Il s'était écoulé un mois et quelques jours depuis que les deux garçons avaient rompus. Tout était redevenu comme avant : Malfoy se montrait à présent froid, distant, même blessant de temps en temps et Harry était simplement redevenu l'intrépide et fatiguant Potter des premières années. Il riait avec ses amis mais son âme était devenue froide, glaciale même si il ne le montrait pas. Ron et Hermione le savaient, ils le connaissait infiniment mieux que lui même...

Avril était arrivé et c'était à présent la semaine avant les vacances de Pâques. Le trio d'or resterait à Poudlard dans le but d'être au top pour leurs ASPICs de fin d'année.

« Hé ! Fait gaffe où tu marches Hermione !

-Tais toi Harry, rougit la brune,

-Mais ouais, pourquoi tu marches de travers ? Demanda Ron,

-Laissez moi tranquille ! J'ai des migraines bon sang ! Aïe... laissa échapper Hermione,

-Mione, t'es sure que ça va ?? L'infirmerie ça existe ! S'inquiéta Ron,

-Oui oui... bien sûr... T'inquiète c'est normal. »

Ils continuèrent à marcher en direction de la bibliothèque quand Drago Malfoy débarqua au tournant d'un couloir :

« Dégage Potter, fit il avec un dédain dont il avait honte lui-même,

-C'est bon Drago, lâche nous, dit Hermione,

-Personne ne t'as demandé ton avis, espèce de sale sang-de-bourbe, et ne m'appelle plus jamais par mon prénom. Tu le souilles, cracha le blond, nauséeux à sa propre insulte,

-HARRY NON ! Hurla la brune. »

Le survivant avait sorti sa baguette et l'avait appuyé sur le torse du grand Serpentard avec force.
Ce dernier n'avait même pas eu un mouvement de recul. À croire que c'était un masochiste ou un suicidaire car qui sait ce dont Harry était capable. Mais en fait, le blond voulait simplement voir les beaux yeux verts du Gryffondor de plus près...

« Tu as de la chance que je t'aime encore... grogna Harry entre ses dents,

-L'articulation Potter, tu connais, demanda Malfoy qui n'avait rien compris avec son sourire mauvais. »

Harry recula de deux pas mais :

« EXPELIARMUS !!! »

Malfoy fit un vol plané de deux mètres avant de retomber sur le sol avec un bruit sourd. Ce crétin n'avez même pas essayé de se défendre...

Harry afficha un visage de glace mais au fond de lui il avait une forte envie de courir vers Malfoy et de le prendre dans ses bras, s'excuser et tout recommencer. Il se retint cependant car il trouvait cette idée absolument inadmissible.
Hermione poussa un petit cri et courut vers Malfoy en lui tendant la main pour qu'il se relève.

« Ne restons pas là, McGonagall peut arriver à tout moment.

-Mais Ron, il est blessé... murmura Hermione, passant une main sur le visage crispé de Drago,

-On ne peut pas l'emmener à l'infirmerie, on serait cramés tout de suite... Cria Harry.

-Je vais bien. Allez-vous en tout de suite avant que les professeurs rappliquent...

-Fais gaffe. C'est pas en nous empêchant de nous prendre des retenues qu'on va te pardonner d'avoir traité notre meilleure amie de sang-de-bourbe... cracha le brun avec haine, son sang est plus pur que le tien et le sera à jamais. »

Évidement le Serpentard le savait et insulter Granger lui avait heurté le cœur.

Ils s'en allèrent mais Ron et Hermione jetèrent un imperceptible regard d'excuse à Drago tandis que Harry partit d'un pas un peu trop assuré vers son cours de sortilèges.

Lors de leur dernier cours de la journée qui n'était autre que potion, le duo Harry-Malfoy se gela beaucoup plus. Ils devaient encore faire équipe, évitaient le regard l'un de l'autre, ne se frôlaient même pas, ne regardaient pas ce que l'autre faisait donc Harry ne faisait rien pour le bien de ses notes. Drago quand à lui, désespérait du fait que son voisin de table (et accessoirement ancien petit ami) le laissait faire tout le travail. Il voulait le frapper presque autant que l'embrasser mais il ne fit ni l'un ni l'autre et termina leur potion d'inflammation, rendit son flacon au professeur Slughorn et sortit des cachots en courant à demi. Il se rendit dans son dortoir avec Pansy et Blaise. Ils discutèrent de tout et de rien avant d'aller se coucher... enfin, deux des trois car Malfoy alla, comme tous les soirs depuis sa rupture, dans la salle sur demande dans le but de jouer du piano. Il joua pendant près de cinq heures d'affilées et commença à tomber de fatigue. Il reprit le chemin de son dortoir mais se cacha soudainement dans un coin de mur. La mangemort grand mère de Neneu (c'était le surnom qu'il avait donné à Neville) était dans le château ! Une idée lui vint soudain. Il sortit sa baguette et murmura en pensant très fort à Harry, à son amour pour lui et à sa volonté de l'aider :

« Impero... »

Aussitôt, la mangemort se détendit et eut un regard vide.

Il se sentit mal car c'était un sortilège impardonnable mais il le faisait pour la bonne cause.

Le jeune homme lui ordonna de se rendre dans le bureau de McGonagall. Elle s'exécuta.
Il lui demanda de se dénoncer mais elle résistait... beaucoup...
Soudain, quelque chose lui agrippa le bras et il se tourna violemment tout en gardant la concentration nécessaire pour que la mangemort n'échappe pas à son contrôle mais lorsqu'il vit la tête de Potter qui flottait littéralement en l'air, comme lors de leur troisième année, toute sa concentration vacilla et s'effaça, ce qui donna, malheureusement, à la grand mère de Neneu, une occasion en or de s'échapper en douce.

« Malfoy, tu fous quoi ici à une heure pareille ? Et ne me dis pas que c'est par ce que tu es préfet, il n'y a pas de rondes ce soir...

-Potter ??! Oh Heu... Je jouais du piano, et toi alors ?

-Je... rien... fit Harry, légèrement rougissant,

-Je t'ai avoué alors c'est à ton tour !

-Bon, très bien. J'étais là afin de me vider la tête. Mais t'es un connard Malfoy, ne l'oublie pas, fit le brun avec haine.»

Comment il pourrait l'oublier. C'était Potter qui lui avait dit. Il avait essayé de changer et il avait échoué.

« On ne peut pas changer notre fond, de disait-il... »

Harry tourna les talons et s'en fut vers la tour des Gryffondors.
Drago, lui, décida de retourner se coucher avant de prévenir McGonagall le jour suivant, que la menace des mangemorts planait sur le château.

Le lendemain, Drago se rendit en métamorphose avec, dans l'idée de parler à McGonagall à la fin du cours. Malheureusement, Harry Potter lui emprisonnait l'esprit et il était deux tables plus loin. Le brun avait yeux rivés sur le chat qui leur tenait lieu de professeur donc le Serpentard se dit alors qu'il lui fallait prendre des notes...

Finalement, le cours se termina rapidement et Malfoy ramassa ses affaires, courut vers McGonagall et haleta :

« P-Professeur... hier j'ai vu... j'ai vu la grand mère de Londubat, la mangemort... dans... dans le château et...

-Attendez quoi ? Vous êtes au courant ? Comment...

-Ça ? Heu... quelqu'un me l'a dit... MAIS C'EST INQUIÉTANT !!!

-Calmez vous monsieur Malfoy, fit calmement la professeur, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs mais elle est venue me voir et s'est dénoncée d'elle même hier soir... Elle n'a encore dénoncé personne d'autre mais ne subira pas le baiser du détraqueur tant qu'elle ne l'aura pas fait. »

Drago frissonna... c'était un sort pire que la mort et son père devait le subir un an après son emprisonnement mais il avait succombé avant...
Une fois son dégoût passé, le Serpentard manifesta sa surprise :

« Mais... comment ? Comment ça se fait qu'elle soit venue vous voir professeur ? Je l'avais bien mis sous impérium mais...

-PARDON MONSIEUR MALFOY ?! C'EST ILLÉGAL ! VOUS L'AVEZ MIS SOUS IMPÉRIUM !!! VOUS AVEZ FAIT PREUVE D'INCONSCIENCE NOM D'UN STANGULOT ! UN SORTILÈGE IMPARDONNABLE ! MAIS À QUOI PENSIEZ VOUS ! QU'EST CE QUI VOUS EST PASSÉ PAR LA TÊTE ! C'EST INADMISSIBLE ! Mais c'est vrai que ça expliquerait bien des choses... »

Le professeur McGonagall était devenue incontrôlable...

« Non professeur ! Ça n'explique strictement rien ! Elle a échappé à mon contrôle ! S'énerva le blond,

-Alors oui... là c'est vraiment étrange... qu'est-ce que vous a interrompu ?

-Heu... quelqu'un... se renferma aussitôt Malfoy,

-Oh je vois, fit la professeur-chat avec un petit sourire en coin, une personne que vous appréciez beaucoup...

-Heu...

-Et bien je crois avoir compris... si vous faisiez ça pour la personne qui vous a interrompu, le sortilège a perduré... C'est de la vieille magie... très vieille magie...

-Oh non s'il vous plait ! Ne me dites pas que c'est encore l'amour, soupira le Serpentard, exaspéré. »

McGonagall eut un large sourire et, d'un signe de la main, lui intima l'ordre de s'en aller.
Il s'exécuta et fila vers son cours suivant.

Hermione vit Drago sortir en trombe de métamorphose et elle le rejoignit à grands pas.

« Hey, Drago... commença-t-elle.

-C'est Malfoy...

-Okay, très bien Malfoy !! Mais c'est pas la peine de faire semblant. Tu aimes mon Harry et...

-Ne me parle plus jamais de lui, grogna le Serpentard passant sous silence sa tristesse,

-ET... je sais qu'il t'aime aussi... Bon sang mais laisse moi parler non d'une mandragore bouillie, le coupa-t-elle sur un ton sec alors qu'il commençait à vouloir répliquer, je ne suis pas la fille la plus intelligente de Poudlard pour rien...

« Roh eh ça va l'égo !! Soupira mentalement Malfoy. »

-...et ne t'énerve pas contre moi. On s'entendait bien avant ! Pas besoin de m'insulter de sang-de-bourbe !

-Je suis sincèrement désolé... mais...

-PAS DE MAIS !!! Tu ne restes plus froid avec moi un point c'est tout ! Je sais très bien que ça n'est qu'une façade bon sang ! »

Il savait que discuter avec Hermione Granger ne servait strictement à rien. Pendant les quelques moi durant lesquels il avait fréquenté les Gryffondors il avait appris à apprivoiser (et ne pas détester) les personnalités de chacun. Même si il se cachait derrière son immanquable façade de marbre, il avait changé de toutes ces années affreuses.

Ils rentrèrent ensemble dans leur cours suivant qui était histoire de la magie et Hermione alla s'asseoir aux côtés de Harry. Ce dernier dormit pendant toute l'heure alors que la brune prenait inlassablement des notes.

Lors de leur dernier cours de la journée qui était divination, Harry et Malfoy étaient à la même table comme décrété par Trelawney au début de leur cycle de "lecture dans les yeux". Durant tout le début du cours, qui n'était que de la théorie, ils ne s'accordèrent aucun regard, trop enragés (ou amourachés) l'un par l'autre, mais au moment où le professeur annonça de sa voix mystique :

« Plongez votre regard dans celui de votre partenaire... »

Les deux jeunes gens eurent un mouvement de recul en même temps mais Trelawney ne remarqua rien.
Ils se résignèrent à se regarder, de ses regards gris et verts qu'ils avaient si longtemps affectionnés (et qu'ils affectionnaient toujours autant même si ils auraient préférés se faire embrocher une branche rebelle du saule cogneur plutôt que de l'avouer).

« Alors Malfoy, aucun commentaire ? Railla Harry, espérant faire réagir le blond. »

Ce dernier ne répondit pas et regarda fixement son voisin de table.
Cela eut plus d'effet qu'il n'aurait crû : les pommettes de Potter se teintèrent de rouge vif et ses yeux ne cessaient de vouloir quitter les argents mais Drago tenait bon.

« Lisez vos regards mutuels... fit la professeur de son ton fantomatique. »

Ils s'exécutèrent comme ils le purent car ils n'étaient pas vraiment enjoués...

« Son regard est tellement argent... Tellement de reflets...  pensa Harry)

-Nom d'une gargouille... son regard émeraude est tellement hypnotisant... se disait Malfoy. »

La cloche sonna.

Ils restèrent les yeux dans les yeux pendant quelques minutes encore jusqu'à ce que la professeure les rappelle à l'ordre avec un trop large sourire :

« Les garçons, le cours est terminé, vous pouvez vous en aller... »

Ils n'avaient pas remarqué.
Gênés, ils se quittèrent du regard, Malfoy reprit un air glacial et Harry un air de dégoût extrême puis ils s'en furent très loin l'un de l'autre.

Le brun se dirigea vers le parc afin de rejoindre Ron, Hermione, Neville, Luna et Ginny...

« HARRY ! T'as entendu la nouvelle ? Lui chuchota Hermione,

-La mangemort s'est rendue ! Elle n'est plus dans la nature ! S'extasia Ron,

-De quoi parlez-vous vous trois ? Demanda Neville, qui n'était toujours pas au courant de la culpabilité de sa grand mère...

-Ho, rien... balbutia Harry, affichant un air innocent. »

Si McGonagall ne voulait pas qu'il soit au courant, ils n'allaient pas le lui révéler.

Les six amis discutèrent de tout jusqu'à ce que Blaise Zabini débarque en criant :

« TU AS DÉTRAQUÉ LE PRINCE DES SERPENTARDS ! COMMENT AS-TU OSÉ...

-OULA STOP ZABINI ! Rétorqua Ginny sur un ton dont elle seule avait le secret, Qu'est ce qu'il y a ?

-Drago est enfermé dans son dortoir avec un chaudron et des ingrédients pour une potion que je ne connais pas ! Et Merlin sait que j'écoute en classe !! Soupira le Serpentard,

-Qu'est-ce qu'il peut bien préparer ? Fit Ron à Harry,

-Je ne sais pas. Peut être une potion de transformation en fouine ? Railla ce dernier, intérieurement inquiet,

-BON HARRY ÇA SUFFIT ! Tonna Hermione avec brio, tu te calmes ! Maintenant que tout est fini, pourquoi tu n'irais pas te réconcilier avec lui ? Vos embrouilles m'exaspèrent !

-Non. Rétorqua catégoriquement le concerné. N.O.N. ... »

Neville approuva d'un signe de tête.
Ce n'est pas parce qu'il est devenu beaucoup plus courageux qu'il n'avait pas pour autant un peu peur de Drago. La complicité que Harry et le blond avaient entretenu durant ce laps de temps conséquent l'avait émerveillé plus qu'on aurait pu le penser. Il n'avait jamais été trop convaincu que les Gryffondors et les Serpentards pourraient s'entendre un jour et cette relation l'avait légèrement inquiété.
Même s'il s'entendait à merveille avec Luna, qui elle, venait de Serdaigle, Malfoy n'était pas sur sa liste de personnes fréquentables. (Même si il devait bien avouer que Harry avait été vraiment très heureux durant ces quelques semaines.)

Cloîtré dans son dortoir, Drago voulait agir. Il préparait une potion de localisation qui faisait des merveilles quand on avait quelque chose appartenant à la personne recherchée mais qui, avec quelques améliorations de la part du Serpentard, était tout aussi utile avec le sortilège de la marque des ténèbres. Bien entendu, il n'avait jamais pratiqué ce sort mais il avait les bases de la théorie, ce qui suffirait largement au brillant sorcier qu'il était.

Malgré tous les ingrédients qu'il fallait réunir, Malfoy avait réussi très sournoisement à subtiliser du crin de licorne et de la poudre de fèves lunaires à Slughorn... Il était fier.

Sa potion était censé lui prendre deux heures de préparation. Pas une de plus, pas une de moins. Le problème c'est que Zabini, Nott et Pansy vinrent frapper à sa porte pour savoir ce qu'il fabriquait mais il ne leur répondit rien.
Personne ne devait savoir.