Il
crut
d'abord
avoir rêvé

Mais lorsqu'il détacha
(enfin)
Son regard de l'horizon
Et de ses vagues muettes
Qui s'échouaient à l'unissons

Il remarqua
(enfin)
L'auteur de cette question
La silhouette discrète
Qui le fixait avec attention

sur un
visage rond
(pâle comme la lune
brillant au dessus d'eux)
deux perles d'azur
guettaient sa
réaction

Encadrées
de
milliers de
tâches de
rousseurs

disséminées

sur son nez
ses joues
son cou

(comme le sable
que les vagues
emportent)

Et de longues boucles fauves
Ondulant jusqu'à son cou

Face à cette soudaine apparition
A ce visage d'opale
Comme parsemé de sable

Emile
ne
réagit
pas

"Ce n'est qu'une gamine"

Pensa-t-il aussitôt
Et sans un mot
Il l'ignora
(enfin... il essaya)

Mais la petite lune pâle
Elle
N'abandonna pas

"C'est à toi que je parle"

Et cette fois
Emile
Agacé
Répondit
(toujours sans la regarder)

"Je ne pleurais pas"

C'était une réponse
sèche
rêche
Et plus froide encore
Que les rochers hostiles
Où s'écrasaient les vagues
(à l'unisson)
Qui
Comme la voix d'Emile
Mourraient de n'avoir su
Résister
A l'indomptable flux
D'un torrent
D'émotions

Mais la petite lune pâle
Ne sembla pas s'en offusquer
Puisqu'elle haussa les épaules
En un sursaut léger

Ce qu'Emile ne vit pas
Evidemment
Puisque son regard était toujours
Obstinément

accroché à l'horizon

(même si
cette fois
il ne regardait
plus vraiment
les vagues qui
toujours
s'échouaient
à l'unisson

même si
cette fois
il fuyait surtout
je crois
deux perles bleues
et une question)

Alors elle répondit

"Si tu l'dis"

D'une voix aussi fluette
Que sa silhouette

Alors il pensa

"Merci"

Mais secrètement
(évidemment)

Et

en

tout

petit

bien

tapi

au

fond

de

son

esprit

Car finalement
Maintenant
Il n'était
plus si
agacé
que
ça

C'est amusant
N'est-ce pas ?
De voir comment
Parfois

Une
toute
petite
voix

Peut faire bien plus d'effet
A une âme en colère
Que l'immense et respectable
Sommeil de la mer

(qui reste avant tout
tellement

solitaire)