- Plus vite l'Erudite ! C'est trop mou tout ça.

Tu te renfrognes en entendant encore ton mentor t'appeler l'Erudite. Si, lors de la Cérémonie du Choix, tu as décidé de devenir Audacieuse, c'est en partie pour ne plus être Erudite. Et voilà que ce bouffon d'Eric te surnommes de la sorte. Tu ne sais pas vraiment ce qui te retient de lui foutre ton poing dans sa magnifique gueule. Oui, parce que, même s'il a un caractère de connard fini, Eric est aussi le mec le plus séduisant des Audacieux, à ton humble avis.

- Mon prénom, c'est Pauline !, hurles-tu en frappant dans le punching-ball.

Mauvaise idée ! Le mentor se retourne, son regard noir dirigé sur toi. Il s'approche alors que tu fixes ta cible en tentant de faire abstraction des battements rapides de ton cœur. Tu sais pourtant qu'il ne faut pas le provoquer, et toi qu'est-ce que tu as fais ? Tu l'as provoqué évidemment !

Eric se fige devant toi mais tu l'ignores. La sueur perle sur ton front et des mèches s'échappent de ta queue-de-cheval tandis que tu continues à frapper dans le gros boudin noir. Ses longs doigts froids enserrent soudainement ton poignet. Tu t'arrêtes et lui lance un regard apeuré.

- Qu'est-ce que tu viens de dire la novice ?

- J'ai dit que je m'appelais Pauline, pas l'Erudite, réponds-tu sans te démonter.

Tu veux être chez les Audacieux. Ce n'est pas ce mec qui va e dicter ta conduite et encore moins t'empêcher d'atteindre ton but. Hors de question que tu finisses sans faction. L'homme te scrute et tu décèles, durant une seconde, une pointe d'étonnement dans son regard azur.

- Cinq tours de la salle, crache-t-il.

- Pardon ?

- Tout de suite !, tonne-t-il.

Surprise, tu laisses retomber ton bras maintenant libre, le long de ton corps et détournes les talons pour commencer ton premier tour comme demandé. Tu ne sais pas pourquoi Eric s'acharnes comme toi depuis que tu es ici, c'est comme s'il avait une dent contre toi. Tu ne lui as pourtant rien fait, c'est à peine si tu lui adresses la parole. Au bout des cinq tours, tu es épuisée. Tu te redresses, essoufflée, et cherche ce con du regard mais il a disparu. Tu soupires bruyamment et rejoins ton dortoir rapidement. La douche que tu prends détends tes muscles et te fait un bien fou.

C'est bientôt l'heure du dîner, tu décides de partir à la recherche d'Eric. Il est temps pour toi d'avoir une explication. Tu en as marre de te torturer l'esprit à la recherche de ton erreur, il doit bien y avoir une raison à l'hostilité d'Eric envers toi. Un Audacieux t'explique comment rejoindre la chambre du mentor et tu t'y rends, bien décidée à lui parler dans le blanc des yeux. Quand tu arrives devant sa porte et que tu toques, tu te dégonfles soudainement. Et s'il faisait tout pour te renvoyer après ça ? Tu secoues la tête et t'apprêtes à repartir quand la porte s'ouvre. Le regard bleu d'Eric te captes immédiatement. Celui-ci fronce les sourcils faisant bouger le piercing de son arcade sourcilière. Tu te mords la lèvre et prends une grande inspiration.

- Il faut que je te parle, dis-tu en entrant dans la pièce.

Tu ne t'attardes pas sur la décoration simple de la chambre et te plantes devant le mentor, les bras croisés sur ta poitrine.

- J'aimerais savoir ce que je t'ai fait.

Eric te fixe puis éclate de rire. Tu ne l'a jamais entendu rire et il faut avouer que c'est agréable à entendre.

- Comment ça l'Erudite ?

- Et arrête de m'appeler comme ça !

- Je t'appelle comme je veux ! C'est pas une novice dans ton genre qui va me dicter ma conduite !

- Et c'est pas un gros con comme toi qui va m'empêcher d'atteindre mon but.

Si cela était possible, de la fumée sortirait des oreilles d'Eric tellement il est rouge de colère. Avant que tu aies pu t'en rendre compte, l'homme te plaque contre le mur et attrape tes poignets.

- Je ne te permets pas !, hurle-t-il.

Sa proximité te procure des fourmis dans les jambes et ton cœur accélère son rythme mais tu y fais abstraction.

- Dis-moi ce que je t'ai fait, souffles-tu.

- T'es parano ma parole !, ricane Eric.

- Non ! J'ai bien vu que tu t'acharnais plus sur moi que sur les autres !

- Parce que je pense que tu as le potentiel pour faire plus !

Sa réponse te cloue sur place. Un compliment sorti de la bouche d'Eric est presque un miracle alors l'entendre t'être destiné te fais sourire.

- Pourquoi tu ...

Tu coupes Eric en posant tes lèvres sur les siennes. Comme tu t'y attendais, elles sont froides et rêches mais agréables contre les tiennes. Quand le mentor répond à ton baiser et l'approfondis même, des millions de papillons prennent leur envol dans ton estomac. Sa prise autour de tes poignets se desserre, Eric glisse ses mains sur ta taille. Tu enlaces son cou et l'approches un peu plus de toi. Quand vous vous détachez pour reprendre votre souffle, vos regards se fondent l'un dans l'autre. Tout à coup, un sourire étire les lèvres d'Eric avant que celui-ci s'empare de nouveau de tes lèvres.