Je tournai la clef dans la serrure et rentrai à la maison. J'enlevai mes sandales. Mon dieu, ce qu'il faisait chaud ! J'allais poser les courses dans la cuisine quand je vis par la fenêtre du salon mes enfants dans la piscine. On l'avait installée le week-end dernier. Ça sentait l'été et les grandes vacances n'était plus que question d'une semaine !

Je me lavai les mains et commençai à préparer le dîner. Pendant que je cuisinais, j'entendais les rires et les cris de mes deux ados. Il s'amusaient à se jeter de l'eau à la figure et à tenter de se couler, comme de vrais gamins. Une demi-heure plus tard, alors que je mettais la table, ils rentrèrent, leurs serviettes autour des épaules.

« Salut Maman, t'es rentrée !

- Coucou mes enfants, vous vous êtes bien amusés ?

- Oui, on s'est rafraîchis.

- C'est l'essentiel. Allez vite à la douche, maintenant ! On va bientôt manger, allez oust ! »

Damien attendit dehors pendant que sa sœur allait se doucher. Pendant qu'il attendait, il s'exclama soudain :

« Ah, demain on peut aller voir les résultats du brevet sur internet ! »

Le brevet ! C'est vrai que ça faisait de là deux semaines qu'il avait passé les épreuves. Étonnamment, il avait l'air assez confiant après les deux jours d'examens, même après l'épreuve de français. Même s'il ne l'avouerait sûrement jamais, la petite cure sans Wi-Fi l'avait sûrement bien aidé. Personnellement, j'attendais de voir...

« Oui, on regardera ensemble ? finis-je par répondre.

- Si tu veux. »

À ce moment-là, Laurine revint dans la cuisine et Damien partit se savonner à son tour. Avant de commencer à manger, je râlai une fois pour la forme, car ils m'avaient bien évidemment laissé des traces de flotte de la terrasse à la salle de bain et que j'avais manqué de tomber en glissant.

***

Dans la soirée, j'ouvris les fenêtres en grand un peu partout dans la maison pour essayer de faire rentrer un peu de fraîcheur. On est tous d'accord que 28°C dans la chambre, ce n'est pas le top pour dormir...
Je faisais donc ma ronde des fenêtres et lorsque j'arrivai dans la chambre de ma fille, celle-ci était plongée dans l'univers incroyable de son smartphone et tapotait frénétiquement l'écran de ses deux pouces. Jusque là, rien d'anormal.
Mais soudain elle me demanda :

« Maman, est-ce que Mamie peut venir me chercher demain ? »

Je dus faire une drôle de tête car Laurine leva les yeux au ciel. Finalement, je répondis :

« Demain ? On sera samedi, donc pourquoi pas, oui. Mais... pourquoi ?

- On va se faire une journée shopping ! »

Une journée shopping ?! Ma fille et ma mère ?! J'avais comme l'impression d'avoir manqué un épisode... Comme je continuais de fixer Laurine comme si elle était un extraterrestre violet à queue de cheval, elle soupira :

« Quoi ? C'est toi qui voulais que je passe du temps avec Mamie, non ? Et puis, finalement, elle est super cool, Mamie. Elle suit la mode de près, pas comme une certaine autre maman, elle est rigolote et elle me donne plein de conseils en amour. En plus, elle a le temps de m'emmener en ville faire du shopping, donc c'est tout bénef ! »

Eh bien ! Si quelqu'un m'avait dit un jour que ma mère et ma fille deviendraient meilleures amies, je lui aurait ri au nez. Et pourtant...

Je souris à Laurine et sortis de sa chambre sans demander mon reste. J'étais toute déboussolée ! J'avais confiance en ma fille, mais je vérifiai tout de même l'information en appelant ma mère. À mon grand bonheur, elle confirma les dires de Laurine et je finis la journée le sourire aux lèvres. Enfin un plan qui avait fonctionné !

***

« Alors, alors, fais voir !

- Attends, ça charge ! »

Le lendemain soir, Damien se connectait sur le site de l'académie pour découvrir ses résultats au brevet, avec moi assise à côté de lui et sa sœur qui tournait dans le coin, faisant mine d'être occupée. Mais j'étais sûre que ça l'intéressait aussi. Soudain, Damien reprit la parole :

« Alors... décision... admis mention très bien ! Maman !

- Waouh, c'est génial mon grand ! »

Je pris mon fils dans mes bras et il rigola. Il avait un grand sourire aux lèvres et il était fier de lui. J'avais senti que malgré son air sûr de lui, il avait eu un peu peur des résultats. Sa sœur s'approcha aussi, un sourire aux coins des lèvres, et ébouriffa les cheveux de son frère en s'exclamant :

« Bravo frérot, tu as fait aussi bien que moi.

- C'est vrai que tu avais aussi eu la mention très bien, Laurine. Je suis fière de vous, mes enfants ! »

Je les embrassai tous les deux sur la joue puis soudain, Damien s'exclama :

« En plus, j'ai eu 74 points sur 100 à l'épreuve de français !

- Génial, tu es un génie mon fils ! »

Après ça, Laurine s'en alla dans sa chambre tandis que son frère continuait de me lire ses notes détaillées et que je m'affairais à la préparation du dîner. Mais une fois qu'on avait entendu la porte de la chambre de Laurine se fermer, mon fils m'avoua :

« Tu sais, maman, Laurine voulait que ça reste secret, mais je voulais quand même te le dire : c'est beaucoup grâce à elle que j'ai réussi l'épreuve de français. »

Je m'arrêtai dans ma préparation et m'approchai de Damien, intriguée par ce qu'il venait de me dire. Il continua :

« Pendant la dernière semaine avant le brevet, elle m'a aidé tous les soirs, sans exception. Elle venait dans ma chambre et elle m'expliquait, me faisait répéter, apprendre et appliquer sur des textes qu'elle prenait dans mes livres. Elle était incroyable et ça m'a beaucoup aidé. »

J'en restais bouche bée ! Laurine n'avait pas du tout eu l'air de s'intéresser aux problèmes de son frère, et pourtant, elle avait eu la patience de l'aider à réviser tous les soirs. La méditation devait lui faire beaucoup de bien, quand même ! Une question me turlupinait encore :

« Mais... pourquoi ne voulait-elle pas que je le sache ?

- Je ne sais pas... sûrement parce que cela aurait nuit à son image d'ado rebelle qui s'en fout de tout et de tout le monde. Ou alors parce qu'elle trouvait ça plus cool de se la jouer héroïne de l'ombre. »

Damien haussa les épaules. Personne ne comprendrait toujours pourquoi Laurine agissait de telle ou telle manière. Elle était comme ça, imprévisible.

Mais je croyais quand même pouvoir affirmer que ma fille était en progrès, même si visiblement, elle ne voulait pas encore l'avouer. L'année prochaine, c'était à son tour de passer un examen, et ça montait au niveau supérieur : le baccalauréat ! Peut-être se rendait-elle compte qu'il fallait grandir un peu, maintenant ? Ou alors, elle était juste dans ses bons jours. En tout cas, c'était bien agréable de ne pas avoir à s'énerver avec elle pendant quelque temps !