Chapitre XXI : La cause
PDV de Siley :
À peine Sora et moi avions quitté le bâtiment qu'un pan entier d'un étage s'effondra.
J'en eus le souffle coupé, mais toutes mes pensées se dirigèrent immédiatement vers Aaron, Elia et Aïden.
Je redoutais leur état à présent, étaient-ils tous en vie ?
En réalité, ce qui m'inquiétait le plus, c'était Aaron.
J'osai à peine imaginer toutes les horreurs qu'Elia pensait à mon sujet, et qu'elle n'hésiterait pas à les lui transmettre.
Et le pire, c'est que toute cette haine je la méritais, j'avais été un piètre ami.
Mais je n'avais pas eu le choix, je m'étais engagé dans une cause qui me dépassait. Et à présent je ne pouvais plus reculer, cette cause valait bien tous les sacrifices.
Je voulais partager avec ces personnes que j'aimais tant nos découvertes qui ramèneraient l'espoir. Il nous restait malheureusement encore trop à faire pour laisser les civils s'en mêler. C'est pourquoi je m'étais permis d'emmener Sora avec moi, elle comprendrait sûrement.
Pourtant j'appréhendais sa réaction, et plutôt que de lui parler directement de la cause, je préférais apprendre à mieux la connaître.
À contrecœur, je lançais pourtant la conversation. J'étais bien obligé si je voulais être sûr de pouvoir l'emmener avec moi :
- Donc toi Sora, t'y es restée longtemps ? T'es pas obligée de répondre, je sais que c'est dur d'en parler...
- Faudra bien en parler un jour de toute façon... j'y suis restée trois ans...
Elle ouvrit la bouche, mais au dernier moment, elle retint ses paroles. Je ne pouvais que la comprendre, même si nous partagions un passé commun, nous restions des inconnus malgré tout.
-... et toi ?
- Deux ans...
Je regrettai à présent d'avoir lancé la discussion, je n'étais décidément pas prêt à en parler. Le silence et l'humour étaient mes meilleures armes pour faire face, mais je ne pouvais user d'aucune d'entre elles.
-... Ça te fait quel âge ?
Sora me remercia d'un sourire silencieux, ce changement de sujet nous arrangeait tous les deux.
- Dix-neuf ans, ils sont venus quand j'avais seize ans ces salauds.
Elle esquissa un rictus rempli de toute sa haine. Il faut avouer que je n'aurais pas su mieux m'exprimer, pourquoi faire ça à des enfants ?
- Donc t'as dix-neuf, c'est ça Siley ?
- Affirmatif.
Ce terme lui arracha un sourire. Il nous rappelait le début des entraînements, celui où nous n'étions qu'en formation au centre militaire.
C'était un passage obligé avant d'aller au front qui durait environ quatre mois, mes derniers moments d'insouciance.
Avant d'arriver, nous étions tous remplis d'appréhension, nous n'avions connu que notre foyer.
Et contrairement à tout ce que j'aurais pu imaginer, ces quelques moments passés là-bas étaient de loin les meilleurs de mon existence.
J'avais enfin ouvert les yeux sur ma situation, qui était malheureusement bien trop commune. J'étais enfermé dans une prison avant d'arriver au camp, et je n'en avais même pas conscience.
La plus belle des choses que m'avait offert ce camp étonnamment bien, était le frère de Elia.
Ezra.
Il faut croire que leurs parents avaient tendance à beaucoup apprécier les prénoms en E.
Et malgré tous ces beaux moments, nous ne dormions plus de la nuit. Occupés à jouer les pires scénarios dans nos têtes...
Ajouter au laps de temps qui me paraissait bien court pour transformer des enfants non-entraînés, réticents à l'idée de se battre et parfois même de tuer, en soldats.
L'arrivée sur champ de bataille avait alors été brutale, malgré nos entraînements intensifs, rien n'aurait pu nous y préparer.
Rien.
Pour échapper à mes idées noires, je reprenais le fil de la conversation avec Sora qui, elle aussi, semblait plongée dans ses souvenirs. Mais je ne trouvais qu'un seul sujet de conversation :
- Comment tu t'en est sortie ?
Elle souffla longuement, sembla hésiter, puis sans un mot, elle commença à baisser son T-shirt. Je ne comprenais pas son geste, je paniquai mais et elle se mit à rire.
- Rêve pas trop, je me déshabillerai pas devant toi.
La gêne sur mon visage fut vite remplacée par mon sourire.
- Tu ne sais pas ce que tu rates.
Elle me regarda mi-amusée, mi-désespérée et répliqua :
- Aucun regret.
Je me mis à rire, définitivement battu par sa répartie. Mais son expression s'assombrit bien vite quand son regard se posa sur le haut de son torse.
Je dirigeai donc mes yeux dans cette direction. Une immense cicatrice barrait son buste, elle était parfaitement guérie mais la blessure avait laissé d'horribles boursouflures.
Je me forçais à ne pas montrer mon dégoût face à ce que m'offrait ma vision.
Elle prit une mine désespérée, Sora n'était pas dupe et coupa court à toute tentative :
- Arrête de faire semblant, j'arrive même pas à la regarder.
Sa voix était emplie de haine, mais elle n'était pas dirigée vers moi.
Je ne savais pas quoi faire, pas quoi dire.
Chacun de mes gestes, de mes réactions me paraissait faux. J'aurais voulu lui prouver qu'elle était malgré tout belle, qu'elle ne se résumait pas à cette horrible cicatrice, mais je ne pouvais que fixer cette infamie.
Elle se mit à rire, qui se transforma vite en sanglots.
Je m'en voulais terriblement, mais je n'avais aucune idée de comment l'aider.
On ne m'avait pas appris...
Comme pour partager sa peine, ou peut-être était-ce une forme d'excuse. Faire ce simple geste me coûtait tant. J'avais gardé ce secret si longtemps, et malgré tout ce que j'aurais cru, c'était moi qui le révélais.
En remontant ma manche, je lui dévoilais mon infamie. Une balafre me barrait le bras, résultat d'une lutte que j'avais indéniablement perdue.
La montrer à l'air libre me faisait terriblement souffrir, comme si son regard me brûlait.
- Oh.
Je lui lançai un coup d'œil rempli de ma détresse, comprenant mon appel à l'aide, elle vint m'aider à remettre ma manche.
C'était triste, mais chaque fois que je posais mes yeux sur mon ancienne blessure, tous mes souvenirs remontaient.
Sans même m'en rendre compte, une larme avait coulé le long de ma joue.
Sora arriva enfin à mon niveau, et avec une douceur à peine imaginable, elle remonta ma manche. Je pleurais à présent à chaudes larmes, Sora m'étreignit.
Son contact me réchauffa le cœur et je l'entourai de mes bras. Malgré notre différence de taille, je me sentais protégé par Sora.
Après ces quelques secondes qui m'avaient réconforté, elle m'ébouriffa les cheveux. Je lâchai un rire qui trahissait malheureusement mon chagrin.
Je ne sais pas si nous pourrions guérir un jour, je ne pouvais qu'espérer.
- L'espoir fait vivre.
Sans le faire exprès, j'avais craché cette phrase qu'on m'avait bien trop souvent répétée. Sora me jeta un coup d'œil amusé, mais n'ajouta rien.
- Donc t'as quitté le front grâce à ta blessure ?
J'inspirai un grand coup, j'aurais espéré ne jamais arriver à la partie délicate.
- Pas exactement...
Ses yeux restèrent accrochés aux miens, elle attendait la suite. Que je fus bien obligé de lui expliquer.
- Je suis bien sorti de l'infirmerie...
Son regard me fixait avec une telle intensité que ça en devenait comique, j'essayai de garder mon sérieux face aux révélations que je m'apprêtais à faire.
- Mais là-bas j'ai... j'ai...
- Bon Siley, arrête de tourner autour du pot !
- J'ai réussi à m'enfuir parce que j'ai rejoint une organisation qui va faire revenir la pluie.
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Hello tout le monde vous allez bien ?
Chapitre enfin publié 😅 !
On rentre dans le vif du sujet 😧
J'espère qu'il vous a plu hésitez pas à partager votre avis (et à voter ✨)
Voilà biz 💕
Gab ♡︎
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