Chapitre XVIII : Encore
PDV Siley :
Dans son regard, j'avais retrouvé le mien, celui qui cherchait encore comment vivre après toutes ces horreurs.
C'est comme si nous n'étions jamais vraiment repartis, une part de nous restera là-bas pour toujours.
Comment faire autrement que toucher du doigt le semblant bonheur qui m'était promis ?
Mes pensées, si longtemps retenues au fond de mon esprit, m'assaillaient sans que je puisse y faire quoi que ce soit.
Et fixer ce regard si proche du mien, aussi troublant cela soit-il, ne m'aidait pas à repousser mes idées noires.
Comment vivre en sachant que toutes ces atrocités se déroulent en ce moment même ?
J'envie ceux qui n'y sont jamais allés, même si ce monde n'était plus que désolation, il existait tellement pire.
Et j'en avais été témoin, et même acteur.
Dans un élan désespéré, je cherchais une autre paire d'yeux d'un noir profond. Son visage était fermé sous le poids de la surprise, elle ne connaissait sûrement pas d'autres moyens d'exprimer ses émotions.
À force de vivre seul, on finit par oublier que nos pensées ne sont pas audibles.
Mais voir une autre "expression" que la haine sur son visage me faisait du bien.
Malgré tout ce qu'elle pensait sûrement, je m'attachai à elle un peu plus chaque jour. Et je me sentais terriblement mal à cause de la tournure qu'avait pris notre voyage.
Le pire était qu'Aaron avait souffert de tout ça par ma faute.
Une larme roula le long de ma joue, remplie de tous mes regrets. Son regard quand il était rentré après son départ m'hantera jusqu'à la fin de ma vie. J'osai à peine imaginer les pensées qui lui avaient traversé l'esprit à ce moment.
- Siley ?
La voix d'Elia n'était rien de plus qu'un souffle. Je l'aurais presque prise dans mes bras rien que pour la remercier de ne pas être repartie après son réveil. Même si j'avais deviné que je n'étais pas la cause.
- Oui ?
En disant ce simple mot, j'avais l'impression de remonter à la surface.
- Tu... tu vas bien ?
Sa voix était tremblante, comme si elle redoutait la réponse.
Je n'avais pas la force de lui mentir, mais un semblant de sourire se dessina sur mon visage, comme si ce geste pouvait mettre fin à tous ses soupçons.
Elle eut la gentillesse de ne pas s'offenser face à mon mutisme, elle m'offrit un demi-sourire à la place.
Une bataille devait se jouer en elle, me pardonner ou me haïr ?
Sur son visage, enfin dans ses yeux, je pouvais apercevoir une pointe d'inquiétude.
Un sanglot se fit entendre à mes côtés.
Je rompis notre contact visuel pour me tourner vers la personne à mes côtés dont je ne connaissais même pas le nom.
Sa chevelure châtaine contrastait avec ses yeux verts embués par les larmes.
- Pa... pardon pour ta jambe.
Sa voix légèrement cassée indiquait qu'elle n'avait pas parlé depuis longtemps.
Ses excuses étaient inutiles, le sentiment qu'elle ressentait, je le connaissais que trop bien.
Son acte était un appel à l'aide très maladroit. Et malgré la gravité de ma blessure, je m'inquiétais surtout pour sa santé mentale.
Elle ressentait sûrement aussi la sensation d'être terriblement seule, même entourée. Et même si je ne sortirais jamais vraiment de l'enfer qu'avait créé mon esprit, je luttai tous les jours.
Aaron n'y était pas pour rien, il était silencieux sur son passé, mais je devinais qu'il était lourd de traumatismes.
Je crois que sans notre rencontre, nous serions tous les deux dans un état pitoyable, ou pire.
Sentir une présence, même muette, nous avait aidés tous les deux à ne pas nous perdre dans le cauchemar qu'étaient devenus nos souvenirs.
Mais elle, je ne savais pas combien de temps Sora avait passé sans une autre âme qui vive, mais j'osais à peine l'imaginer.
Regarder le reflet de ce que j'aurais pu devenir me suffisait largement.
L'aider serai long, et même si moi je n'étais pas guéri, je voulais à tout prix l'aider.
Envoyer des enfants avec des armes sur un champ de bataille pour tuer d'autres enfants. Il n'y avait que des humains pour y penser.
J'avais l'impression qu'un liquide noir obscurcissait à présent ma vision des choses.
Désespéré, j'essayai de parler avec elle. Avais-je d'autre choix pour ne pas sombrer encore plus profondément ?
- Tu t'appelles comment ?
- Sora.
Elle semblait presque le découvrir. Je voulais lui crier qu'elle n'était plus là-bas, qu'elle n'était plus qu'un simple soldat. Mais ces mots ne sonneraient-ils pas faux dans ma bouche ?
- Et... et toi, vous ?
- Siley, je voulus lui offrir un sourire, mais seules une grimace se dessina sur mon visage. Et elle c'est...
- Je peux me présenter toute seule, un sourire se dessina sur son visage face à ma mine déconfite, je m'appelle Elia.
Sa pique me fit presque rire. La retrouver après tout ce temps de mutisme me mit du baume au cœur.
Je crus même voir un semblant de sourire se dessiner sur le visage de Sora. Seulement je vis bien dans le regard d'Elia qu'elle se méfiait d'elle.
Après tout, c'était compréhensible, notre première rencontre avec elle avait été plus que compliquée.
Malgré les réticences évidentes d'Elia, j'expliquai notre situation à Sora.
- On était installés pas très loin avec d'autres personnes, je tiquai à ce mot car ils étaient tellement plus que ça, et tu peux venir avec...
Le regard qu'Elia était d'un noir profond, rempli de toute la haine qu'elle ressentait pour moi en ce moment. Malgré le frisson que me procurait son œillade plus qu'effrayante, je finis ma phrase.
- ...avec nous si tu veux.
Elia se rapprocha de moi en furie, elle cracha tout ce qu'elle retenait :
- Donc tu veux que cette fille, qui a failli m'égorger et, au passage, qui t'as planté un couteau dans la jambe, vienne avec nous ?
Et je vis à sa mâchoire serrée qu'elle ne disait pas tout.
La contrarier maintenant, alors que nous venions tout juste d'installer un semblant de paix entre nous, était tout sauf une bonne idée, mais je ne pouvais pas laisser Sora seule plus longtemps.
J'avais un besoin viscéral de l'aider, mais perdre Elia encore une fois m'achèverait.
Elia cria.
Elle se fichait bien que cette fille entende tout. Elle le voulait presque :
- Donc tu préfères rester avec cette fille que tu ne connais même pas qu'avec moi !
La violence de ces propos me cloua sur place, et elle n'attendait pas de réponse pour continuer :
- C'est pareil avec Aaron ? Tu restais avec lui juste pour ne pas être seul, c'est ça ? Mais maintenant que tu as trouvé quelqu'un d'autre, c'est bon, tu peux nous abandonner !!
Je ne savais pas si elle était au bord des larmes ou de me frapper, mais ce qu'elle avait dit sur Aaron m'était insupportable.
- Tu penses vraiment que je suis comme ça ? Que je pourrais l'abandonner si facilement ?
- Tu ne l'as pas déjà fait ?
Je voulais répliquer, mais les mots se bloquèrent dans ma gorge. La réponse, si évidente pour moi il y a quelques instants, ne voulait pas sortir.
Elia rit jaune, mais je vis une larme rouler le long de sa joue.
J'attendais qu'elle continue son accès de rage, mais elle n'en fit rien. Elle me jeta seulement un regard rempli de douleur et de déception.
Elle se retourna, les jointures de ses mains blanchies, mais au lieu de me frapper, elle me lança d'une voix tremblante :
- Moi, je vais le rejoindre, lui et Aïden.
Elle ne rajouta rien et se mit en route. J'aurais préféré qu'elle me frappe, qu'elle me blesse plutôt que de laisser cette phrase et ce regard comme seul au revoir.
L'air me manquait, j'avais l'impression d'avoir tout perdu. En plus d'Elia, j'avais ouvert les yeux sur ce que j'avais fait subir à Aaron.
Mais ils ne connaissaient pas toute l'histoire, un jour ils comprendraient.
Enfin, c'était ce que j'espérais.
Pour le moment, je devais juste trouver quoi faire.
- Hum...
Avec cette dispute, j'avais presque oublié la présence de Sora, qui était restée silencieuse. Je me sentais honteux qu'elle ait tout entendu, mais elle changea de sujet, elle aussi mal à l'aise.
- Pour ta blessure, on devrait la soigner. Et vraiment, encore désolée j'ai... j'ai paniqué.
- Oui, tu as raison, mais...
Je n'arrivais pas à réfléchir, c'est à peine si je tenais encore debout.
Pour me sortir de ma torpeur, elle me prit la main :
- On va trouver de quoi te soigner, viens.
Elle me tira dans la direction opposée de celle d'Elia. Je voulus protester, mais je n'en eus pas la force. J'étais définitivement perdu dans mes souvenirs.
Malgré tous les pas que je m'étais efforcé de faire, je revenais en arrière.
Mais c'était trop tard, je n'arrivais pas à me résoudre que c'était fini, nous, notre bande.
En plus de cela, je devais le rejoindre. Je soupirai, comment expliquer ça à Sora ?
- Attends, on doit rejoindre quelqu'un.
- Tu veux retrouver... Elia ?
- Non, je lui fis un sourire crispé, son frère.
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Hello ✨
Alors le chapitre ?
Première fois que je faisais du PDV de Siley vous l'avez bien aimé ?
Et puis cette fille, Sora, vous pensez quoi d'elle ?
Prochain chapitre du PDV d'Elia ❤️
Bonne semaine 💋
Gab ♡︎
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