cité étaient devenus fous. Les radiations les avaient atteints, ou bien le manque de lumière naturelle. Quetzalcoatl montra les dents. Son père était en face de lui, il devait à ce dernier respect et obéissance, mais Zelyan avait titillé ses instincts de parent en menaçant sa descendance. L'immortel remarqua son changement d'attitude et en rit.
— Au moins tu sais où son tes priorités Quetz. La lignée, il faut toujours protéger la lignée. Va chercher tes monstres et rappelle-leur bien qui est l'alpha ici !
Il avait dit cela sur un ton très ferme, imposant. Il avait utilisé un peu de sa puissance, cela s'était ressenti dans l'air, le sol avait également grondé. Ereyne tressaillit, même John sentit son poil se hérisser. Zelyan savait se montrer convaincant lorsque le besoin s'en faisait sentir. Quetzalcoatl baissa les yeux et s'inclina. Il aboya ensuite un ordre au premier loup qui croisa son regard puis s'éloigna du groupe. Il marcha droit devant lui, jusqu'à la limite de la petite place de pierres sur laquelle ils se trouvaient tous. Devant lui et en contrebas s'étendait sa cité, sa ville, sa famille. Sa meute avait survécu à bien des tempêtes et à ce monstre qu'était Barachiel. Le déluge ne les avait pas noyés, la nature ne les avait pas dévorés. Ils étaient vivants, ils étaient des survivants, dignes descendants de Zelyan. Son père pouvait dire ce qu'il voulait, Quetzalcoatl et les siens n'avaient peut-être pas le panache de Zeus ni la force d'Odin, mais ils étaient toujours là. Le scepticisme qui les habitait et en pousserait certains à douter de Zelyan était leur force.
Le loup prit sa forme sauvage, s'assit, et poussa un long hululement vers le ciel. L'alpha appelait sa meute.
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Merci d'avoir lu ce chapitre !
Axel.
PS : immortels 1 est disponible en version brochée, et numérique sur amazon et kobo (epub) et toujours en accès libre et intégral sur Wattpad. De même certains se demandaient si Purgatoire allait être stoppé pour une seule publication brochée : non, ce sera comme pour le tome 1, accessible ici intégralement et gratuitement ;-).
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