Chapitre II : La Rencontre
Je m'étais trompée, je n'étais pas seule.
J'avais d'abord aperçu un mouvement, une ombre se cachait derrière l'un des murs.
Après quelques secondes qui me parurent des heures, elle s'élança vers moi. Un grand drap recouvrait tout son corps, ses mouvements étaient d'autant plus impressionnants.
Seul son regard me transperçait, je voyais de la haine et une autre émotion que je n'arrivais pas à définir.
J'étais tétanisée par son regard mais je finis tout de même par partir dans le sens inverse.
Dans ma course, mon pied butta sur quelque chose de mou et je m'étalai par terre, nez à nez avec un corps sans vie.
Un goût de bile se propagea dans ma bouche, une odeur de putréfaction me prenait les narines. Je voyais la chair en décomposition de cet homme qui était étalé sur le sol comme s'il avait été propulsé.
Son visage se transforma presque immédiatement en celui de mon père. Je me mis à trembler face à cette vision d'horreur. Je détournais mon regard du sien mais dès que je fermai mes paupières je le revoyais.
Un regard dans son dos mit fin à toutes mes questions, une horrible tâche noire recouvrait tout son dos et je voyais distinctement l'endroit où la balle l'avait touché.
Un trou s'était formé au milieu de tout ce sang, je crus vomir à cet instant mais je réussis à me retenir.
Ses mains étaient incrustées dans le sol comme s'il avait tenté de ramper. Je ne voulais plus regarder son visage, malheureusement mon regard était aimanté au sien.
En face de moi, deux yeux vitreux me fixaient, j'avais du mal à imaginer qu'ils avaient pu abriter la vie.
Je me mis à trembler, tous mes sens devenaient insupportables. Mes tremblements devenaient incontrôlables, je devais me sortir de cette situation de toute urgence mais aucun de mes membres ne me répondait.
Les pas de mon assaillant me sortirent de ma torpeur, je réagi avant d'être à nouveau tétanisée.
Je me relevai violemment, tous mes membres me faisaient terriblement souffrir mais j'y pensais à peine face au choc de ce que je venais de vivre.
Je respirai enfin, j'étais restée en apnée tout ce temps qui m'avait paru si long.
Je cherchai dans toutes les directions mon ennemi pour ne pas me perdre dans mes souvenirs. Il marchait tranquillement à quelques dizaines de mètres de moi.
Il n'avait pas l'air méchant mais je ne connaissais pas ses intentions, alors pour une fois j'écoutais ma raison.
Son regard plein de haine avait disparu mais je reconnaissais bien ces yeux noisette.
Alors je m'élançai de toutes mes forces pour le surprendre. Seules mes jambes tremblantes laissaient voir ma détresse, mon regard s'était déjà fermé pour ne pas laisser s'échapper un flot infini de larmes.
Tandis que je courais, je lus la confusion dans son regard, il s'arrêta, mais quand il retrouva ses esprits, j'étais déjà arrivée à sa hauteur.
Je n'avais jamais appris à me battre mais je connaissais quelques rudiments, alors je frappai avec mon genou à un endroit très douloureux.
Ses traits se déformèrent et un cri de douleur lui échappa, je vis même une larme rouler le long de sa joue.
Il me lança un regard rempli de haine pure cette fois, j'aurais peut-être dû m'abstenir de le frapper.
Je m'en voulus terriblement mais déjà une autre personne sortait de l'ombre.
Pas le temps pour les regrets, une force nouvelle s'était installée en moi et je comptais bien en profiter.
Le deuxième assaillant ne devait pas être plus vieux que moi mais il était plus grand, je distinguais à peine ses formes à travers les draps qui recouvraient son corps à lui aussi.
Dès que nos regards se croisèrent, toute la rage que j'avais en moi disparut aussi soudainement qu'elle était venue.
Le temps était suspendu, nous nous sommes stoppés dans un même mouvement, je devais bouger, m'enfuir mais mon corps refusait.
Je me perdais dans son regard azur.
Toute cette rage que j'avais en moi avait été remplacée par un sentiment nouveau, je n'avais jamais ressenti cela auparavant.
C'était comme si des papillons avaient élu domicile dans mon ventre.
Son regard me transperçait et je me sentis rougir.
Mon cœur battait à tout rompre, c'était le pire moment pour ressentir cela mais j'aurais tout donné pour que cet instant ne s'arrête jamais.
Un coup à l'arrière de ma tête mit un terme à ce rêve.
***
Quand je me réveillai, j'avais un mal de tête atroce. Tous mes repères avaient disparu, et je n'avais aucune idée de l'endroit où je me trouvais.
Alors malgré mon envie de me perdre encore dans le Havre de paix que m'offrait mes rêves, j'ouvris mes paupières.
Deux paires d'yeux me scrutaient.
La réalité me revenait en plein fouet, la guerre chez moi, ma mère et tout le reste. Les larmes me montaient aux yeux mais je devais rester impassible.
Malgré mon crâne qui me faisait terriblement souffrir, je devais me relever.
Des vertiges me prirent et un des garçons me rattrapa juste avant que je touche le sol. Je le repoussai vivement.
Que me voulaient-ils ?
Étaient-ils mes amis ou mes ennemis ?
Il fallait que je me concentre.
Je regardai donc autour de moi, je reconnus mon premier assaillant, il était grand, autour de la vingtaine, son visage était caché sous un tissu mais on distinguait ses yeux noisette.
Il avait un drap beige qui lui recouvrait tout le corps, il me lançait un regard assassin mais ma tête me faisait trop souffrir pour que je lui renvoie.
Pourtant, il me semblait que c'était lui qui venait de me rattraper.
Dans ma confusion, je n'avais pas vu le garçon aux yeux azur, lui aussi était drapé. Je ne pouvais pas m'empêcher de fixer les quelques mèches brunes qui encadraient son visage.
Il continuait de me transpercer avec son regard et j'avais envie de m'y perdre à nouveau mais je détournai les yeux. Ce n'était définitivement pas le moment.
Les questions se bousculaient dans ma tête :
Ces garçons allaient-ils me voler ?
Étaient-ils dangereux ?
Et surtout, où étaient mes sacs ?
Trop de questions sans réponses. Puis le grand me sortit de mes réflexions :
- Hey, t'es qui toi ?
Il avait dit ça sur un ton qu'il voulait menaçant.
Je ne savais pas quoi répondre, est-ce que leur révéler ma vraie identité était une bonne idée ?
- D'abord vous, qui êtes vous et vous me voulez quoi ?
Ma voix trahissait mon angoisse.
- Est-ce que t'as de l'eau ?
Évidemment, il ne répondait pas à ma question.
Je n'arrivais pas à me souvenir où étaient mes sacs, surtout celui avec de l'eau. Et ce maudit mal de tête qui me vrillait le crâne m'empêchait de réfléchir correctement !
Une boule d'angoisse grandissait dans mon ventre, car si je ne retrouvais pas ce sac, j'étais perdue. Il ne fallait pas qu'ils sachent où était ma gourde.
- Vous avez mes sacs ?
En disant cela, je lui lançai un regard noir.
- On les a avec nous, réponds à nos questions.
Il commençait vraiment à m'irriter avec son ton.
- On te les redonnera après.
C'était le garçon aux yeux azur qui venait de parler, il n'avait pas dit un mot depuis le début de la conversation.
Avait-il dit ça pour me défendre ? Son ton très doux semblait confirmer cette option.
Le regard qu'il me lançait était rempli de remords.
Était-ce lui qui m'avait frappée ? Mais pourquoi je ne l'avais pas vu faire ?
Je répondis en soupirant :
- Je m'appelle Élia. Je n'ai plus de maison, plus de famille, et si vous continuez comme ça, plus rien du tout. Et vous, qui êtes-vous ?
Je dis cela d'une traite sans laisser transparaître mes émotions.
- Je m'appelle Siley et lui c'est Aaron, il montra le garçon brun. Et on cherche de l'eau, donc t'en as ou pas ?
Je ne savais pas si leur dire que j'avais de l'eau était une bonne idée. Mais ma gourde, si elle n'était pas dans mon sac...
- Vous avez fouillé mes sacs ?
- Bah, à ton avis ?
Pourquoi poser cette question ? La boule dans mon ventre remontait vers ma gorge. Ma panique devenait de plus en plus grande.
Mais où était ma gourde ?
Mes mains commençaient à trembler. Sans cette eau, je ne pourrais pas survivre plus d'une semaine.
J'avais beau regarder autour de moi, le point d'eau indiqué sur la carte de mon père n'était nulle part.
Et le prochain était beaucoup trop loin pour que j'y aille sans mourir de soif.
Les garçons avaient dû voir ma panique, car Siley me lança :
- T'as quoi ?
Mais je ne l'écoutai plus, car j'étais déjà loin. Ma gourde avait dû sortir du sac pendant ma chute près du corps.
Au milieu de toutes ces maisons et ces corps. J'avais du mal à chercher cette gourde, je sentais le goût de la bile revenir dans ma bouche.
L'odeur était aussi insoutenable que la vue.
Tous ces corps étendus sur le sol ne cessaient pas de me rappeler ce qui pourrait m'arriver dans peu de temps.
J'avais beau regarder partout, j'arrivais à la limite de la ville sans l'avoir vue.
Les garçons me suivaient de près, j'accélérai mais mes jambes commençaient déjà à me faire souffrir.
Et là, je l'aperçus.
Elle était posée à côté d'un corps, il fallait que je l'attrape, puis que je retrouve mes sacs.
Et ensuite, partir le plus loin d'ici possible.
**************************************************************************************************
Hello ✨
Vous l'avez trouvé comment ce chapitre ?
Est-ce que vous trouver que les chapitres sont assez long ?
N'hésitez pas à voter ou laisser des commentaires 😉
Bonne semaine
Gab ♡
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro