Un liquide frais coulait le long de mon corps, ravivant en moi le peu de vie qui restait. Alors, quand il s'arrêta, je crus que j'allais défaillir à nouveau.

Pourtant, une main posée sur la mienne me rappelait que je devais me réveiller pour eux, pour lui.

Je profitais tout de même de mes derniers instants de tranquillité, le sommeil était mon seul vrai havre de paix. Je pouvais m'échapper dans mes rêves, tout comme dans mes cauchemars qui n'étaient pourtant pas si loin de la réalité.

Mes paupières encore closes étaient les derniers remparts à la dure réalité. Mais j'écoutais déjà les bruits qui m'entouraient, une respiration calme se faisait entendre près de moi.

Aaron.

Je résistais à l'envie de serrer sa main en retour pour préserver encore quelques instants de paix.

Il devait dormir, je l'imaginais la tête posée sur mon lit, assis inconfortablement pour rester à mon chevet. Ses paupières closes cachaient un monde idéal, peut-être avais-je ma place là-bas à ses côtés.

Mais si je se me concentrais, je percevais des pas, sûrement Siley. Il devait tourner en rond en redoutant le moment inévitable où nos regards se croiseraient.

Aïden, lui, ne donnait aucun signe de vie. Il se trouvait peut-être dans une autre pièce. D'ailleurs, je n'avais aucune idée de l'endroit où je me situais.

Je me souvenais à peine des instants avant ma chute, seul le cri suraigu d'Aïden hantait mes pensées.

Je tremblais à l'idée de découvrir mon visage, je l'imaginais imbibé de sang avec des cicatrices. Il n'y avait aucune logique à mes pensées, mais quand je paniquais, c'était souvent le cas.

À peine un bâillement m'avait-il échappé que des mouvements se faisaient sentir du côté d'Aaron.

J'arrivai enfin à ouvrir mes yeux, le choc fut violent mais finit de me réveiller.

Je tournai ma tête dans sa direction, il luttait contre le sommeil. Je caressais doucement le dos de sa main pour mettre fin à sa nuit.

Il me jeta enfin un regard, malgré la fatigue encore présente sur ses traits, je ne pouvais m'empêcher de les admirer.

Ses yeux azur étaient encadrés par de petites boucles brunes désordonnées. Son nez droit guidait le regard vers ses lèvres en arc de Cupidon.

Un rire léger sortit de sa bouche, je me renfrognai immédiatement, mais le rouge qui me montait aux joues me trahit :

- Que-ce qui te fais rire ?

Mon ton était beaucoup moins assuré que ce que j'aurais voulu.

- Rien, il tentait d'avoir l'air sérieux mais son sourire le trahissait, c'est juste que tu me fixais avec un regard tellement intense.

Les yeux écarquillés, je tentai de trouver une explication, en vain.

- Je... je... c'est juste que...

Un rire franc le secoua, nous nous étions séparés il y a moins d'une semaine, pourtant j'avais l'impression de ne pas l'avoir entendu depuis une éternité.

Ma mine s'assombrit en repensant aux derniers événements et quand il le vit, son rire s'arrêta net.

Il tentait de s'expliquer, mais je le stoppai :

- Aaron, c'est... ce n'est...

Je cherchai mes mots et après plusieurs secondes d'hésitation, je trouvai enfin quoi dire :

- Je sais que tu ne voulais pas me blesser, mais avec Siley, tu n'as sûrement pas su quoi faire et... je... je m'excuse pour ce que je t'ai dit. Ce n'était pas ta faute mais celle de Siley et de mon frère, et j'étais tellement en colère contre eux que...

- Non c'est pas vrai si... j'aurais pu tout te dire, j'aurais dû même. Mais j'avais tellement peur de trahir Siley que j'ai préféré ne rien dire et voilà où ça nous a menés.

Sa voix était à peine audible, les remords lui serraient la gorge.

Sans même le vouloir, je pris Aaron dans mes bras, il parut surpris mais il me rendit mon étreinte.

Ce moment hors du temps fut bien vite interrompu par la dernière personne que j'aurais voulu entendre.

- On a cru que tu allais mourir.

Il se gratta la tête en lançant cette phrase. Je me détachais d'Aaron à contre-cœur et je lui lançai un regard assassin.

Aaron parut désespéré et il fit un signe à Siley pour lui dire que ce n'était vraiment pas le bon moment.

Aïden !

J'avais oublié Aïden, Siley me regarda avec des yeux ronds avant que je m'élance à la recherche du petit bouclé.

Dans la précipitation, je le bousculai, mais il ne réagit même pas, il avait l'air différent. Moins idiot que d'habitude et je faillis lui lancer une pique pour voir s'il avait toujours autant de répondant, mais je me retins.

Il n'était pas ma priorité, même si je me doutais que les garçons n'avaient pas fait de mal à Aïden, je préférais en avoir le cœur net.

Je n'avais pas pris le temps de détailler l'endroit où je me trouvais. C'était sûrement un restaurant, les restes de tables et le comptoir en ruine en témoignaient.

Je me trouvai dans l'ancienne pièce des employés, mais après avoir traversé la salle où les clients devaient manger, je commençai à m'inquiéter.

J'entendis des bruits de pas, ceux d'une personne avec de petites jambes. Je ne sais pas d'où il sortait, mais le voir m'enleva un poids sur la poitrine.

Il vint s'accrocher à mes jambes, il était tellement mignon que je crus fondre sur place.

Je l'élevait à ma hauteur et Aïden s'accrocha à la taille.Il me serra le plus fort qu'il put de ses petits bras. Je déposai un baiser sur sa tempe, et je le reposai sur le sol.

Siley se tenait dans l'encadrement de la porte, ses cheveux blonds coupés courts étaient en bataille. Dans ses yeux verts, un éclat manquait.

Est-ce que les incidents de ces derniers jours en étaient la cause ?

Des remords tentaient de se frayer un chemin dans mon esprit, mais une colère noire contre Siley les empêchait d'y arriver totalement.

Aucune excuse ne pourrait combler tout le mal qu'il m'avait fait avec ses mensonges.

Pourtant, sa tête de chien battu me criait de faire le contraire, tout le monde a le droit à une seconde chance, non ?

J'avais l'impression de me battre avec moi-même, j'inspirai un grand coup, et je m'apprêtai à partir quand Siley déclara d'une voix peu assurée :

- Je... je suis désolé de...

Je mis fin à sa démarche d'emblée. S'il voulait regagner ma confiance, il allait lui falloir plus que de simples mots, aussi agréables soient-ils.

Il ne fit que soupirer, s'entêter tout de suite n'était pas la bonne solution, et il l'avait bien compris.

Aïden bailla, il avait l'air très fatigué malgré toutes les heures qu'il venait de passer à dormir.

Et j'avoue que moi aussi j'avais l'impression d'être encore plus fatiguée qu'à mon réveil. La déshydratation nous avait séchés tous les deux.

Je décidai de l'emmener dormir avec moi. Il ne fallait pas le laisser seul trop longtemps, il était jeune et risquait de quitter ce restaurant et de se perdre dans cet immense édifice.

Je fis donc marche arrière pour retourner dans la salle réservée au personnel.

Mine de rien, la salle de restauration était spacieuse, il y avait une vingtaine de tables rien qu'au premier étage. Et les escaliers par lesquels Aïden était descendu indiquaient qu'un second devait être aussi vaste, voire plus.

Siley nous suivait deux pas derrière nous, et Aïden avait glissé sa petite main dans la mienne.

J'ouvris la porte doucement, et la raison pour laquelle Aaron ne nous avait pas suivis devint très claire.

Il dormait profondément, la tête posée sur le matelas où je me trouvais plus tôt.

Je ne lui avais même pas demandé comment ils étaient arrivés là. Mais je n'allais pas le déranger maintenant, et moi-même, j'avais du mal à rester debout, tellement la fatigue me pesait.

Siley passa devant moi et prit Aaron pour l'allonger sur le lit. Rien qu'avec le regard qu'il lui lança, je pouvais sentir tout l'amour fraternel qu'il ressentait pour lui. J'aurais voulu qu'Aaron se réveille pour découvrir toute la tendresse que Siley n'osait pas lui exprimer.

Je détournai le regard, ces moments d'intimité ne me concernaient pas.

Aïden bâilla à nouveau. Je le pris alors dans mes bras, il s'endormi presque instantanément. Sa respiration apaisée me berçait.

- Siley tu dormira avec Aaron ?

Il parut surpris de ma soudaine prise de parole mais il se reprit vite :

- Oui, j'ai installer mes affaires ici

Je regardai autour de moi, si une autre place pour la nuit restait, mais je ne trouvais rien. Siley paraissait indécis, mais il finit par me faire signe de venir avec lui.

- Il y a un endroit pas loin où vous pourrez dormir tous les deux.

Ma seule solution était de le suivre alors, à regret, je calai mes pas sur les siens. Un silence pesant flottait entre nous, mais je n'étais pas prête de le briser. Seul la douce respiration d'Aïden se faisait entendre.

Il m'emmena dans une salle au deuxième étage, où deux matelas étaient placés au milieu de la pièce. J'avais du mal à distinguer le reste, car l'obscurité était omniprésente.

Je me laissai tomber sur l'un des deux matelas, Siley ouvrit la bouche, mais il la referma aussitôt. Ses yeux étaient exorbités.

Par réflexe je posai Aïden dans un coin et je m'avançai vers Siley mais une lame fut posée sur mon cou. Ma respiration s'accéléra, je n'avais aucune idée de quoi faire...

Avait-il ou elle déjà tué Aaron ?

La voix de mon agresseur coupa net mes pensées :

- Ne bouge pas.

Une voix de femme. J'aurais pu être soulagée de trouver enfin une autre présence féminine, mais la sensation du fer froid sur mon cou était peu réjouissante.

Je sentis un léger filet de sang couler le long de ma blessure, et j'arrivai à peine à respirer.

- Vous allez me suivre.

Ce n'était pas une question, mais un ordre, et nous nous levâmes dans un même mouvement. Mais elle ne retira pas son arme de mon cou.

Je priai pour qu'elle n'est pas remarquer Aïden mais elle ne fis aucun geste dans sa direction. J'essayai de ne pas lui jeter de coup d'œil pour ne pas attirer le regard de mon agresseur mais je paniquai a l'idée qu'il se réveille.

Je cherchai dans toutes les directions comment m'échapper, mais la seule issue que je trouvais pour le moment était de lui obéir au doigt et à l'œil.

Siley tenta de lui attraper le bras, mais elle riposta immédiatement en lui plantant le couteau dans la jambe. Je n'eus même pas le temps de bouger qu'elle avait replacé son couteau.

Je ne pouvais pas distinguer son visage, mais je l'imaginais plein de haine, avec des yeux fous.

Siley cria de rage, mais il ne bougea plus, de peur de se faire planter à nouveau.

Sa prise se resserra sur mon cou, et le sang qui coulait ne me rassurait pas. Elle rapprocha sa bouche de mon oreille, et murmura d'une voix cassée :

- Vous allez me suivre tous les deux, et au moindre geste que je n'aurai pas ordonné, tu rendras ton dernier soupir ce soir.

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Hello ✨
Des pronostiques sur cette mystérieuse personne ?
Désolé pour le retard pour ce chapitre 😅
J'espère qu'il vous a plu (petit jeu de mot 😂)
N'hésitez pas à voter 😜
Bonne semaine ❤️
Gab ♡