Chapitre 6
-Lily ?
L'appel de Suzanne transpire la crainte et l'espoir. Pourtant, je suis toujours face à elle. Mais elle ne me voit plus.
-Je suis là, je lui chuchote à l'oreille, tout en caressant sa joue de mon arme.
Elle se remet à pleurer, comprenant encore moins ce qu'il se passe.
-Qu'est-ce que tu veux ? Et qu'es-tu ?
-Pour ce que je veux, c'est simplement que tu sortes les cadavres de tes petits camarades. Pour la seconde question, cela ne te regarde pas.
Elle regarde frénétiquement autour d'elle, cherchant visiblement de l'aide qui ne vient pas.
-Si tu fais ce que je te dis, je t'épargnerais.
-Comment je peux être sûre que tu dis la vérité ? pleure-t-elle.
Depuis quand a-t-elle appris à se servir de son cerveau ?
-Tu penses vraiment que c'est important ?
Elle se remet à trembler, et je profite de son inactivité pour sortir un briquet de ma poche. Je rouvre la porte, faisant sursauter Suzanne, et la pousse à l'intérieur. Elle pousse un petit cri et atterrit sur le corps sans vie de Josh. Je suis son parcours et allume mon briquet avant d'incendier le canapé. Le feu prend vite et se repend rapidement tout autour de lui. La femme encore en vie suit les flammes du regard, apeurée.
-A toi de jouer, lui dis-je.
Elle met un certain temps avant de reprendre ses esprits, mais finit par se lever et tirer le corps de Josh hors de la maison. Je m'écarte de son passage, et viens me coller au mur, sentant les flammes me lécher la peau sans pour autant me faire le moindre effet. J'observe Suzanne déplacer les deux autres garçons à bout de bras, criant par moment quand son corps rentre en contact avec le feu, et pleurant sans s'arrêter. Je n'ai pas besoin de rester plus longtemps et sais pertinemment qu'elle accomplira sa mission jusqu'au bout. Cette jeune femme n'a jamais eu de personnalité. Elle est dirigée par la peur, constamment.
Je sors de la maison incendiée, et m'éloigne, le coeur allégé, sans un seul regard en arrière. Mon cerveau ne réfléchit plus, je ne guide plus mes jambes, se sont elles qui me portent jusqu'au pont en bordure de la ville. Un grand pont en pierre abandonné, à la lisière des bois, où personne ne va. Et pourtant, j'ai l'impression de distinguer une ombre, une forme humaine au milieu de ce pont, à quelques centimètres du vide, ou plutôt de la rivière aux courants réputés forts, qui m'observe. Je la distingue plus nettement. Ses cheveux sont noirs, ses yeux de la même couleur. Elle est petite, pâle, les traits fins. Je me reconnais. J'ai l'impression de me revoir, sur ce pont. Tout me ramène à lui. A mes dernières minutes en vie. Aux dernières secondes avant la fin des battements de mon coeur.
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