Chapitre 17
Depuis ses sept ans, elle ne dormait pas durant la Lune Rouge. Elle rêvait, ou plutôt, cauchemardait sur les évènements qui étaient survenus douze ans plus tôt. Dès lors, elle prit l'habitude de s'entraîner dans la forêt de Tarris ; comme ses pouvoirs étaient amplifiés, elle créa un portail dans sa chambre et s'entraîna alors toute la nuit sous le regard attentif de l'astre luisant. Pourtant, ce soir-là était différent puisqu'elle était trop éloigné pour créer un portail, de plus, elle préférait économiser ses énergies pour pouvoir les utiliser plus tard.
Elle ne pouvait se permettre de s'endormir et ensuite de délirer : la réputation d'une aberration la collait à la trace, et la jeune fille n'eût aucune envie de se colporter celle, à raison, de folle en prime. Oui, le mieux était de s'éloigner le plus possible de ses camarades. Même si cela ne leur plaira pas quand ils comprendraient la supercherie !
Elle sortit de l'auberge et l'air frais le revigora. La Lune brillait d'un éclat nouveau et lugubre. Un silence était tapis, en attente, uniquement troublé par les bruissements des feuilles dans les arbres. Ce moment de sérénité lui permettait de se calmer et de réfléchir calmement, outre ses insomnies durant cette période. Elle entendit un léger craquement, et, elle se retourna vivement pour découvrir un homme petit et trapu : l'aubergiste. N'étant ni très vieux ni très jeune : il devait avoir la quarantaine.
- Vous n'arrivez pas à dormir ? Demanda t -il après avoir vu Ilyana.
- Non, répondit-elle en le regardant allumer sa pipe. Vous aussi vous avez des insomnies ?
Il tirait une bouffée. Les ondulations noires et irrégulière la fascinait, elle observa ainsi ces ombres avec une attention tellement accrue que l'homme lui proposa une bouffée. D'une autre pipe qu'il gardait dans son manteau. Elle refusa d'un mouvement de la tête, non elle fumait pas, mais merci d'avoir demander.
- Non, mais j'aime bien observer la lune rouge ! Je me demande la signification de tout ça. Avant il n'y avait pas de lune rouge. Il y a une vingtaine d'année, c'est apparu soudainement et depuis de manière régulier. Maintenant ces lunes apparaissent de manière aléatoire : c'est à rien y comprendre ! Malgré tout le mystère, j'adore venir contempler cette lune !
Un court silence s'installa. Court et subtil. Invisible aussi.
- Je vois, déclara Ilyana pensive.
Ils restaient ainsi, perdus dans les tréfonds de leur pensée. L'aubergiste finissait par rentrer chez lui laissant Ilyana seule dans la nuit.
- Ne restez pas dehors trop tard ! On raconte toute sorte de contes sur cette forêt : elle y serait hantée.
- Ne vous inquiétez pas pour moi, bonne nuit !
Elle augmentait son ouïe et attendait qu'il entre dans sa chambre pour pénétrer dans la forêt.
***
Son souffle court et rapide rythmait sa course. Elle entendait un bruit à chaque coup de talon. La fugueuse jeta un regard en arrière, et ses yeux découvrirent une végétation proliférante, malgré l'obscurité. Sa vue s'était accrue. Bien !
La piste de terre choisi - au hasard - s'enfonçait profondément dans la forêt. Aussi tentante que dangereuse. Elle n'hésitait pas et continua de s'enfoncer dans les ténèbres. Elle devrait atteindre le cœur de la forêt ! Elle sauta hors de la route et scruta les alentours. Ces bois appelés la Forêt Noire ou Forêt Maudite par les voyageurs et les passants, tant et si bien qu'on oublia son vrai nom. Composé presque uniquement d'arbres feuillus, elle laissa très peu de lumière entrer. Bouleau, chêne - beaucoup de chêne - ou encore merisiers. Au fin fond des bois, au cœur même des ténèbres, il eût un lac, mais les voyageurs étaient pour la plupart trop peureux, car d'après les rumeurs, outre la presque-obscurité éternelle, certain bruit se faisait entendre quelque fois et tout laissait croire qu'il s'agissait de Fantômes.
Un courant d'air lui chatouilla le visage. Elle laissa tomber sa capuche et porta une main à son cou. Le collier était toujours en place, elle avait peur de l'avoir perdu lors de sa course. Soulagée, elle s'enfonça, encore plus, dans l'obscurité.
La princesse s'arrêta enfin, lorsque sa gorge la brûlait et ses pieds lui torturaient. Tendant l'oreille, - et par l'occasion son ouïe amplifiée - seul les battements de son cœur lui répondit. Le silence était écrasant, mais rassurant. Elle laissa sortir un long soupir en s'adossant à l'arbre le plus proche et elle se laissait glisser le long du tronc. La sueur lui plaquait les cheveux et elle essuya ses tempes ruisselantes.
La jeune fille se savait assez isolée pour ne pas être un danger pour quiconque. Cependant, elle n'osait pas dormir de peur que les cauchemars reviennent. Elle fermait les yeux et attendit que le temps passe. Elle en profitait pour économiser ses énergies, ses forces dans son collier.
Plusieurs années auparavant, la donatrice avait appris qu'elle pouvait emmagasiner toute sorte de chose dans des anneaux. Elle arrivait à accumuler de l'énergie, de la vitesse, de la force aussi mais tout ce qui était sommeil, temps ou poids elle n'y arrivait pas.
Elle sentit donc, ses forces l'abandonner et son énergie se vider.
Un craquement la surprenait et elle releva la tête. Elle se croyait seule mais la sensation d'être observer fût plus que présente. Ilyana tendit la main vers son épée et se leva, l'arme brandit dans la direction du bruit. Elle doutait que la source du bruit - s'il y en avait un - fût amicale. Elle avait laissé la route loin derrière elle et il faisait nuit noire. Seules des personnes aux intentions malveillantes erraient dans les bois à la nuit tombée - elle y comprit.
Elle resta ainsi, le corps tendu comme un arc, puis souffla tout l'air contenu dans ses poumons. La fatigue devait lui jouer des tours. Elle se rassit avec l'épée à la main - on ne savait jamais. S'obligeant à se détendre, elle ferma les yeux. Elle les rouvrit cependant aussitôt, car la sensation s'était amplifiée. Elle faillit tomber à la renverse. Du haut d'un arbre, un visage l'épiait.
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