Chapitre 2 : L'avouer au moins à l'un d'eux
Avant de pénétrer dans le dortoir, je m'arrêtai un instant. Je m'appliquai à respirer calmement quelques secondes. Je n'allais pas leur dire la vérité tout de suite. Du moins, pas dans les minutes à venir. Mais j'étais anxieux à l'idée de leur faire face. Comme si en regardant mon visage ils pouvaient tout deviner.
Puis je rentrai. Je fus tout de suite accueilli par une petite tête blonde. Il me sourit chaleureusement. Ils savaient que j'étais allé voir le manager, ils avaient vu mon stress, mais je ne leur avais pas dit pourquoi. Les autres suivirent le premier en me saluant.
- Alors, ça a été ? Me demanda finalement Taehyung.
- Oui.
Je leur souris faiblement. Je ne voulais pas en dire plus, je ne savais pas vraiment. Si ce n'était pas réellement un oui, c'était plus proche de la vérité qu'un non.
- Tant mieux. Rajouta Seokjin.
Je me sentis soudainement vidé de toute énergie. Enfin, plus que d'habitude. Je hochai la tête pour toute réponse et leur indiquai que j'allais prendre ma douche. Je traînai d'ailleurs un peu sous celle-ci. Je n'avais pas envie de les affronter encore, j'étais fatigué. Pourtant, ils n'y étaient pour rien, eux. Ils n'étaient pas responsables de ma différence. Je pris la résolution de leur avouer dans la semaine. Le plus tôt possible serait le mieux, sinon je n'allais jamais le faire. Pourquoi est-ce que je voulais leur dire, déjà ? Après tout, ça ne les regardait pas. Mais j'en avais besoin, aussi. Ca ne changeait pas ce que j'étais. J'étais toujours leur ami. Enfin, j'espérais que ça serait toujours le cas après ça.
J'avais envie de pleurer, mais je n'y parvenais pas. Je n'étais pas quelqu'un qui pleurait facilement, j'avais tendance à contrôler mes émotions. Mais peut-être que là, je n'y arrivais pas. A rien du tout.
Je sortis enfin de la douche, après y avoir passé un certain moment. Je me préparai soigneusement à ressortir de la pièce. Physiquement comme mentalement. Je m'aperçus rapidement que quelqu'un faisait la cuisine, et il n'était pas difficile de deviner que c'était Seokjin. Il était celui qui cuisinait le plus pour nous, même si parfois, c'était quelqu'un d'autre. Épuisé et sans vie propre, je m'affallai dans le canapé, déjà occupé par Jimin et Namjoon. Je ne savais pas où étaient les trois autres, sûrement en train de faire les imbéciles quelque part. Je soupirai.
- Tu n'as pas l'air d'être en forme.
J'arquai un sourcil en tournant la tête vers mon leader. Perspicace. Je haussai les épaules en me forçant à sourire.
- Je suis fatigué.
Il me sourit chaleureusement en retour, bien que je pouvais voir un peu d'inquiétude sur son visage. Je m'en voulus de ne rien vouloir lui dire. D'ordinaire, je me confiais pas mal à lui, mais sur ce sujet, je ne lui avais jamais rien dit. Pourtant, je savais qu'il n'avait rien contre les homosexuels, il avait déjà affirmé publiquement qu'il les soutenait. Mais entre les soutenir et savoir qu'un de ses meilleurs amis en était un, il y avait une grande différence.
- On ne va pas tarder à manger, tu pourras aller te reposer après.
- Oui.
Je le lâchai du regard pour le porter quelque part dans le vide. Derrière moi, trois idiots firent irruption avec fracas. Leurs rires emplirent la pièce rapidement et je me mis à sourire légèrement. Qu'ils étaient fatigants. Quand allaient-ils mûrir ? Malgré cette réflexion, pour rien au monde je ne voulais les changer. Je les aimais comme ça. D'un coup, mon stress me reprit. Et si je les perdais ? S'ils ne voulaient plus de moi ? Si je les dégoûtais ? Je ne voulais pas leur dire au revoir maintenant. J'avais encore besoin d'eux, du groupe, des fans. Je ne voulais pas voir toutes ces années de travail voler en poussière pour des préférences que je n'avais pas choisies. Je soupirai encore, mettant cette attitude sur le compte de leurs gamineries. Je les regardai un instant. Hoseok et Taehyung étaient en train de se chamailler en se chatouillant, ce qui ne m'étonnait pas vraiment. Le plus jeune nous offrait son sourire si particulier et je ne pus que faire de même en l'observant. Je secouai la tête afin de chasser mes idées noires. Je ne devais plus penser à ça pour ce soir, je devais en profiter un maximum.
Après quelques minutes comme ça, la voix de Seokjin nous indiqua que le repas était prêt. Nous ne nous fîmes pas prier pour nous installer et commencer à manger. Personnellement, je n'avais pas très faim. La fatigue et l'anxiété nouaient ma gorge, m'empêchant de profiter de la moindre nourriture. Je me forçai néanmoins à avaler le stricte minimum pour ne pas inquiéter mes amis qui s'agitaient autour de moi. Tout au long du repas, je pensai. Parfois, je répondais à leurs bêtises, parfois je leur souriais, mais j'étais préoccupé. Depuis que j'avais évoqué la possibilité de leur dire la vérité, cette idée me hantait. J'en avais autant besoin que peur.
Enfin, le repas se termina sans qu'on ne me fasse trop de remarque sur mon attitude. A croire qu'ils avaient l'habitude que je ne participe pas à leurs bêtises collectives. Ce soir, nous n'avions rien de prévu, j'avais donc la possibilité d'aller dormir tôt. Ce que j'avais bien l'intention de faire. Je dis rapidement au revoir aux enfants avec qui je vivais, et m'éclipsai dans ma chambre. Je me préparai à aller dormir le plus rapidement possible. J'étais vraiment fatigué, et je n'avais pas la force de rester avec eux ce soir. Alors que je ressortais de la salle de bain après un brossage de dent express, je me rendis compte que quelqu'un m'y attendait. Namjoon était là, assis sur mon lit. Il leva son visage vers moi et me sourit, attendant que je m'approche. Je fermai la porte derrière moi, peu désireux de me confronter à des curieux. Je savais qu'il allait me faire parler.
- On peut parler ?
- Si tu veux.
De toute façon, je n'avais pas la force de refuser une discussion avec lui. Je n'avais pas très envie de discuter avec lui maintenant, mais il était mon leader, et l'un de ceux à qui je me confiais quand ça n'allait pas. Peut-être que je devais lui dire la vérité à lui avant de le faire avec les autres ? Je m'assis à côté de lui sur mon propre lit. Il me regarda un instant et je lui souris faiblement.
- Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Je ... Difficile ... à dire.
Je baissai la tête, honteux. Dieu que j'avais envie de tout lui avouer ! Mais j'avais aussi tellement peur. Toute cette histoire me tracassait vraiment et je regrettais d'être allé voir le manager. Mais je ne pouvais plus revenir en arrière, c'était trop tard maintenant. Je soupirai. Puis je fermai les yeux quelques secondes pour reprendre mes esprits. Que devais-je faire ? Que devais-je dire ou taire ? Je ne savais plus où j'en étais. Je me sentais tellement lourd à cause de ce secret qu'une simple intervention de Namjoon allait me faire chavirer. Serait-il là pour me repêcher ? Je l'espérais.
- Est-ce que tu veux m'en parler ? Demanda-t-il avec douceur.
Je hochai la tête de manière positive. Je voulais sans vouloir. Mais surtout, plus que le reste, j'en avais besoin. Oui, c'était ça. Ce n'était même pas question de vouloir, c'était question d'avoir besoin. C'était ce qui m'arrivait à ce moment. Je gardai le visage orienté vers le sol, incapable de lui faire face. Je m'appliquai à respirer calmement. Il laissa le silence s'installer, comprenant que j'avais besoin d'un peu de temps pour rassembler mes idées et mon courage. Je ne savais absolument pas par où commencer.
Enfin, j'expirai fortement avant de relever la tête vers lui. Il me regardait avec douceur et inquiétude.
- Il y a quelque chose que je dois vous dire. Lâchai-je finalement.
Il haussa un sourcil mais ne dit rien, m'encourageant.
- Et ... et j'ai peur que vous ... me rejetiez.
Je cherchais le moindre signe dans son regard ou sur l'expression de son visage, mais je ne voyais rien de différent. Peut-être ne savait-il pas quoi dire ?
- Je ne vois pas ce qui pourrait ...
- Je suis différent de vous.
Voilà, j'avais commencé à faire mes aveux. De toute façon, maintenant, c'était trop tard pour faire marche arrière. J'allais tout lui dire. Mon coeur était au bord de l'implosion, mais j'en avais vraiment besoin. Je devais soulager ma conscience de ce secret trop profondément enfoui. Même si j'avais honte, même si je risquais ma vie auprès d'eux, même si je n'étais pas normal, il fallait que je lui dise -que je leur dise-. Namjoon me fixait étrangement, de nouveau silencieux. Il attendait que je passe l'étape supérieure.
- Je ... je sais que je ne devrais pas mais ... Je ...
Je déglutis. Comment devais-je le dire ? Allait-il comprendre ? Allait-il m'insulter, me frapper ? Non, mon leader n'était pas quelqu'un de violent, il était calme et réfléchi. Au pire, je risquais de me faire virer du dortoir dès ce soir. Mais je ne le pensais pas capable de ça, honnêtement. Il n'irait pas jusque-là pour ça.
Mon coeur battait à vive allure, me faisant légèrement tourner la tête. Je me rendis compte que j'étais au bord des larmes, impuissant face à mon ami. Je ne savais pas comment le dire, j'étais perdu. Un instant, je me mis à espérer qu'il comprenne seul, mais ça ne fut pas le cas. Il garda le silence, attendant que je continue. J'attendis plusieurs secondes, peut-être même minutes, mais je fus incapable de me calmer. Je craquai finalement, me mettant à renifler puis pleurer franchement. Je sentis ses bras m'entourer et je me retrouvai la tête contre sa clavicule droite. Il tapota mon dos d'un main douce et rassurante, ce que j'avais rarement vu chez lui. On pouvait dire ce qu'on voulait, Namjoon était vraiment un bon leader.
- Pardon ... Pardonne-moi ... Namjoon ...
Il me serra un peu plus fort contre lui et je l'en remerciais. C'était tellement difficile. Tout à l'heure, j'avais usé de toute ma force et ma détermination pour parler au manager. Mais face à mon ami, à mon frère depuis plusieurs années maintenant, je n'étais plus rien. Je m'en voulais tellement. Je les impliquais dans cette histoire. Finalement, je finis enfin par lâcher ce qui me tracassait depuis longtemps.
- Je ... Les hommes ... les hommes m'attirent ... Je suis ...
- Chut, calme-toi.
Sa main remonta lentement vers ma nuque, à la base de mes cheveux. Comme tout être humain normal, ça me calmait. Qui n'était pas sensible à une caresse réconfortante dans les cheveux, même si c'était au niveau de la nuque ? Je pleurais toujours autant, le laissant me chuchoter des mots de réconfort. Avait-il compris ce que je voulais dire ? Il était loin d'être idiot, certainement que oui. Maintenant, lui aussi savait. Je continuai de pleurer dans ses bras pendant de longues minutes sans rien dire de plus. Il ne parla pas vraiment non plus, murmurant quelques mots de temps en temps pour m'aider à me calmer. Il ne me repoussa à aucun moment. Je finis par m'éloigner de lui. Il me lança un regard interrogateur et toujours inquiet.
- Je pense que je devrais me coucher, j'ai besoin de dormir.
Je tentais de reprendre contenance comme je pouvais, et il fallait que je le chasse de là. Je haussai les épaules en signe de résignation. Puis je me forçai à récupérer mon air froid.
- Tu devrais rejoindre les autres, ils vont se demander ce que tu fais.
- Je vais te laisser te reposer alors. Tu veux qu'on en reparle demain ?
- Il n'y a rien de plus à dire. Je suis un mons ...
- Non.
Je baissai la tête. Sa voix était ferme mais je n'y sentais aucun énervement. Il me sourit faiblement et me prit dans ses bras une dernière fois avant de se lever. Il me souhaita une bonne nuit et s'éclipsa enfin. Aussitôt la porte refermée derrière lui, je m'affalai dans mon lit, chamboulé. Je me glissai rapidement sous les couvertures en soupirant. Maintenant que j'avais dit la vérité à Namjoon et fait ma crise de larmes, je me sentais un peu mieux.
J'entendis du mouvement de l'autre côté de la porte et fermai les yeux pour faire croire que je dormais. La voix de mon leader me parvint. Je ne compris pas ses paroles, mais dès qu'il se tut, la porte se rouvrit. Je priai que pour que ce soit Seokjin, avec qui je partageais ma chambre. A croire que la bonne étoile était de mon côté puisque j'entendis sa voix s'élever dans la pièce.
- Bonne nuit Yoongi, à demain.
Il m'avait parlé avec douceur, comme il le faisait souvent. Qu'est-ce que Namjoon lui avait dit ? J'espérais qu'il ne lui avait pas révélé mon secret, je voulais le dire à tout le monde en même temps. Je ne répondis pas, faisant semblant de dormir, et le laissai se coucher à son tour.
J'étais tellement fatigué que je ne luttai pas longtemps contre le sommeil. A vrai dire, je m'endormis au bout de quelques minutes à peine, ce qui était assez rare chez moi.
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