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6 : Souvenirs


Namjoon était rentré sur Séoul le surlendemain, emportant avec lui quelques livres qui appartenaient à Yoongi ainsi que les souvenirs d'enfance qui pouvaient entrer dans son sac. Le reste arriverait effectivement par livreur dans les jours suivants.

Ils se trouvaient chez leur Hyung, ce dernier ayant invité son meilleur ami et Jimin pour un ramen fait-maison, en remerciement de tout ce qu'ils faisaient pour lui.

Namjoon avait insisté sur le fait qu'il n'avait pas à les remercier, mais Yoongi y tenait beaucoup, alors ils dîneraient tous les trois ensemble ce soir.

Le jeune professeur reprenait le travail le lendemain et était donc rentré déposer sa valise chez lui avant de se diriger directement vers l'appartement de Yoongi, ses affaires sous le bras.

Jimin quant à lui travaillait dans les bureaux de l'entreprise pour toute la semaine, devant rattraper son quota de présence grèvé par son téléworking chez Yoongi les jours précédents.

En effet, mis à part ce dernier, tous les employés devaient se rendre au bureau minimum deux fois par semaine, afin de garder une certaine cohésion d'équipe. Les règles en matière de travail à domicile s'étaient considérablement assouplies avec la pandémie, alors qu'avant celle-ci les employés n'avaient l'autorisation de travailler de chez eux qu'un jour par semaine.

Jimin arriva vers dix-neuf heures, le temps de terminer son projet en cours — un site pour une chaîne de crèches de luxe avec réservation de plages horaires via une application mobile — et entra sans frapper.

— Salut tout le monde ! Ouaaah ca sent super bon Hyung !

Yoongi ne répondit pas mais sourit en coin en continuant de mélanger les ingrédients dans la petite marmite traditionnelle qu'il avait achetée exprès sur le site de vente en ligne d'un magasin japonais. Il avait revêtu son tablier de cuisine noir à fines lignes blanches verticales et retroussé les manches de son pull pendant qu'il cuisinait. Quelques mèches de cheveux lui retombaient devant les yeux et il les chassait du dos de la main de temps en temps, se rappelant à chaque fois qu'il devait contacter sa voisine du dessous pour lui demander si sa fille serait dispo pour les lui couper un de ces jours. Il avait réussi à les attacher avec un élastique mais certaines mèches étaient trop courtes pour tenir derrière ses oreilles et il avait catégoriquement refusé que son collègue lui offre des pinces à cheveux ou un serre-tête Hello Kitty quelques jours plus tôt. 

— Faut pas déconner, non plus ! avait-il asséné à un Jimin pourtant plein d'espoirs.

Namjoon quant à lui était appuyé contre l'îlot qui séparait l'espace cuisine de la salle à manger, une bouteille de Ramune* pêche à la main.

Yoongi s'était fait livrer par une épicerie japonaise le jour-même, commandant les ingrédients nécessaires à la confection des ramens ainsi que des mochis au thé vert, de la bière et des sodas tout droit importés du pays du soleil levant.

Ce n'était donc pas Jungkook qui s'était présenté à la porte de l'immeuble dans l'après-midi, mais le livreur avait été assez gentil que pour bien vouloir monter sa commande à son étage et lui déposer dans l'entrée, en remerciement il lui avait laissé un généreux pourboire.

Namjoon ouvrit le frigo et demanda à Jimin ce qu'il souhaitait boire, faisant comme chez lui sachant que le maître de maison était occupé aux fourneaux.

— Y a du Ramune citron ? demanda ce dernier avec des étoiles dans les yeux.

Namjoon sourit, il le trouvait mignon avec ses airs d'homme-enfant. Jimin semblait toujours s'émerveiller de tout et être l'incarnation même de l'innocence.

Yoongi tourna légèrement la tête, les regardant interagir dans sa vision périphérique. Ses deux meilleurs amis s'entendaient vraiment bien, ça lui faisait chaud au coeur. Il se reconcentra sur la cuisson et le bouillon qui mijotait sous ses yeux, laissant échapper la vapeur parfumée et faisant des remous dans la marmite.

Il ouvrit l'armoire à condiments et en sortit un sachet contenant des feuilles de nori* salées ainsi que des graines de sésame noir. Il posa le tout sur le plan de travail et laissa ses pensées divaguer sans les retenir. Ces derniers jours, les souvenirs affluaient et l'emmenaient parfois vers de douces pensées teintées de mélancolie, ou parfois vers des scènes plus sombres, plus difficiles à appréhender. La vision des nouilles épaisses cuisant dans le bouillon de viande le ramena à un souvenir difficile, suivit d'une fin plus heureuse.

♦︎

Yoongi avait seize ans et il venait de rater le bus pour le lycée. Enfin, "rater" était la version officielle, car en réalité il préférait marcher seul et ne pas se retrouver avec les autres étudiants dans le bus. D'un naturel timide et introverti, l'adolescent avait très peu d'amis, voire pas du tout. Il y avait bien son voisin de classe, Jung, mais ce dernier ne lui adressait la parole que quand il le fallait pour les travaux en duo. Le reste du temps, Yoongi était seul. Pas que cela le dérange vraiment, même s'il aurait aimé vivre une amitié comme celle qu'il lisait dans ses manhwas*, mais il n'avait jamais trouvé quelqu'un qui puisse le comprendre et être assez patient avec lui pour qu'il sorte complètement de sa coquille.

Cela n'avait pas posé de souci, jusqu'à ce qu'un nouvel élève arrive dans leur classe au printemps. Ce dernier se nommait Min-jun, il avait redoublé son année pour se retrouver avec eux... et il avait pris Yoongi pour souffre-douleur. Pas physiquement. Jamais il n'était allé jusque-là, il n'était pas fou au point de risquer de laisser des marques visibles sur le corps du garçon, mais il avait tout fait pour lui pourrir la vie. Se moquer de son teint blanc, de ses jambes "de fille" en cours de sport, de sa constitution fluette, de son sérieux pendant les cours.

Si au début les autres de sa classe avaient trouvé ça un peu bête et regardé le nouveau venu comme un pauvre type, ils avaient peu à peu adhéré à son comportement. Yoongi avait très vite compris que c'était exactement ce que cherchait Min-jun : se faire accepter. Et la seule solution qu'il avait trouvée était de ralier tous les élèves pour en railler un seul : Yoongi.

Ce dernier était le candidat idéal pour être la victime de son harcèlement. Taiseux, timide et frêle.

Cela avait duré pendant des mois avant que Yoongi ne craque. Mais avant cela, il avait tout tenté pour éviter ses harceleurs.

Il ne prenait plus le bus, mais partait plus tôt pour faire le trajet à pied. Il entrait en classe au dernier moment, juste avant le professeur pour ne pas avoir à rester avec eux sans la surveillance d'un adulte responsable.

Dès que les cours se terminaient, il se dépêchait de ranger ses affaires pour changer de classe, aller à la cafétéria ou sortir de l'établissement et reprendre sa marche jusqu'à la maison.

Mais ce n'était pas suffisant. Les petits papiers jetés avec des insultes, des remarques mesquines, des messes-basses dans son dos, des bousculades pendant le cours de sport pour le faire tomber, des canettes de coca renversées "par maladresse" sur son cahier ouvert sur son bureau...

Yoongi essayait de prendre tout cela avec philosophie... de se dire qu'ils étaient juste cons, des ados débiles en manque de sensations fortes qui pimentaient leurs vies insipides et sans perspectives en s'en prenant à quelqu'un.

Mais même l'armure la plus épaisse a des failles. 

Même si Yoongi était patient et prenait toutes les précautions possibles pour les éviter, il n'était pas toujours à l'abri.

Le drame survint un matin alors qu'ils changeaient de classe pour se rendre au cours de Géographie. Yoongi s'en souvenait parfaitement. 

C'était un jeudi. 

Min-jun l'avait dépassé en le bousculant de l'épaule et en le regardant d'un air mauvais avant de ricaner.

Yoongi n'avait pas relevé. Encore une fois.

Sauf que cela ne plaisait pas son bourreau. Il voulait le faire sortir de ses gongs. Il voulait qu'il craque et qu'il pleure devant lui comme une fillette. Et pour ça, il avait eu une idée.

— Hey, les gars... vous savez ce que j'ai entendu dire ? Paraît que le Min, c'est une tapette.

Yoongi s'était figé tout à coup.

Non.

Impossible.

Personne ne savait.

Même lui ne l'avait admis que très récemment. Comment Min-jun pouvait-il savoir ?

Il l'avait regardé droit dans les yeux et il avait compris : c'était du bluff. Une idée à la con, sortie tout droit des entrailles de son esprit tordu. Sauf que le problème, c'était que c'était la vérité. Et ça, Min-jun le comprit à la seconde où les yeux apeurés de Yoongi rencontrèrent les siens.

— Ouais... il paraît qu'il suce des bites le week-end pour passer l'temps. C'est un pote à moi qui m'a dit ça... il se fait même payer...

Yoongi avait fait "non" de la tête, faiblement, reculant d'un pas. 

C'était faux. 

Bien sûr que c'était faux. 

Il n'avait jamais eu de relation avec quique ce soit de toute sa vie. Il ne s'était interrogé que tard sur le fait que les filles le laissaient indifférent et avait compris petit à petit qu'il était attiré par les hommes. Mais c'était si récent qu'il n'avait même pas encore eu le temps d'ajouter cette information à la carte mentale qu'il se faisait de sa propre identité. Et voilà que cet enfoiré de Min-jun balançait ça comme ça, au milieu du couloir bondé d'élèves qui s'étaient tous arrêtés pour les regarder.

Pour LE regarder.

— Non... c'est pas vrai.

La voix de Yoongi s'était élevée dans le silence pesant. Mais l'esprit humain est ainsi fait que la vérité ne trouve que rarement grâce à ses yeux. L'effet de groupe était là : tous préféraient intégrer cette idée et en faire leur vérité, même si certains au fond d'eux se doutaient que cette information n'était pas réelle, plutôt que de sortir des rangs et prendre la défense de Yoongi. Personne ne voulait se trouver du côté des victimes.

Personne.

— Beurk, c'est dégueulasse ! Avait ricané une fille derrière Min-jun.

Ce dernier avait sourit encore plus fort, comprenant que la sauce avait pris exactement comme il le voulait.

— Me regarde pas, sale pervers ! avait-il asséné en fixant Yoongi d'un air dégoûté.

— Mais c'est faux ! s'était écrié celui-ci, en désespoir de cause.

— Quoi ? Que t'es PD ou que tu suces des queues ?

— Que... que...

Yoongi n'arrivait pas à le dire. Ces mots étaient trop vulgaires, trop dégradants. Il ne voulait pas s'abaisser à ça.

Il aurait peut-être dû.

♦︎

Par la suite, toute la classe s'était monté la tête tant et si bien que les garçons avaient décidé de se rendre chez le proviseur pour lui dire qu'ils ne se sentaient pas en sécurité avec Yoongi parmi eux. Ils demandaient à ce qu'il soit exclu du lycée.

Ce dernier avait été convoqué dans le bureau de la direction avec sa mère, laquelle fulminait de rage après que son fils lui ait expliqué très honnêtement ce qu'il se passait. Si elle lui en voulait de ne pas lui avoir parlé plus tôt du harcèlement dont il était victime, elle s'était au contraire montrée très ouverte d'esprit et prévenante quant au coming-out forcé qu'il avait dû lui faire.

La discussion entre les deux adultes avait été houleuse. L'adolescent avait écouté, détestant chaque seconde de la joute verbale qui se jouait sous ses yeux :

— Mon fils subit du harcèlement de la part de toute sa classe depuis la rentrée scolaire, et c'est lui que vous voulez punir ?!

— Comprenez, Madame Min, que ce n'est pas de gaîté de coeur. Mais les autres élèves affirment qu'ils ne se sentent pas en sécurité et qu'ils ne peuvent pas travailler correctement en classe quand Yoongi est avec eux. Je ne peux donc pas permettre qu'il continue de perturber les autres...

— De les perturber ?! Mais ils sont déjà perturbés pour s'en prendre à ce gamin ainsi ! Vous savez parfaitement que le dossier disciplinaire de Yoongi est vierge depuis la maternelle ! Et vous faites plus confiance à des rumeurs lancées par un malotru qui le prend pour souffre-douleur depuis des mois plutôt qu'à lui ?!

— Madame, il n'y a aucune preuve que Yoongi subit le harcèlement dont il parle. Par contre douze élèves masculins de sa classe ont porté à mon attention leurs inquiétudes. Je suis désolé mais vous me voyez contraint d'agir.

— En renvoyant mon fils en plein milieu de l'année alors qu'il a un parcours exemplaire et des notes excellentes malgré le harcèlement ? C'est de l'injustice pure et dure. Mais vous savez quoi ? Je préfère que Yoongi redouble une année et la recommence dans un autre lycée loin de toute cette violence plutôt que de le laisser un jour de plus entre vos murs.

— Je serais conciliant dans son dossier, Madame, je ne peux pas faire mieux.

— Oh que si vous allez faire mieux. Pour la bonne et simple raison que j'ai déjà enlevé mon fils de votre établissement avant de venir. Votre secrétaire m'a remis son dossier avant que nous ayons cet entretien. Et sachez une chose, Monsieur le Proviseur, si vous tentez de ternir la réputation de mon fils, je me ferais un devoir et même une joie d'envoyer mon témoignage aux journaux locaux. La réputation de votre lycée vous tient sans doute autant à coeur que celle de Yoongi compte pour moi. Vous allez donc le laisser quitter le lycée sans autre procédure.

L'homme était resté sans voix. Yoongi de son côté, même s'il était atterré de devoir redoubler une année malgré ses excellentes notes savourait le moment. Il était trop tard pour trouver un autre lycée qui l'accepterait dans une classe, sa mère avait essayé pourtant. Il allait donc passer les trois derniers mois de l'année à la maison afin de recommencer dans un autre établissement dès le début de l'année suivante.

Cela figurerait dans son dossier, mais sa mère avait décrété qu'il vallait mieux inventer une raison médicale quelconque plutôt que ce mensonge de prostitution de mineur soit inscrit noir sur blanc à côté de son nom.

C'était ce soir-là que sa mère l'avait invité à la rejoindre dans la cuisine.

— Je suis toujours fâchée contre toi que tu ne m'ais pas dit ce qu'il se passait, Yoongi.

— Je sais maman, je suis désolé.

— Je m'en doute, avait-elle soufflé. Nous n'avions pas le choix. Il était hors de question que tu restes là-bas une journée de plus.

— Mais... ils ont gagné, avait-il répondu en sentant ses yeux s'humidifier. C'était exactement ce qu'ils voulaient. Que je parte.

Sa mère, le voyant si fragile, c'était approchée et lui avait pris le visage en coupe, essuyant ses larmes de ses pouces avant de le serrer contre son coeur.

— Mon petit chat... parfois il veut mieux battre en retraite et se protéger plutôt que d'affronter tous les problèmes au risque de se faire du mal. Je préfère que tu redoubles plutôt que de te savoir en train de souffrir à cause de ces tordus.

Yoongi lui avait rendu son étreinte. Il étaient seuls dans l'appartement, Ji-Yeon ayant déjà déménagé depuis plusieurs années pour s'établir toute seule, travaillant dans un call-center pour une entreprise de vente en ligne.

— Par contre, hors de question que tu restes trois mois sans rien faire. Vu que tu auras du temps devant toi, je compte sur toi pour réviser, t'occuper de la maison pendant mon absence et faire le repas du soir, ainsi tu pourras te débrouiller quand tu auras ton chez-toi. Et ca commence par apprendre à cuisiner un vrai ramen, plutôt que tes nouilles toutes sèches qui ressemblent à des briques.

Yoongi avait ri entre ses larmes. Ils s'étaient séparés et sa mère lui avait enseigné sa recette de ramens japonais que sa propre mère lui avait transmise, cette dernière étant de cette origine.

♦︎

C'était cette même recette que Yoongi cuisinait ce soir-là pour ses amis. Il secoua la tête pour chasser ces souvenirs douloureux et répondit à une question de Jimin concernant le bouillon.

Ensuite ils passèrent à table et ses deux amis s'extasièrent sur son plat, affirmant qu'ils n'avaient jamais rien mangé d'aussi bon, ce qu'ils disaient d'ailleurs à chaque fois qu'il cuisinait pour eux.

Yoongi sourit timidement, heureux. Il connaissait cette recette à cause de ce passé douloureux, de ce harcèlement qui l'avait mené à être déscolarisé pendant quelques semaines, mais finalement il s'en était très bien sorti, il avait un bon emploi et surtout... il pouvait régaler ses Dongsaeng avec la recette héritée de sa mère et finalement, c'était ça le plus important. 



Ramune* : Soda japonais

nori*: algues

manhwas* : mangas coréens


Yay, encore un chapitre plein de joie et de paillettes... ✨

Ou pas 😶‍🌫️

Bon, la bonne nouvelle c'est que plus l'histoire va avancer et plus les chapitres seront positifs, mais on a encore quelques moments difficiles à passer... 

On m'a demandé si j'avais moi-même vécu un deuil et le harcèlement, parce que les pensées de Yoongi semblent assez... réalistes.

La réponse est oui pour les deux. J'écris vraiment cette histoire avec mes tripes, c'est un récit à coeur ouvert. Parfois les pensées seront vraiment très noires, j'en suis désolée d'avance.

Comme je l'ai dit dans le disclaimer : si ces sujets sont sensibles pour vous, vous avez tout à fait le droit d'arrêter votre lecture, je n'ai aucun souci avec ça.

Mais sachez que les choses vont s'améliorer, comme toujours.

Je suis une adepte des happy ends, donc même si tout semble noir en ce moment, ca ira mieux.

Je vous souhaite un bon dimanche et je vous aime x 3000 😘

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