Chapitre XIV : La Fin ?
PDV d'Elia quelques heures plus-tôt :
Aïden était toujours sur mes épaules, je n'allais pas réussir à continuer d'avancer avec lui encore très longtemps.
En plus de ça, le point d'eau n'était toujours pas en vue et Aïden n'était pas un compagnon très bavard.
Je n'arrivais vraiment pas à comprendre comment il avait pu se retrouver seul. Il était trop jeune pour avoir survécu sans personne toutes ces années, il ne devait pas dépasser les quatre ou cinq ans.
C'était surtout ses cheveux qui me perturbaient.
S'il les avait coupés seuls, il se serait sûrement blessé, pourtant il n'avait même pas une égratignure.
Mais bon, faire une fixette là-dessus ne m'aiderait pas à comprendre.
En parlant de lui, il commençait à s'agiter sur mes épaules. Le supporter devenait presque impossible pour moi, alors dès que je vis un petit amoncellement de pierres, je m'arrêtai.
Je posai donc Aïden au sol ainsi que mon sac, et je m'assis par la même occasion. Je m'appuyai sur les roches ; elles n'étaient pas très stables mais semblaient pouvoir supporter mon poids.
Après avoir soufflé, je sortis la carte de mon père. Le point d'eau était indiqué à quelques kilomètres à peine. Pourtant, il aurait dû être visible à cette distance.
J'avais beau regarder le plan sous tous les angles, je ne comprenais pas. Mon sens de l'orientation n'était pas extraordinaire, mais il ne m'avait jamais fait défaut.
La route indiquait que nous devions continuer dans la même direction ; il n'y avait pas d'autre choix de toute façon. Dans le désert, le mieux n'était-il pas d'aller tout droit ?
Aïden me regardait avec de grands yeux, de l'eau, il voulait de l'eau. Et moi aussi je mourais de soif, ma gorge sèche ainsi que mon mal de tête omniprésent qui revenait en force me criaient de boire.
Pourtant, il ne me restait qu'un fond de bouteille. Je décidai de donner le reste à Aïden ; il était plus jeune que moi et en avait plus besoin.
Mais moi aussi, j'avais désespérément soif...
Maintenant, trouver le point d'eau avant demain était une question de survie. En plus, il n'y avait plus que ma vie en danger ; celle d'Aïden dépendait aussi de moi à présent.
Mais avant de repartir, je décidai de retenter de faire parler Aïden. Après l'avoir interpellé, je lui lançai :
- Tu voudrais pas me dire ton nom de famille au moins, peut-être que ça pourrait m'aider.
Je regrettai presque immédiatement ma prise de parole ; un liquide chaud commença à couler le long de mon menton pour finir sur le sol. Je l'essuyai avec ma manche, tant pis.
Aïden me fit un signe de la tête ; il voulait d'abord savoir le mien.
- Moi c'est Wathia, mon nom. Elia Wathia.
Il commença à dessiner sur le sable, il avait marqué :
Aïden Denyam
Je hochai la tête ; il ne voulait pas parler, mais j'étais tout de même heureuse d'en connaître un peu plus sur lui.
En me levant, je jetai un dernier regard en direction de l'écriture.
Denyam.
Ce nom ne me disait rien ; j'étais un peu déçue, mais au moins, on avait réussi à communiquer.
Aïden tira sur ma manche ; ses grands yeux noirs me fixaient encore une fois. Ils étaient vraiment magnifiques. Pourtant, c'étaient des yeux azur dans lesquels j'aurais voulu me perdre.
Ce moment resterait gravé dans ma mémoire à jamais. J'étais paralysée par son regard et...
Je détournai le regard. J'avais beau tout faire pour ne plus penser à lui, c'était peine perdue. Et puis, au fond, est-ce que je voulais vraiment oublier Aaron ?
Évidemment que oui, et puis il n'était rien de plus qu'un ami, avant.
Avant toute cette histoire...
Une larme m'échappa. Je pleurais beaucoup trop en ce moment. Je perdais de l'eau inutilement ; même pleurer était devenu un luxe.
Je guettai le moindre signe d'une potentielle source d'eau. Après plus d'une heure de marche, et à force de plisser les yeux, je vis une sorte de bâtisse.
Elle était encore loin, mais je pouvais voir que ce n'était pas une simple maison ; une sorte d'immense bâtiment.
Je consultai la carte, et il y avait bien cet énorme édifice. Le point d'eau se trouvait à l'intérieur. Je ne sais pas comment j'avais fait pour le rater ; la fatigue m'empêchait de réfléchir correctement.
Et je mourais de faim, ce qui n'arrangeai pas mon cas. Je n'avais pas dû me nourrir depuis au moins cinq jours. La dernière fois, j'étais encore avec Aaron et Siley ; nous avions fini la dernière boîte de conserve.
Il ne me restait donc un peu moins de vingt-cinq jours, mais mon état s'aggravait sans que je ne puisse rien y faire.
J'étais à un stade avancé de la déshydratation ; je le sentais car mes lèvres étaient tellement sèches qu'à chaque fois que j'ouvrais la bouche pour parler, elles s'ouvraient pour ne laisser qu'un flot de sang discontinu.
Et même si je ne m'étais pas vue dans un miroir depuis très longtemps, je savais que j'avais perdu beaucoup de poids, beaucoup trop. Mes joues s'étaient creusées et je nageais dans mes vêtements.
Je ne transpirais même plus ; j'avais déjà lu un article sur le sujet, et ils disaient que la déshydratation provoquait :
• un mal de tête.
J'en avais bien sûr un depuis plusieurs jours, mais il me faisait tellement souffrir en ce moment que j'étais obligée de m'enfoncer mes ongles dans ma chair rien que pour moins souffrir. Quelques petits points noirs troublaient d'ailleurs ma vision depuis peu.
• des lèvres sèches.
Je n'avais pas besoin de vous parler à nouveau l'horreur qu'était devenu mon visage à cause d'elles.
• la soif.
Je n'avais même plus la force de décrire à quel point l'idée que de l'eau redonne vie au désert qu'était devenu mon corps était en train de devenir un rêve inaccessible.
• une fatigue anormale, des vertiges ou des étourdissements.
J'avais bien évidemment chacun de ces symptômes sans exception. Mes jambes ne me portaient presque plus ; je me demandais d'ailleurs comment je pouvais encore tenir debout. Je manquai de m'évanouir après chaque pas, mais je devais veiller sur Aïden ; je ne pouvais pas m'abandonner si simplement à la facilité !
Pourtant, chaque coup d'œil en direction du sol me criait tout le contraire. Je serrai si bien étendue sur la terre, plus besoin de me soucier d'aller droit ou même d'avancer. Je pourrais être bien, seulement quelques secondes allongée, après je pourrais repartir plus facilement.
Quand Aïden tira ma manche, je crus que j'allais rejoindre pour de bon le sol, mais je réussis à me rattraper au dernier moment.
Il avait trébuché sur un caillou et s'était retenu sur moi. Lui avait les traits légèrement tirés par la soif, mais à part ça, il avait l'air d'être en forme.
Je l'enviais tellement ; s'il avait voulu, il aurait pu courir pour rejoindre le bâtiment que nous finirions bien par atteindre avant que je m'effondre.
Mais non, il restait avec moi, moi qui pensait à la manière la plus simple d'en finir.
Car soyons clair, si je tombais, je ne réussirais sûrement pas à me relever.
Et puis, au fond, est-ce que c'était pas de l'acharnement de vouloir vivre dans ce monde ?
En quelques mois, j'avais failli mourir plus d'une fois.
Il y avait d'abord eu l'attaque de mon village ; j'avais survécu au bombardement, mais j'aurais peut-être dû rejoindre le ciel à ce moment ?
Puis il y avait eu le coup qu'on m'avait porté à la tête ; j'aurais pu périr à cause d'une infection ou même à cause du coup lui-même.
Et il y avait eu ce moment où j'avais cru me noyer ; je ne comprenais toujours pas comment c'était possible.
Évidemment, c'est sans compter tous ces moments où les si auraient refait mon histoire.
Si je n'avais pas trouvé Aaron et Siley.
Si je n'avais pas eu la carte de mon père.
Si ils ne m'avaient pas trahie.
J'aurais pleuré si tout mon corps n'était pas qu'une terre aride qui s'accrochait à un espoir peut-être vain ?
Je faillis m'arrêter, mais si mon corps n'était plus en mouvement, je ne pourrais sûrement rien faire d'autre que tomber.
Le bâtiment n'était maintenant qu'à une centaine de mètres. J'arrivais mieux à le voir à présent malgré les points qui troublaient toujours ma vision.
Je pouvais distinguer la nature de l'édifice.
Un centre commercial.
Je faillis sauter de joie ; tous les commerces n'étaient peut-être pas abandonnés. Dans certains villages avec un nombre important d'habitants, des supermarchés avaient subsisté.
Je l'observais plus attentivement ; il était immense. Je n'aurais pas su dire à combien de mètres il s'élevait, mais c'était inimaginable.
Il avait une centaine d'étages, et je n'aurais pas pu déterminer le nombre de commerces, mais ce devait être exorbitant.
Encore une illustration de la folie humaine ; la construction de cet édifice avait dû être catastrophique pour la planète.
C'était trop tard de toute façon ; combien d'autres bâtiments de ce genre avaient été dressés sur Terre ?
Je coupai le fil de mes pensées pour regarder plus attentivement les magasins, et un détail me frappa.
Ils étaient tous en ruine.
Le dernier étage s'était même effondré sur celui du dessous. Le peu que je pouvais voir à la distance où je me trouvais avait l'air d'avoir été saccagé.
J'aurais pu me douter que les gens étaient tous devenus fous, et ils avaient dû se jeter sur toute la nourriture qu'ils avaient pu trouver, au péril de ce pauvre bâtiment.
Je jetai un coup d'œil vers Aïden ; ses yeux brillaient, il devait être stupéfait par ces proportions absurdes.
Mon cœur manqua un battement ; devant nous se trouvaient deux silhouettes que je connaissais bien.
Je n'osai plus bouger de peur qu'ils nous voient, mais je ne réalisai mon erreur que bien trop tard.
Le monde se mit à tourner autour de moi ; mes jambes ne me portaient définitivement plus. Je faisais tout mon possible pour rester debout, et j'entendis pour la première fois la voix d'Aiden.
Il hurla de toutes ses forces ; le son était strident et des larmes roulaient le long de ses joues.
Je ne comprenais pas, je n'arrivais juste pas à tenir debout. Que se passait-il ?
En tournant la tête, je croisai le regard d'Aaron. À peine m'avait-il vue qu'il s'élança dans ma direction en criant mon nom.
J'avais l'impression que tout se passait au ralenti à présent ; je ne sentis pas tout de suite que le sol se rapprochait dangereusement.
Il combla la dizaine de mètres qui nous séparait en quelques secondes, juste à temps pour me rattraper dans ma chute.
Sa mine était épouvantée ; mais que se passait-il à la fin ?
J'eus seulement le temps de sentir sa main entrer en contact avec mon visage avant de défaillir.
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Hello
Alors le chapitre ?
L'écriture de ce chapitre a été très éprouvant pour moi !
J'avais l'impression de tout ressentir c'était trop bizarre (enfin encore plus que d'habitude 😂)
Enfin les retrouvailles d'Elia et Aaron !! (Et Siley 😂)
N'hésitez pas à voter ou laisser des commentaires 😉
Voilà bonne semaine 🫶
Gab ♡
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