Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 2

C'est Fred qui cuisine ce soir. Comme tous les soirs finalement. Il m'a dit un jour que ça lui vidait la tête : je n'allais pas le priver de ça !

Du coup je suis allongée sur le canapé du salon, bien calée contre un coussin, un verre de vin à portée de main, à relire le manuscrit du petit génie. Je surligne à la recherche d'incohérences ou de faiblesses dans le récit - que je ne trouve pas - tandis qu'une partie de moi commence déjà à s'exciter sur les extraits qu'on va pouvoir envoyer à la presse.

Fred me rejoint avec deux assiettes fumantes, qu'il pose directement sur la table basse. Je sors deux coussins plats de sous le canapé, et on s'assied à même le tapis.

- Qu'est-ce qui me vaut l'honneur de ma fiancée en jogging ? plaisante Fred, en se servant un verre de vin.

Je proteste.

- Ce n'est pas un jogging, c'est un pantalon d'intérieur moelleux et élastique, signé d'un petit créateur américain dont le nom est emprunté à une déesse grecque.

Il lève les yeux au ciel devant ma mauvaise foi, et m'assène son reproche préféré.

- Tu me tiens pour acquis !

J'affecte une petite moue exagérément câline.

- Canard, j'ai eu une journée de merde. J'ai bien le droit de ne pas être tous les jours la sublime créature sexy dont tu es tombé amoureux...

- Un soir où j'étais ivre, si tu te souviens bien.

Je lui tire la langue avant de me pencher sur le sauté de veau, dont les arômes affolent mes papilles.

- Miam ! Même si on divorce un jour, je continuerai à venir manger chez toi !

Il ricane, en attaquant son assiette.

- C'est ma nouvelle femme qui va être contente.

Mon téléphone sonne et j'ai horreur quand il fait ça en plein repas. Je suis tentée d'ignorer, surtout que c'est un numéro inconnu, mais je réponds parce que c'est un numéro inconnu.

- Madame Deloup Alix ?

- C'est moi, oui...

L'intonation est sévère, professionnelle, avec un léger arrière-plan rocailleux.

- Commissariat central du dix-huitième arrondissement...

Je fronce les sourcils, intriguée.

- Heu... Oui ?

L'interlocuteur enchaine, avec sa voix d'adjudant moustachu.

- Vous connaissez Paul-Artus Stevenson ?

Paul... Artus ? Je sens instinctivement que je vais regretter d'avoir pris cet appel.

- Oui...

- Il dit que c'est vous qui vous occupez de lui. Vous êtes un membre de sa famille ? Une tutrice ?

- Ben... heu... non... pas exactement... mais...

Je décide de couper court aux explications, avant que mes hésitations ne me disqualifient pour la suite.

- Qu'est-ce qu'il se passe au juste ? Je peux vous aider ?

Là-dessus, le représentant de l'autorité se lance dans un long rapport, sur ce ton de formulaire que prennent toujours les policiers quand ils décrivent une situation compliquée. Je reconnais les mots : arrestation, bagarre, drogue et insulte à agent.

Je suis brièvement tentée de raccrocher. Je suis en jogging, presque un pyjama. J'ai un sauté de veau chaud qui m'attend, et un amoureux qui l'est tout autant. Il est vingt et une heures. Courir à travers les rues noires ne faisait pas partie du programme de la soirée.

Oui mais si je laisse Mozart en prison, sa carrière littéraire risque de prendre un mauvais départ. Surtout qu'on n'a pas encore signé le contrat. J'ai déjà eu toutes les peines du monde à expliquer à Dürer la réunion écourtée de ce matin.

Tic. Tac.

- J'arrive, je réponds en soufflant.

Fred me lance le regard résigné de celui qui en a vu d'autres. J'affiche un petit air contrit.

- Une urgence...

Il continue à savourer son plat tout en me regardant passer dans le couloir, de la chambre à la salle de bain, en sautillant sur un jean à moitié enfilé. J'adore cette façon qu'il a, mon cher et tendre, de ne jamais complain, jamais explain. Il pourrait faire reine d'Angleterre, si l'autre ne veut plus du job !

Je me penche au-dessus de la table basse, et j'enfourne à la va vite deux énormes fourchetées de feu mon diner en amoureux.

- che chais aire vite !

Je croise son sourire flegmatique, du gars habitué à mes débordements.

- Je t'attends, dit-il en continuant à manger posément.

Je le connais. Il va mettre un bon album rock sur son antique platine où les disques craquent comme une tarte qui sort du four, il attrapera sans doute un de ces bouquins sur la voile ou un explorateur au long cours, se servira peut-être un whisky bien tassé. Tandis que je sors, seule dans le froid, en me disant que si Artus n'a pas une bonne explication à me fournir, c'est sans doute moi qui vais finir en prison. Pour homicide.

*****

- Il est en cellule de dégrisement.

- Comment je le sors de là ?

- Il nous faut un adulte responsable.

Le pandore me toise d'un air sceptique. Il n'est pas adjudant, mais il porte bien une moustache.

- Vous êtes adulte et responsable ?

J'explique la situation en quelques mots, en essayant de faire comme si tout était sous contrôle.

- C'est drôle, moi-même j'écris, remarque le policier quand j'en viens à préciser ma profession.

- Oui, c'est amusant, je souris patiemment. Et donc je gère les auteurs, y compris dans les aspects les plus privés de leur...

- Des romans policiers, bien sur...

Je me fends d'un petit rire courtisan.

- Vous êtes certainement le mieux placé pour ça, hein !

- Vous n'imaginez même pas ce qu'on voit ici tous les jours, me répond-il d'un air grave.

Je tente de détourner la conversation avant qu'il ne me sorte un manuscrit de son tiroir.

- Et donc pour Paul... heu... Artus, on doit pouvoir s'arranger, non ?

- Normalement, il y passait la nuit. Mais ce soir, on affiche complet.

Manifestement, à Paris, ça n'arrive pas qu'aux restaus en vogue.

Il désigne le ciel, en montrant le plafond, et soupire.

- La pleine lune...

Fascinant. Je savais que tous les métiers avaient leurs petites bizarreries, je découvre l'influence des lunaisons sur la petite délinquance.

Heureusement pour moi, il veut se débarrasser du problème et mes explications semblent suffire. Il passe un appel rapide sur une ligne intérieure, puis me précède jusqu'à la porte blindée qui donne accès aux cellules.

Il m'arrête d'un geste impérieux et on se plante devant la grille.

- Il sera convoqué devant un juge, précise-t-il d'un ton sentencieux. Ce n'est pas la première fois...

J'évite de lui répondre que, quand il aura signé son contrat, ce sera le cadet de mes soucis. En même temps j'aimerais qu'il fasse les gros titres pour son livre plutôt que ses démêlées avec la justice. Si la carrière littéraire d'Artus Stevenson commence par un scandale, il se peut que son problème devienne le mien.

Je tente un sourire engageant, et je crois même que je bats légèrement des paupières.

- On ne peut pas... laisser glisser pour cette fois ?

Il me regarde sévèrement.

- Non, on ne peut pas.

Au bout de quelques minutes, la porte s'ouvre dans un bruit métallique de verrous qu'on claque, sur un Artus maussade, accompagné par une petite fliquette qui n'a pas l'air si indifférente qu'elle voudrait le laisser paraitre. Sans doute l'hématome à la pommette et le sang séché à la commissure des lèvres ajoutent-ils un petit charme canaille à ses traits déjà singuliers.

J'essaie de me composer une attitude. J'observe rapidement mon policier et je tente de prendre le même air sévère et contrarié, la moustache en moins.

Le petit génie s'immobilise devant nous et laisse glisser sur moi son regard liquide, pendant ce qui me semble être un très long moment. Avant de conclure, de cette voix si grave et légèrement trainante à laquelle je commence à m'habituer.

- Wow. Ça doit vraiment être un bon livre.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro