Il était une fois... le coup de baguette du Parrain Fé
Depuis cette étrange soirée, il y avait de là deux jours, Martin ne m'avait pas lâchée d'une semelle ! Plusieurs fois dans la journée, il m'envoyait des messages et le soir, il m'appelait. Il était vraiment adorable et c'était agréable de sentir que quelqu'un se souciait de mon bien-être. On ne s'était pas encore revus, mais ça ne saurait tarder ; nous étions samedi et, la veille, il m'avait donné rendez-vous pour ce soir, à l'occasion d'une soirée dansante dans un village aux alentours. Il viendrait me chercher pour dix-neuf heures et nous mangerions sur place. Je me réjouissais, cette soirée avait l'air vraiment sympathique, de plus que j'aimais bien danser, quand j'étais plus jeune.
Il était dix-sept heures trente et j'avais l'impression que le temps passait plus lentement que d'habitude. Ça me fit rire ; je devais avoir l'air d'une gamine le soir du réveillon. Je m'occupais comme je le pouvais, en attendant. J'avais déjà pris ma douche et je faisais la poussière par-ci, je rangeais quelques magazines par-là.
Soudain, le tintement de la sonnette me fit sursauter. Ça ne pouvait pas être Martin, il restait encore une heure et demie avant l'heure de rendez-vous ! Je lâchai mon plumeau pour aller ouvrir. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant Maxime avec un grand sachet plastique dans chaque main, debout fièrement devant ma porte d'entrée !
« Maxime ?! Mais qu'est-ce que tu fais là ?
- Eh ben bonjour l'accueil, j'espère que ton prince aura droit à mieux !
- Que... ?
- Laisse-moi entrer, je t'expliquerai quand je n'aurai plus cinq kilos pendant à chaque bras ! »
Sans comprendre ce qui m'arrivait, je laissai entrer mon collègue et fermai la porte derrière lui. Comme s'il était chez lui, il enleva ses chaussures, alla dans le salon et posa ses sacs avant de s'affaler sur le canapé.
Bon, c'était le moment de reprendre la situation en mains :
« Surtout ne te gêne pas, fais comme chez toi ! Qu'est-ce que tu fais là, déjà ? J'ai un truc de prévu, je n'ai pas beaucoup de temps !
- Un truc de prévu comme par exemple un bal avec le prince ?
- Quoi ?! Attends... j'ai compris, tu m'as espionnée pendant que j'envoyais des messages à Martin pendant la pause de midi ? C'était ça, ta soudaine grande soif et le fait que tu ne prennes quand même pas la cruche de ton côté pour me passer par-dessus à chaque fois ?
- Ah, je suis soulagé que tu aies deviné toute seule, j'étais un peu gêné à l'idée de te l'avouer...
- Nan mais j'y crois pas ! Je pensais qu'il y avait au moins une clause de respect de l'intimité, dans ton contrat de Parrain Fé. C'est de l'arnaque !
- Oui, ben tu peux t'estimer heureuse que je n'aie pas piraté ton téléphone ou placé des caméras de surveillance dans ta maison, j'ai été plutôt soft, pour le coup ! Et puis c'est mon boulot, j'y peux rien !
- Le délire part loin, quand même... très loin... »
Nous rîmes tous les deux de cette échange fou et farfelu. Mais Maxime reprit vite son sérieux et s'exclama :
« Bon, fini la blague, on a du pain sur la planche !
- Comment ça ?
- C'est toi qui as des enfants, alors tu devrais comprendre ! Que fait la marraine fée avant le bal ? 'Faut que je te la joue bibidi bobidi bou ou tu as capté ?
- Non, c'est bon, je crois que le message est passé ! Tu veux m'aider à me préparer ?
- C'est ça !
- Mais... tu es au courant que normalement, on fait ce genre de choses entre filles ?
- Et après ça nous casse les oreilles avec le féminisme !
- Là, c'est différent, j'ai peut-être juste pas envie de faire des essayages devant toi, tu y as pensé ?
- Non, et c'est bien la preuve que tu n'as rien à craindre de moi... mais bon, si tu préfères, je te pose des tenues sur ton lit ou je ne sais où, puis je te laisse toute seule choisir laquelle tu préfères et tu reviens quand tu as fini.
- D'accord, ça me va ! Viens, je vais te montrer ce que j'ai dans mon armoire.
- Ce que tu as dans ton armoire ? Mais pourquoi est-ce que je suis arrivé chargé comme un bourricot, à ton avis ?
- Ah oui, au fait, qu'est-ce qu'il y a dans tes sacs ? »
Je lui pris les fameux sacs des mains et les ouvris brusquement. Lorsque je vis ce qu'il y avait dedans, j'en restai bouche bée. Du coton, du jean, de la flannelle ; du bleu, du vert, du mauve ; des fleurs, des rayures, des pois... c'était un amas de manches et de cols de toutes sortes qui s'entassaient et s'emmêlaient dans les deux grands sacs en plastique. En tout, il ne devait pas y avoir plus d'une demi-dizaine de tenues complètes, mais condensée dans ces sacs, la masse de vêtements paraissait énorme !
J'avais les yeux écarquillés quand je demandai à mon collègue :
« Mais... d'où est-ce que tu as tout ça ?
- Mon ex a décidé que nouvelle vie rimait avec nouvelle garde-robe, donc elle m'a laissé tous ses vieux chiffons... »
Il haussa les épaules, l'air de dire qu'il ne comprenait pas la décision de son ex-femme et qu'il ne devait rien y avoir à comprendre. N'empêche, c'était plutôt bizarre, comme coutume !
« Eh bien, merci alors !
- Au boulot ! En plus, tu es déjà douchée, c'est merveilleux ! »
Ce fut seulement à ce moment-là que je me rappelai être encore en peignoir, ce qui était plutôt gênant en y pensant !
***
Je retournai dans le salon où m'attendait mon collègue. Lorsqu'il me vit arriver, il sourit :
« Tu as pris la robe blanche à fleurs bleues, très bon choix ! En plus, il nous reste encore un peu plus d'une heure, on est dans les temps ! »
Il m'entraîna dans la salle de bain où il avait déjà préparé un tabouret devant le miroir. Mais... minute, papillon, je ne lui avais jamais dit où était la salle de bain !
Il m'installa sur le tabouret et sembla réfléchir quelques secondes. Soudain, il prit un des nombreux flacons de ma fille sur l'étagère et s'exclama :
« Eurêka !
- Qu'y a-t-il ? Qu'est-ce que c'est, ce flacon ?
- C'est dans ta salle de bain, tu devrais mieux le savoir que moi !
- Ça doit être à Laurine...
- Eh bien, pour tout vous dire, chère Madame, c'est de la laque et c'est exactement ce qu'il nous faut !
- Je ne savais même pas qu'il y avait ce genre de choses dans ma maison !
- Eh bien maintenant, tu sais au moins où part l'argent de poche de ta fille ! »
C'était quand même un comble que ça soit Maxime qui m'apprenne ce qu'il y avait dans ma salle de bain...
Celui-ci, sans gêne, commença à fouiller dans les tiroirs et en sortit deux élastiques, une boîte de petites épingles à cheveux et une brosse. Il entreprit de coiffer ma tignasse brune. Une fois que mes cheveux étaient à peu près soyeux, il commença à les manipuler avec une habilité qui m'étonna. Trois tours d'élastique et quelques épingles plus tard, j'avais un joli chignon à l'arrière de la tête. Maxime secoua un peu le flacon et s'exclama :
« Deux pchits de laque et abracadabra ! Voilà ! »
Il me tint un miroir derrière la tête, comme le font les vrais coiffeurs, pour me montrer le résultat. J'étais vraiment bluffée ! Ce n'était pas une coiffure très sophistiquée, mais je ne m'attendais pas à ce que mon collègue sache faire ça. Il me demanda, souriant :
« Ça te plaît ?
- Oui, beaucoup !
- Super, alors on passe au maquillage !
- Euh... mais puis-je te demander depuis quand tu sais faire tout ça ?
- Quand j'étais adolescent, je rêvais de devenir coiffeur pour le cinéma. Alors, à la fin de la troisième, j'ai quitté le parcours général pour m'orienter vers un lycée professionnel. J'ai mon bac pro coiffure et perruquier, mais je n'ai pas continué au-delà car les études étaient trop chères pour mes parents. Alors j'ai commencé à travailler en bureau et c'est ainsi que j'en suis arrivé là. Mais je me rends compte que je n'ai pas tout perdu, il me reste encore des bases !
- Plutôt, oui ! Eh ben... je n'aurais jamais deviné. Est-ce que tu regrettes de ne pas avoir pu continuer ?
- Un peu... mais bon, je me dis que je suis bien comme ça aussi. »
J'acquiescai. Que de révélations ! Je n'aurais jamais imaginé que Maxime ait pu vouloir devenir coiffeur, pour le cinéma, qui plus est. Les gens sont pleins de surprises !
Grâce à ses études, il avait aussi acquis quelques notions en maquillage que son ex-femme avait complétées. Ce fut donc lui aussi qui me maquilla. Je lui avais demandé de faire quelque chose de léger, pour qu'on ne remarque pas trop que j'étais sur mon trente et un. Après tout, ce n'était même pas vraiment un rendez-vous galant, juste une soirée entre amis, donc il valait mieux ne pas trop en faire. Pourtant, lorsque Maxime eut fini son œuvre, je me trouvais rajeunie. Il n'avait pas fait grand chose, il avait atténué mes cernes, avait remis un peu de couleur à mes lèvres, et c'était tout ; mais l'effet était magique !
Maxime me fit tourner et me regarda en souriant, comme s'il était fier d'un tableau qu'il aurait peint.
« Si tous les hommes de la soirée ne tombent pas amoureux de toi, et surtout un certain Monsieur M, je mange un balai !
- Ne parle pas trop vite, tu risques de le regretter !
- On parie ? »
Maxime me tendit sa main et je tapai dedans. Puis, nous discutâmes encore un peu, le temps qu'il range ses affaires. Lorsqu'il partit, je le remerciai pour tout et il me souhaita de bien m'amuser.
Bon, il restait dix minutes avant que le « certain Monsieur M » arrive. J'avais préparé un petit sac à main bien moins encombrant que mon sac XXL et enfilé les chaussures que Martin m'avait offertes, lorsque la sonnette tinta. C'est l'heure du bal, ma vieille !
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Nda :
Hello !
Voici un petit chapitre de transition qui arrive (très) en retard... désolée...
Vous vous en doutez, il n'y aura sûrement plus d'autre chapitre ce week-end. Mais bon, on avance ! L'histoire se corse !
Allez, bonne journée et bon week-end !
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