Chapitre 12
Le temps, très pressé, passa comme un courant d'air, emportant avec lui des souvenirs heureux. Les jours suivants furent consacré à la préparation du bal d'ouverture, et Ilyana se retrouvait ensevelie sous les tonnes des documents à laquelle son devoir l'obligeait à se consacrer. Le matin, elle se levait très tôt pour dormir très tard, ce qui ne contribuait pas à renforcer les liens avec ses amis – c'était à peine si elle les voyait. Toutefois, une fois, elle eut la possibilité de les emmener visiter la Capitale. Pan, le fils de Stelia en fut enchanté, comme le démontrait ses yeux brillants et sa bouche toujours grande ouverte. Ils firent le tour du marché où des textiles en provenance de différent royaumes et pays étaient fièrement exhibé, des spécialités locales que ce soit nourriture ou autre, ils virent un spectacle de feu, une pièce de théâtre qui mettait en jeu des dragons et des créatures imaginaires et plein d'autre choses amusantes et fascinantes comme l'appareil en forme de roue de carrosse qui contenait plusieurs personnes et qui montait furieusement sur une pente de métal avant de dévaler celle-ci pour atterrir dans l'eau.
Puis le jour du bal déboula.
La princesse appréhendait cette rencontre car c'était sa première apparition officielle depuis son retour, et la jeune fille voulait changer, pour prouver à sa mère qu'elle avait tort de douter.
Ainsi, elle se trouvait devant de la porte habillée d'une manière totalement inhabituelle ; elle avait troqué ses couleurs sombres et ses éternels pantalons pour une robe blanche. D'une blancheur immaculée, celle-ci était fendue sur les deux cotés ce qui mettait cruellement en avant ses longues jambes élancées, le bustier décoré de fine brodure utilisait un corset qui n'était ni trop serré ni trop lâche, montrait superbement sa poitrine sans rentrer dans le vulgaire. Le haut et le bas de l'accoutrement était reliés par une minuscule ceinture qui centrait ses hanches.
Le couturier avait fait un travail d'orfèvre que la princesse appréciait grandement, bien que ce fût son idée d'harmoniser le ton de sa chevelure avec sa robe de bal.
Il est encore possible de faire demi-tour, non ?
Elle tripota le pendentif de son père pour se donner contenance.
Non, je ne suis pas une lâche, je ne vais plus m'enfuir, plus maintenant !
Elle serra son pendentif une dernière fois dans sa main, puis, s'avança vers les gardes. Ils s'inclinèrent, et, ouvrirent la porte. Enfin, elle s'arrêta devant l'escalier le temps qu'on l'introduise.
– La princesse Ilyana Elvyr Lyne de Tesiri.
Elle descendit les marches tout en faisant attention à ne pas chuter – c'en serait d'une ridicule exécrable – tandis que les convives se prosternèrent. La jeune fille passa dans plusieurs groupes pour échanger quelque banalités avant qu'un personnage pour le moins insolite ne vienne vers elle.
– Votre altesse, dit un jeune homme à la chevelure bleu.
Était-ce une permanente ?
Elle aimait bien le rendu sur la tête de l'inconnu, toutefois, elle doutait que ça n'aurait pas le même résultat sur elle.
– A qui ai-je l'honneur ? demanda-t-elle, curieuse.
– Hamberto Erhel Water pour vous servir, répondit-il en souriant.
Un beau sourire, mais était-il sincère ?
– Water ? Vous êtes apparenté au général Water ? Hector Water ?
– En effet, je suis son neveu au second degré et il m'a pris sous son aile ; c'est comme un père pour moi !
Elle hocha la tête.
– Vivez-vous à Aqua également ? Pourquoi n'ai-je jamais entendue parler de vous ?
Un serveur passait près d'eux avec un plateau. Ils prenaient chacun une flûte d'une boisson bleue, de l'exuma.
– Effectivement. Une longue histoire de famille, il se trouve que je n'ai pas été introduit à la haute – tout comme vous j'ai entendu.
– En effet !
– C'est mon premier bal donc pardonnez-moi pour toutes les erreurs que je vais commises, déclara-t-il en buvant dans son verre.
– Ne vous inquiétez point : personne ne vous en tiendra rigueur !
– En tout cas, ce bal est remarquable !
Il tourna la tête en tous sens et regarda autour de lui. Des serveurs et un buffet étaient à dispositions ; pour les petits creux et une salle de réception étaient prévue pour le grand dîner. Des couples tournoyaient au son de la musique qui se diffusait dans toute la salle. Des groupes de discussion s'était formés pour parler d'actualités, de politique et autres. Ce fut un succès comme le prévoyait la reine. Toutefois, elle ainsi que sa fille manquait à l'appel.
Que faisaient-elles ?
– Tout comme vous d'ailleurs ; cette robe est magnifique !
– Vous me flattez !
– Pourtant je ne dis que la vérité ! M'accorderez-vous une danse ?
Elle le fixa puis inclina la tête ; il n'y avait aucune raison de refuser.
– Évidemment ! Cependant, il me semble nécessaire de vous prévenir ; je suis une piètre danseuse, je risque de vous marcher sur les pieds, dit-elle en souriant. Du moins essaya.
Il s'esclaffa.
– Cela ne me dérangerait pas de me faire estropier par une aussi jolie femme, répliqua-t-il tandis que son interlocutrice rougit, gênée.
La musique s'arrêta et elle se tourna vers le grand escalier pour apercevoir l'annonceur et deux autres personnes dont elle n'arrivait pas à identifier leurs identités.
– La princesse Auriana Gwendolyne de Tesiri et le prince Oshida Samuel d'Otahien, cria alors l'annonceur.
Les convives s'inclinèrent tandis que Auriana se baladait au bras... d'Osh?
Ilyana se sentait confuse.
Prince Oshida Samuel d'Otahien ?
Qui était vraiment ce qu'il considérait comme un ami ? Étaient-ils ne serait ce qu'amis ? La jeune fille avait l'habitude de s'emballer pour un rien et de s'inventer des relations imaginaires. Avant c'était Graben, maintenant Osh. Jusqu'à quand allait-elle continuer à se faire entuber comme cela ? N'avait-elle toujours pas appris la leçon à ses dépens ?
– Je suis désolée Hamberto mais je dois prendre l'air ! Veuillez m'excuser !
– Princesse, voulez-vous que je -
Elle but le reste de son verre cul-sec avant de s'engouffrer parmi la foule imprenable des invités. Quelques fois, elle s'arrêta pour saluer des personnes importantes en enfilant le masque de la parfaite princesse, et ce fut avec un soulagement non dissimulé qu'elle ouvrit la porte du balcon.
Celui-ci était vide et heureusement car elle n'avait plus la force de faire semblant. Un livre néanmoins était abandonné sur le rebord, elle le prit.
– Pysilla et Ametus ?
Intriguée, elle lut le quatrième de couverture. Une histoire d'amour, Ilyana aurait du s'en douter ! Elle soupira. Sa vie amoureuse était aussi inexistante qu'irréaliste. Qui l'aimerait pour ce qu'elle était ? Une fleur autant pourrie à l'extérieur et qu'à l'intérieur. Et puis ses crises qui survenaient aux moments les plus saugrenus.
Elle redéposait le livre à sa place et se pencha pour admirer les lumières qui dansaient en dessous d'elle. Toute la ville semblait être en fête, après tout, c'était un événement attendu de tous. Une fête créée pour enjouer le cœur du peuple. Et son cœur à elle ? Et ce vide qui l'envahissait.
Elle secoua la tête comme le vent frais de la saison effleurait son visage et revigorait ses pensées. Au moins, c'était ça de gagner. La princesse avait conscience de ne pas pouvoir rester ici indéfiniment – bien qu'elle l'aurait souhaité – sous peine de se faire haïr par ceux qui avait – conservés, bien que très peu – une certaine considération à son égard.
Que faisaient-ils ensemble ? Non je ne veux pas savoir ! pensa-t-elle en fermant les yeux. C'était tellement plus simple d'ignorer les choses, le déni.
– Je t'ai enfin trouvée !
La jeune fille sursauta, surprise, avant de se tourner vers Osh dans son costume – impeccable – de bal.
– Tu n'as pas arrêté de bouger ! Je ne savais pas que chercher quelqu'un pouvait être aussi épuisant ! soupira t-il.
Elle se tut. Un verre d'exuma, cette boisson sucrée alcoolisée lui ferait un grand bien, mais la table était trop loin.
– Tu ne fuis ? demanda-t-il au bout d'un moment. Je t'ai vu à mon arrivée puis tu as disparue après un contact visuel d'à peine une seconde.
Le fuis-je ? Totalement ! Vais-je l'avouer ? Pas du tout.
– Ai-je fait quelque chose de mal ?
A-t-il fait quelque chose de mal ?
Elle ne le saurait dire, mais Ilyana se sentait tout de même trahie.
– Tu ne veux pas me parler ? Pas de soucis, je m'en vais ! Je fais des efforts, essayant de résoudre nos problèmes comme deux adultes responsables mais tu te bornes à te réfugier dans ton silence infantile ! Si son altesse royale daigne me chercher, dîtes-lui que je suis avec sa sœur !
– Qui es-tu ?
Il s'arrêta devant la porte, puis se retourna doucement. La princesse de Tesiri lui fit face, les bras croisés sur sa poitrine, la tête haute et les yeux brillants à la lueur des lumières.
– Je pose la question car j'ignore la réponse ! Alors dis-moi qui tu es et que suis-je pour toi ?
– Mon amie ! Tu doutes de notre amitié ?
– Oui, alors pourquoi tes gestes démentent tes paroles ? Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais le prince d'Otahien ?
– Oh ! Est-ce la raison de ta colère ? C'était juste une blague ; une idée de ta sœur...
– Auriana !
– Oui, c'était son idée également de m'envoyer à ta recherche ; elle m'a dit que ce serait drôle que tu apprennes mon identité au bal puisqu'on se doutait que l'annonceur...
– Une idée d'elle. Cela ne m'étonne pas ! Mais tu n'as pensé que toi et Stelia auraient pu me trouver plus tard, après que le festival d'automne ? Qu'aurais-tu fait ? Me mentir indéfiniment ?
– Mais ce n'est pas le cas !
– Bien sûr !
– Que veut dire ce soupir ?
– Je... je me disais que je n'aurai peut-être pas du te faire confiance aussi rapidement, surtout vu le lien que tu entretiens avec Auriana !
– Mais qu'est-ce que tu as contre elle ? Elle est gentille
– Gentille ? Je ne la définirais pas comme ça ou alors, on ne parle pas de la même personne !
– Je ne sais pas le genre de querelle qu'il a eu entre vous deux, mais il faut grandir maintenant et laisser le passer derrière vous !
– Laissez le passé derrière moi ? C'est une blague ? Et c'est quoi cette manie de vouloir que je grandisse ?
Elle ferma les yeux, dépitée.
– Tu sais quoi ? Fais ce que tu veux ! Mais ne t'étonnes pas quand elle te fera une crasse, et alors, tu n'auras que tes beau yeux pour pleurer !
Et elle le planta sur le balcon. Le brouhaha de l'intérieur le frappa de plein fouet, mais, elle tint bon ! Voulant reprendre des forces, elle prit une pâtisserie sur le buffet.
– Princesse !
Hamberto apparut de nulle part.
Qu'avaient-ils tous à vouloir me surprendre ce soir ?
– Hamberto, je vous attendais ! J'ai eu peur de vous avoir effrayé avec mes paroles !
– Voyons princesse, je ne suis pas aussi peureux. Prête ?
Elle prit la main tendue de son interlocuteur et répondit avec un sourire franc :
– Prête !
Puis, ils tournoyèrent.
Leur danse était intense, et, à sa grande surprise, Ilyana n'avait pas oublié les pas appris plus jeune. Elle sentait le regard d'Osh dans son dos tout le long, mais elle l'ignorait. La jeune fille n'était pas particulièrement rancunière, ainsi, d'ici le lendemain, elle aurait tout oublié. Toutefois, elle voulut punir Oshida de son mensonge. Enfin de sa dissimulation de la vérité, ce qui revenait au même.
Lorsque la musique s'arrêta pour sonner la fin de la danse, elle partit à la recherche de Stelia ainsi que d'Ihyes pour voir leur intégration parmi la foule ; les fêtes étaient une des rares instants où les gens du peuple et issue de la haute noblesse purent se réunir dans une même espace.
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