La vie comme elle se doit
Il n'était qu'un homme au milieu de la foule. Un être au milieu de la multitude ; quelque chose en somme, mais avant tout presque un néant abyssal de volonté. Mais un jour prenant conscience, par l'humiliation quotidienne de sa vie, de sa non-existence en tant qu'individu, Il comprit qu'il n'était qu'un point dans une masse et qu'il voulait être autre chose. Autre chose que le matin : le bouleau suivant le métro. Autre chose que le midi : la flânerie suivant la popote. Enfin, autre chose que le soir : le dodo suivant le rentrer chez soi. Il voulait saisir sa dignité et sa liberté, condition première, pour être enfin Homme. Toute sa vie, alors, j'entends ici, passée, nous parait absurde et pourtant sa vie, c'est notre vie. Notre vie à tous et à toute qu'on a abandonnée, abdiquée. Notre vie à tous qu'on a perdu en pertes et profits. La quête de notre vie, puisqu'il en faut une pour des milliards est celle de la résilience, quand elle devrait être celle de la résistance. A la passivité, j'oppose l'action. A l'acte subie, j'oppose l'acte choisi. Mais, Il qui espérait autre chose, voyait enfin son erreur et la méprisait : sa vie toute entière... vaste chantier. Plus rien ne le laissait espérer, or, Il reprit sa vie en main et comprit son pouvoir révolutionnaire, celui de pouvoir changer sa vie. Le goût de la nausée dans la voix, dans la gorge et dans les yeux, plus une flamme en vue, Il voulait changer, tout bousculer, tout briser. Plus aucun tabou, nous vivons, certes, comme un point dans la masses, "c'est déjà bien", mais pas assez, car fi l'indifférence, car fi les petites intentions, nous construisons notre projet, notre empire à chaque jour qui passe. Il nous est familier, car Il n'était pas rien, seulement pas grand chose et était resté cela. "Admettons-le, acceptons-le et vivons avec ! Avec notre condition !" aurait-il pu dire, mais Il n'était pas dans ce cas précis, car Il se laissait porter par le vent de rébellion qui faisait jour en son esprit et germait en son cœur. Il savait bien sûr que rien par définition n'a de sens. Cependant, du même savoir, celui des grands personnages, Il savait que s'était à nous, à nous non point comme unité, mais comme fragment d'un même tout de construire ce projet commun à la réalité collective et individuel, l'existence n'ayant de signification que son projet. Chacun peut exercer sa volonté libre et le doit, voilà, la signification de ce qu'est vivre. Il le devait. Il le devait à lui-même. Nous le devons. Nous le devons à nous-même. Suivons le chemin de Il et soyons maître de notre existence ! Il prenait, alors, racine dans son monde pour construire envers et contre tout le projet de son existence. Quitte à tout gagner, quitte, d'abord à tout perdre. Se dépouiller, se déposséder de sa vie actuelle pour celle de demain, voilà le véritable courage de Il, voilà le véritable courage d'un Homme. Il voulait devenir grand par sa misère d'exister et partout son choix absurde faisait rire, jusqu'aux dieux imaginaires. Néanmoins, en tant qu'être humain, Il savait, déjà, qu'il deviendrait grand par sa volonté et non par celle des autres, car la sienne par rapport aux autres est libre. Salissons-nous les mains ! Elles sont trop propre. Tuons ce qui est étranger ! Puisqu'il est enfer. Le premier, Il l'avait expérimenté par l'obéissance à la société et l'abandon de sa liberté aux autres. Le second, se saisissait bien plus dans sa nouvelle conception de son existence, parce que pourquoi en était-il arrivé là... parce que les autres.
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