Il était une fois... Docteur Mamounette !
J'avais le nez dans le réfrigérateur, à la recherche d'un pot de confiture, lorsque je reconnus les pas de mon fils dans mon dos. Je regardai ma montre : huit heures et demie. Il était debout si tôt le premier dimanche des vacances ? Le connaissant, c'était mauvais signe... Toujours le nez dans le frigo, je sentis mon fils s'approcher de moi et soudain m'enlacer par derrière. Double mauvais signe ! Je me tournai vers lui et lui demandai :
« Qu'est-ce qui ne va pas mon loulou ?
- Mal... à... la gorge. »
Effectivement, on était mal ! Les signes ne trompaient pas : Damien était en train de tomber malade ! Comme à la plupart des débuts de vacances... Il n'y a plus école, la pression se relâche, le système immunitaire aussi, et hop ! Le premier virus passant par là prend possession du corps de mes pauvres enfants !
Alerte rouge, mode Docteur Mamounette activé ! Je fis une grimace et m'exclamai :
« Ah non ! T'avais pas le droit ! C'est strictement interdit !
- Si j'avais pu... éviter... t'inquiète que... j'aurais pas hésité. »
La voix de Damien était déjà éraillée et à peine perceptible. Il tenait sa gorge et semblait mourir à chaque mot.
Bon.
Non, non, non, pas bon du tout !!! Mes enfants étaient très fatiguants et demandaient beaucoup d'attention quand ils étaient malades, comme tout le monde, en fait. Si j'avais de la chance, je morflerais pendant quatre ou cinq jours. Si je n'avais pas de chance, Damien passerait ses microbes à sa sœur et j'en aurais pour une semaine et demie. En plus, mes enfants partaient dans deux semaines en colo pour un mois, il fallait qu'ils soient en forme ! Si vraiment le Ciel avait une dent contre moi, après une semaine et demie de lutte, je finirais par succomber moi aussi face aux bactéries.
Pour éviter tout ça, je commençai par préparer un mélange de gouttes homéopathiques et de jus de citron que mon fils devrait boire, puis je lui demandai d'avaler une bonne cuillère à soupe de miel. Mieux valait traiter la maladie tout de suite avec de petites choses, plutôt que d'attendre que ça empire et de devoir prendre des antibiotiques. Damien grimaça en avalant sa mixture de gouttes, effectivement un peu amère, mais je lui lançai un regard sévère voulant dire : « Tu préfères les antibios, peut-être ? », et il but son verre sans broncher.
Après le petit déjeuner, je lui préparai encore quelques granules homéopathiques. Puis je lui embrassai le front et remarquai qu'il avait déjà un peu de fièvre. De la fièvre alors qu'il faisait déjà 40°C à l'extérieur, quelle idée ! Il faudrait m'expliquer le concept à l'occasion ! Mais si mon fils avait déjà de la fièvre, ça voulait dire que son mal de gorge ne datait pas de ce matin. Avec un regard énervé, je lui demandai :
« Dis, ça fait depuis combien de temps que tu as mal à la gorge ?
- Euh... deux jours, peut-être ? Mais je... pensais pas que... c'était grave !
- Bon sang de bonsoir de pétard de zut, Damien ! Combien de fois t'ai-je déjà dit que lorsque tu commences à tomber malade il faut me le dire tout de suite, ou te soigner tout seul puisque tu es grand, même si ce n'est pas grand chose ! Mieux vaut prévenir que guérir, comme on dit ! Regarde, maintenant, tu as déjà un peu de fièvre ! Si ça se trouve, je devrai t'emmener chez le médecin ce soir. Grandis un peu, mince !
- Désolé... maman...
- Bon, aujourd'hui, tu restes au lit. Enfin du moins, tu restes au calme. »
Je l'emmenai dans sa chambre et il se recoucha. Voilà, j'étais énervée, maintenant ! Je retournai dans la cuisine et mangeais mes tartines lorsque Laurine arriva. Elle aussi m'enlaça en guise de bonjour.
« Ah non ! Tu vas pas t'y mettre toi aussi ! Ne me dis pas que tu es malade aussi ?
- Quoi ?! Mais non, je te faisais juste un câlin, j'ai plus le droit ?
- Désolée ma princesse, c'est juste que ton frère est malade et que vous avez tendance à venir me faire des câlins lorsque vous êtes malades ou lorsque vous avez quelque chose à vous faire pardonner.
- À t'entendre, on dirait qu'on n'est gentils avec toi que quand ça nous arrange !
- Ben, c'est un peu le cas, quand même ! »
Ma fille prit un air exagérément offusqué et allait répliquer quelque chose lorsque son frère arriva à la cuisine. Il avait vraiment l'air mal, mon pauvre loulou et me dit :
« Maman, j'ai froid... »
Évidemment... Comme c'était la canicule, j'avais rangé toutes les couettes dans les tiroirs. Je me levai donc et abandonnai ma fille et ma tartine entamée de moitié pour chercher une couverture à mon fils. Je le raccompagnai dans sa chambre et le bordai. Je lui caressai la joue et lui demandai avec douceur :
« Est-ce que tu as encore besoin de quelque chose ?
- Tu peux... me lire une... histoire ?
- ... te lire une histoire ? »
Ma pauvre Catherine, l'heure est grave ! La maladie l'avait renvoyé de dix ans dans le passé. Tout ça pour un mal de gorge ! Ça frôlait la science-fiction, là ! Je soupirai. Quand je disais que mes enfants demandaient beaucoup d'attention lorsqu'ils étaient malades, c'était un euphémisme...
« Que veux-tu que je te lise ?
- Regarde sur ma... table de chevet, il... y a un roman... commencé, tu peux... me lire la suite ?
- D'accord... »
J'avais d'autres choses à faire, comme par exemple passer l'aspirateur ou nettoyer les toilettes, mais bon... Je pris le fameux livre et l'ouvris à l'endroit où était glissé le marque-page. Au fil de la lecture, je compris qu'il s'agissait d'une dystopie qui présentait la IIIe Guerre mondiale. La raison de cette guerre était que tous les pays se disputaient la dernière source de pétrole au monde. Le récit était assez palpitant et les thématiques intéressantes. Mais ça n'empêcha pas Damien de s'endormir dès le troisième chapitre...
***
Peu avant treize heures, alors que Laurine et moi déjeunions, mon fils se réveilla. Je l'entendis m'appeler de sa voix éraillée :
« Maman ! J'ai trop chaud ! »
Je lâchai mon assiette, comme déjà le matin, pour aller voir Damien. C'était pas mal pour faire du régime !
Il était assis dans son lit, tout transpirant. J'avais pris l'initiative de lui apporter un verre d'eau directement, qu'il but d'une traite, de la même manière que s'il venait de passer deux jours dans le désert sans trouver d'oasis. Il me redemanda un verre et je lui cherchai carrément une bouteille. Je n'allais pas passer ma journée à faire des aller-retours entre son lit et le robinet !
Soudain, Damien se leva. Un peu trop vite, visiblement, puisqu'il tangua un peu et que je dus l'aider à trouver son équilibre. Je lui demandai :
« Qu'est-ce que tu veux ? Je peux aller te le chercher.
- Non... là, tu ne pourras... pas y aller à... ma place ! »
Il sourit, amusé et je compris ce qu'il voulait dire. Je le lâchai et le laissai aller aux toilettes, que je n'avais toujours pas nettoyés, entre nous soit dit. Lorsqu'il revint je lui demandai s'il voulait manger quelque chose. Il me répondit que non, ce que je comprenais très bien, mais je le tirai quand même à la cuisine avant qu'il ne se cache sous sa couette. Tu ne sauteras pas la case médocs, mon coco ! Il grimaça en avalant ses gouttes ce qui fit rire sa sœur. Damien voulait répliquer quelque chose, mais finit par simplement lui tirer la langue comme l'enfant qu'il était redevenu.
Après ce court passage à la cuisine, je le raccompagnai dans sa chambre. Et rebelote, je le bordai, vérifiai sa température qui ne baissait pas et et l'embrassai sur le front. Sauf que cette fois-ci, Damien me retint par la main et me réclama un câlin. Il était peut-être malade et totalement puéril mais il était quand même trop mignon. Je lui fis un câlin et comme il ne voulait plus me lâcher, je m'allongeai à côté de lui. Bon, je n'avais pas fini de manger et j'avais encore faim, mais comme je disais, c'était bien pour le régime !
***
J'ouvris les yeux. J'étais toujours dans le lit de mon fils.
« Zut, je crois que je me suis endormie ! »
Je bâillai et me détachai délicatement de mon fils qui dormait toujours. Je regardai ma montre.
« Il est trois heures moins le quart, ça va ! »
Lorsque je me levai, Damien grogna. Je l'avais réveillé. J'en profitai pour lui redonner encore une dose d'homéopathie. Mais sa fièvre ne baissait pas et avait même un peu augmenté. Je soupirai de mécontentement. J'allai bien être obligée de trouver un médecin en consultation un dimanche après-midi. Chouette, j'avais hâte !
Avec toute la motivation que j'avais en stock, je m'assis à la cuisine avec le téléphone et l'annuaire. Comme je le craignais, le cabinet de mon médecin n'était pas ouvert le dimanche. J'appelai le médecin de garde de la ville mais la secrétaire me dit qu'ils n'avaient plus de place pour aujourd'hui. Alors j'ouvris l'annuaire et appelai les médecins de garde des villages alentours. Entre ceux qui étaient en vacances et les cabinets qui n'avaient pas de garde le dimanche, j'étais encore au téléphone une demi-heure après. Finalement, je réussis à avoir un rendez-vous dans la petite ville la plus proche de la nôtre, qui se trouvait tout de même à environ 40 minutes de route. En plus, j'avais reçu un SMS de ma mère qui me proposait d'aller manger une glace tous ensemble chez le glacier près de chez elle. J'avais dû refuser à contrecœur, bien que l'idée d'une bonne glace par cette chaleur me faisait bien plus saliver que quarante minutes de route et sûrement encore autant de temps en salle d'attente... que la vie est injuste !
***
« Alors Docteur, quel est le verdict ?
- C'est une angine blanche, rien de bien grave mais quand même à traiter. Ça doit être la climatisation, car nous sommes étonnamment en pleine épidémie ! Bon, j'imagine que vous ne trouverez plus de pharmacie ouverte aujourd'hui, donc je vous donne la dose pour ce soir et la prescription pour la pharmacie, demain.
- Merci beaucoup Docteur ! »
Le médecin imprima l'ordonnance et nous chercha trois petits cachets à prendre après le dîner. Puis je payai chez la secrétaire et nous nous en allâmes.
***
Après presque une heure de route sans la clim pour ne pas rendre Damien encore plus malade, nous arrivâmes enfin à la maison. Il y avait eu un ralentissement à cause d'un accident sur la route et lorsque je coupai le moteur, j'étais morte. Qu'avais-je fait au Bon Dieu pour subir une telle torture ?!
Bref, lorsque nous rentrâmes, il était déjà 17h30 et j'eus juste le temps d'enfin nettoyer les toilettes avant de devoir préparer le dîner. Pendant que les pâtes cuisaient, j'eus encore le droit à une alerte rose de ma fille que son petit copain venait de larguer par message, « comme une vieille chaussette », pour reprendre les mots de Laurine. Effectivement, ce n'était pas la façon la plus polie de mettre fin à une relation... j'essayai donc de la consoler comme je pouvais, tout en restant attentive à la moindre demande que pourrait me faire mon fils.
Une vingtaine de minutes après, le repas était prêt. J'appelai Laurine, qui vint avec les yeux rougis par les larmes, et son frère, qui vint aussi les yeux rougis par la maladie. Je dînais donc avec deux zombies ce soir-là, quelle charmante compagnie !
Puis vint l'heure pour Damien de prendre ses cachets. Et là, ce fut le drame.
« Je veux pas, maman ! Le médecin a dit que... c'était pas trop grave, alors pourquoi... je dois prendre trois... sortes de cachets ?
- Parce que pour l'instant, ce n'est pas trop grave, mais il faut éviter que ça empire ! Tu veux aller en colo dans deux semaines ou tu préfères rester cloué au lit ?
- Aller en colo, mais... en plus, j'aime pas les... cachets !
- Tu préfères la poudre à diluer dans de l'eau, dont la moitié reste collée au fond du verre sous forme pâteuse et affreusement dégoûtante ?
- Non, mais au moins... il y a moins de risque... de s'étouffer avec !
- Oh là là, mais quelle chochotte ! Tu ne t'es jamais étouffé avec un cachet, ta sœur non plus et moi non plus ! Ce n'est qu'une excuse pour ne pas prendre tes médicaments !
- Oui, mais...
- IL N'Y A PAS DE MAIS QUI TIENNE, BON SANG ! TU VAS M'AVALER CES CACHETONS VITE FAIT OU C'EST MOI QUI TE LES FAIS AVALER !!! »
J'élevais rarement la voix contre mon fils, mais là, j'étais à bout ! Ses petits caprices, c'était mignon deux minutes, mais à force, ça devenait épuisant !
Damien se résigna enfin à prendre ses médicaments et la tension retomba. Comme il avait dormi une grande partie de la journée, il n'était pas fatigué. Il s'installa donc devant la télévision avec sa sœur. D'un côté, j'avais peur qu'il lui passe ses microbes, mais de l'autre, ça me laissait une petite heure de libre pour faire la vaisselle.
Une fois que la cuisine était propre et rangée, je préparai pour Damien une tisane contre le mal de gorge avec une cuillère de miel et un jus de citron. Lorsque je l'apportai au salon, je retrouvai mon fils en train de consoler sa sœur qui pleurait devant une tragédie romantique. Mais pourquoi avait-elle choisi de regarder une tragédie romantique deux heures après sa rupture ?! J'aurais beau essayer, je ne comprendrai jamais totalement ma fille !
À la fin du film, j'envoyai mes enfants au lit, car mine de rien, je fatiguais moi aussi. Et puis je travaille, demain, MOI ! Lorsque je fus enfin dans mon lit, le sommeil ne tarda pas à m'engloutir... de tous les métiers d'une maman, Docteur Mamounette était l'un des plus fatiguants !
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Nda :
Ouf ! Je croyais ne jamais venir à bout de ce chapitre !
Je vous demande pardon pour le petit retard et aussi car du coup, je n'ai pas pris le temps de me relire... je sais, c'est pas bien... :(
J'espère tout de même que ce chapitre vous plaira et je vous préviens tout de suite : la semaine prochaine, on retrouve Martin ! Yeah !
Bonne journée et bonne rentrée à ceux qui rentrent ! :)
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