Chapitre 21 : Ambre
Chapitre 21 : Ambre
La tension est palpable dans l'air. Je sens que Dixon n'est pas de bonne humeur, pourtant, je ne comprends pas réellement ce qu'il se passe. Encore un peu endormie, je me frotte les yeux pour essayer de me réveiller plus rapidement. D'un coup, il se saisit de mon bras et me fait passer derrière lui. Ce geste a le don de me faire émerger d'un seul coup.
— Reste -là, je vais vérifier quelque chose, m'indique Dixon d'une voix ferme qui commence à me faire peur.
D'un geste de la main, je le retiens par la manche de son t-shirt. Son regard étonné m'invite à lui faire part de mes craintes de rester seule.
— Ne me laisse pas toute seule Dix, cette situation est angoissante, je veux rester avec toi ! le supplié-je d'un ton sans appel.
Son regard change en un instant, une sorte de lueur d'inquiétude fait son apparition. Ses doigts enlacent les miens fermement me faisant comprendre qu'il ne me lâchera pas. Dixon s'empare de son téléphone surement pour joindre Max et l'informer de ce qu'il est en train d'arriver. Une sorte de malaise envahit mon corps, j'ai la sensation que ce que nous allons découvrir ne va pas leur plaire. D'un pas décidé, Dixon s'engage vers l'entrée, le rideau en fer n'est pas fermé jusqu'au bout.
— Je suis certain d'avoir vérifié qu'il était bien descendu jusqu'en bas hier soir.
Il saisit à nouveau son téléphone pour prendre en photo tous les détails qui ne lui semblent pas normaux. Puis, il ouvre le rideau à l'aide d'un morceau de tissu surement pour préserver les preuves en cas de problème. Ce que nous découvrons finit d'énerver Dixon qui lâche ma main d'un seul coup pour se tirer les cheveux. La porte était entrouverte, et une inscription qui me glace le sang a été laissée sur le mur. Heureusement, si l'on peut se réjouir de quelque chose, c'est qu'aucune machine ne semble avoir été touchée, ni même les bureaux de l'équipe.
Mes yeux ne peuvent pas quitter des yeux ces lettres écrites avec de la peinture rouge, où l'on peut lire « je vais devenir ton pire cauchemar ». Ces mots ressassent des émotions que j'aurais préféré ne plus ressentir. Mon cerveau décide à cet instant de me remémorer des passages de mon agression, et des semaines d'enfer qui s'en sont suivies. Je n'entends même plus Dixon qui semble discuter avec un autre homme dont la voix m'est plus que familière. Mon souffle se fait plus court, la pièce tangue autour de moi et mes oreilles sifflent. J'ai l'impression d'être sous l'emprise de l'alcool. Mes pieds ont du mal à me maintenir debout, alors je tente d'appeler Dixon, mais je ne sais même pas si ma voix est perceptible.
Je sens soudainement des bras qui me retiennent de tomber en arrière. Ce contact me ramène à la réalité. L'espace de quelques secondes, tout était flou. Ce n'est pas la première fois que je fais un malaise, depuis quelques années ils peuplent ma vie. Je crois que toute cette tension accumulée ces derniers jours me pèse bien trop. Entre l'impression d'être suivie, les lettres, et maintenant la salle qui est dégradée, il semblerait que quelqu'un en est après moi. Seulement, je ne sais pas qui pourrait faire cela et surtout pour quelle raison.
— Ambre, tu vas bien ? s'inquiète Dixon en me lançant un regard effrayé.
D'un côté, je me dis que je devrais lui dire toute la vérité, pour me soulager d'un poids et avoir son assistance, mais d'un autre j'ai honte d'avoir besoin de son aide pour m'en sortir. Toute ma vie je n'ai eu besoin de personne, jusqu'à ce que mon cauchemar me pourrisse la vie en la transformant en enfer. Toutes mes peurs sont nées de cet évènement, toutes mes angoisses n'ont cessé d'être présentes, et j'ai dû accepter l'aide de mes proches et de professionnels, mais depuis ma rencontre avec Dixon, il parvient à m'apaiser.
— Ne t'inquiète pas ce n'est qu'un petit malaise, je n'ai pas mangé ce matin avant de partir, ça doit venir de là.
Sans me lâcher, il hoche la tête en signe de compréhension. Je m'en veux instantanément de lui cacher ma vérité, seulement, il est encore trop tôt pour que je lui dévoile l'histoire qui m'a brisé et dont il essaie de recoller les morceaux.
J'écoute les garçons d'une oreille distraite jusqu'à qu'un élément me fasse réagir :
— Entre ça et le fil qui avait été sectionné au niveau du compteur électrique, cela commence à faire beaucoup Max. J'ai comme l'impression qu'on a un ennemi qui veut nous faire comprendre quelque chose.
— Attendez, la coupure de courant n'était pas accidentelle ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ? m'exclamé-je brutalement en me défaisant de ses bras.
Je suis gonflée de lui reprocher de me cacher des choses alors que je fais la même chose, mais cet élément ne me rassure pas. Au contraire, cela ajoute de l'angoisse à une situation déjà effrayante.
— Nous n'en sommes pas sûrs Ambre, mais en effet, il se pourrait bien que cet acte soit volontaire. En revanche, je ne vois pas qui pourrait nous en vouloir au point de faire ça !
Cela fait presque une heure que Dixon m'a ramené chez moi. Ce début de matinée a été riche en émotion. Je me doute que les prochaines heures vont être éprouvantes pour Max et Dixon, la police venait d'apparaître lorsque nous sommes partis avec Dixon. La séance ménage risque d'être fatigante.
La route pour me rendre à l'université n'a jamais été aussi longue qu'aujourd'hui. Je ne cesse de repasser en mémoire notre arrivée à la salle. Le stress a été à son paroxysme, et a réveillé en moi des sensations que j'aurais préféré laisser dans un coin de ma tête. Mon unique envie est de voir Ava et Lizzie pour me confier sur ces dernières heures éprouvantes.
Une fois entrée dans la salle, je repère tout de suite les filles qui sont en train de discuter. Je les rejoins rapidement, tout en posant lourdement mon sac sur la table, je m'assois de manière brutale sur la chaise. Les filles ont arrêté de parler et je sens le poids de leur regard sur moi. Un interrogatoire m'attend...
— Oula Ambre, on dirait bien que ça ne va pas trop, s'intéresse Lizzie.
— On va dire que le début de la journée a été très éprouvant moralement.
J'essaie de leur jeter un coup d'œil et remarque que les deux filles ont leur sourcil froncé, surement intrigué par ce que je leur ai annoncé.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? La voix d'Ava me ramène à la réalité.
— Nous nous sommes vus avec Dixon hier soir et avec la fatigue, je suis restée dormir chez lui en tout bien tout honneur. Je vous l'assure, affirmé-je devant leur regard qui en dit long sur ce qui aurait pu se passer cette nuit. Puis ce matin, avant de me déposer à mon appartement, nous sommes partis faire l'ouverture de la salle. En arrivant, nous avons constaté que quelqu'un s'était introduit à l'intérieur pour dégrader certains éléments.
Ava et Lizzie sont muettes après mes dires, elles ont la bouche ouverte comme des poissons-bulles. Surement surprise par ce que je viens de leur annoncer. Moi-même, je ne sais toujours pas comment réagir.
— Oh putain, je ne sais même pas par quelle partie commencer, débute Ava sur un ton encore perturbé.
— Moi je sais, tu as passé la nuit chez Dixon ! s'extasie Lizzie, ayant occulté une partie de mes révélations.
D'un coup de coude, Ava essaie de faire comprendre à Lizzie que ce n'est pas le cœur du sujet, même si j'imagine son engouement.
— Tu vas bien Ambre ? Cette situation doit être assez perturbante, si jamais tu veux en parler, nous sommes là, me rassure Ava.
Je n'ai pas le temps de répliquer, car notre professeur fait son entrée dans la salle. L'idée de dessiner me donne du baume au cœur, cependant, mon cerveau est concentré sur un autre sujet. Je me demande comment vont les garçons, si la police a pu récupérer des indices, voire retrouver le coupable. Il est encore tôt, je le sais, mais secrètement, j'espère que cette situation ne durera pas longtemps.
Après avoir vécu des mois d'angoisse, de stress au quotidien, je ne suis pas sûre d'être capable de tenir à nouveau.
— Ma belle, est-ce que ça va ? me demande Lizzie, voyant que je ne suis pas vraiment à l'écoute des paroles de notre professeur.
— Oui, ne t'inquiète pas. Je ne suis pas d'humeur à être assise sur cette chaise pendant trois heures.
Sa main vient se poser sur mon épaule pour me réconforter. Je suis tellement heureuse d'avoir trouvé deux amies comme elles. Leur présence me permet de ne pas sombrer à nouveau dans la parano. Pour autant, cela me replonge dans un passé que je préférerais oublier.
Flashback
—Alors grosse vache, tu sors enfin de ta maison. Tu as peur de montrer ton corps ignoble aux autres ? s'amuse un jeune de ma classe.
Les larmes perlent sur mes joues. J'essaie de les retenir au maximum, mais peine perdue, ces mots ont encore une fois brisé une partie de mon âme. Jour après jour, je ne suis plus que l'ombre de moi-même. La vie ne me donne plus envie d'être vécue, je tiens bon pour mes parents, parce que je ne peux pas leur faire ça. Mais ce qui me permet de rester debout, c'est ma volonté de voir ce salaud entre les barreaux pour toujours. Je ne veux pas lui donner la satisfaction de me voir sombrer.
Sans attendre une seconde de plus, je prends la fuite. C'est ce que je sais le mieux faire ces derniers mois. Des rires se font entendre au loin, mes poings se serrent et je ne rêve que d'une chose : leur tenir tête. Seulement, je ne suis pas assez forte.
Une fois le lycée perdu de vue, je me permets enfin de ralentir le rythme et de me calmer. Je m'adosse à un arbre pour reprendre mon souffle. Mon répit est de courte durée, lorsque j'entends des branches craquer dans mon dos. Ma respiration repart au galop et je tente de rester le plus détendu possible. Encore cette sensation d'être suivie, observée, cela fait plusieurs jours que je ressens un mal être dès que je sors de chez moi. Nous sommes près de la forêt, alors ces branches cassées pourraient être l'œuvre d'animaux. Oui voilà, ce sont des animaux qui font ce bruit.
Il est temps que je rentre voir mes parents. Un câlin ne me ferait pas de mal après cette journée éprouvante. Quand est-ce que ce cauchemar va s'arrêter ?
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