Chapitre 32 : Ambre
Chapitre 32 : Ambre
Les bras de Dixon entourent ma taille et me font sourire. Ce que j'aime son contact, il me rassure et me fait du bien. Cependant, ce matin, une douleur que je connais bien trop vient gâcher cet instant de bonheur. Délicatement, en essayant de ne pas réveiller Dixon, je saisis mon téléphone pour regarder mon application magique. Et ce qu'elle m'indique me fait déchanter. Mes règles sont arrivées avec deux jours de retard. Mon corps étant mis à rude épreuve ces derniers temps, cela doit jouer sur mes hormones.
La douleur est particulièrement importante et brutale aujourd'hui, me poussant à me rendre aux toilettes pour vomir. Cela ne s'était pas produit depuis quelques années. À une certaine époque, mes règles me causaient des malaises et je ne parvenais pas à garder mes repas. Après consultations auprès de nombreux médecins, aucun d'entre eux n'avait réussi à découvrir un quelconque dysfonctionnement. Ils ont tous répété la même chose, la raison principale à ces symptômes est le stress.
Aujourd'hui, le stress fait partie de ma vie, mais il est vrai que les lettres de menaces et l'effraction de la salle de sport et le cambriolage de mon appartement n'ont fait qu'augmenter mon anxiété.
Je finis de régurgiter le peu de choses qu'il y avait dans mon estomac lorsque je sens une main chaude dans ma nuque. En plus de relever mes cheveux pour qu'ils ne soient pas tachés, Dixon effectue des petits cercles dans mon dos pour me détendre. Il doit être magicien pour parvenir à calmer les crampes aussi rapidement.
— Est-ce que ça va mieux ma belle ?
Je secoue la tête négativement et il m'aide à me redresser. Le passage par le lavage de dent est obligatoire, je déteste cette sensation d'avoir la bouche pâteuse. Les spasmes dans mon ventre reprennent de plus belle. Je serre mon abdomen avec mes bras et Dixon me prend dans ses bras pour me ramener dans le lit. Sans plus attendre, il part dans la salle de bain et revient avec un médicament.
— Qu'est-ce qui tu arrives Ambre, tu me fais peur, tu souhaites que j'appelle un médecin ? me demande-t-il préoccupé de mon état.
Sa bienveillance me touche beaucoup, c'est un peu gênant de lui préciser que j'ai mes menstruations, mais je ne veux pas qu'il panique davantage. Je pousse un petit rire qui a le ton de le détendre puis finit par lui expliquer les raisons de mon état :
— Ne t'inquiète pas, j'ai simplement mes règles. Parfois, elles sont plus violentes que d'autres fois. Je vais rester au lit et me reposer, est-ce que tu aurais une bouillotte pour que je puisse la mettre sur mon ventre ?
Il vient se coucher avec moi sur le matelas et finit par secouer la tête négativement, mais referme ses mains sur mon ventre. La chaleur qu'elle dégage me fait immédiatement du bien. Je ne sais pas s'il est magicien ou s'il agit comme un placebo, mais le résultat est le même, je suis bien plus détendue, et la douleur plus lointaine.
Je vais devoir lui demander d'aller m'acheter de quoi me protéger, n'ayant pas ce qu'il faut sous la main. Nous allons avoir le droit à un autre moment gênant, mais tous les couples passent par là n'est-ce pas ?
— Dix, j'aurais besoin que tu me rendes un petit service, énoncé-je d'une petite voix.
Ses mains se serrent davantage contre mon ventre et je comprends que c'est le signal pour poursuivre ma requête.
— Je.. je... voilà, je n'ai pas de protection hygiénique est-ce que ça te dérangerait d'aller m'en chercher ?
Le silence règne en maître, seules la respiration de Dixon et la mienne sont perceptibles. Je crois bien que lui-même ne sait pas quoi répondre. Son corps se rapproche du mien pour venir m'envelopper d'un voile de chaleur. Il dépose un baiser sur ma tempe puis se détache de moi.
— Ne bouge pas, je vais te chercher ce qu'il faut. En attendant, repose-toi et si tu as besoin de quoi que ce soit appelle-moi ou fais comme chez toi.
Il rabat la couverture sur moi, j'aime ces petites attentions. Je crois même que j'aurais du mal à m'en passer. Ce garçon m'a fait changer ma vision des hommes, une vision biaisée par un être il y a quelques années. Il m'a permis de redonner ma confiance, et me sentir aimée. Sans qu'il ait besoin de parler, je vois dans son regard à quel point il m'apprécie comme je suis. Dans l'époque actuelle, je ne pensais pas cela possible, nous vivons tellement dans une société de mensonge, de paraître, où la beauté est le seul critère de jugement. Des milliers de personnes doivent me ressembler, et penser que l'amour n'est qu'un mythe et qu'il n'existe que dans les livres. Pourtant, je suis en train de la vivre cette belle histoire.
Peu à peu, le calmant fait son effet et je peine à lutter contre le sommeil.
L'eau chaude de la douche fait un bien fou après cet entraînement intense. Je passe mes doigts dans ma chevelure pour répartir le shampoing, tout en fermant les yeux pour apprécier ce moment de détente. Toutes mes camarades de classe sont d'ores et déjà parties. Je suis généralement la dernière à sortir. J'aime faire un ultime tour de terrain alors que toutes les filles s'en vont prendre leur douche pour me retrouver seule avec moi-même. Cependant, mon rinçage est interrompu par une brusque coupure de courant. Fichu, gymnase trop vieux, ce n'est pas la première fois que cela se produit. Je me dépêche de finir de nettoyer mes cheveux, puis me saisit de ma serviette que j'enroule autour de mon corps.
Le noir ne m'a jamais effrayé avant aujourd'hui. L'atmosphère est tendue, mon ventre se noue d'angoisse. Un mauvais pressentiment s'empare de moi et me guide vers la sortie. Un bras vient interrompre ma démarche, avant d'avoir le temps de pousser un cri, une main se pose sur ma bouche.
— Alors ma jolie, tu n'as pas répondu à ma dernière invitation, souffle une voix que je saurais reconnaître en mille.
Un bras me secoue et me tire de se souvenir ou plutôt de ce cauchemar. Ma respiration est rapide et je porte ma main à ma gorge pour m'aider à mieux respirer. Dixon me prend dans ses bras pour me calmer, mais cela demande du temps. Je suis sûre que mes hormones jouent sur mes émotions. La plupart du temps lorsque j'ai mes règles, je suis plus vulnérable, et des fragments de mon passé reviennent me hanter.
— C'est fini, je suis là, tout va bien, me réconforte-t-il d'une voix douce et apaisante.
Après quelques minutes dans la même position, je finis par effacer les larmes qui maculent ma peau. Je ne m'étais pas rendu compte que je pleurais. Mon regard est intrigué par le gros sac rempli près du lit. Il semblerait que Dixon se soit un peu emballé.
— Tu as dévalisé tout le magasin ? plaisanté-je d'un ton qui le fit rire à son tour.
— J'ai écumé tout le rayon, mais honnêtement il y a bien trop de choix. Pour flux léger, normal, abondant, ou encore pour la nuit sérieusement c'est quoi ces trucs, m'annonce-t-il en montrant une à une les boîtes de serviette hygiénique.
Pas moins de quatre boîtes complètes. Et cela ne semble pas terminé au vu de ce qui dépasse du sac.
— Après j'ai hésité avec des tampons, avec applicateur, sans applicateurs, et encore une fois plusieurs tailles différentes, enchaîne-t-il en sortant encore des boîtes.
Je ne peux m'empêcher de pouffer face à son ignorance. C'est à la fois mignon et très drôle. Je crois que j'ai assez de protection pour une année avec tout ça.
— Tu t'es un peu emballé chérie, je mets uniquement des serviettes, mais nous pourrons les donner aux gens dans le besoin, en tout cas merci d'avoir acheté tout ça pour moi.
— Attends, je n'ai pas fini. Pour essayer d'atténuer la douleur, je t'ai acheté une bouillotte, même si je ne doute pas de mes capacités à te tenir chaud, me balance-t-il avec un clin d'œil coquin. Ah et aussi un pot de glace pour se réconforter.
Ces emplettes ont dû lui coûter une fortune et je me sens soudainement coupable de ces achats à profusion. Et son attention avec la crème glacée me touche, cependant, je suis tiraillée entre la tentation d'en manger tout de suite ou de faire l'impasse pour rester concentré dans ma perte de poids.
— Ambre, regarde-moi, me dit-il en apposant ses mains sur mes joues, ce n'est pas quelques bouchées de crème glacée qui vont gâcher tous tes efforts. Et même si tu avais le goût de dévorer tout le pot, tant que ce n'est pas tous les jours ce n'est pas grave. Tu peux me faire confiance là-dessus, affirme-t-il en me déposant un baiser sur le front.
Je n'ai pas envie de bouger de ses bras. Cette étreinte réconfortante m'apporte tellement de bonheur que je ne veux pas que cela s'arrête. Pourtant il le faut, je sens que ces serviettes vont m'être très utiles dès maintenant. Sans demander mon reste, je prends le premier paquet disposé sur la table et court en direction des toilettes. Le feu aux joues, je me rends compte du ridicule de la scène, j'ai presque envie de rire de moi pour ma précipitation.
Après une bonne dizaine de minutes à m'être caché dans la salle de bain pour masquer mon embarras, je finis par sortir. La douleur revient à la charge après ce petit répit. Cette fois, c'est avec plus de délicatesse que je m'empare de la bouillotte pour aller la remplir d'eau chaude. Mais c'est sans compter Dixon qui me la prend des mains :
— Va t'allonger, je te rapporte ça. Aujourd'hui je suis aux petits soins pour toi, profites-en, m'annonce-t-il en déposant un bref baiser sur ma bouche.
Je l'entends s'affairer en cuisine pour remplir l'objet magique, tandis que je m'installe confortablement sous la couette. Il ne met que quelques secondes à me revenir avec cette poche contenant de l'eau chaude qui apaisera les douleurs. Alors que je pensais qu'il me rejoindrait dans le lit comme tout à l'heure, il n'en est rien. Il dépose un baiser sur mon front et m'annonce qu'il doit passer des coups de téléphone pour le travail. Déçue qu'il ne reste pas avec moi, j'acquiesce d'un mouvement de tête puis me retourne et ferme les yeux.
Encore une fois, la fatigue à raison de moi et je me rendors aussitôt. Je suis vidée d'énergie le premier jour de mes règles à chaque fois, heureusement cette fois-ci nous sommes en plein week-end et cela n'est pas dérangeant pour les cours. En parlant de cours, il faudra tout de même que je me mette à réaliser le portrait d'une célébrité qui a marqué le monde. Depuis le départ, je sais qui sera à l'honneur dans ce devoir. Comment passer à côté de ses bonnes actions, Michelle Obama est une femme forte si inspirante que je me devais de dessiner son visage.
À mon réveil, le jour est déjà tombé. Dixon n'est pas à mes côtés dans le lit, alors il ne doit pas être très tard. Je décide de me faire un brin de toilette avant de le rejoindre dans son salon. Et dire que j'habite chez lui. On se connait depuis quelques mois seulement, pourtant cette situation n'a rien d'anormal. Étrangement, je ne me sens pas mal de résider si tôt avec lui, au contraire, j'ai la sensation que nous venons de passer un nouveau cap. Bien que ce dernier ait peu été forcé par le destin. Ou du moins par mon harceleur. Cette pensée me tire un énième frisson d'angoisse. Je m'asperge le visage d'eau fraîche et me regarde dans le miroir. Des gouttes d'eau dégoulinent sur mes joues et mon reflet ne me dégoute plus autant qu'avant. Même si je n'ai pas perdu dix kilos, le changement est déjà visible et me procure un sourire de fierté. Tout ça, je ne me le dois pas uniquement, Dixon y a contribué en grande partie.
Je sors de la salle de bain et pars le rejoindre. C'est avec son ordinateur et une lettre à la main que je le retrouve dans le canapé. L'espace d'un instant, la peur m'envahit à l'idée qu'il s'agisse d'une énième menace. Pourtant, à en juger par la longueur de cette lettre, il n'en est rien.
— Qui t'a envoyé une lettre, lui demandé-je en passant une main dans ses cheveux ondulés.
Je n'obtiens aucune réponse, Dixon étant de dos, je fais le tour et le trouve finalement endormi. Dans un premier temps, je n'ose pas lire ce qu'il y a d'écrit sur ce morceau de papier. Puis, ma curiosité est trop importante et les premières lignes me font froncer les sourcils.
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Hey,
Encore un chapitre en moins d'une semaine. J'espère que vous avez aimé ce petit chapitre qui reflète la réalité.
Bye bye.
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