La vampire observa Ereyne de la tête aux pieds puis abaissa son arme avec un brin d'hésitation. Elle fit part de son étonnement quant à sa présence puis questionna l'immortelle. Aux dernières nouvelles, celle-ci était encore en enfer.

-Ne m'enterre pas tout de suite ! Cet endroit était affreux mais je n'y suis plus.

-Et Zelyan ? demanda Artémis. D'après Zeus, tu étais descendue le chercher.

Ereyne lui répondit qu'elle devait rencontrer le père de la vampire. C'était important, pour plusieurs raisons, et le groupe d'atlantes derrière elle en était une. L'immortelle insista pour qu'ils reprennent la route rapidement.

-Les lieux ne m'inspirent guère confiance.

Pourtant la montagne n'avait que peu changé depuis son dernier séjour sur ses flancs. La végétation était verte, plus touffue, les rochers millénaires un peu plus érodés, mais c'était bien elle, la demeure des dieux.

-Je ne peux te donner tort, cela grouille de primaires, commenta Artémis. Ils sont sans peur et nos bergers ont toutes les peines du monde à les garder loin de nos troupeaux. Voici deux jours ils ont tué deux de nos humains, des reproducteurs en plus, quel gâchis. Leur tanière actuelle est quelque part à l'ouest. J'étais sur leurs traces lorsque j'ai vu l'attaque, enfin ce qu'il en restait, et votre arrivée.

Ereyne soupira et posa une main sur la tête de l'un des enfants de Phyuis, resté à côté d'elle. Elle demanda ensuite à Artémis de les accompagner en haut, la chasseresse serait un gardien précieux.

La vampire fit grise mine, elle était en chasse, mais la venue d'Ereyne allait créer de l'animation dans la cité et, comme tous les vampires nés avant le Déluge, elle brûlait d'envie d'obtenir des nouvelles de Zelyan et de l'enfer. Le groupe fit plusieurs courtes haltes au cours de son ascension, et plusieurs bergers et autres chasseurs en patrouille croisèrent leur chemin. Bientôt ils furent escortés par une dizaine de vampires. Les instincts de pouvoir des atlantes s'éveillèrent. Ils n'étaient guère rassurés, malgré la présence d'Ereyne à leurs côtés. La peur du prédateur était bien nichée au fond de leur ventre. Lorsqu'ils vivaient dans leur cité sanctuaire, cette peur dormait, confortablement rassurée par les hauts murs, les sorts du diable et ses ordres formels. Maintenant ils n'étaient que des humains aventurés loin de chez eux. Certes ils étaient toujours élus, mais il y avait tellement de danger et si en plus les primaires attaquaient les troupeaux des vampires ces derniers se rabattraient sur eux à la première occasion. La faim n'était pas leur amie. Ils arrivèrent enfin aux portes de la cité, épuisés et terrorisés pour les atlantes, épuisée et soulagée pour Ereyne. Artémis ordonna l'ouverture des portes et fit quérir Zeus, la situation l'exigeait. Le vampire arriva et laissa éclater sa joie en voyant son amie dans la foule.

-Par tous les groupes sanguins ! Dame Ereyne ! Je suis ravi que l'enfer n'ait pas eu ta peau, constata le vampire ravi de cette visite surprise. Et en plus tu amènes le dessert ? demanda-t-il avec un sourire carnassier, les yeux tournés vers les atlantes effarés.

Ereyne fronça les sourcils et lui ôta immédiatement l'idée de la tête. Les atlantes devaient être traités comme des invités durant leur séjour. Elle l'imposa. De toute manière ils ne seraient pas là longtemps. Pour le moment ils étaient choqués, harassés, et privés de tout mais Ereyne n'avait nul doute qu'ils n'aspiraient qu'à une chose : retourner chez eux et reconstruire leur cité.

-Ce n'est pas très gentil de t'inviter chez moi, de me mettre de la bouffe sous les yeux et de m'interdire d'y toucher, grommela Zeus en lui offrant son bras et en l'entraînant vers le palais. J'espère au moins que tu es porteuse de bonnes nouvelles, mère.

-Plus ou moins, répondit Ereyne alors qu'elle le suivait le long de la rue centrale.

Le marbre était omniprésent sur l'Olympe, travaillé de mille et une façons. La cité avait subi le cours du temps, les guerres célestes, mais n'en était ressortie que plus belle à chaque épreuve. Ereyne replongea dans ses souvenirs à la vue des statues ornementales typiques d'une époque révolue voilà plusieurs millénaires. Ils marchèrent ainsi sans converser jusqu'au palais. Enfin Zeus parlait en continu et Ereyne l'écoutait à moitié, songeuse. Il lui posa bien quelques questions au début mais en l'absence de réponse changea de sujet et lui présenta les dernières constructions et modifications effectuées.

-Nous avons eu quelques soucis avec des gangs de jeunes vampires. Des gangs, imagines-tu cela ? Tellement société moderne pré-Déluge. Bref peu après le, la disparition de... Bon après le Déluge, je suis parti chez Svarog. Zelyan m'avait demandé de garder un œil sur lui après la trahison de Natalya. J'ai découvert des choses très intéressantes d'ailleurs, déjà le pauvre Svarog n'était au courant de rien, mais au cours des siècles il avait perdu tout son pouvoir. Figure-toi qu'il avait quatre épouses qui se partageaient le contrôle de la cité. Il a fallu que je le batte à mort ou presque pour réveiller ses instincts de tueur. Ce n'était qu'une larve, indigne de son statut de fils. S'il ne s'était pas finalement défendu, je l'aurais tué sans hésitation. Mais heureusement la bête en lui s'est réveillée. Svarog est présent digne de notre père, et il n'a plus de femmes. Ce fut atrocement, délicieusement sanglant. Et en rentrant chez moi, m'attendant à un coup d'Etat d'Héra, que vois-je ? Pas de coup d'Etat, ce qui m'a effrayé au plus haut point. Et deux gangs de jeunes vampires qui se battent à la déloyale pour un morceau de cité et le contrôle de l'un de mes troupeaux sèment la pagaille. Que faisait Héra vas-tu me demander ? Je te le donne en mille, rien. Ou si plutôt elle els regardait faire et comptait les points. Je fus dans une fureur assez peu courante. Pour la peine je les ai envoyés en exil, chez Osiris avec un message pour le loup. Il avait le choix entre les tuer directement à leur arrivée, ou bien les tuer lors d'une chasse aux vampires. Finalement il a organisé des combats de vampires dans une arène et m'a retourné leurs têtes. Ils ne manquent pas d'imagination en Egypte.

Ils étaient arrivés au palais lorsqu'Ereyne choisit de desserrer les dents. Elle souhaitait un endroit calme pour discuter tranquillement avec le vampire. La discussion eut lieu dans la salle du trône vide. Zeus apprit la survie de Zelyan dans l'immensité de la pièce. La voix d'Ereyne annonçant l'état peu glorieux de l'immortel se répercuta contre les murs nus.

-Il est en si mauvais état ? soupira Zeus avant de dépérir plus encore lorsqu'Ereyne acquiesça. Cela fait déjà mille ans.

-Je pense qu'il va accélérer sa guérison maintenant, le rassura l'immortelle, je l'ai un peu aidé et, si mon intuition est juste, il ne va pas tarder à remonter.

-En es-tu certaine ? demanda le vampire en se servant une coupe de sang frais. S'il est tellement abîmé, il ne reviendra pas de sitôt.

Ereyne lui demanda alors s'il était responsable de l'attaque des géants sur Atlantide. Zeus nia farouchement toute implication. Il concéda ne pas avoir esquissé un geste pour sauver les atlantes, ce dont il se félicita car somme toute cela avait mené au retour de l'immortelle, mais il n'avait ni ordonné ni participé à l'attaque.

-Ni moi, ni mes descendants, et je puis t'assurer que si un autre fils de Zelyan avait mis le pied sur mes terres, je le saurais, or il n'en est rien.

-Donc cela est forcément l'œuvre de Dieu ou d'une tierce personne non ?

-Les rares informations que j'ai pu obtenir viennent de France, avoua le vampire. Michael a sanctifié les dirigeants de l'époque et s'est constitué une armée de fidèles. Connaissant l'archange et ses humeurs guerrières cela ne m'étonnerait pas qu'il ait décidé de passer à l'offensive.

Ereyne sourit alors malicieusement et rappela qu'ils connaissaient eux aussi quelqu'un aux humeurs guerrières, quelqu'un qui avait soif de sang et de combat.

-Combien de temps crois-tu que Zelyan résistera à l'appel de la guerre ?

Zeus rayonna de joie.

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Merci d'avoir lu ce chapitre ! 

Si l'envie vous prend d'écrire un commentaire, tagguez Elynion au passage s'il vous plaît. Faisons exploser sa boîte mail pour la remercier de s'être chargée de la transcription.  

A bientôt ! 

Axel.