Retour au présent

"— Elliot bordel, attend ! Ralentis !"

Amaury courait après son meilleur ami depuis maintenant plusieurs minutes, suivi de près par Nestor.

Au bout de quelques minutes, les trois garçons ayant largement dépassé le lycée (le portail fermait mal et les surveillants n'étaient qu'une légende dans cet établissement, alors ça facilitait un peu les fugues entre chaque cours), Elliot s'arrêta enfin, se retournant lentement pour lui faire face.

"— Et pourquoi je devrais faire ça hein ? Monsieur a enfin trouvé un peu de temps pour m'écouter, ou il a juste pitié que je lui balance tout dans la gueule ?! Parce que bon, tu dois avoir un emploi du temps de ministre, vu qu'en dix ans tu n'en pas toujours pas trouvé, du temps, pour ce que tu appelles un meilleur ami !"

Amaury ne répondit pas tout de suite, abasourdi. Jamais il n'avait entendu Elliot crier avant, et il avouait que c'était légèrement effrayant. En réalisant ce que le blond voulait dire, son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine.

"— Elliot, tu sais-

— Non justement, je ne sais rien ! Tu vas me sortir quoi comme excuse pourrie ? « Ce n'est pas ce que je voulais dire » « Je suis désolé, j'aurai dû m'en rendre compte » ?! Faut se recycler mon vieux, ces excuses ne marchent plus depuis la primaire à peu près !

— Je... je ne savais pas... Elliot, je te jure que-

— C'est bien là, le problème ! Tu ne sais pas parce que tu ne veux pas faire l'effort de savoir ! Si tu faisais un peu plus attention à moi, tu aurais remarqué que j'ai quitté Jessica il y a presque deux semaines maintenant ! Peut-être même que, si tu étais un peu moins égocentrique, tu te serais rendu compte que je vais mal depuis trois ans à peu près, tout simplement parce que tout mon être me dégoute ! Est-ce que tu te rends compte de tout ça ?  Pourquoi je pose la question, même ? Évidemment que non, puisque tu ne fais jamais attention à autre chose que ta petite personne !"

Silence. Même les passants s'étaient retournés en entendant crier, et certains affichaient maintenant une mine choquée face aux propos du riche. La tension était si palpable que même Nestor, qui pourtant avait le défaut de rire nerveusement dans n'importe quel situation — même les enterrements —, ne parlait pas, ayant arrêté de battre des ailes pour rester le plus invisible possible au mur du son.

"— Tu te dégoutes ? Demanda timidement Amaury, n'ayant retenu que ça de la tirade de son ami.

— Et c'est tout ce que tu retiens ? Non mais je rêve ! Si tu veux tout savoir, oui, oui je me dégoute ! Je me hais, voilà t'es content ? Je l'ai dit, je l'ai gueulé même ! Je me dégoute de ne pas être normal et de trouver les torses plats plus attirant que les poitrines, de ne pas pouvoir avoir un minimum de sentiment pour tout ce qui se genre au féminin ! Je me déteste au point d'avoir l'impression que je sali du regard tous les hommes que je fixe avec un minimum d'intérêt et de ne pas pouvoir me sentir propre sans presque m'arracher la peau quand je les frôle ! Mais ça, t'es trop con pour le remarquer hein... cria une dernière fois Elliot, avant que l'eau salée s'échappant de ses yeux coule sur ses joues. Qu'est-ce qui va pas chez moi, Am' ? Finit-il faiblement, vacillant quelque peu."

Amaury accouru pour le prendre dans ses bras, le serrant dans une étreinte si puissante que l'ange gardien eu peur qu'il casse un os au blond platine.

"— Non non non, ne pleure pas. Je suis désolé Elliot, tellement désolé... Rien ne va mal chez toi, je te le jure..."

Nonobstant, comme si cela l'avait reconnecté à la réalité, Elliot se défit violemment des bras d'Amaury, le faisant tomber au sol.

"— Tu te fous de moi, hein ?! Il a fallu  que je pleure pour que tu réagisses enfin, enfoiré ! Arrête avec ton regard de pitié, je t'en prie, ma sœur m'a lancé le même il y a des années, j'ai fait overdose avec le temps, vois-tu ? Maintenant, si tu veux bien m'excuser, je vais voir quelqu'un qui en a vraiment quelque chose à foutre de moi, c'est-à-dire mon lit !"

Puis, l'homme aux yeux verts s'éloigna rapidement, laissant son meilleur ami à terre, à côté d'un être surnaturel ne comprenant plus rien à la situation.

"— Ne réagis pas surtout, hein, te prends pas la peine, ça serait trop d'honneur, maugréa Amaury en se relevant.

— Qu'est-ce qu'il vient de se passer au juste ? C'était pas censé arriver, ça, aux dernières nouvelles... murmura Nestor, plus pour lui que pour l'humain..

— Ce qu'il se passe, c'est que depuis que t'es entré dans ma vie, plus rien ne va !

— Amaury, s'il te plaît, ne réagit pas comme un gamin. Rien de tout cela n'est ma faute.

— Ah bon ? Parce que moi, je trouve que TOUT est de ta faute ! Si tu étais resté là-haut à rien foutre, mon meilleur pote ne serait pas en colère à l'heure actuel !

— Soit, suivons ton plan. Donc, comme j'ai fait mon job en venant te prévenir que t'as failli mourir et que je suis resté à tes côtés — comme si je pouvais rentrer de toute façon —, c'est de ma faute si tu es égocentrique comme pas possible ? Il y a un truc que je ne comprends pas, là, répondit calmement Nestor face à la haine de l'ébène.

— Je ne suis pas égocentrique ! Si tu n'étais jamais entré dans ma vie, si je n'étais pas simplement un putain de contrat, je l'aurais écouté tout à l'heure, et il n'aurait pas raconté toutes ces conneries à l'instant ! Tout est de ta faute Nestor, absolument tout ! Ma vie est un désastre depuis que je sais que tu existes !"

Les deux se regardèrent dans le blanc des yeux, laissant entendre la respiration chaotique de l'humain. Quand ses paroles eurent fini de traverser l'air et d'atteindre l'ange, celui-ci changea du tout au tout. Ses yeux si amicaux devinrent froids comme la glace, de même pour son ton. Ses sourcils se froncèrent, preuve de son énervement soudain et ses points se serrèrent, rendant ses articulations blanches.

"— Comment est-ce que tu viens de m'appeler ? Demanda Nestor, les dents serrés et un regard de tueur vers son interlocuteur.

— Nestor. Ça te pose un problème ? C'est ton prénom, non ? Il est un peu nul aussi, si tu veux mon avis. Répéta Amaury, sentant tout de même la peur s'installer en lui."

Ne prenant même pas la peine de répliquer, semblant toujours aussi enragé et blessé (si on croyait la lueur au fond de ses prunelles), Nestor disparu.

Un peu étourdi, Amaury regarda le décor qui l'entourait. Que Diable faisait-il en plein milieu de la cour, alors qu'il était dans la rue il y a cinq minutes ? L'ange avait aussi le pouvoir de le téléporter ?

Il n'eut pas le temps de répondre à ses interrogations intérieures, puisque June et Castiel arrivèrent à sa hauteur.

"— Amaury, j'espère que tu as une bonne raison d'avoir fait pleurer Elliot, gronda-t-elle de sa voix grave.

— Comment tu sais qu'il a pleuré, même ? Ah, lâcha Amaury quand elle secoua son téléphone accroché à sa main droite. Si tu savais June, c'était horrible. Il a crié si fort, j'en ai mal à la tête ! En plus, il disait n'importe quoi, je sais même pas ce qu'il voulait dire ! J'ai vraiment besoin d'un super câlin de maman du groupe là.

— C'est une blague, Amaury ?? Grogna la seule femme, devenant presque menaçante. Bien. Va te faire foutre, et reviens quand tu te rendras compte d'à quel point tu as merdé."

Puis, elle s'éloigna rapidement, perchée sur ses talons aiguilles. Tout ce qui brisa le silence qui s'était à nouveau installé fut Castiel :

"— A-ah ou-ouais, chaud..."

∘☽༓☾∘

Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? 2 chapitres avec si peu de décalage entre ??? Quelle est donc l'entité me possédant ??

Bon, plus sérieusement...

Surprise !! Un chapitre !! Lâchez donc vos avant-bras et arrêtez de vous pincer, vous ne rêvez pas !

Un petit chapitre rapide et long de 1300 mots comme on les aime, quel miracle !

J'espère que vous allez tout aussi bien qu'il y a à peine deux jours !

-Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

-Amaury et ses réactions tout à fait approprié ! Vous a-t-il déçu pendant ce chapitre, ou est-ce que vous le comprenez un minimum ?

-Elliot qui se livre enfin ! Un peu violent certes, mais à moitié libéré. Des avis sur ses réactions ?

-Amaury qui appelle Nestor par son prénom pour la première fois ! Des avis par rapport au comportement de l'ange ensuite ?

A bientôt (ou pas, sait-on jamais...) pour un nouveau chapitre !

Bisous sur vos paupières,

Munroe