Rappel : T/P = ton prénom

Un grand soleil éclairait les rues matinales de Séoul.

Le soleil se reflétait sur le fleuve Han dans une lumière nostalgique.

Tu lèves ton appareil photo pour capturer ce moment. Pour l'immortaliser. C'est ce qui t'as toujours attiré dans la photo, ce pouvoir de stopper le temps, de pouvoir conserver un instant et de se le remémorer plus tard.

Tu t'appuies un instant contre la rambarde, l'air frais fouettant ton visage. Tu fermes les yeux un instant.

Un bruit de photo te fait tourner la tête. À ta droite, un homme pointe son appareil photo sur toi. Il en reprend une avant de le baisser précipitamment. Il s'incline rapidement avant de s'approcher de toi.

Il possède des traits fins et doux, un grain de beauté sur un nez rond et adorable, de grands yeux sombres et rêveurs légèrement cachés par des mèches châtains. Il te sourit un instant et tu te perds dans la contemplation de cet homme. Était-il seulement humain ?

« Excuse moi d'avoir été aussi impoli. Je m'appelle Kim Taehyung, je suis photographe amateur ! Je ne veux pas prévenir les personnes que je prend en photo, je trouve que ça fausse tout... »

Tu rigoles légèrement, amusée par la précipitation de son explication.

« Ne t'excuses pas, j'ai simplement été surprise ! Je comprend ce que tu veux dire. Est-ce que je peux regarder la photo ?

- Bien sûr ! »

Il te présente son écran et fait défiler les différentes photos de toi.

« J'aime beaucoup celle-ci, ton expression est vraiment très belle. Tu sembles si nostalgique »

Tu rougis légèrement. Les photos sont toutes prises merveilleusement bien, et elles retranscrivent parfaitement les sentiments exprimés par ton visage.

« Tu prends vraiment de belles photos !

- c'est simple avec des modèles comme toi ! »

Tu rougis encore plus et fixe un point dans le fleuve, évitant de croiser son regard.

« Désolé, tu m'as tendue une perche ! C'est vraiment gentil, j'essaie de faire au mieux »

Tu laisses un instant de silence reposant passer avant de reprendre la parole.

« Qu'est ce qui t'as donné envie de faire des portraits ? »

Il te regarde un instant, un tendre sourire sur les lèvres.

« Ce que j'aime dans la photo, c'est de pouvoir rendre immortel un instant. Ce que j'aime dans la vie c'est son éphémérité. Ce qui est merveilleux chez les hommes c'est leurs expressions qui retransmettent la moindre de leurs pensée. Les portraits c'est une manière de rendre hommage à la beauté des expressions humaines, si éphémère, et de les rendre intemporelles. »

Il te sourit un instant avant de regarder sa montre.

« Je suis désolé, je vais devoir y aller. À bientôt...

- T/P

- À bientôt donc T/P ! »

Il s'eloigna d'un pas rapide, resserrant les bords de son long manteau crème.

- - - -

Assise sur un banc, tu lis un livre, ton appareil photo posé à tes côtés.

Une présence s'assoit à tes côtés, sans un bruit. Tu relèves ta tête, et sans surprise, il s'agit de Taehyung.

« Salut ! Comment ça va depuis hier matin ?

- ça va ! J'ai l'impression que l'on se retrouve toujours ici, très tôt, en face du fleuve. »

Tu lâches un petit rire avant de fixer l'horizon.

« Qu'est ce que tu lis ?

- l'étranger de Camus. C'est un de mes livres préférés. Il est vraiment magnifique. »

Il se penche pour appercevoir le résumer avant de lâcher un cri de surprise.

« C'est pas du coréen ça ! En quelle langue c'est ?

- c'est du français »

Il te fixe un long moment.

« Alors tu es française ! Qu'est ce qui t'as fait venir ici ?

- j'ai toujours été attirée vers la culture Coréenne. Et la traduction est un domaine qui m'intéresse. Je suis venue habiter ici pour progresser et également m'immerger dans l'atmosphère pour le livre. Le héros passe la plupart du temps ici, en face du fleuve Han, à s'assoir sur un banc pour regarder le lever de soleil. Je le comprend, c'est tellement magnifique. »

Tu poses ton regard sur lui avant de lui sourire.

« Est-ce que je peux te prendre en photo ? Pour faire mon premier portrait ?

- Pas question ! Tu sais que certains amérindiens ont pensés qu'une photo volait ton âme. Je n'ai pas envie de perdre la mienne...

- Dis celui qui a, d'après ton raisonnement, volé plus d'âme que quiconque. »

Il éclate de rire avant de se pencher légèrement vers toi.

« Les indiens Cuna de l'Isthme de Panama appellent l'âme purba. Je trouve que c'est un mot magnifique, plein de sens. Presque mystique. Je prend des portraits pour voler les purbas des personnes, pour voler leurs âmes, leurs émotions, un instant de leur vie. »

Tu le fixes, passionnée par son discours.

« c'est poétique et beau. J'aime beaucoup. Mais tu changes de sujet pour que je ne te prenne pas en photo !

- Je t'accorde une photo. Seulement si tu m'accompagnes à l'exposition de James W. Bailey Art of stealing souls »

Ton sourire s'agrandit et tu attrapes ton appareil photo.

« Avec plaisir ! »

Tu cadres la photo, mettant toute ta volonté dans cette photo. Tu voulais capturer cet aspect à la fois angélique et rêveur que possédait Taehyung.

« Et sinon, qu'est ce que tu fais comme travail ? »

Il se tourne vers toi, un grand sourire sur le visage, et c'est à cet instant que tu appuies sur le déclencheur.

« Je suis écrivain. Enfin, pas connu. »

Tu le regardes avec admiration.

« Tu me feras lire tes livres ?

- Si tu y tiens... Ils sont pas terribles.

- Est-ce qu'ils sont sur les indiens ? »

Il te donne une petite tape sur le haut de la tête avant de rire.

« ça suffit ! Arrête de te moquer ! Et puis pourquoi tu ne m'appelles pas oppa ? Je suis plus vieux que toi ! »

Tu éclates de rire à ces mots.

« Ne m'en veux pas Taehyung, c'est peut être la faute de ma culture occidentale mais depuis que j'ai eu le malheur de regarder un drama où l'héroïne répète « oppa » toutes les dix minutes, je suis allergique à ce mot ! »

Il te regarde rire avec tendresse avant de se pencher pour poser délicatement ses lèvres sur les tiennes. Il se recule légèrement et fait un doux sourire.

« Tu es trop mignonne !

- Merci oppa !

- Quelle sale gamine ! Appelle-moi Tae.

- Décide toi aussi ! »

Il attrapa ta main avec douceur et se mit à courir, tandis que le soleil se reflétait avec chaleur sur le fleuve, diffusant une douce lueur orangée, et que vos rires résonnaient dans le silence matinal.

| j'ai écris cette histoire avec Whalien 52 dans les ecouteurs, cette chanson est vraiment magnifique. Les paroles en elles-mêmes sont vraiment touchantes ! Je la met en média pour que vous l'écoutiez en même temps ☺️

Voici une photo du fleuve Han :

La couverture de l'Etranger de Camus (un de mes livre préféré) :

Et enfin, une photo de James W. Bailey, je n'ai pas trouvé de photo de son exposition art of stealing souls parce qu'elle date de 2004 environ, mais j'en ai trouvé une de son ancienne exposition Stealing dead souls :

J'espère que ça vous a plu ! |