11 ¦ Confessions nocturnes
"— Donc, commença Amaury après s'être un minimum calmé, tu as eu une vie de merde et tu as pas eu la plus cool des morts.
— Si on retire l'ironie évidente, oui, c'est à peu près ça."
Les deux hommes étaient dans la même position depuis maintenant une trentaine de minutes, le temps que l'humain arrête de pleurer. Toujours assis par terre, Amaury dans les bras, Nestor gardait ses ailes autour de lui en signe de protection, attendant ses questions.
"— Donc si tu t'es énervé parce que je t'ai appelé par ton prénom, c'est à cause de ton harcèlement ?
— Élémentaire mon cher Watson.
— Jure y'avait déjà Sherlock Holmes dans les années 50 ?!"
Oui, bon, dans ces moments-là, où l'ébène retrouvait son caractère d'imbécile, Nestor le préférait presque dégoulinant de morve dans sa nuque tout en se confondant en excuses.
"— Premièrement, je suis né en 87, pas en même temps que ta grand-mère. Deuxièmement, Sherlock Holmes est sorti la même année. Aie un peu de culture bon sang, s'exclama-t-il tout en lui donnant un léger coup de plume."
"— Oui, bon ça va, c'est pareil... Donc, du coup, euh, si j'ai bien retenu...
— Accouches Am', poses ta question.
— Tu aimes les hommes ?"
Sérieusement ? De toutes les questions qu'il pouvait poser, il choisissait celle-là ? L'ange savait qu'il n'avait pas hérité d'une flèche à la distribution, mais à ce point...
"— Oui et non. Enfin, à l'époque, je l'avais cru, oui. Mais maintenant, je pense que c'était plus de l'admiration qu'autre chose. Une espèce de dépendance ressemblant à de l'amour, tout simplement parce qu'on me donnait de l'attention. Tu vois ce que je veux dire ?
— Ouais, t'es gay quoi.
— Amaury je te jure devant mon patron que tu ressors encore quelque chose comme ça et je te frappe.
— Ça va, si on peut plus rire... Mais du coup, même si t'es vieux niveau mental, physiquement t'es plus jeune que moi ! Je me disais bien aussi que tu ressemblais à un gamin.
— Effectivement, répondit Nestor en ignorant délibérément la dernière remarque, physiquement j'ai et j'aurai toujours 16 ans."
Le silence reprit place, et Amaury baissa légèrement la tête, regardant le torse de son interlocuteur, visible en dessous de la chemise laissée ouverte.
"— Je peux ?"
Même s'il ne savait pas vraiment de quoi son humain parlait, le châtain acquiesça un peu, suivant des yeux les gestes de l'ébène.
Celui-ci, lentement et après l'accord de l'ange, glissa ses doigts sur les marques qui ne le faisait plus souffrir depuis longtemps. Comme hypnotisé, il retraçait chaque petite cicatrice du bout de ses phalanges, les effleurant presque.
Un battement de cœur légèrement plus rapide. La surprise se peignant sur ses traits. Ses iris fascinés par le parcours invisible d'Amaury.
C'était bien la première fois qu'en 18 ans d'existence l'humain se montrait aussi doux et consciencieux.
Après ce qui parut une éternité, l'ébène arrêta ses mouvements et posa sa main à plat contre le torse de l'autre homme présent.
"— Moi, je les aime bien tes marques. A chaque fois que je passais mon doigt dessus, j'avais l'impression qu'elles me racontaient leur histoire, qu'elles me montraient le courage qui t'habite et qu'elles exhibaient leur éternité. Quand tu me les as montrés, je les ai trouvées belles. Maintenant, je les trouve magnifiques."
Deuxième battement de cœur. Nestor qui posait sa main sur celle déjà présente sur son torse. La sincérité et l'affection s'échappant de chacun de leurs pores.
"— Tu sais, reprit Amaury, je ne voulais pas te blesser à ce point la dernière fois. J'étais juste en colère et je me sentais un peu incompris. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi Elliot pétait un câble comme ça au bout de dix ans. Alors tout est retombé sur toi. Depuis que papa m'a avoué que j'étais une erreur, j'ai ce besoin de contrôler la situation, tout le temps. Alors voir tous ces changements, ça m'a un peu déboussolé quoi...
— Tu veux en parler ? De ton père, je veux dire. On a assez discuté sur moi pour la soirée, et même pour le reste de ta vie. Peut-être que de te confier t'aidera à ne pas re-perdre le contrôle devant Elliot...
— Il n'y a rien de bien intéressant à dire. Mon père aime ma mère, mais il ne m'aime pas. C'est pour ça qu'il est jamais là. Et puis, il a un peu de mal avec tout ce qui est évolution de la société et tolérance, alors vu mon groupe de pote... ça coince un peu. Je te laisse imaginer sa réaction quand il a su que je me maquillais..."
Sentant que son humain se remettait à trembler, Nestor resserra sa prise, refermant encore un peu plus ses ailes et ses bras autour du corps frêle qu'il retenait.
"— Pourquoi est-ce que je suis né, si c'est pour m'abandonner ? Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? C'est parce que je me maquille ? Ou parce que j'ai les cheveux longs ? Que j'ai trop de défauts ? Dis, Est, pourquoi est-ce qu'il ne m'aime pas ?"
C'était toutes les questions qu'il avait posées à la seconde, se noyant de nouveau dans ses propres larmes, cachant son visage dans la nuque de celui censé le protéger pour l'éternité. Des fois, Nestor avait plus l'impression qu'il devait protéger Amaury contre lui-même.
"— Je ne sais pas Am... Je ne sais pas."
Et c'était tout ce qu'il avait pu répondre, plongeant son nez dans les cheveux noirs de son humain.
× [ ♡︎ ] ×
"— Je te hais."
Si vous vous demandez si vous avez sauté un chapitre, ne vous inquiétez pas, ceci est bien la suite.
Laissez-moi replacer le contexte.
Amaury était actuellement devant le manoir servant de demeure à son meilleur ami qu'il n'avait pas vu depuis des semaines.
Légèrement forcé par Nestor, l'ébène se trouvait bien bête, devant la fameuse grille qui faisait tant parler, un jeu vidéo en main dans l'espoir de se faire pardonner.
C'était donc pour ça que l'humain haïssait l'ange à présent.
Parce que, bien évidemment, c'était son idée, devenir jusqu'à chez lui avec un cadeau pour se faire pardonner.
Au début, l'ébène avait trouvé ça stupide et enfantin. Puis, il s'était rappelé qui était l'homme qui lui servait d'ami. Finalement, les idées made in 1900 pouvaient fonctionner.
Alors, Amaury sonna une fois. Puis deux. Puis trois. Puis quatre, jusqu'à ce que la grille s'ouvre enfin.
Et c'est quand Elliot lui ouvrit, bien droit dans son costume et le fusillant du regard que l'humain décida que, oui, l'ange méritait bien d'être maudit une troisième fois.
𓆩♡𓆪
Salut salut !
Ça va ?
Oui, je sais, j'ai du retard... Mais eh, ça fait pas encore un mois !
Je me trouve des excuses ? Peut-être... Vous n'avez aucune preuve.
Cependant, moi, j'ai des questions !
-Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
-Au vu du titre, pas trop déçu que Vitaa ne fasse pas d'apparition dans celui-ci ?
-Amaury et ses questions... Je suis curieuse, quelles questions auriez-vous posées à notre ange préféré ?
-Est-ce que maintenant que l'histoire est bien avancée, votre point-de-vue sur certains personnages ont changé ?
-Qui est votre personnage préféré ?!
-Oh et aussi (promis c'est la dernière et j'arrête), à votre avis, comment va se passer la confrontation avec Elliot ?
Bisous sur vos ongles ♡︎
Munroe
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