1 - Alors qu'il broyait du noir
Tout commença un soir
Alors qu'Emile broyait du noir
Il marchait d'un pas lourd
Sur la plage déserte
Emmitouflé jusqu'au nez
Dans son écharpe verte
Le vent marin soufflait
Sur les mèches d'ébène
Qui tombaient en cascade
Devant ses yeux grisés
Et ses sourcils
froncés
Que la nuit était belle ce soir-là!
La lune lisse et ronde
Dormait sur un nuage
Blanchissant l'atmosphère
De cette déserte plage
(Même s'il serait mentir
Que d'ignorer les lampadaires
Qui dans cette nuit de soupirs
Permettaient
C'est vrai
D'y voir peu plus clair)
Mais toute cette beauté
Cette poésie incarnée
Émile ne la voyait pas
Car Émile
En réalité
Avait l'esprit rongé
Par le désarroi
Les poings serrés
Et la gorge nouée
Émile était contrarié
Un peu trop contrarié peut-être
Pour prendre le temps de voir
La lune et les souffles du soir
Ses yeux
Aveuglés de colère
Un instant se posèrent
Sur un
pauvre
galet
qui l'instant d'après
déjà disparaissait
au fond des
eaux
noires
Habilement propulsé
D'un violent coup de pied
Émile ruminait
Ressassait mentalement
Les insultes encore sifflantes
La dispute encore violente
La colère encore ardente
La claque encore brûlante
Et peut-être un peu
la culpabilité
Mais ça
Jamais
Il n'osera l'avouer
Jamais
Il n'ira s'excuser
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