Chapitre IX : Le Lac
Nous avions quitté le parking depuis plusieurs heures, mais la grotte où Siley se trouvait n'était toujours pas en vue.
Mon sac était rempli de champignons, je les avais trouvés sur un étalage.
Mais il restait un mystère, qui avait fait pousser toutes ces plantes ?
Une personne devait bien être derrière tout ça, mais nous ne l'avions pas vue !
Il y avait bien eu les bruits qui nous avaient fait partir, mais la personne à l'origine n'avait pas essayé de nous poursuivre, ou du moins pas longtemps.
Peut-être que notre assaillant ne voulait juste pas nous voir...
Je ne m'étais pas encore servie dans la nourriture, mais mon ventre criait famine, il fallait que j'attende d'être arrivée.
Notre priorité était Siley, une fois qu'il se sera nourri, je pourrai m'autoriser à mon tour.
Le contenu de mon sac nous ferait tenir assez de temps pour rejoindre le point d'eau, enfin je l'espérais.
Avec Aaron, nous n'avions pas bu depuis le départ de la grotte, ce qui faisait environ une journée.
Il nous restait un peu moins de deux jours pour boire, et la déshydratation nous guettait déjà.
L'angoisse formait une boule dans ma gorge, si nous ne buvions pas dans ce délai, nous risquions de mourir.
J'avais frôlé la mort assez de fois en moins d'un mois.
Je redoutais qu'à notre arrivée, nous retrouvions Siley... dans cet état.
Et je pense qu'Aaron aussi car il était silencieux depuis notre départ, son visage s'était peu à peu fermé.
J'aurais aimé l'aider, mais je ne savais pas comment faire, mes mots auraient été maladroits, ils n'auraient sûrement pas été justes.
Mais surtout je n'aurais pas pu le réconforter car je n'étais sûr de rien, j'aurais été obligée de lui faire des promesses alors que moi-même j'avais des doutes.
Autant laisser le silence planer entre nous, encore une fois.
Il faisait tellement chaud, et j'avais tellement peu d'eau en moi.
Je n'arrivais même plus à suer. Ma gorge était sèche, consumée par chaque goulée d'air brûlante.
Je n'arrivais pas à enlever l'image de Siley étendu sur le sol, le teint livide et les yeux vitreux, de mon esprit.
C'était impossible, il ne pouvait pas nous laisser, pas maintenant.
Il serait là à notre arrivée, n'est-ce pas ?
Le soleil n'était pas encore à son zénith, mais le monde commençait à tanguer devant moi.
Mes jambes tremblaient, ou était-ce le sol ? Je n'en avais aucune idée, mais il se rapprochait dangereusement.
Aaron me rattrapa avant que je touche la terre, une fois de plus.
Son visage était inquiet, j'ouvris la bouche pour lui parler, mais le sommeil m'assomma.
***
Mes paupières étaient collées et je n'avais vraiment pas envie de les ouvrir, mais je finis quand même par le faire.
J'étais adossée à un reste d'arbre et Aaron se trouvait à mes côtés.
Il s'était lui aussi assoupi. Aaron avait l'air apaisé, perdu dans ses rêves.
J'avais envie de le laisser encore un peu dans le monde où il devait se trouver, mais nous devions repartir.
Si nous voulions retrouver Siley avant la nuit, nous n'avions pas d'autre choix.
Je touchais doucement l'épaule d'Aaron pour le réveiller, mais il restait toujours endormi.
Je décidai donc de l'appeler, mais il refusait toujours de se lever.
Je finis par le secouer en prenant ses épaules, il ouvrit enfin les yeux avec une mine effarée.
- Tu te réveilles enfin !
- Humpf...
Il n'était pas tout à fait réveillé, je lui laissai encore quelques minutes le temps de refaire surface.
Il finit par parler :
- Faut qu'on reparte ?
- Je crois bien que oui.
- Pfffff.
- Allez lève-toi.
Je disais ça alors que moi-même j'étais toujours affalée contre le sol.
- Vas-y, toi.
J'émis un grognement réprobateur. Il se mit à rire et ma voix rejoignit la sienne.
Il se leva et à force d'encouragements et d'une main tendue, je me dressai sur mes jambes moi aussi.
J'installai mon sac sur mon épaule et me mis en marche, Aaron me suivait de près.
Même si le soleil n'était plus à son point culminant, la chaleur me brûlait la peau, je repensais aux draps que nous avions laissés à Siley.
Si seulement nous les avions gardés. Je commençais déjà à sentir les souvenirs brûlants offerts par le soleil.
J'arrivais à peine à ouvrir les yeux, éblouis par l'astre solaire, j'avais vécu des journées difficiles dans le désert, mais celle-là était particulièrement dure.
La déshydratation rendait ma bouche pâteuse et un mal de tête commençait à s'installer.
Mes jambes me portaient à peine, assommées par plus de deux heures de marche.
Mais la montagne où nous avions trouvé la grotte était enfin en vue !
J'essayais de la repérer, mais toutes les aspérités de la montagne m'empêchaient de bien voir, et bien sûr le soleil me brûlait toujours les yeux.
Je lançai un regard en direction d'Aaron, il plissait les yeux. Lui aussi devait chercher la grotte.
Enfin je la vis, mais l'ouverture m'empêchait de distinguer Siley, je me mis à paniquer intérieurement.
J'avais beau scruter l'intérieur, je ne le voyais pas, et s'il n'avait pas pu se lever ou s'il avait cédé à la maladie ?
L'angoisse m'empêchait de respirer, il fallait que j'en aie le cœur net, je me mis à courir usant de mes dernières forces.
Aaron lui aussi courut, je lui lançai un regard inquiet et il me le rendit.
J'arrivai enfin à l'intérieur de la grotte, j'étais essoufflée.
Il était debout devant moi, il avait repris des couleurs et son regard brillait à nouveau.
Je ne pus m'empêcher de lui sauter dans les bras.
Aaron se rajouta à notre étreinte, j'étais tellement heureuse. Nous étions enfin réunis et tous vivants...
Je vis les garçons essuyer des larmes, leur fierté m'exaspérait, ils pouvaient pleurer sans se cacher.
Je savais que ce sentiment n'était qu'une illusion, mais j'avais l'impression d'être en sécurité avec eux.
Malgré tout, je me sentais un peu oppressée, presque emprisonnée par cette étreinte.
Je me dégageai doucement d'eux et interrogeai Siley :
- Alors, comment t'as fait pour guérir ? Et surtout tu aurais pu nous attendre pour te réveiller !
Il ne me répondit pas tout de suite, il donnait l'impression d'émerger d'un rêve.
- Ben, je sais pas trop. Déjà, quand on est partis du village, je ne me sentais pas très bien... Et puis j'ai fait comme j'ai pu !
C'est vrai que pendant que nous marchions, je l'avais trouvé bizarre, absent. Sa pique m'arracha un sourire.
- ...Et quand on est arrivés dans la grotte, je me suis effondré de fatigue.
Il se passa une main dans les cheveux puis reprit :
- Et je ne sais pas, j'ai fait des rêves bizarres mais je ne me souviens plus trop, et quand je me suis réveillé, vous n'étiez plus là.
Je n'arrivai pas à déterminer ce qui l'avait rendu malade, mais je finis quand même par parler :
- On est allé chercher de la nourriture, et je pense qu'on en a ramené assez pour qu'on aille au deuxième point d'eau. Et... je ne sais pas toi, Aaron, mais j'ai vraiment soif !
- Oui, il faudrait qu'on arrive au point d'eau dans moins de deux jours.
Mon ton n'était plus léger, le manque d'eau nous serait fatal dans moins de vingt-quatre heures.
Devant le regard interloqué de Siley, je dis :
- On t'a donné nos dernières réserves, toi, tu as un jour de plus que nous.
Siley se gratta la nuque, gêné.
- Vous n'étiez pas obligés. Même si je sais que je suis trop important pour vous.
Il disait cela avec du second degré évidemment, mais j'eus fortement envie de le frapper.
- Ne rêve pas trop, Siley, et de rien.
Il me lança un regard taquin.
L'idéal aurait été de repartir immédiatement, mais j'étais à bout de forces.
- On peut faire une pause et on repartira cette nuit, comme ça il fera moins chaud.
Je n'attendis pas leur réponse, je pris ma couverture, je la mis sur le sol et je me couchai.
Siley parla, mais je ne pris pas la peine de lui répondre.
La fatigue m'avait rattrapée une fois l'euphorie des retrouvailles passée.
Le sommeil m'emporta peu de temps après.
***
Quelqu'un me toucha l'épaule, c'était l'heure de partir, mais mes muscles refusaient de bouger.
Après quelques minutes à émerger, je me levai et je m'étirai pour finir de me réveiller.
Je fourrai ma couverture dans mon sac, puis je le mis sur mon dos, je finis par enfiler mes chaussures.
Le soleil était en train de se coucher, mais nous allions entamer notre route.
Au matin, nous devions être au point d'eau, si tout se passait bien...
Les garçons étaient déjà à l'entrée de la grotte, prêts à partir.
Je les rejoignis, et nous progressions en silence, nous n'avions pas encore fini notre nuit.
Je bâillais, notre arrivée était à présent imminente.
Mes jambes me faisaient souffrir et le froid me glaçait toute entière, un mal de tête me vrillait le crâne.
Et surtout le manque d'eau m'empêchait de réfléchir correctement, je commençais même à délirer.
Des arbres poussaient devant moi puis disparaissaient quand je passais devant.
Alors, quand je vis des immeubles au loin, je ne réagis pas, je ne me fiais plus à ma vision.
Mais quand Siley se mit à courir, je m'autorisai à croire que ce n'était finalement rien de plus que la réalité.
Je voulus me précipiter moi aussi, mais mes jambes refusaient, boire était à présent une urgence.
J'eus presque les larmes aux yeux quand je vis la petite rivière qui se trouvait devant moi, je ne savais pas comment elle avait survécu, mais c'était un miracle.
Malgré la pénombre, j'arrivai à distinguer les contours de la rivière, je n'en avais jamais vue une aussi grande.
Je sortis ma gourde pour la remplir, je portai le goulot à ma bouche, le liquide me redonnait vie.
J'eus envie de plonger dans l'eau, mais je n'osai pas.
Siley, lui, n'hésita même pas, nous nous regardâmes amusés avec Aaron.
Jamais dans ma vie je n'aurais cru pouvoir vivre un moment aussi merveilleux. Les larmes me montaient mais je refusai de pleurer, pas maintenant.
Je mis d'abord un pied, l'eau était fraîche, mais j'étais tellement émue par ce moment que je ne bronchai pas. Je mis ensuite mon deuxième, je fermai les yeux pour pouvoir profiter pleinement de mes sensations.
L'eau faisait de légers mouvements et au fur et à mesure que j'avançai, mes pieds s'enfonçaient un peu plus dans le sable.
J'avais toujours mon pantalon, mais sentir le tissu se gorger d'eau était une sensation inédite pour moi. Je regretterai peut-être plus tard, mais l'eau arrivait déjà au niveau de mes genoux.
Elle ne montait pas plus haut alors je pris la décision de m'assoir. Je prenais de l'eau entre mes mains, elle glissait petit à petit, goutte par goutte. Je la portai à mon visage.
Et d'un coup j'eus le besoin d'être toute entière immergée dans l'eau. Je pris ma respiration et je plongeai en apnée quelques secondes, j'ouvris les yeux.
Une légère douleur me piqua les yeux, mais ce que je vivais était tout bonnement exceptionnel. Mes cheveux volaient autour de mon visage, j'oubliai presque mon besoin d'air.
En passant la surface je sentis une légère brise me fouetter le visage. Siley était en face de moi, je lui fis mon plus beau sourire.
J'étais tellement heureuse, je me mis presque à rêver que ce moment soit éternel.
Dans combien de temps aurais-je la chance de le refaire à nouveau ?
Face à notre émotion, Aaron finit lui aussi par nous rejoindre.
***
Je grelotai malgré le soleil qui commençait à se montrer, j'inspirai.
Nous allions enfin pouvoir nous reposer.
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Hello ✨
Je l'ai publié avec un peu d'avance pour une fois 😂
Alors le chapitre ?
Siley qui revit, enfin !!!
Prochain chapitre plein de surprises 😋
Bonne semaine
Gab ♡
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