Chapitre 8
Alors que la boule orange scintillait avec ardeur dans le ciel, les rayons de lumière se réfractaient sur le pelage des chevaux qui filaient sur la route en direction de la Capitale. Ilyana trouvait préférable de louer des bêtes pour le petit bout de chemin entre la Cité royale et Ammenia, une ville aux abords de la plus grande forêt d'Asataï, le continent. Depuis le temps, de ses sept ans jusqu'à ce jour-ci, la jeune fille chevauchait Shiba ou procédait à la marche à pied. Cependant, l'état de santé de Stelia ne permettait pas une telle randonnée, lors, ils se résignèrent à prendre ces chevaux.
Désireuse prendre un peu de recul et réfléchir sur les révélations faites à Ihyes, la princesse se réfugiait à la fin de file, et, sans surprise, ses pensées dérivèrent vers ses camarades. Lorsqu'elle avait confiés aux autres qu'elle ne souhaitait pas être en tête de cortège, Osh s'était empressé de prendre la place – bien que nul autre n'aspirait à ce poste. Une carrure imposante, un charisme indéniable, des cheveux d'un noir semblable à de l'ébène, ses yeux étincelants d'un éclat verdâtre ressortait encore plus sur sa peau hâlée, signe que le jeune homme côtoyait souvent le soleil, le guerrier possédait tout ce qu'un chef se devait d'acquérir, notamment le prestige naturel. D'où venait-il ? Sûrement pas à Tesiri vu son accent – presque inexistante certes – et ses armes différentes de ceux que les combattants de Tesiri disposaient.
Nonobstant, Ilyana pût apercevoir l'efficacité de ceux-ci suite à son combat contre le monstre du lac. Malgré son manque d'attribut tel qu'Ihyes qui était bâti comme un mur, il avait su prouver sa valeur aux yeux des membres du groupe, et, combiné à ses aisances pour donner des ordres, Ilyana n'eût d'autre choix que de lui confier la tête du cortège ; Osh pourrait ainsi les avertir en cas de danger.
Pourtant, malgré toutes ses qualités et ses compétences, la princesse décelait une certaine noirceur dans son cœur ; une mélancolie ancrée dans son regard. Il prenait la vie avec sérieux, devenant parfois sombre, ce qui contrasta superbement à la nature joviale d'Ihyes qui ne manquait jamais une occasion pour faire une blague – souvent douteuse, elle devait bien se l'avouer – et cela expliquait sûrement, de ce fait, la distance que celui-ci érigeait entre eux, tel une muraille impénétrable, une froideur qui s'accentuait depuis sa confession de l'autre jour ; Ilyana n'ignorait pas sa présence dans sa salle d'entraînements, bien qu'elle ait fait comme si de rien n'était. Pourquoi les observait-il à leur insu Ihyes et elle ? Et pourquoi s'était-il caché alors qu'Ihyes venait ? Avait-il peur ? Non, elle en doutait ! Osh n'était pas le genre de personne à avoir peur d'autrui... Alors qu'était-ce ?
Les gloussements plus que bruyantes de Stelia la sortirent de ses pensées, et ses yeux se perdirent sur son dos couvert d'une cape noire. La femme guérissait à vue d'œil, bien plus vite qu'Ilyana ne l'aurait cru capable. Ses longs cheveux bruns ondulaient quand des courants d'air survenaient. Stelia et Ihyes s'étaient beaucoup rapprochés, formant ainsi une incroyable amitié. Ce nouveau lien ne la dérangeait pas, mais, Ilyana était un peu jalouse de la rapidité à laquelle leurs deux fils s'emmêlaient. Alors que rencontrer de nouvelles personnes ressemblait de plus en plus à un parcours de combattant, cette épreuve était pour la brune un jeu d'enfant.
Hélas, elle devait bien avouer que cette relation faisaient du bien aux deux – Stelia avait un don pour parler et apaiser autrui tandis que Ihyes pour faire rire. Ils en avaient bien besoin après les événements qu'ils avaient dû surmonter ! Le monstre pour la brune et le fait d'être bloqué dans un royaume inconnu pour le roux.
Malgré que ses yeux scintillaient, amusés, Ilyana ne pût s'empêcher d'être inquiet pour l'irondellien. Devoir tout abandonner du jour au lendemain, rentrer dans une histoire qui n'était pas la sienne... A sa place, elle l'aurait mal vécu. Elle doutait que, bien qu'il soit fort physiquement, il souffrait de cette séparation, en silence. Comme elle avait l'habitude de le faire. Le roux transformait sa tristesse en fausse joie, blaguait continuellement pour ne pas penser à Tikia, entre autres. Combien de fois avait-elle aperçu brièvement une expression grave sur son visage lorsqu'il était persuadé que personne ne l'observait ?
Si quelqu'un pouvait tirer les vers de son nez, c'était bien Stelia, avec sa douceur et son énergie. Pas elle.
Des bruissements d'ailes lui souleva ses longs cheveux opalins, qui virevoltèrent autour de son visage comme soulagés de ne plus être teints ou tout simplement relâchés. Shiba les avait suivis, boudeur que sa maîtresse ait eut l'audace de vouloir l'abandonner une seconde fois ; heureusement, le chien pouvait se rendre invisible à volonté – un pouvoir non négligeable.
Ils finirent par s'arrêter pour quelque heures ; une pause était nécessaire dans leurs états. Ilyana savait qu'il existait un petit village non loin de là, toutefois, elle préféra faire leur halte à la belle étoile, aux abords d'un champ. Elle ne pouvait pas supporter une auberge, pas après ce qui s'était passé la dernière, lorsqu'Auriana, sa jumelle, ait envoyé des mercenaires pour la liquider : elle s'en était sortie sans graves blessures. Du moins physiques, car il n'était pas rare que la jeune fille revoyait en image cette nuit atroce.
De plus, en se renseignant auprès des villageois, ils se rendirent compte qu'il ne restait que quelques heures avant leur arrivée à la Capitale – bien que la princesse ait tout fait pour retarder l'échéance ; néanmoins, elle devait s'y faire : elle allait revoir sa génitrice et sa fille.
Une lourde plainte sortit de sa bouche comme une buée dans un paysage enneigé.
– Alors, je voudrais mettre certaines choses au point pour ceux qui ne sont pas d'origines de Tesiri, commença Ilyana en regardant tour à tour Ihyes et Osh. Je vais vous faire un bref résumé de nos coutumes.
Ce serait dommage qu'ils fassent une bourde et se retrouvaient décapités, le pire châtiment car alors, puisque la tête fut séparée du reste du corps, l'âme de la victime ne put s'envoler vers l'Au-delà. De plus, le plus souvent, le bourreau faisait en sorte d'exhiber la partie coupée à une foule en manque de sang. Oui elle était pessimiste, mais, il ne fallait pas écarter toutes les éventualités, la probabilité pouvait être extrêmement faible, mais tout de même ?
– Alors il faut savoir que le chiffre cinq est très important à Tesiri. Une main a cinq doigts, il y a cinq éléments primaires et il y a cinq familles importantes qui représente chacune un de ces éléments.
– Cinq éléments ? Je croyais qu'il n'en y avait que quatre : la terre, le feu, l'air et l'eau, l'interrompit Ihyes.
Celui-ci compta sur ses doigts, les sourcils froncés, signe d'une profonde réflexion.
– Le cinquième est moins courant ; l'éther. L'énergie de l'esprit, elle se trouve en chacun de nous. Je disais donc qu'il y avait cinq familles : ils ont chacun un pouvoir en rapport avec leurs éléments et une pierre qu'on appelle « pierre du destin ». Il faut savoir que la nature de la pierre et son emplacement est différents selon les familles.
– En quoi ces familles sont-elles importantes ? Elles sont nobles ?
– Elles sont importantes car ce sont elles qui dirigent le royaume. La famille royale, de loin la plus importante, contrôle les autres familles. Elle représente l'Ether et leur couleurs sont le noir et le violet. Elles ont des pouvoirs tels que la manipulation mentale, lire dans les pensées, la télépathie etc. Ilyana est la seule exception car elle possède tous les pouvoirs, répondit Osh.
Il s'était bien renseigner à ce qu'elle voyait, toutefois, malgré sa surprise, elle ne devait pas se laisser troubler ; déjà que monsieur daignait ouvrir sa bouche pour profiter à tout le monde de ses superbes paroles.
– Oui et non, théoriquement oui car ma pierre est blanche et donc réunis tous les pouvoirs, mais ce n'est pas si simple ; certaines choses me sont inaccessibles. La magie a ses propres limites, ainsi il ne faut pas que les donateurs, ceux qui possède le don, tente d'outrepasser les règles, sinon il risque d'avoir de grave conséquences, sur le corps entre autres.
– Quel genre de conséquences ? La mort ?
– Je... la magie ne peut pas tuer ; c'est l'une des règles fondamentales, et, cela dépend du domaine de nos dons. Pour ma part, lorsque j'use trop souvent ou trop longtemps de mes pouvoirs ; je m'évanouis ou je tombe de sommeil n'importe où et n'importe quand !Lorsque j'ai ouvert le portail pour m'enfuir ; je suis restée inconsciente cinq jours au moins avant de me réveiller amnésique et affamée. Cela explique la raison de mon incapacité à récréer un autre portail, et aussi, à cause du Voile qui s'est refermé et est maintenant impossible à ouvrir.
– Le Voile ? demanda Osh très curieux.
– C'est le terme qu'on... que j'utilise pour parler de l'espace entre deux dimensions ou mondes ; il faut traverser cette Voile pour par exemple aller retrouver les dieux lorsque notre vie sur cette terre s'achève, pour voyager dans le temps – bien que ce pouvoir n'existe pas encore. Il faut donc percer ce Voile pour aller à Irondella, or, en ce moment c'est impossible.
– Je vois, murmura Ihyes.
– Cependant, ça arrive que des donateurs se retrouvent posséder par leurs pouvoirs et par leur pierre, ajouta Ilyana.
– Vraiment ? Et ça arrive souvent ?
– Oui et non, c'est très rare et lorsque ça venait à se produire, on détruit sa pierre et par la même occasion, on lui mute de ses dons.
– C'est horrible !
– Sûrement, mais on a pas d'autres choix car cette personne se retrouve souvent obsédé par le pouvoir et est prêt à tous pour arriver à ses buts quitte à tuer. C'est rare de nos jours car il existe de moins en moins de donateurs à Tesiri ; seules les cinq familles peuvent avoir des héritiers possédant ces pouvoirs. Si des bâtards venaient à naître, on les tue. Pour des raisons de stabilité car on craint une révolution ou un coup d'état ; l'économique et la politique du royaume sont instables depuis la mort de père.
– Et toi, Lyne ? Tu adhères à ces lois ?
– Pas vraiment, c'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle je ne veux pas gouverner ; la politique de Tesiri est trop dur à gérer, avec les Puristes qui veulent que seuls des personnes gagnant une certaine somme peuvent habiter à la Capitale, la pénurie de Toha, une pierre précieuse qu'on trouvait sur une île dans le sud du royaume, la guerre proche avec le royaume voisin.
– Ils ont déclarés la guerre et ont demandé l'aide mon royaume, Otahien, d'où ma venue ici, en temps que guerrier.
– Hum, qu'on bien dû faire Anticà pour que mère s'engage dans cette voie ?
– Sa majesté n'a pas eu le choix, ton royaume aurait, apparemment, volé la Lyre Sacrée.
– Quoi ? C'est impossible ! s'offusqua la princesse. Mon peuple n'est pas un peuple de voleur !
Pourtant tu côtoies des voleurs, lui murmura une voix.
– Hum pas si impossible que ça, répondit Osh sûr de lui, Anticà aurait mené sa propre enquête et ce serait un membre de la noblesse qui aurait commis cet impaire et d'après la justice impitoyable de ce royaume, tout le peuple de Tesiri doit payer, alors la reine n'a eu d'autres choix que d'accepter la guerre tout en retardant le plus possible la bataille.
– Qu'est ce que t'en sais, grommela Ihyes, tu n'es pas un simple garde ?
Osh surprit, le fixa un moment avant de secouer la tête. Néanmoins, il se tut.
– Je creuserai la question à mon arrivée. Donc pour finir : Luft, water, Earth et Fire sont les quatre familles. Chaque année, pour fêter les quatre saisons qui symbolisent les familles secondaires, nous organisons quatre fêtes qui durent chacune cinq jours. En ce moment, la préparation pour la famille Luft devait être en place. Il y aura des personnes influents à la Cour, des personnes dangereuses et cruelles pour certaines. Faites attention à vous, je vous le dis car j'ignore si j'aurai le temps de vous parlez avec tout le travail qui doit m'attendre.
Elle soupira.
– Mon bureau doit s'écrouler sous les dossiers. Par la Lune, moi qui voulais éviter les affaires administratives !
Qu'arrive-t-il à son royaume depuis son départ ? Et que fait l'empire Friycaï ? Ne devrait-il pas aider Tesiri lors des crises de ce genre ?
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